Géniale
Cela ne tient pas à grand chose. Bien sûr il faut le savoir-faire et le talent du créateur, mais cela ne suffit pas. Une fois l'œuvre achevée, il lui faut voyager, virtuellement, parce que c'est le regard des autres qui va la consacrer. Et le temps fait le reste...
En 2012, Adam Ciaccia, coiffeur australien de grand talent, mais encore peu connu, prépare une collection pour le salon AxisHairdresser avec la collaboration du photographe Jez Rozdarz. Parmi les différents modèles, Isabelle, très blonde, le visage juvénile, se retrouve avec cette coupe, low fade, les tempes et la nuque bien dégagées, avec un dégradé minutieux vers un volume plus important dessus et une mèche qui balaie son front. Le tout dans des tons fuchsia qui s'accordent bien avec son teint et son maquillage.
Le set s'intitule "Reflexion" à cause des miroirs et se conjugue sur différents fonds. Les autres modèles sont tout aussi remarquables et la collection est une belle démonstration du savoir-faire du jeune coiffeur. Mais rapidement, au fil des vues sur de nombreux sites et blogs, la jeune femme en rose se détache du lot et apparaît sur tous les médias. Elle devient l'image "iconique" du salon et fait connaître Adam Ciaccia dans le monde entier.
Parce que sans doute cette coupe de cheveux correspond à une attente, parce que beaucoup la trouve à la fois élégante, mais audacieuse, non pas seulement pour la couleur mais aussi par cette façon de tondre les côtés et la nuque à la manière des coupes "masculines", parce que le mix est parfait entre masculin et féminin, parce que la coupe est géniale quoi!
A quoi ça tient des fois?
La perfection n'est pas de ce monde
On pourrait discuter des heures sur les devises et phrases toutes faites de la langue française, du genre "La perfection n'est pas de ce monde" ou encore " Les goûts et les couleurs ne se discutent pas", " Après la pluie, le beau temps", "tant va la cruche à l'eau..." et "Après moi le déluge" toussa toussa, bref! Ça n'empêche, on trouve toujours un fondement à ces dictons populaires, une vérité, du bon sens quoi! Car c'est bien vrai que, même si on cherche à tendre vers la perfection, le plus possible et en toutes choses, il est toujours possible de trouver à redire, même sans tomber dans le dicton d'à côté sur les goûts et les couleurs... Vous suivez?
Et puis après tout, heureusement que la perfection n'existe pas. Quel ennui sinon! Voyez donc, la petite du voisin, avec sa frange taillée de traviole. Mignonne! Le vendeuse de Monoprix avec son carré impeccable, façon hôtesse de SwissAir...et la nuque en friche. Attendrissante. L'étudiante avec son "mullet" sur le cou. Très footballeur des 70's. Emouvante.
Enfin bref! Le monde entier est imperfection. Pourtant, chaque style pourrait avoir un petit "plus" qui donne une allure remarquable à chacun.e, plutôt que d'inspirer la compassion. Se contenter de passer la tondeuse avec un sabot N°9 partout ne donne pas une allure de ouf. Même une buzzcut se doit d'être nette et dégradée. Une frange courte, taillée avec précision, un carré un peu court mérite une nuque irréprochable.. So on! Si la perfection n'existe pas, un détail au moins la rend plus proche.
Mais tout cela n'est que du bavardage et un point de vue sur un sujet toujours épineux, parce que... "les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas", on le sait bien.
Around the world - Audrey et Christelle à Bangkok
La Thaïlande on avait déjà fait, avec Ludivine qui nous avait emmené à Phuket. Cette fois-ci c'est Bangkok, avec Audrey et Christelle, grandes voyageuses comme Serena, qui ne manquent jamais, lors de leurs escapades à travers le monde, une occasion de rafraîchir leur petite tête de Femmes aux Cheveux Courts. C'est donc leur récit et une nouvelle adresse, à mettre sur le "road book" LFACC
Nous sommes en Thaïlande et après quelques jours à Bangkok, prêtes à décoller pour le Vietnam. Une matinée ordinaire dans la chaleur moite de l'Asie du Sud Est. Nous étions en route pour dévorer des pancakes, lorsque sur notre chemin nous rencontrons un bonhomme géant muni d'un rasoir tout aussi grand, veillant sur l'entrée d'un barbershop qui semble bien sympathique. Amusées, nous avons pris quelques photos avec lui, mais nous étions tellement affamées que nous l'avons laissé derrière nous.
Au retour de notre brunch, comme guidées par une ( bonne ) étoile, nous nous trouvons à nouveau face à ce bonhomme géant qui lui n'a pas bougé. Cette fois pas d'histoire. Il est temps pour nous de faire rafraîchir nos coupes de cheveux. Nous franchissons donc la porte du Never Say Cutz, 51 Sukhumvit, Bangkok. Un barber avec un masque sur le nez comme c'est assez courant dans le coin, nous accueille et on lui demande s'il accepte de nous tailler les cheveux. Evidemment la réponse est oui, pas de problème, parce que, femme ou pas, ici nous sommes avant tout des client.e.s.
L'endroit est accueillant et après un bref coup d'œil dans le barbershop, nous découvrons qu'il y a ici une spécialité, les motifs. Ni une ni deux, Christelle se lance et décide de faire tailler une étoile sur sa nuque rasée.

Cela se passe à l'étage, une sorte de mezzanine qui domine le salon et 30 minutes plus tard, le fade bien rafraîchi, l'étoile parfaitement dessinée apparait sur la nuque de Christelle. Un travail propre et sans bavure, pour 400 baths, soit l'équivalent de 11 euros. On aurait tort de se priver...
Des barbers très accueillants, un moment sympathique, nous voilà prêtes à poursuivre le voyage vers le Vietnam.
Merci à Christelle @christelled_polesport
et à Audrey @fitdreyz
Never Say Cutz à Bangkok, 51 Sukhumvit
Cowboys & Angels
Les choses se font, se défont et toutes nos cicatrices nous appartiennent. Chacun joue son rôle dans un tourbillon d'émotions où l'on croit en se trompant, savoir qui nous aime, sans penser qu'on puisse un jour en être éloigné.e. Ce n'est pas un jeu de hasard même si l'on croit à la chance lorsqu'une âme se pose sur votre cœur. Et on l'aime. On l'aime tant, tellement que jour après jour on se convainc soi même d'être à la hauteur, tout en craignant toujours de ne pas l'être. Et l'Amour brûle, comme une poignée de paille trop sèche, dévore, déchire, étrille indifféremment, plus l'un.e que l'autre. Personne ne meurt, mais les blessures sont parfois si profondes qu'on aimerait presque la mort... Et puis la Vie. Ange ou cowboy on poursuit notre âme sœur, croyant la reconnaitre lorsque le cœur fait mal à force de battre trop fort et puis non. Et à nouveau une cicatrice, qui marque la peau, comme une empreinte laissée sur le chemin.
Oublie l'Eternité. Rien ne dure, il faut juste savoir mesurer le bonheur à l'intensité du bien être qu'il procure. Le Temps n'a rien à voir dans tout ça.
Kriss Photographies - Maëva et Marie
Cinq sens
Il y a, dans la tiédeur de l'intime, certaines choses qui, plus que d'autres, vous bouleversent si vous prenez le temps d'y poser votre regard. Un regard caressant, pour le plaisir visuel, un regard enveloppant, chaleureux, amoureux... Puis, sans résister davantage, le toucher s'allie à la vue pour intensifier l'émotion. C'est un besoin humain, irrésistible, que de porter les doigts sur un fruit convoité. Et la main toute entière caresse la peau soyeuse, enveloppe le cou et glisse d'un doigt ou deux, sur les cervicales de la nuque creusée. L'oreille tendue, entre le souffle chaud et les battements de cœur, lui parvient ce crissement étrange quant à l'orée de la chevelure, la caresse se fait sur le chaume tondu des cheveux ras. La pulpe des doigts alors s'excite et le bruit s'amplifie au rythme de la caresse comme une vague légère qui lèche le sable...
Les corps se soudent et d'aussi près le parfum se mêle à l'odeur de la peau, envahie les sinus et enivre l'esprit. Une effluve agréable, familière et rassurante qui invite un baiser. Mais les lèvres ne suffisent pas, c'est la bouche toute entière qui dévore la nuque, lèche le sillon jusqu'à la naissance des cheveux, mord le tendon et relâche sa prise, pour se régaler de l'onde frissonnante qui les parcourt.
Le temps s'arrête... Chaque sens rassasié, prêt enfin à jouir.
C'est pas mon genre
L'androgyne, par essence, n'a pas de genre. Pourtant, tout demi-dieu qu'il soit, il est aussi demi-humain et à ce titre il est comme beaucoup, jamais content de son sort. Ainsi, pourtant prophète de la non-binarité, il en arrive parfois à balancer entre masculin et féminin, cherchant à estomper, tantôt une allure trop "garçon", tantôt un style trop "girly", au lieu de se contenter d'être lui même, inclassable et hors du genre.
Alors, l'erreur serait de croire que dans ces cas là, la coupe de cheveux permettrait de résoudre à bon compte cette désagréable ambivalence. Renoncer aux cheveux courts n'effacera jamais un caractère plutôt masculin et se raser la tête ne fera pas un dur d'une sensibilité féminine. Au contraire même! Et ce n'est pas le moindre des paradoxe, mais il s'avère qu'une androgyne qui se coupe les cheveux très courts exacerbe méchamment son côté féminin. Du coup, celles qui connaissent cet effet et qui ne cherchent pas à être plus fille que ça, se disent que laisser leurs cheveux un peu plus longs les mettra à l'abri. Eh bien non! A l'inverse les cheveux longs ne rendent pas l'androgyne "plus masculin". En fait, on parle là de caractère plus que look. Et tout le monde ici, sait bien que la féminité, tout comme la virilité, ne se mesure pas à la longueur des cheveux.
Par contre les accessoires de la féminité, le maquillage, les vêtements spécifiques, vont eux à coup sûr accentuer la tendance "fille" alors que le naturel, l'absence de maquillage donc, et aussi les vêtements genrés masculin vont tout de suite effacer une allure "trop fille" que certain.e.s redoutent. Et la coupe de cheveux dans tout ça? Eh bien comme d'hab', rien à voir.
Alors bel androgyne, tu peux continuer à porter fièrement ton "skinfade", tes tempes bien dégradées et ta nuque rasée, ou tes boucles soyeuses qui ondulent sur tes oreilles. Le plus difficile reste toujours d'être véritablement soi même, avec ou sans genre, mais toujours avec style!
Modèle: Emily Gafford
Petite fille modèle
Il y avait belle lurette que cela n'était pas arrivé et peut être même qu'elle avait juré que cela n'arriverait pas. Parce qu'après toutes ces années, c'était replonger dans tellement de souvenirs. Fontaine, je ne boirais jamais de ton eau... Finalement elle a coupé ses cheveux. Et elle se retrouve, face à elle-même, avec cette tête qui lui rappelle son enfance. Bien sûr, elle n'est plus vraiment cette enfant là, son visage est maquillé, ces couleurs sont soulignées. Pourtant, les mèches coupées nettes, la frange un peu dans les yeux et puis cette nuque, à peine masquée, qu'elle sait, qu'elle sent, rasée comme avant...
C'est amusant comme parfois peu de choses vous transportent dans des humeurs et des sentiments, comme si pour elle cette coupe était définitivement une coiffure d'enfant, parce que c'est celle qu'elle portait lorsqu'elle était petite, parce que la première fois, si elle n'avait pas pleuré, elle avait été tout de même un peu émue, de voir ses cheveux blonds tomber, abandonnés, inertes, parce qu'elle avait eu un peu peur de cette tondeuse aux lames tièdes qui avaient caressé sa nuque, presque brutalement. Parce que cela l'avait "chatouillée" lorsqu'elle avait passé sa main dessus, après.
La voici donc, à nouveau les cheveux courts, coupés droit au dessus de sa nuque, à nouveau rasée et tout lui revient, comme si elle retrouvait un air de virginité et en tête un peu de cette petite fille modèle du passé.
Photo: JL David
Ne faites jamais cela!
Cela fait déjà un moment que vous avez les cheveux courts. Ou bien vous envisagez sérieusement de les couper, depuis le temps. Cependant, rien de très court, pas d'excentricité, du classique quoi...
Et puis un jour, allez savoir pourquoi, vous vient l'envie d'un "truc" plus net, la nuque bien dégagée, peut être même les côtés dégradés, un truc "à la tondeuse". Influencée peut être par une amie, une tendance ou un .. blog? En tout cas cette envie, comme toutes les envies, commence à vous tarauder.
Résistez!
Oui résistez, le plus possible, le plus longtemps, parce que le jour où vous allez céder sera comme cette fois où vous avez goûté pour la première fois aux Schoko-bons, rappelez vous... Tout le paquet y est passé. Vous allez tellement aimer ça, cette sensation nouvelle, ce touché étonnant, cette "nudité" libératrice, cette impudeur de dévoiler votre nuque, que vous aurez un mal de chien à vous en passer. Il faudra vous faire violence pour ne pas aller chez le coiffeur plus fréquemment. Un mois ne suffira plus, trois semaines seront déjà longues entre deux coupes et si vous le pouviez vous iriez chaque semaine pour retrouver cette exceptionnelle sensation qui vous donne tant d'assurance et de confiance.

Cela ne s'explique pas, vous l'avez compris. Inutile de tenter de convaincre qui que ce soit. Une fois le "virus" attrapé, il vous faudra des années avant d'en sortir. Alors, non! Ne faites pas ça, croyez moi... ou pas!
Où seras-tu?
L'endroit, peut être, sera le même, cette grande fenêtre qui s'ouvre sur la verdure du parc... La plante aura grandi, ou sera desséchée, luttant contre l'absence de soins. Il y aura sûrement d'autres matins. Mais elle, où sera-t-elle?
Comme tu l'as aimée cette vision de ta vie, lorsqu'elle était là pour emplir ton horizon. Ces matins clairs où vous trainiez des heures, encore tièdes de la nuit achevée, presque endormies, chauffant vos mains au bol de thé brûlant. L'image te gagne, se fait plus nette et un frisson torture tes reins quand tu la revoies, languissante en peignoir de soie, ouvert sur son torse d'éphèbe.
Tu t'es dit ce jour là qu'elle avait la rondeur d'un petit pain au lait encore chaud et ce parfum de viennoiserie t'enveloppe soudain. Ses cuisses rondes, son ventre rond, ses joues rondes, sa tête ronde aussi quand les cheveux étaient tondus, si courts que sa nuque rasée t'ensorcelait. Abandonnée à ses rêveries, elle ne voyait pas ton regard enchainé à ses courbes et elle semblait d'humeur grave. Mais sa pose était élégante, l'attitude d'une âme raffinée. Et puis le temps l'a emportée, ailleurs, loin de toi et il ne te reste que l'éphémère image de ce souvenir au coin de la fenêtre...
Photo: Camille Feraille
Est-ce un crime?

Regarde bien, concentre toi. Fixe ce regard, essaie d'être le plus neutre, de ne pas juger. Tu sais ce qui va te troubler? C'est juste que l'œil est ourlé par l'ombre de cils longs qui l'adoucissent. Alors tu penses à une femme...
Et puis tu élargis ton champ de vision, mais en partie seulement et tu perçois le visage, le nez, droit, les lèvres bien dessinées mais pas pulpeuses, le maxillaire carré... La peau apparaît, imberbe, presque soyeuse... Cela pourrait être le visage d'un jeune garçon, un adolescent. Un visage mortellement séduisant, insolent, comme cette lourde mèche qui balaie le front. Mais les cheveux sont courts. Pourquoi ce trouble alors?
Sans doute parce que toi qui regardes, tu n'as jamais imaginé tomber sous le charme d'un être que tu ne parviens pas à définir? Une femme pourrait être séduite par un jeune homme aussi charmant...Mais elle n'a jamais songé être homosexuelle, pourtant si le jeune homme était une femme...
Un homme pourrait être séduit par le bel éphèbe, homosexuel comme lui... Mais il n'a jamais songé être attiré par une femme... C'est tout le pouvoir de l'androgyne, capable de troubler quiconque, quelle que soit son "orientation", d'insinuer le doute même.
Enfin le visage apparait dans son entier et tu ne parviens pas davantage à calmer ton émotion. Tu découvres la tempe rasée, les anneaux pendus à l'oreille, le cou tatoué, rien qui puisse te rassurer...

Tu voudrais l'aimer, comme la personne qui se tient derrière, une main posée sur son épaule, sereine et rassurante, à la manière de ces portraits de famille d'une autre époque. Après tout qu'importe ce que tu croyais, chasse tes idées elles aussi d'un autre âge, admet que tu es sous le charme et laisse toi séduire par l'esthétique, sans imaginer conquérir, juste pour le plaisir de ton esprit...
Parce que l'androgyne est amoureuse d'une autre qui lui ressemble , presque en tout et qu'à l'instar d'une légende, tu ne peux pas l'atteindre...
Mais tu peux l'aimer.