Et maintenant ... ?
C'est la dernière vision qu'il aura d'elle. Loin de tout, dans cette rue de Naples qui grouille et où tout semble appeler à la fête. Il y a même des enfants qui rient et qui courent. Pourtant là où le monde entier s'emballe, son univers à lui s'arrête, tout se fige en cet instant où elle lui tourne le dos et s'éloigne. Sa vue se trouble et dans la chaleur de l'été il a presque froid. Elle part et c'est inutile de la rattraper. Tout a été dit, c'est un autre qu'elle aime et lui...Et bien lui fut une charmante parenthèse. Et le voilà sur le trottoir, hypnotisé par cette silhouette qui va bientôt disparaître, une gueuse au bout de chaque bras, s'enfonçant doucement, mais inexorablement dans son tombeau. Stupide, il voudrait la revoir sourire, l'embrasser, l'aimer, retrouver son visage appaisé, les cheveux collés sur son front par la sueur lorsqu'ils faisaient l'amour. Il l'aimait, elle s'amusait. Elle jouait avec son coeur comme la chatte taquine la pelote de laine qui toujours lui revient quand elle donne un coup de patte...Et à chaque fois son coeur, un peu égratigné, se gonflait d'amour, pour finir ensanglanté...La colère viendra, il la haïra, mais pour l'heure, les larmes ont finit d'obstruer son regard, elle a disparue dans la foule.
...Et maintenant que vais-je faire
Je vais en rire pour ne plus pleurer
Je vais brûler des nuits entières
Au matin je te haïrai...
Photo: Chicolorpinkpunk
Paroles: Gilbert Bécaud
Quelques coups à tordre
On confond trop souvent les causes et les effets...Souvent les partisan(e)s des cheveux longs déclarent péremptoirement qu'un pourcentage important de femmes aux cheveux courts seraient homosexuelles, ce qui à mes yeux parait aussi sensé que de dire que les hommes moustachus sont forcément gay. Cela dit, on ne peut pas nier que, comme dans chaque communauté, il y a toujours, pour les plus militant(e)s, une recherche de visibilité. Mais de là à réduire toutes les lesbiennes à cette seule image de "butch" le moins féminine possible...
Un coiffeur au Etats Unis en fait son fond de commerce pourtant, avec cette collection de portrait sur son affiche publicitaire. C'est un parti pris, pourquoi pas?
Mais tout comme la féminité ne se mesure pas à la longueur des cheveux, l'orientation sexuelle ne peut pas non plus être question de style capillaire. Une femme féminine le sera toujours, même avec les cheveux coupés en brosse, et....Et rien! La comparaison ne peut pas aller plus loin. On parle d'un côté d'allure, de style, de comportement et de l'autre de sexualité et de choix de vie qui pourrait en dépendre. Il serait assez ridicule de croire qu'il suffirait de couper ses cheveux très courts pour "devenir" homosexuelle....
Mais en contre partie, ce que j'aime moi, c'est cette détermination parmi celles qui s'assument, à porter leurs cheveux courts et souvent dans des coupes qu'on qualifiait avant de masculines.
Désir obscur
Sa main tiède parcourait délicatement les épaules, la nuque. Avec le revers il remontait doucement sur les cheveux tondus. Puis revenait à leur naissance, suivant le sens de l'implantation...C'était un sentiment trouble, nouveau pour lui. Il s'était imaginé toujours que les cheveux très courts étaient fait pour les garçons. Et là, avec sensualité, il découvrait cette femme qu'il aimait, et ne savait plus trop comment considérer cette ambiguité qui lui sautait au visage. La volupté de découvrir, débarrassée de son écrin, une pierre précieuse, ou le plaisir de trouver l'amande mûre que la coque dure protégeait. Peut être aussi le sentiment de séduire un éphèbe? Une expérience nouvelle sans conséquence et sans risque...Jouer avec son genre n'est pas un péché. La caresse l'a excitée elle aussi. Elle devine son trouble, n'offre que son dos et se laisse embrasser comme un amant...
Photo: Omie by Earl Piggott-Smith
Frida me file la gueule de bois
La soirée fut orgiaque. Sans repos, les deux amies se livrèrent à des ébats sans retenue, suçant, lèchant, caressant à tout va. Je n'étais pas en reste et je profitais largement de l'une comme de l'autre, tout mon KamaSutra y passa. Orgiaque, je vous dis.
Trois jours plus tard, je n'avais revu ni l'une ni l'autre et j'avais rendez vous avec Frida.
Ma Psy: - " Hey liebe! Komment fas du tebuis zette vapuleuze zoirée?
Moi - Ah bon sang d'bois! Ne m'en parles pas, j'en ai encore mal à la quéquette...
Ma Psy - Z'est bas mal komme dhérabie nein? Z'est tommache ke du zois bardi le lentemain
Moi - Ben figures toi que je bosse, moi! Je ne me contente pas de gribouiller des carnets à spirale pendant que tous les psychopathes de la terre viennent me raconter leur fantasmes...
Ma Psy - Mouais, du est pien kontent te l'afoir la kripouilleuze...Il faut que che de tise kelkejoze...Du n'as bas refus Laora tebuis? Non pien zur, zinon du m'en aurais téchà barlé...
Moi - Oulah...tu me fais peur là... Qu'est ce qu'il y a? Vous vous êtes remises en couple? Vous voulez adopter? Vous montez un char pour la GayPride...
Ma Psy - Nein nein...Mais...Le lentemain , Laora et moi... Tans l'élan, on a remit za. Elle a inzizdé pour redoujer la koupe kelle m'afait vait, tu fois, juzde vignoler, un beu blus razé les kodés...
Moi - Oui en effet, c'est pas mal fait, ça te va bien. Et donc, rebelotte, vous avez fait sa fête au canapé?
Ma Psy - Ya mais afant, ekzidée komme elle édait, Laora a foulu ke je koupe auzzi zes jefeux...Et elle édait fraiment drès ekzidée tu zais...
Moi - Et.....?
Ma Psy - Eh pien Elle a inzizdait bour ke che la donte...
Moi - Qu....Quoi???
Ma Psy - Mais razures doi za lui fa fraiment pien. Pon je zais que du aimais peaukoup zes jefeux longs, mais....
Moi - non mais c'est pas ça! 'Tain vous avez fait ça sans moi......C'est dégueulasse!
Moïra - chapitre 20
J'avais l'impression qu'une dalle de béton s'était affaissée sur moi. D'un seul coup une immense fatigue m'enveloppait. Moïra dormait, plus ou moins bien calée sur mon épaule. Le niveau sonore dans le Hercule ne permettait guère la conversation.
Tous les journaux du matin titraient sur le naufrage du porte container de l'IRISL. Un incendie avait ravagé le château ce qui vraisemblablement avait provoqué les deux fortes explosions qui avaient envoyé le navire par le fond avec sa cargaison. L'armateur profitait à son habitude de la tribune qui lui était offerte pour fustiger l'Occident et Israel, ce que les israéliens auraient bien voulu éviter en laissant Moïra lui clouer le bec définitivement. J'avais pris un risque énorme aux conséquences difficilement appréciables en lui offrant une porte de sortie, et au fond de moi je savais que nous arrivions à la fin du parcours.
Un vol régulier nous avait amené d'Istanbul à Larnaca où une liaison militaire régulière nous permettait de rentrer discrètement en France. Cette fois, la carrière internationale de la tueuse semblait bien terminée. Avec un peu de chance je pourrais encore lui trouver un job de formatrice au SA...
A présent elle s'était pelotonnée sur mes cuisses et je pouvais à loisir caresser ses cheveux noirs. Je lui avais promis de l'amener chez un coiffeur à Paris. Sans doute le point de départ pour une nouvelle vie...
Photo: Jack Andrew Davidson
La tombée du jour
L'inconnu lui a sourit, s'est approché, à demandé l'heure, mais son regard n'a pas quitté ses yeux un instant. Renseigné, il a sourit encore, n'a pas bougé. Il a fait un compliment sur ses cheveux. Elle a eu l'impression de rougir un peu, a passé une main dans ses mèches si courtes. Son regard s'est planté dans celui de l'inconnu. L'envie lui est venue de l'embrasser, cela l'a fait sourire. Elle a balbutié un "merci". Un ange est passé, leurs regards ne se quittaient pas, et puis le charme s'est rompu...
A cette heure là il fait encore jour, et puis brusquement tout s'assombrit quand les lumières de la ville s'allument. La fraîcheur nous pénètre, on a le sentiment de changer de saison.
Un goéland crie, perché sur un lampadaire, comme pour se moquer. L'inconnu est resté là, hésitant, puis il a relevé son col et plongé ses mains dans les poches de son blouson. Francesca a reprit son chemin sur le front de mer, sans se retourner.
Sur la plage, vide, le manège et la fête resteront encore quelques jours...
Photo: Alessandro Mitola
Shanghaï Li
Comment lui en vouloir? Elle l'attendait, sur le quai, son visage de lune encadré par ses cheveux noirs, lisses et taillés droit. Personne n'imaginait voir en cette jolie jeune femme une Lanterne Rouge, implacable. Elle avait pourtant démontré sa détermination en tentant par tous les moyens de s'emparer du trésor impérial de Russie. Pour la cause. Quitte même à envoyer ad patres le marin maltais et ses amis. Par chance Corto avait survécu et...
Loin des héros d'Hugo Pratt, Thukoï, mon guide, m'attendait sur le quai de la gare d'Hanoï en fumant une blonde américaine. Mais ça m'avait fait sourire, de m'imaginer un instant dans la peau de Corto Maltese...
Photo: Khoaviet
Petite madeleine
Les images reviennent souvent, toujours en noir et blanc, comme de petits flashes. Des images ensoleillées avec parfois des détails très précis. En traversant le parc tout à l'heure, il a croisé cette jolie femme. Et puis, lorsqu'elle l'a dépassé, il a remarqué cette coiffure si courte, cette nuque si fine et subitement, comme l'odeur d'une petite madeleine de Proust, le souvenir lui est revenu, de cette fille de son adolescence qu'il avait tant aimé. Son prénom même avait cette androgynie qu'il le faisait vibrer. Dominique, adorable garçon manqué, petite parisienne venue perdue dans cette province. Elle portait des Levi's et des Clark, les cheveux un peu dans les yeux mais la nuque toujours rasée. Il la revoit, comme hier et son coeur s'attendri. Cette nuque creusée entre les deux tendons, couverte de cette moquette de cheveux bruns taillés si court, qui captait son attention à l'heure de Pythagore et du carré de l'hypoténuse...
Les feuilles tombent dans le parc, virvoletant à travers les rayons tièdes du soleil d'automne. Au bout de l'allée la jeune femme a retrouvé son amoureux, qui savourant son bonheur, caresse sa jolie nuque en l'embrassant.
Photo: Stephen Edwards
Le triomphe de Frida
La soirée avait été tout simplement inoubliable. En tout point fidèle au programme annoncé par Laora:" Tou viens, jé coupe les chéveux da Frida ...Et on fait l'amour!"
Mes deux égéries s'étaient surpassées. Dans l'intérieur cosy de la transalpine, Frida s'était entièrement déshabillée à la demande de son amie, qui, elle, avait par jeu, revêtu une blouse blanche qui lui donnait l'air davantage d'une infirmière que d'une coiffeuse. Ce spectacle à lui seul aurait suffit à faire exploser mon plaisir. J'étais pour l'heure cantonné au rôle de spectateur et je me délectais. Feint ou non, Frida soupirait bruyamment et accélèrait la montée de son plaisir, caressant doucement son corps pendant que Laora s'appliquait à tondre les cheveux blonds. Le sang battait mes tempes devant cette histoire sans paroles. Juste le bruit de l'appareil. Laora jouait des différents sabots de plastic et réalisait un dégradé parfaitement réussi, glissant à la suite de la tondeuse ses doigts écartés à travers les cheveux très courts. Elle balançait sa chevelure sur l'une ou l'autre épaule et prenait quelques pauses pour venir agacer un téton de Frida, ou lui embrasser la nuque. Frida, elle, n'attendait plus. Sa main avait plongé entre ses cuisses musclées et sans vergogne, les yeux clos, elle se concentrait sur son plaisir. A les voir l'une et l'autre dans leur rôle, j'aurais juré avoir affaire à des adeptes, comme moi, d'une sexualité décalée, trouvant du plaisir dans le simple fait de couper ou se faire couper les cheveux....
Frida nous fit savoir qu'elle venait d'avoir un orgasme, exalant un râle gutturale.
La coupe achevée, la florentine réclama son reste et debout devant la tête blonde se fit administrer une bavaroise gâterie. Juste avant d'atteindre le paroxysme de son entreprise Frida déchira la blouse, faisant éclater les boutons comme autant de feux d'artifice. A son tour l'italienne hurla et les deux femmes roulèrent sur l'immense canapé lançant un concours de la plus belle galoche.
N'en pouvant plus d'attendre, dévêtu moi aussi, je plongeais dans le cuir pleine fleur....
Good mood
Sans doute que les gens qui le voyaient au volant de sa voiture, coincé comme eux dans les embouteillages, devaient penser qu'il était d'une bonne nature, supportant avec bonne humeur les affres de la vie urbaine. Il avait le sourire aux lèvres et en tête les quelques instants passés avec Elle avant de partir. Ce matin Elle portait cette petite robe noire dans laquelle il la trouvait sexy tellement elle avait de la classe. S'approchant de lui Elle lui avait tendu son collier, le sollicitant pour le fermer. Collé à son dos, les effluves de son parfum avaient commencés à éveiller son désir. Docilement Elle baissait la tête, offrant sa nuque. Avec application il ferma le collier sur la peau claire et avant qu'Elle ne s'échappe, il passa un bras autour d'elle et déposa un baiser à la naissance des cheveux. Elle se cambra et sa tête dodelina, recevant une pluie de baisers. De sa main libre il souleva les cheveux coupés droit, poursuivant sa caresse et accentuant la chair de poule qui envahissait la peau délicate.
Dans un souffle, connaissant son trouble, elle lui murmura: "Demain je les ferai couper....Bien plus court..." Puis elle s'échappa en riant d'éclats cristallins et juvéniles.
C'est lundi et la vie est belle!
Photo: Tetsuya Blues