tendresses
De rires et d'émotions
Il y a d'abord une sorte de défi, jeté à soi même, puis à l'autre. Elle voudrait que cela soit "pour de faux", mais l'autre saisie la balle au bond, amusée, excitée...
Il y a ensuite de l'émotion quand cette fois pour de bon, elle sent son enfance s'échapper, elle lâche la main de la petite fille qu'elle a pu être. Une petite peur, le trac, ce sentiment de faire une bêtise, mais pas grave...
Il y a après l'abandon, de toute façon le plus dur est fait. A ses pieds il y a déjà ses cheveux longs, qui gisent, comme un vêtement usé qu'elle ne portera plus. L'autre s'affaire, s'applique, caresse la tête, le cou, le visage et colle son ventre contre les épaules tièdes...
Enfin, dans cette tempête d'émotions, il y a de la sensualité, de l'érotisme qui surgit alors qu'on ne l'attendait pas. L'excitation est réciproque, agacée par le bruit de l'appareil aux lames tièdes qui glissent sur la peau nue, le haut de la joue, derrière les oreilles et sur le cou, en faisant naître une armée de frissons.
Quelques paroles rompent le charme, un éclat de rire. Le bruit s'arrête, les mains libérées, époussettent, caressent, massent, agrippent... Encore.
Et le bruit reprend, familier, amical et le sommet du crâne est sillonné, encore et encore, jusqu'à être parfaitement dru et homogène, comme un velours et que petit à petit, cette tête tondue ne soit plus qu'un prétexte au jeu des corps, des mains et des peaux nues...
Voilà, c'est fait. Avant de se découvrir, ses doigts explorent sa tête ronde, caressent son cou vulnérable et tentent d'empoigner une mèche. Mais les cheveux s'échappent, trop courts pour être tenus. Elle s'aperçoit dans le miroir, écarquille les yeux, ces yeux immenses qui brillent un peu d'émotion contenue.
Nouvelle vie
On l'a tous tellement connue avec cette coupe au bol d'un autre âge à laquelle elle savait donner un caractère moderne au point qu'on l'identifiait souvent à sa nuque rasée sans compromission. Presque 8 ans qu'elle trainait sur les plateaux ou sous la lumière des studios de photographes avec des coiffures variant toujours autour de cette coupe aux contours très nets.
C'était devenu rituel, chaque semaine Coralie rasait elle même ses cheveux, comme une nécessité. De temps en temps elle se livrait aux soins d'un coiffeur, pour structurer la masse, raccourcir la frange, désépaissir un peu le bol...
Quelques fois même, à l'autre bout du monde, par jeu elle allait se faire tondre par le barbier d'un village sri lankais, toujours dans ce style incomparable et inégalé.
Eh bien voilà, la page se tourne!
C'est tellement vrai que chaque bouleversement dans nos vies passe toujours un peu par nos cheveux... Coralie s'en va, loin du petit monde qu'elle a toujours connu, en route pour une nouvelle aventure et une vie nouvelle. Alors elle s'est fait violence pour laisser pousser un peu ses cheveux, puis les a coupé, cette fois en dégradé, comme pour revenir de là où elle s'était perdue...
La voilà différente, le front dégagé mais toujours avec cette allure de petit marin à la peau encrée. Un dernier shooting avec Adé, sa presque sœur jumelle et bientôt Coralie s'envole pour l'Islande, son nouveau paradis
Tout cela valait bien un petit revival sur ce blog, pour souhaiter bon vent à celle qui l'a si bien illustré durant toutes ces années...
Dans la peau
L'Androgyne avait peur de son corps. Il n'avait rien de laid, la beauté est une idée des Hommes. Ce qui lui manquait, c'était l'Harmonie, la satisfaction de voir chaque choses à sa juste place, ni plus, ni moins. Ce corps était musclé, proportionné de manière idéal, étroit comme celui d'un jeune garçon. L'Androgyne s'en contentait, avait malgré tout cette pudeur qu'ont les filles à cacher leur poitrine, lorsqu'au bain elles sont nues. Mais ses seins étaient imaginaires.
Il fallait pour aller avec ce corps, l'allure légère d'un cou déployé, la franchise d'un visage dégagé, la nonchalance d'une main qui ébouriffe la chevelure sans jamais la désordonner.
L'Androgyne a coupé ses cheveux, très court, pour que l'Harmonie revienne habiter ce corps et donner à chacun sa juste part, entre le masculin et le féminin.
Il faut parfois un agréable sacrifice pour être en paix avec son corps.
Photos: Fany Meil
Presque rien
J'en connais qui font mine de ne pas s'intéresser plus que ça à la manière dont elles se coiffent, un coup de peigne, une main passée dans les cheveux et hop! L'affaire est faite. Mais souvent je n'en crois pas un mot. Cette désinvolture en apparence est rapidement trahie par quelques détails, des petits "presque rien" qui révèlent toute l'importance au contraire qui est attachée à la coiffure faussement négligée. Je souris, je ne dis rien, je savoure en secret, la fausse harmonie de la tignasse en bataille, les nuances d'une coloration discrète, la netteté d'une nuque toujours bien rasée qui se fait oublier quand le reste de la chevelure semble partir dans tous les sens...
J'en connais qui se moque un peu de tout ça, mais qui auront toujours une attention presque maniaque sur leur jolie nuque. Si vous leur posez la question, elles balbutieront, diront que non et ne sauront pas expliquer pourquoi... Mais moi je sais, je vois et je comprend...
Cette exquise pâleur
C'est un trait fin, une ligne qui éclaire de manière presque incongrue, les contours de la coupe. Une marque que le soleil a prémédité, un peu en secret, donnant à la peau ce teint de vacances d'été, patiemment.
Mais les cheveux courts ne le sont jamais définitivement. Ils ont, un temps, préservé la peau délicate des rayons ardents mais lorsque la routine revient et que ciseaux et tondeuse mettent un terme à la luxuriance, alors apparaît cette pâleur exquise. Et si l'été et les vacances aiguisent l'envie de tailler plus court encore ces cheveux qui le sont déjà, ils s'en trouvent soulignés par la peau claire soudainement dévoilée aux rayons du soleil.
Pas à pas, Bertille s'essaie à cette pâleur dévoilée par les cheveux trop courts, qui ne parviennent plus à masquer le tour des oreilles, les tempes et la nuque. Et de quelques photos, elle s'encourage, se rassure et s'amuse de cette coupe nouvelle, soulignée par ce trait de pâleur et illuminée par son sourire...
Photos: Bertille L.
Enfer et damnation!
Je sais depuis un bon moment que rien n'est plus insupportable que de ne pas trouver de réponses aux questions qu'on se pose. Une sorte de torture intellectuelle. Et je sais aussi, jusqu'à quel point beaucoup sont capables d'aller pour avoir les réponses.
Mais...
Il existe des domaines de recherche où la simple "envie", voir la curiosité, ne donnent pas de prétexte légitime pour entrer dans la vie d'inconnu.e.s à peine croisé.e.s. Simplement parce que la réponse n'existe pas, voyez vous. Ou du moins n'est-elle pas limitée aux seules deux cases que vous avez à votre disposition. Parce que vous n'êtes pas prêt, voilà tout. Je le sais, ça m'arrive souvent. Et par chance, j'en connais de ces êtres délicats, fragiles comme des nouveau-nés mais caparaçonnés d'armures robustes qui leur donnent des manières de soldat en permission. Ils en ont souvent la nuque et les tempes rasées et rivalisent dans ce style avec les plus maniaques. Le trouble dans vos esprits nait souvent de ça. Les vêtements aujourd'hui n'ont - presque - plus de genre eux mêmes. Mais la coupe de cheveux, alors là, oui! Ça reste un marqueur important et cela devient intolérable pour vous de voir ces nuques "blanchies" à la tondeuse et ces tempes rasées, qui ne parviennent pas à s'accorder dans vos têtes étroites avec ces voix fluettes, ces visages fins et ces formes camouflées par des vêtements flous. Seulement voilà, la case vous manque. Alors il faut vous contenter de chercher pourquoi, pourquoi votre regard a été attiré et savoir si ce que vous avez découvert vous plait, ou vous déplait. Si cela vous déplait, tournez la page et allez votre chemin. Si vous êtes fasciné, que vous aimez, alors soyez respectueux et bienveillant, comme nous le sommes tous avec les gens que nous aimons...
Camarades!
On a tous, quelque part, une envie de Révolution, de tempête qui bouleverserait le monde pour le rendre plus humain, plus doux, plus accessible à des sentiments mal définis...
Par la magie d'une photo, en noir et blanc, bien contrastée, que le hasard peut être a orchestrée, il arrive qu'on se retrouve, comme Marie, dans une atmosphère du siècle passé qui rappellerai les grandes épopées de l'Humanité. La casquette à la Lénine, la cigarette à la Camus, la peau bronzée à la Kerouac... Une bouteille de mauvais scotch, un téléphone hors d'âge, quelques photos épinglées qui rappellent les camarades.
Et Marie devient un héros d'une époque où les hommes qui avaient été des enfants sages ont refait le monde. Elle a les tempes bien rasées et les cheveux brossés en arrière, comme tous les garçons de ce temps là, la cigarette qui se consume dans les doigts qui jaunissent et la lèvre boudeuse qui rumine ses mots.
Prolétaires de tous les pays...
Photo: Marie Corcelle
P'tit mec
Tu vas ta vie, sans soucis, sous le regard des gens simples qui se demandent toujours où te mettre. Les jours de relâche, un vieux t-shirt et un jean troué font ton costume, une casquette de baseball vissée sur ton crâne et quelques accessoires que tu ne lâches pas souvent. Ainsi tu vas ta vie de petit mec. Parfois tu joues à la fille, avec de beaux habits, des robes et le visage maquillé. Tu aimes bien te glisser dans ce rôle de femme androgyne, même si là encore les gens simples te cherchent sans savoir plus...
C'est la nature qui t'a donné ce corps mi-fille, mi-raisin avec lequel tu peux être qui tu veux, même si ton cœur en pince pour le raisin. Parce que c'est comme ça depuis toujours et que les garçons ont les cheveux courts, tu aimes bien couper les tiens et les garder juste ce qu'il faut pour jouer le jeu. Parfois plus courts, parfois un peu long, pour accentuer ton masculin. Mais personne ne s'y trompe, p'tit mec!
Modèle: Chloé Lobre
Une nouvelle sensualité
Dans son exploration de la féminité réinventée par la femme chinoise, la photographe Luo Yang s'est arrêtée sur ce couple. Au-delà de la rébellion, qui par de nombreux moyens, cherchent à briser le carcan de cette image patriarcale de la femme, il n'y a pas seulement un militantisme, assez répandu finalement, dans la tonte de ses cheveux. Cela prend une dimension nouvelle lorsque la femme s'en remet à une autre personne pour le faire et encore davantage si le niveau d'intimité avec cette personne leur permet d'être nus, l'un et l'autre.
Il y a soudain une sensualité, étrange et fascinante autour de ce couple. Et paradoxalement cela revêt la même tonalité érotique que ces vieilles estampes qui montraient la femme se faisant coiffer, une longue chevelure noire lissée par le peigne que tenait son amant... Ici pourtant c'est l'inverse, totalement et ce corps nu cherche à l'être davantage. Mais les peaux se frôlent, les mains se touchent et personne ne peut être insensible à ces caresses attentives sur le crâne rond, sur la nuque, lorsque la paume vient à la suite des lames de la tondeuse, mesurer l'ouvrage ou chasser quelques miettes de cheveux restées là.
Elle s'en remet à lui, pose les mains sur son sexe, qui frémit peut être, ils érotisent l'instant comme s'il s'agissait de préliminaires. Il peaufine l'étendard qu'elle va porter, montrant sa tête nue et féminine au-delà de l'image elle devient entre ses mains, la quintessence même de la féminité.
Photos: Luo Yang
De toutes tes forces
Combien de tempêtes a-t-il fallu pour délaver ce regard, combien d'orages et de tourments? L'encre sur ses doigts n'est plus celle de l'écolière, son enfance est parti, ses boucles blondes aussi, avec son innocence. Pourtant le soleil se lève et chaque fois à travers son miroir, lorsqu'elle souligne de noir ses yeux clairs et qu'elle coiffe ses cheveux courts, elle refait un peu le chemin en arrière. Mais ce ne sont pas les heures sombres qu'elle retrouve. Au contraire, c'est le courage qu'il lui fallu pour chasser le malheur et retrouver la mer calme.
Bien sûr sa colère et ses doutes ne la quittent pas, mais l'espoir et la lumière éclairent son visage et la blondeur revient même si elle coupe toujours ses cheveux et parfois plus courts encore, parce que ça donne du courage et de l'orgueil.
La vie sait bien y faire, qui efface la douleur à qui lui fait confiance et va jusque au bout...
Photo: Jamil Hammadi
Modèle: Suzanne Rivère