Tout bien réfléchi...
J'ai reçu ce matin un message de Lauriane. Un de ces messages que je reçois assez fréquemment, mais qui chacun me font toujours un immense plaisir, tellement je ne me rend pas compte à quel point ce que j'écris ici peu résonner dans l'esprit de nombreuses personnes... Bref! Un message gentil et reconnaissant.
Et puis, dans la seconde partie de son discours, Lauriane déclare que sa fille aussi a les cheveux courts. Sa fille de 2 ans, à qui elle coupe elle même les cheveux, chaque mois. Et là, au premier abord, je trouve ça dur, sévère, cruel, injuste peut être, après tout, la petiote n'a rien demandé...
Mais au premier abord seulement... Parce que oui, pourquoi cette petite fille devrait-elle avoir les cheveux longs, sinon au nom des sacro-saints principes patriarcaux qui depuis des siècles imposent, dès le plus jeune âge, un rôle à jouer et un code à respecter, du bleu pour les petits garçons, du rose pour les filles... Et il me semble bien que dans ce blog, c'est un refrain qui sonne souvent.
Alors comment sortir de ces schémas si d'entrée de jeu les dès sont pipés? Et pourquoi ne pas accepter qu'un enfant avec les cheveux courts ne soit pas forcément un petit garçon?
Lauriane m'a écrit de nouveau, pour m'expliquer plus en détails sa petite famille, l'ainé, le garçon, qui braille un peu quand deux fois par an on lui taille la tignasse et la petite fille qui adore quand sa maman glisse la tondeuse sur sa nuque pour lui faire une petite tête toute mignonne chaque mois.
Extrait:
"Parce qu'on ne se rend pas compte de l'inégalité que l'on inflige aux gamines avec leurs cheveux dans le visage, qui les gênent pour tout et pour rien, qui se collent dans la morve et que l'on attache avec des barettes et des élastiques meurtrissant. Et ne parlons pas de ce geste de se dégager la mèche de la figure, de se remettre les cheveux en arrière: "Oh, elle a déjà des gestes féminins! C'est marrant comme les petites filles sont délicates" Non, les petites filles se debrouillent des fantasmes qui sont déjà projetés sur leur soi disant féminité au travers de leurs charmantes petites anglaises et autres palmiers qui font fondrent les parents..."
Il me semble bien qu'on est plus près du bon sens que de la torture infantile, non?
Hélas le chemin est encore bien compliqué pour faire admettre quelques simples divergences aux règles qui semblent absolues et immuables.
Pour ne rester que dans le domaine des cheveux courts, je voudrais juste citer l'exemple de Jetta Fosberg, une gamine de 10 ans dont la vie est devenue un enfer à son école parce qu'elle a un jour décidé de tondre ses cheveux pour qu'on en fasse une perruque pour les enfants malades du cancer. Alors non, rien n'est gagné.
Mais à confondre encore féminité et cheveux longs, on finit par être bien sagement dans le moule...
Extrait:
"... Je ne me fait pas beaucoup d'illusions, la cour de récréation étant truffée de Raiponce miniatures, elle me réclamera certainement ses longueurs dans quelques années. Je la laisserai libre de ses cheveux, c'est bien la moindre des revendications! Mais en attendant j'embrasse sa petite nuque et je réponds inlassablement aux badauds: "Non, c'est une petite fille"..."
C'est bien ça, non? Bravo Lauriane!
Photo: Jaime Nicolau
Légitime défense
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N'espère aucune grâce, rentre la tête dans les épaules, penche le buste en avant, un pas, puis un autre, protège-toi, la garde haute, balance sur tes pieds, à droite, à gauche, ne laisse pas passer ta chance et frappe, vite, fort, sans retenue... Peut être le coup sera décisif, il t'évitera alors un long combat épuisant, jusqu'à la prochaine fois. Gauche, droite gauche, esquive...
N'espère rien d'autre que ce que t'aura appris toute la sueur laissée sur le parquet, des heures entières, à faire et refaire ces mêmes gestes, cuir contre cuir. Transpire, renifle, serre les dents.
N'espère aucune clémence, ce qui est dur le sera deux fois plus pour toi, mais qui sait si la récompense ne sera pas cent fois plus belle...
Bats-toi, sans cesse, contre les autres et contre toi même, le désespoir et la fatigue. Et ton ardeur et ton courage t'offriront la liberté.
Photo: Gabriele Capelli
MartinE invite les Femmes Aux Cheveux Courts
Y a des priorités dans la vie! Moi, quand Virginie m'invite en me disant: " viens tu vas voir, ce sera plein de filles aux cheveux courts", il est évident que je ne vais pas résister. J'ai donc remballé ma crève de la mort, ma fièvre et un début de lumbago pour une soirée bar-musique-photo-vidéo-performance, à la rencontre de MartinE.
Et je n'ai pas été déçu!
Paule, pétillante photographe ( aux cheveux courts ) exposait photos et vidéos dans un projet original et audacieux dans lequel je retrouvais Alex mon tomboy préférée et les Stamps, Lucja et Mam'Claud emplissait l'atmosphère de sons électro.
Il n'y avait rien d'exclusif, mais Virginie avait raison, la tendance était quand même femmes aux cheveux courts et c'était parfois bien agréable d'entendre " Ah mais je connais" au moment où je me présentais en parlant du blog pour entamer un brin de conversation.
Des visages connus et de belles découvertes, retrouver Anne-Elisabeth et faire la connaissance "en vrai" de Tiphaine et de Virginie... Une soirée vraiment sympa quoi!
God save the queer
Ne comptez pas sur moi pour vous sortir une définition du mot. A l'origine, on l'utilise pour stigmatiser certaines personnes à l'allure étrange, mais depuis ce temps là on a inventé tellement d'autres mots pour définir des catégories s'écartant du séculaire système binaire hétéro/homo, que je crois qu'aujourd'hui chacun a la sienne.
La mienne serait plutôt de considérer celles qui ne veulent entrer dans aucune catégorie justement, sans détermination de genre ni de préférence sexuelle, s'attachant à moduler des styles et des comportements puisés indifféremment dans le masculin ou le féminin.
Autant de largesse me plait toujours, d'autant plus que pour beaucoup , le masculin se traduit par des coupes de cheveux toujours soignées et précises. Un savoir-faire que j'ai longtemps cru être le domaine réservé des coiffeurs hommes, mais... mais... mais.
D'ailleurs, ça me fait penser que chez mon coiffeur aussi, une femme sait bien satisfaire les désirs capillaires des queers de ma grande ville du Sud. Mais je vais y revenir bientôt ...
Photo: Aubrey Kia
Hair+Selfie=Helfie
On est jamais sûr de rien. On croit faire un truc sympa, qui met un peu plus d'interaction entre auteur et lectrices/lecteurs, un truc innocent et apparemment anodin et patatras! On se rend compte que l'on touche des zones sensibles ou que certains en profitent pour améliorer leur carnet d'adresse.
Bon, petite récap' pour celles et ceux qui n'ont pas Facebook. Samedi dernier j'ai lancé un concours, entre nous, de selfies réalisés chez le coiffeur. Un truc tout bête et plutôt marrant dans mon esprit. Quelques amies ont sauté sur l'occasion, livrant avec bonne humeur une photo d'elles, le but du jeu étant de comptabiliser le nombre de "like" sur chaque photo pour déterminer la gagnante. A part Delf qui se sent lésée parce que des "helfies" elle, elle n'en fait point vu que depuis un temps certain elle ne va plus chez le coiffeur , préférant régler les choses à sa manière, l'accueil est plutôt sympa.
Cependant je m'aperçois, outre le fait que certaines n'aiment pas se prendre en photo et encore moins dans cet espace d'intimité que peut être leur salon de coiffure, bon, ça ne se discute pas, je m'aperçois donc que certains "bolos" se précipitent sur les photos comme la vermine sur le bas clergé breton et que les plus audacieux vont même jusqu'à écrire de manière un peu vulgaire à celles qui sont identifiées sur la page en question, genre " Ingrid, est-ce que tu baises" à la manière des Inconnus.
Autant dire que ça me navre sincèrement, mais je ne suis pas inquiet et je sais bien que chacune saura remettre chacun à sa place. Mais quand même!
Alors de mon côté je me contenterai de ne mettre que le prénom en légende de la photo, libre à chacune de s'identifier, ou pas.
Ah! Une dernière chose... bon, bien sûr le concours continue, jusqu'au 1er juin, histoire de laisser l'occasion à celles qui "en sortent à peine", de retourner chez leur coiffeur pour la photo et le vote, je le rappelle, se fait sur la photo individuelle et non pas sur l'album... Oui enfin bon... j'dis ça... j'dis rien.
Petites douleurs
On a beau dire, on a beau faire, la Vie, cette chienne, vous trimballe là où elle veut, au gré de vos faiblesses. A chaque fois qu'on en ressort, on se dit qu'on ne se fera plus prendre, on badigeonne à nouveau son coeur de béton, croyant le rendre inaccessible à l'avenir...
Ouvrir son âme paraît aussi risqué que chercher à percer les secrets de celle de l'autre. Personne ne parvient intact au bout du parcours. Quelque fois même on vous en veut d'avoir découvert une vérité, celle qui depuis longtemps était enfouie et qu'on croyait inviolable.
Et il faut encore souffrir de l'abandon ou du mépris, souvent des deux, sans jamais pouvoir rattraper le fil de cette histoire qui déjà s'effondre. Mais tout ça n'est rien, c'est ce qu'on se dit pour atténuer son mal... Peut être qu'on s'en veut juste à soi même d'être une fois encore tombé dans le piège.
Et la fois suivante, méfiant et ombrageux, on se persuadera que cette personne là est différente et que l'on est plus fort des expériences du passé. Encore...
Photo: Extrait Iloveshoot
... Pas comme avant
Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout
Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout
Évidemment
Évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant
Évidemment
Évidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Et ces batailles dont on se fout
C'est comme une fatigue, un dégoût
A quoi ça sert de courir partout
On garde cette blessure en nous
Comme une éclaboussure de boue
Qui n'change rien, qui change tout
Évidemment
Évidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Pas comme avant
Photo: Evan Browning
Texte: Michel Berger
Selfie toi même
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Faire une photo de soi-même, je crois que c'est quelque chose que tout ceux qui, un jour, ont eu un appareil photo entre les mains ont fait, intuitivement. Cela avait valeur d'exercice pratique, le sujet était disponible, et pour cause!
Publier son autoportrait prend tout de suite une autre dimension. Les grincheux vont parler de narcissisme pour ne pas avouer qu'ils se trouvent trop moches en réalité pour faire pareil...
Sans généraliser, moi je trouve que c'est une sorte de thérapie, un exercice de confiance en soi pour celles qui ne sont pas sûres de leur image ou une façon de communiquer plus simplement pour celles qui, au contraire n'ont aucun problème avec leur ego.
Et comme c'est souvent le cas, j'associe volontier ça à la thérapie du coiffeur, cette façon de se remonter le moral en faisant tailler ses cheveux de manière idéale. D'ailleurs, bon nombre de ces selfies apparaissent sur les réseaux, à peine sortie du salon de coiffure.
On montre, de face, de profil ou de dos, cette coupe de cheveux qu'on adore et qui donne une si belle image de nous. Et généreuse, on en fait profiter le monde entier, parce que tous les retours, tous les commentaires qui vont accompagner cette image seront autant d'impulsions pour faire remonter le moral au taquet.
Alors moi je dis que les selfies, parfois, ne sont pas juste l'expression d'un orgueil un peu surdimensionné, mais aussi, bien souvent, une façon de se donner de la confiance en soi et d'avoir un peu d'amour en retour.
Photo: Julie M, Barbara K, Kiley C, Amy R.
Contours
C'est une sorte de réglage interne, un instinct nouveau que ne connaissent que les adèptes des coupes très courtes, celles qui dessinent les contours et taillent les cheveux au plus près.
Une fois le rythme acquis, difficile de dépasser les périodes, deux, ou trois semaines, entre chaque rendez vous chez le coiffeur. L'image s'altère, l'allure est moins nette et puis, ultime indicateur, les doigts qui fourragent à travers les mèches perçoivent immanquablement les intolérables changements.
C'est comme un sortilège, un charme étrange, une potion magique qui agirait dès le dernier coup de ciseaux donné ou l'arrêt de la tondeuse, donnant une énergie insoupçonnée, un feeling étrange et rassurant. Le sentiment d'être irrésistible, idéalement soi même, à tous les étages et les doigts impatients, qui glissent sur les cheveux presque tondus, électrisent davantage ce bien être.
Mais les effets de la potion magique s'estompent peu à peu, de semaine en semaine et nourrit comme une excitation à la perspective de retourner chez le coiffeur magicien. On tente plus court encore, histoire de croire que l'effet sera plus long à disparaitre, mais au contraire l'addiction s'ancre plus profondément, l'excitation s'accroit sans que l'effet du sortilège soit prolongé...
Alors nait la nécessité de ces rendez-vous réguliers qui font souffrir lorsqu'ils ne sont pas tenus.
Photo: Roj Smith
Double tabou
Ça m'épate de constater parfois à quel point parler de ses cheveux peut être un sujet difficile pour certaines. Et je ne parle pas de celles qui rêvent secrétement d'une coupe de cheveux radicale tout en se cachant derrière leur chevelure d'adolescente. Non je parle surtout de certaines femmes aux cheveux courts, qui semblent paradoxalement mal à l'aise lorsqu'on aborde le sujet.
Une sorte de tabou, une hypocrisie intime... Elles sont pourtant de celles qui osent et je vois bien, à les côtoyer, qu'elles sont parmi les plus assidues à ne jamais laisser le moindre millimètre en trop et à veiller à ce que leur nuque soit toujours tondue comme un gazon anglais.
Néanmoins, le sujet semble sacro-saint, enveloppé d'un voile de pudeur, comme s'il s'agissait de parler de sexualité, ou presque. Bien sûr, je sais bien tout ce qui peut se bousculer dans une tête, comme fantasmes et idées plus ou moins claires, dès qu'il s'agit de parler de "ça". La puissance érogène des cheveux ne s'exerce pas seulement avec une longue et opulante chevelure. Ce blog en est la preuve et si quelqu'un est capable de comprendre que l'on ose pas en parler spontanément c'est bien moi. Malgré cela, certaines persistent à me donner le sentiment parfois, qu'il y aurait quelque chose de malsain, pour elles, à se livrer sur le sujet... Etrange non?
Photo: Andrew Catlin