Cette Ange là
Il y a, tout au long des pages de ce blog, des Muses qui le parcourent et reviennent de temps à autres, fidèles et bienveillantes. De belles figures, altières qui donnent de la noblesse à mon propos.
Parmi elle, Marie Ange semble la plus extrême de toutes, qui ne tolère plus qu'un millimètre ou deux à ses cheveux depuis cet été de 2013 où elle les avait tondus pour la première fois. Depuis, au gré des photographes qui surent saisir son âme, il y a eu ce portrait de guerrière, cette humeur de premier jour, cette idée d'une nouvelle religion, un questionnement sur les limites entre trop et trop, un nouveau portrait, au coin de la rue, puis des questions sur la mode.
Mais tout cela remonte à loin...
Enfin je la retrouve avec cette nouvelle image, le crâne toujours fraichement tondu à tel point que certain(e)s diront rasé, ultime fierté de femme aux cheveux courts, si courts qu'ils en sont presque absents. Et pourtant elle demeure un exemple, une figure emblématique de caractère et de charisme, fière et sans peur. Et chaque image d'elle devrait inspirer celles et ceux qui s'imaginent que la chevelure est le suprême atout de la féminité, leur faire découvrir sans doute, que l'essentiel est ailleurs...
La voici qui revient à la photographie et j'espère que j'aurais encore de nombreuses occasions d'afficher son portrait de femme aux cheveux courts ras.
Cet effrayant changement!
L'autre jour, oisif et désoeuvré, je traînais sur l'Internet un peu désabusé et alors que je passais par Facebook, je me suis arrêté sur les commentaires que suscitait un post de Mélanie. Et comme une révélation, je retrouvais la vraie vie, celle des femmes qui ont peur de se couper les cheveux. C'est bien vrai qu'à force d'écrire ici, sur celles qui n'ont pas ces inquiétudes, j'aurais presque fini par croire qu'elles étaient toutes ainsi.
Le dialogue était bon enfant, l'une tentant de convaincre l'autre que telle coupe lui irait sans aucun doute. Ces hésitations, cette apparente peur de couper ses cheveux "trop" courts, m'ont rappelé à moi toutes les raisons trop souvent invoquées par celles qui ont envie mais n'osent pas. Certaines sont légitimes et d'autres énervantes, du genre: " mon mari ( petit ami, frère, père, oncle, monsieur le curé... etc ) ne veut pas!" ou bien " qu'est-ce que vont penser les autres? "... Triste.
Et puis, au fil des commentaires, l'un est apparu pour dire que ce n'était pas tant le manque de confiance qu'il fallait blâmer, mais en réalité le changement. Le changement fait peur, voilà! Ce qui fiche les pépètes c'est de basculer dans une autre dimension, c'est de tomber du camion où toutes sont bien rangées et se retrouver visible, prenant un autre chemin... peut être.
C'est vrai, on est tellement habitué au confort de nos habitudes... La conformité est tellement rassurante en ce qu'elle nous dispense d'affirmation de nous même... des fois. Mais avoir envie de se faire couper les cheveux et y renoncer de peur de bouleverser tout son petit monde, alors là, je dis non!
Photos: David Santos-Coy
L'été qui approche
La douceur et le parfum d'un t-shirt propre, un rayon de soleil qui caresse la nuque... Il y a parfois dans l'atmosphère du matin, ces toutes petites choses que l'on ne remarque pas toujours...
C'est le chant d'une tourterelle, cachée au sommet du grand pin, dans les premières clartés du jour. C'est l'air encore humide de la nuit fraîche avant que le soleil n'assèche les pelouses et déjà le bourdonnement d'insectes laborieux allant de fleurs en fleurs dans les plate-bandes nourricières. Tout cela sent l'été et réjouit l'humeur.
Dans l'émotion de ce renouveau général, l'envie la presse d'être elle aussi, fraîche et nouvelle. Pour fêter cela, elle est allé chez le coiffeur. Une sorte de bonus.
Et là, sa main venue sentir la tiédeur de la peau exposée au soleil ne peut résister à la tentation et remonte doucement vers les cheveux presque ras. Cela fait naître un sourire sur son visage... Alors, dans l'odeur de café chaud et de pain grillé, elle ébouriffe sa courte chevelure... Ça sent l'été.
L'humeur de Marie #7
'' Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ''. Si vous vous trouvez dans le passage Molière, qui est une petite voie s'échappant de la rue Saint Martin, et que vous voyez ces quelques phrases célèbres peintes sur la vitrine d'un bâtiment, vous vous trouvez sûrement devant la Maison de la poésie. La scène est petite, tout comme la salle, et cela donne une sensation de promiscuité. Tout est ressenti de manière décuplée : le son, les images, les mouvements. L'obscurité clairsemée de lumières rouges et violettes vous plonge dans un univers musical unique et hors du commun.
5 mots : Yes Is A Pleasant Country. 3 musiciens de talents, amis de longue date, livrant un concert slalomant entre jazz de chambre et free jazz. De longs poèmes lyriques sont mis en chanson, pour ensuite laisser place à des improvisations musicales. Ce soir là, deux compositions de la fameuse chanteuse sont jouées : Be sensational et Night shame pride. Bruno Ruder, ses mains parcourant le clavier de l'imposant piano à queue de manière rapide et subtile, jouant de paire avec le non moins célèbre Vincent Lê Quang, dont on entend le moindre souffle s'échapper de son saxophone.
Dissonants pour mieux se compléter, ces deux instruments s'unissent à la voix de Jeanne Added, qui monte dans les strates les plus aigües ( Reincarnation of a lovebird ) pour tour à tour s'enflammer, puis pour se faire tendre et mélodieuse ( I could write a book ). Vêtue de noir, un pantalon ample et une veste droite, ses cheveux courts coiffés en avant pour finir sur le côté, puis tombant sur son front, elle danse et avance, ne faisant qu'un avec son micro qu'elle tient entre ses deux mains. Un trio, un groupe, un ensemble inséparable. Des artistes passionnés, concentrés, donnant une prestation hors du commun : à la fois totalement présents sur scène, et disparaissant ailleurs. Rien n'est surjoué, rien n'est surfait : tout est vécu et sincère.
L'oeil averti
Lorsque comme moi on nourrit une dilection toute particulière, on remarque souvent, dans la littérature, le cinéma ou la peinture, celles et ceux qui partagent ce même goût. J'ai souvent cité Ernest Hemingway dont les romans foisonnent de personnages féminins plein d'ambiguïté, portant les cheveux courts et dans lesquels il ne manque jamais de raconter, en des paragraphes entiers, pourquoi et comment ces jeunes femmes se jouent facilement des codes de leur époque, les cheveux coupés " comme des collégiens".
Les références ne manquent pas non plus au cinéma et l'oeil averti remarquera sans peine que toutes les héroïnes de Luc Besson ou de Patrice Leconte ont les cheveux courts...
Alors quand je découvre ce dessin de mon amie Delphine, je sais "lire" là aussi, les détails subtiles dans le trait de cette nuque visiblement nue, l'étroitesse du cou aux tendons saillants, le savant dégradé qui soutient cette coupe qui n'est que suggérée. Si je ne connaissais pas l'auteure de ces traits, j'aurais parié sans doute et n'aurais certainement jamais eu de réponse. Mais Delphine je la connais, elle est un peu mon double féminin, mon âme damnée et ma soeur , alors je sais bien que ce n'est pas un hasard si son coup de crayon est si habile dans la courbe de cette nuque, fine et rasée...
Delf Gillot sur FB
Outsiders
Elles ont le pas décidé et l'allure dégagée. On devine une sorte de fierté que d'aucun trouve arrogante mais ce n'est qu'une façon dérisoire de se protéger. Difficile de ne pas les remarquer à travers la foule des ordinaires, tellement l'ordinaire leur est étranger.
A la terrasse d'un café elles semblent indifférentes, offrent leur visage à la chaleur du soleil, les yeux clos derrière les verres miroir. Puis lorsqu'elles se parlent, leur regard se soudent et leurs mains se touchent, leurs doigts se caressent. Enfin elles se reprennent, tentent plus de conformité, chacune sirotant son verre.
Elles n'ont de choix que celui d'assumer qui elles sont et le courage d'être elles mêmes dans la multitude conforme et sans ambition. C'est sans doute pour cela qu'on les envie et on s'en veut de cette envie. Alors on rejoint le troupeau qui ricane, incapable de surmonter la différence.
Elles ne font semblant de rien et si elles paraissent insolentes, c'est juste pour se défendre d'une foule imbécile qui les croit provocantes, avec leur dégaine sans genre et leurs cheveux trop courts.
Et si je les sais fragiles et vulnérables, je les veux admirables et triomphantes, pleines de couleurs au milieu de cette populace grise et ordinaire.
Une histoire
Il était une fois.... Karolina que tout le monde appelle Cléo, une jeune femme qui vit en Pologne. Comme Cléo est bien jolie, elle agrémente sa vie d'étudiante en posant pour quelques photographes et finit par en trouver un qui lui plait bien.
Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Fin...
Non j'déconne!
Donc Cléo est jolie, un regard qui "accroche", des traits délicats, grande et mince, ses cheveux longs et châtains tombant sur les épaules. Mais un jour, parlant de tout et de rien avec son boyfriend, elle s'interroge à voix haute:" Je me demande à quoi je pourrais ressembler avec les cheveux courts...?" Ni une ni deux... ni trois ni quatre d'ailleurs, son petit ami bondit sur son ordinateur et en quelques clics de Photoshop sort une photo avec la belle ratiboisée. Troublant... très troublant. Et amusant. Comme le montage est plutôt réussi, la jeune femme le poste sur son Instagram.
Le lendemain, les réactions sont nombreuses...et élogieuses. Alors l'idée un peu folle qui lui trottait dans la tête prend finalement corps et bascule dans la réalité, Cléo va se faire tondre!
Et comme elle est charitable, elle en profite pour faire don de sa chevelure à Locks of Love, une association nord américaine qui aide les enfants malades. D'une pierre, deux coups.
Inutile de dire que la transformation propulse la jeune Cléo sur tous les podiums à travers le monde et bouleverse considérablement sa vie.
Moralité: les idées folles ne le sont pas toujours autant qu'on l'imagine, tant qu'on ne les a pas concrétisées.
Modèle: Cleo Cwiek
Elle est comme ça
Ce sont là des choses bien étranges qu'elle même ne sait pas expliquer. Pourquoi le faudrait-il d'ailleurs? Elle n'est pas tourmentée, ni troublée comme l'adolescent qui découvre sa sexualité. Elle a toujours été ainsi. Une femme avec une personnalité de garçon. C'est naturel, elle se dit même que toutes devraient être comme elle, après tout. Elle n'attend rien, de personne, sinon du respect, comme tout un chacun. Elle a tout appris de son père, de sa mère et de la bienveillance de son entourage. Sans que jamais on lui dise que cela n'était pas possible à cause de son genre. Sa mère lui a montré comment être femme et avec son père, elle était aventurière.
Depuis toujours elle a les cheveux courts. Petite, la toute première fois elle s'est sentie triste de voir ses boucles blondes rouler, inertes et choir sur le sol carrelé. Mais très vite ce fut un sentiment de plus grande liberté et une image d'elle qu'elle trouvait valorisante. Assez vite elle ne s'est plus contentée d'accompagner sa mère 3 ou 4 fois l'année chez le coiffeur. Elle a voulu suivre son père. Sa mère fut en colère de voir sa nuque tondue. Elle fit le dos rond, glissant un clin d'oeil à son père complice qui, seul, affronta la tempête.
Devenue presque femme, lorsqu'un jour elle retourna chez ce coiffeur où son père l'accompagnait, ce fut comme une bouffée de nostalgie, un courant d'air venu d'antan. Les yeux clos, la tête penchée en avant, la tondeuse qui moissonnait sa nuque fit surgir plein de souvenir d'une enfance heureuse. Dans ces parfums familiers, elle renouait avec sa vraie personnalité, retrouvait la liberté d'être la femme unique, aimant en elle cette parfaite harmonie de genre.
J'fais c'que j'veux!
A force d'en parler, on pouvait imaginer que les choses avaient changées... Eh bien pas du tout! Comme avant, comme toujours, certain(e)s coiffeu(r/se)s persistent à savoir mieux que leurs clientes ce qui est bien pour elles.
" On ne va pas les couper plus court, sinon ça va faire trop "garçon" et ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas?"
Ah ben si, justement, c'est bien ce style là qu'elle veux! Mais quoi? La jeune femme est-elle "trop" jeune pour avoir l'air de savoir ce qu'elle veut? Est-ce qu'il y a une loi implicite qui l'empêcherait d'avoir les cheveux aussi courts qu'elle le souhaite ( et non pas forcément "comme un garçon" )? Est-ce que ça fait saigner les yeux des "bonnes gens" de la voir avec la nuque et les tempes rasées? Et depuis quand les coiffeurs sont les garants de ce dogme ancestral qui veut préserver le monde de ces femmes aux coupes de cheveux "trop masculines"? ( Parce que oui, il y a des coupes de cheveux masculines et d'autres féminines hein... nanmého! )
Mais voilà, encore aujourd'hui, il faut se confronter à des professionnel(le)s qui: ne veulent pas de femmes dans leur salon "pour hommes" ( et après tout, on ne peut guère leur faire reproche, ils annoncent la couleur... ), qui ne savent plus faire de coupes de cheveux "très" courtes sans se contenter de passer bêtement une tondeuse avec un sabot, qui ont peur de couper les cheveux des femmes "trop" courts, comme si le reste du monde allait le leur reprocher et qui savent bien mieux que vous même, ce qui est bien ou pas.
C'est peut être en cela aussi, que j'aime les femmes aux cheveux courts qui savent ce qu'elles veulent et n'ont pas peur d'affronter deux ou trois "nul(le)s pour enfin trouver celle ou celui qui sera à la hauteur de leur audace.
Techno à l'Est
Que personne n'aille s'imaginer que je nourri une passion secrète pour le Concours l'Eurovision. Si vraiment c'était le cas, je l'assumerai volontiers, mais là, non! Toujours est-il que samedi soir, en rentrant un peu tard, je suis tombé sur la prestation d'un groupe ukrainien, visiblement hors de la compétition et je suis resté un peu fasciné par ce spectacle. Un son electro envoutant, accompagné de musiciens folkloriques, le tout conduit par trois jeunes femmes en combinaison de stormtrooper, une blonde et deux brunes aux cheveux courts, secouant leur frange en rythme.
Alors comme toujours j'ai cherché à en savoir davantage sur ce groupe et j'ai découvert Onuka, un groupe electro-folk ukrainien. Cela m'a rappelé Nastia, elle aussi ukrainienne, dj réputée aujourd'hui, qui a déjà illustré les pages de ce blog. Le plus amusant, c'est de voir avec quel mimétisme les trois d'Onuka s'accordent a avoir les cheveux courts, tantôt au carré, tantôt plus court, mais toutes adoptant le même style à chaque fois.
Je me demande pourquoi je suis toujours séduit par les femmes qui bougent, qui dansent, qui chantent et jouent de la musique, surtout lorsqu'elles s'affirment dans cette modernité, par le costume ou les cheveux courts, sans renier ni racines ni folklore.