Soupirs
J'adore quand elle s'avance, aveugle, le regard masqué par cette lourde mèche qu'habituellement elle chasse d'un mouvement qui fait basculer sa tête sur le côté. Ses cheveux captent le moindre rai de lumière et renvoient un reflet de tourmaline noire. Sans pudeur elle exibe un porte jarretelle en remontant sa robe, et vient se cogner à moi. Elle feint la confusion mais son corps se colle au mien. Comme un filtre de sorcellerie, son parfum m'envahi et se mèle à l'odeur si particulière de ses cheveux. Elle relève la tête, mais c'est à moi d'écarter la mèche qui barre son visage. Derrière je découvre un oeil rieur. Elle est toujours affairée à relever sa robe, glisse un: "Oups! J'ai oublier ma culotte..." avec un air espiègle, en se mordant la lèvre. Comme si je ne l'avais pas remarqué elle me lance: " Je suis allée chez le coiffeur, tu aimes?" Puis elle dodeline de la tête comme pour me montrer sa coupe, mais pendant ce temps ses doigts experts glissent sous ma chemise et caressent mon torse. Pendant que mon regard capte les délicieux détails autour de son oreille si bien dégagée, ma main caresse sa nuque, parfaitement ciselée...Et inévitablement, nos souffles deviennent plus courts, plus sonores et nos lèvres se cherchent, se trouvent, se perdent et se retrouvent. Le visage balayé par la lourde mèche soyeuse au parfum excitant, les yeux clos, les corps s'effondrent sur le parquet et deviennent incandescents...
Photo: Rock The Pixel
Frida m'éclaire
J'étais en proie à la pire jalousie qui se puisse connaitre. Celle qui est mélée au remord le plus lourd, d'avoir moi même provoqué cette situation. Même si rien jusque là ne pouvait confirmer mes doutes, j'étais persuadé que Frida avait renoué sa relation intime avec Laora. J'aurais du n'en avoir cure, après tout, nous avions été un temps une sorte de ménage à trois. Alors pourquoi cette jalousie?
Je tentais de trouver une réponse à cette fondamentale question, lorsque Frida m'appela au téléphone:
Ma Psy - " Hey liebe! Komment fas du?
Moi - Mmmmmmh ...Aller mieux
Ma Psy - Chais ein ponne noufelle. Zais du ze ke nous n'afons bas ekzbloré?
Moi - Non, vas y...
Ma Psy - Ke benzes du te l'itée ke tu en foudrais aux femmes d'afoir les jefeux longs? Tu drouferais injusde zette bardizion femme/jeveux longs- hommes/jefeux kourts. Et tong ton tézir de femmes aux jefeux kourts zerait zimblement barzeke elles zeraient blus honnêtes, loyales afec doi. Envant du aurais zouffert de zette inchustize et tebuis tu aurais zette in gonziente rébulzion pour les chefeux longs....Bas mal non?
Moi - Mouais...Pas con....En effet....Faut que je refléchisse. Cela aurait en plus l'avantage de lever le voile sur un côté obscure dont il faut que je te parle...
Ma Psy - Mais kand du feux mon boulet
Moi - Mon boulet?? ...Ah oui, non...Ok
Encore un rayon de soleil
On l'imagine appuyée à la balustrade de l'embarcadaire, observant les passagers du bac... Sa peau mat se réchauffe au rayons de ce soleil d'Orient et sous le chapeau on devine le regard espiègle et amusé des enfants d'Eurasie. Tout juste sortie de l'adolescence, elle énerve les hommes et agace les femmes de tant de naturel et de fraîcheur. En la voyant on pense à la jeune fille de Marguerite Duras, attendant son amant dans l'Indochine d'antan. Au lieu des nattes tressées de cheveux noirs, le cou est nu et les mèches tondues, mais le décolleté qui plonge au creux des reins, plus encore, la rend provoquante. Même si elle le voulait, elle ne saurait pas rendre les gens indifférents, alors à quoi bon?
Elle sait qui elle attend et le reste importe peu. Cette rose est pour lui...Ou pour elle
Photo: Margot Bozil
Transgression
C'est à l'opposé de toutes les règles. Cela va à l'encontre de l'imagerie universelle. Cela voudrait être un signal de révolte ou de déchéance. L'humiliation pour les putains et l'humilité pour les nonnes. Le stigmate d'une maladie dont personne ne veut parler ou un flamboyant militantisme...
Et quand on est connue, mannequin pour les plus grands de la mode, qu'on possède une beauté recherchée, qu'on ne milite pour rien et qu'on pète la santé, c'est quoi? Peut être une envie d'être soi même, un jeu, pour voir si le monde nous aime tout autant? Une sorte de course vers les limites. Une exploration intime. Au moins une fois dans sa vie être soi même réellement, sans artifice, à découvert. Un risque sans danger finalement...
Frida online
J'avais raison de m'inquiéter. Enfin je crois. Depuis ma dernière rencontre avec Frida, je n'arrive plus à la joindre et j'ai le sentiment que Laora me cache quelque chose. Mon imagination fertile n'en demandait pas plus pour se lancer dans des divagations intellectuelles qui ne me remontaient pas du tout, mais pas du tout le moral. Il ne me fallait quand même pas oublier qu'avant que je la connaisse, Laora était la maîtresse de Frida et je n'avais pas envie de revenir au pseudo ménage à trois que nous avions connus au début.
Une fois de plus la solution me vint par Laora. C'est elle qui me parla de Facebook et me donna l'idée que peut être Frida possèdait un compte sur lequel je pourrais peut être en apprendre davantage.
Fébrilement, dans l'intimité de mon bureau je me connectais au réseau social et lançais la recherche : Frida Sachs et bingo!
Ne me restait plus qu'à me faire admettre comme ami par la teutonne aux yeux d'acier...
Dunes
Le souffle léger ne venait pas de la mer et transportait mille odeurs délicieuses. A ce plaisir olfactif s'ajoutait l'image délicate de sa silhouette presque trop fine. De ce corps longiligne elle jouait à ravir, exacerbant une féminité raffinée alors que tout en elle dénonçait l'androgynie.
Ses épaules frèles, son cou, appellent la caresse et le dos tourné à la plage, elle l'inviterait du regard à courir dans la dune. Comme un couple originel, l'homme et "la créature idéale", sur l'île nue s'enlaceront sur le moelleux sable tiède, confiant au vent du large cette fois, leur paroles chuchottées...
Allons bon!
J'étais parti quelques jours en vadrouille et sur le retour je tombe sur les unes des journaux people dont je raffole. Et qu'est ce que j'apprend? Avant même d'avoir pu découvrir une image d'illustration, on me révèle que Anne Hathaway s'est "rasé la tête". Etonnant! Et en tout cas pas anodin. Je me rappelle de cette jeune brune pétillante qui donnait la réplique à Meryl Streep dans "Le diable s'habille en Prada". Et soudain, je découvre une photo de l'actrice qui, ô sacrilège, a osé couper ses cheveux. Et loin d'avoir la tête rasée, la belle est joliment coiffée, une jolie coupe qui, à mon sens, lui donne plus de caractère, une allure plus affirmée, un " je ne sais quoi" en plus...Pourtant, les critiques fusent :" Mais pourquoi a-t-elle fait ça - Quelle horreur - Quel dommage, elle était si jolie ( avant ) - Heureusement, ça repousse...." J'en passe et des meilleures. Mais qu'est ce que c'est que ces critiques? Non mais je rêve? Est ce que par hasard le pamelaandersonisme ferait perdre le sens commun?
Y a des jours comme ça...
...Ou l'on retrouve une personne que l'on avait pas vue depuis longtemps...Et parfois la surprise, au delà du plaisir que l'on peut avoir à renouer une relation, est dans le physique. On avait le souvenir d'une jeune fille, presque une adolescente encore, et voilà que l'on rencontre une femme...
Elle avait une queue de cheval et l'on découvre une jolie coupe, un peu sophistiquée..
L'intérêt est nouveau, la perception n'est plus la même, le jeu est faussé... Parfois pourrait naître du désir
et la séduction se met en marche, à cause d'un détail qui pour la plus part est invisible, ou insignifiant...Pourtant, la queue de cheval à disparue, et voilà la nuque mise à nue par un joli carré plutôt court.
Alors tout est tellement différent...Et l'envie de s'approprier cette nuque, de la caresser et de l'embrasser nous trouble, définitivement...
Le satin et la soie
Lentement, les doigts ont caressés chaque centimétre carré de la peau de satin, glissant avec impatience sur l'épaule nue. Par endroit la douceur était accentuée par le soyeux d'un duvet fin et blond, à peine visible. Il a posé ses lèvres pour un baiser délicat et la peau lui a rendu la tiédeur laissée par le soleil de la journée. Le visage tournée vers lui, dans son regard attendri il a lu à travers les cheveux épais toute la tendresse, intacte, après tant d'années. Elle ne souriait pas, restait impassible, retenant son souffle. La main abandonna l'épaule pour s'emparer de la nuque. Elle ferma les yeux et il vit ses narines frémir. Le duvet blond s'hérissa sur la peau de satin pendant que les doigts s'aventuraient à la naissance des cheveux. A cet endroit ils étaient si courts, presque tondus, que sous la pulpe des doigts c'était comme un chaume. Et puis, progressant lentement, les doigts écartés laissèrent s'écouler les mèches plus lourdes. La chair de poule s'accentua, la tête se renversa, cambrant la nuque comme pour aller à la rencontre de la caresse. La main se crispa refermant ses doigts sur les cheveux de soie. Elle ouvrit à peine la bouche, mais pas un cri, pas une plainte. Juste l'impatience d'un baiser langoureux....
Photo: R. Gil