La jeune lionne
L'androgyne a le secret de la jeunesse infinie. C'est peut être le mélange de ses genres qui lui procure cette jouvence... Elle est fille et garçon, ange et démon et si parfois une blondeur artificielle illumine sa silhouette, son regard conserve la méfiance du chat sauvage. Elle est douce et rugueuse parce que rien n'est jamais vraiment simple pour celles que les mortels s'obstinent à ranger ici, ou là.
Une fille ne devrait pas avoir les cheveux si courts disent-ils. Elle serait si jolie en robe pensent-ils... Mais c'est parce qu'ils sont trop vieux, ou trop stupides pour admettre que la jeune lionne s'offre toutes les libertés.
Les robes il y a longtemps qu'elles les a rangées au fond du placard et ses cheveux elle adore les tondre pour accentuer cette allure ambiguë, parce que cela fait partie de sa liberté et que ce qui compte vraiment, c'est juste ça.
Photo: Fany Meil
Il restera ça
Quand nous aurons cent ans et cent jours et cent nuits
Que nos petits enfants auront fait des petits
Quand nos bras d'allumettes s'effriteront d'un coup
Que le poids de nos têtes écrasera nos cous
Que nous restera-t-il pour finir en beauté?
Quand nous aurons cent ans et de beaux souvenirs
Un de nos corps s'aimantant comme deux gouttes de cire
Quand la moindre caresse aura l'air d'un soumettre
Et que ta vieille maitresse aura perdu son maître
Que nous restera t-il pour finir en beauté?
Quand nous aurons cent ans dans nos coeurs de sauvages
Dans nos yeux presque blancs, nos cheveux de passage
Que nos cils tomberont comme d'un arbre à hélices
Que nos jambes n'auront jamais été si lisses
Quand nous aurons cent ans et la révolte sèche
Que l'inertielles temps aura briserons flèches
Quand la fatalité nous fera dire:"Tant pis"
Et qu'un point de côté nous mettra au tapis
Quand nous aurons cent ans de regards en arrière
Quand ce qui nous attends sera déjà derrière
Quand revenu de tout, et dépassé par tous
Nous attendrons surtout une sortie très douce
Que nous restera t-il pour finir en beauté?
Il nous restera ça, ton rire qui se faufile
Etincelant, immédiat, entre mes mots futiles
Mon rire qui prend sa source, à ton esprit fissa
J'espère qu'en bout de course, il nous restera ça.
Jeanne Cherhal
Y a-t-il un coiffeur dans la salle?
Eh bien non! Ce n'est pas aussi simple que ça. Enfin, pas aussi simple... On pourrait imaginer qu'une fois le pas franchi, une fois la liberté acquise, quand on est enfin une femmes aux cheveux courts, autant au dehors qu'on l'est depuis toujours au dedans, plus rien ne peut entraver cette marche triomphante vers le plein bonheur d'être soi même. Et pourtant, si!
Parce que c'est bien connu, une fois qu'on a les cheveux courts, on est soumis à une sorte d'addiction qui pousse souvent à aller toujours un peu plus loin dans la découverte de soi même et de son "vrai" style. Ok la première coupe, c'était pour franchir le pas. Une coupe un peu classique, un truc où la coiffeuse a pris soin de laisser quelques détails qui "féminisent" ce qui déjà dans son esprit est bien trop court pour être féminin (sic ).
Si bien qu'il faut, par la suite, se mettre en quête DU coiffeur qui saura satisfaire son envie. Celle ou celui qui sera "partant(e)" pour faire cette coupe, où on ne garde pas "les pattes en pointes" pour féminiser, où on n'a pas peur de tondre la nuque ou les côtés, bref où on est pas effrayé de tutoyer un autre genre dans l'apparence.
Ça paraît tellement simple et tellement évident, écrit ici. Mais pourtant... On se dit que les cheveux courts comme ça, il n'y a pas de raison de payer 2 ou 3 fois plus cher que les hommes, on se dit que puisque c'est ce qu'on aime on peut tout aussi bien aller se faire couper les cheveux dans un salon "pour hommes" et on tombe sur un grincheux qui va vous dire sans vous regarder dans les yeux, "qu'il ne coiffe pas les femmes"... Nanmého!
Alors il faut aller, d'expériences en déceptions, parfois durant des mois, avant de trouver, enfin, celui ou celle, qui dans son petit salon qui ne paie pas de mine, va vous faire LA coupe qui parle de vous à un prix qui vous permette d'envisager de la refaire chaque fois que vous sentez ce besoin irrépressible d'avoir les oreilles bien dégagées et le souffle de la brise sur votre nuque.
Et ainsi regonfler votre moral de combattante
Photo: Mark Elzey
Sale gosse
Quand aucune paire de chaussures n'est à votre taille, c'est quoi le mieux? Se forcer, quitte à ce que cela soit douloureux et que le pied s'atrophie comme celui d'une vieille chinoise?
Non bien sûr... Tant pis pour les chaussures, il vaut mieux parfois aller pieds nus. Rien ne dit qu'en grandissant on ne trouvera pas la bonne pointure....
Je sentais bien malgré ma splendide parabole, que ma voisine n'était pas prête à laisser sa fille marcher pieds nus dans la vie. Elle persistait à se lamenter sur les beaux cheveux que la jeune fille avait massacrés, toute seule un jour, devant le lavabo de la salle de bains. C'était sans doute pour la pauvre femme le paroxysme de ce comportement étrange que sa fille révélait depuis des mois. "Mon Dieu, mais rendez vous compte mon bon monsieur, elle était si jolie avec ses boucles dorées qui battaient jusque le milieu de son dos."
Est-ce que par un sortilège abominable elle serait devenue laide d'un seul coup... de ciseaux? Est-ce que la beauté de sa chevelure ne masquait pas sa véritable beauté?
Est-ce que ce n'est pas plutôt le désespoir de perdre une jolie poupée façonnée à son goût qui rend cette femme malade?
Et puis quoi finalement, est-ce qu'il ne vaut pas mieux un "tomboy" bien dans ses baskets plutôt qu'une fille qui joue à la princesse en rêvant d'être le prince charmant?
Hélas, mes paroles n'étaient d'aucun réconfort pour cette femme qui ne voulait pas se résigner à laisser son enfant s'épanouir. Par contre je fus récompensé par le clin d'oeil que me fit la fille... discrètement.
Illustration: Amédée
Laora se fâche
Je profitais des derniers rayons de l'automne, vautré dans un fauteuil club que j'avais déplacé à dessein face à la baie vitrée sur laquelle le soleil tapait en plein. Une sorte de lumino-thérapie baignée de chaleur, dans laquelle je me laissais aller à la somnolence.
Autant dire que j'ai frôlé l'arrêt cardiaque lorsque la porte de l'appartement a claqué à toute volée. Laora était de retour.
La jeune italienne était contrariée depuis quelques jours, après être revenue d'un rendez vous chez un coiffeur nouveau. Le figaro n'avait pas su faire la part des choses entre masculin et féminin, hésitant à couper court tout en ménageant un style plus ou moins féminin que la mignonne des Apennins ne lui avait pas demandé. Bref! Le résultat était à la hauteur de la colère de mon rossignol milanais qui menaçait chaque jour de tout raser.
Cependant, l'énervement du jour semblait venir d'ailleurs...
Laora "- No mais tou té rends compte comme il est crétin ce mec?
Moi - Qu'est ce qui t'arrive mon chevreau? J'adore ta coupe tu sais...
Laora - Vafanculo! C'est le taxi qu'il mé ramène là tou sais pas qu'il m'appelle " jeune homme" no? Tou rends compte? Ce pezzo di merda! A moi il mé dit "jeune homme" juste parce que j'ai les chéveux courts avec cette coupe di merda...
Moi - Ben...? Tu vois j'aurais pas pensé que cela te vexe autant. Après tout, tu joues pas mal là dessus avec tes airs androgynes. Je suis sûr que le type a dit ça sans même te regarder vraiment.
Laora - Tou crois? C'est pas à cause dé ma putana dé coupe en brosse?
Moi - Arrête! Je l'adore moi cette coupe, c'est doux comme un pelage mia figa... Juste quelques retouches à faire...
Laora - Ah tou vois... salaud va! Eh poui même si j'aime bien jouer l'androgyne, c'est pas une raison pour qué lé taxi il me dise monsieur. Ok? C'est lé premier taxi que jé vois qu'il est aveugle!
Cé jouste dé la provocation. Cé oune connard qui l'aime pas les femmes avec les chéveux courts, c'est tout! Fascista."
Modèle: Chloé François
Des "pourquoi" et des "comment"
La vie est drôle parfois... enfin pas toujours. Elle a du courage cette fille, à peine adulte, qui semble n'avoir peur de rien. Un jour elle a coupé ses cheveux longs, ceux qui lui donnaient l'apparence d'une jeune et jolie jeune fille, qu'à coup sûr un prince charmant aurait tôt ou tard enlevée pour lui donner une vie de rêve... Enfin, une vie de rêve pour ses parents peut être. Parce qu'elle a d'autres espoirs et certainement pas celui d'être sage et docile dans ce monde que très tôt elle a perçu comme n'étant que celui des hommes... Mais elle n'est pas une révoltée. Elle accepte le jeu. A condition de ne pas être dans le camp des "femelles", des filles à qui l'on ne demande rien, que d'être sage et docile, jeune et jolie.
Cela ne lui demande pas d'effort d'être sans genre. Elle a toujours trouvé que les jeux des garçons étaient bien plus amusants, leurs vêtements plus confortables et pratiques, que tout ce que l'on demandait aux filles n'était pas autre chose que d'être "jolie". Apprendre à se maquiller, porter des chaussures improbables, des robes qui lui laissaient les jambes à l'air, une chevelure brillante et abondante pour être comme un phare dans la foule et capter les regards. Jouer avec des poupées pour apprendre à être maman, ne rien ignorer du ménage et de la cuisine, tout ça ne l'excitait franchement pas.
Alors bien sûr elle joue avec les garçons et préfère peut être leur compagnie... Mais ce qu'elle veut vraiment c'est être elle même. Parce qu'en dedans elle a tout d'une vraie fille, cette sensibilité, ses émotions, cette intuition qui l'inspire, cette tendresse naturelle qu'elle tente bien de camoufler un peu... juste pour se protéger.
Et les cheveux courts... ben les cheveux courts c'est juste parce qu'elle aime ça. Voilà tout.
Photo: Rama Nuar
Addicted Anaïs
C'est bien connu, aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années... Et quand on est une jeune femme aux cheveux courts dans sa tête depuis toujours, pas besoin de 36 semaines pour être complètement accro.
Anaïs a 21 ans et les cheveux courts depuis à peine 10 mois. Ça semble peu, certaines auraient choisit d'y aller progressivement, le temps de s'habituer... Pas elle!
Déterminée et sûre d'elle, c'est chez le coiffeur de son grand frère qu'elle a plongé. Court, très court! Et puis rapidement elle s'est rendu compte qu'elle ne pouvait plus s'en passer, que quelques millimètres poussant au dessus de ses oreilles la gênaient, qu'elle avait besoin de sentir l'air frais sur sa nuque et de caresser ses cheveux tondus. En quelques mois à peine, la progression a été fulgurante.
Aujourd'hui c'est "low fade" ou rien et dès qu'elle le peut elle file au salon de Geoffrey où pour 10€ seulement et dans une ambiance très "barbershop" elle retrouve son image préférée, se regonfle le moral.
Elle a beau chercher, elle ne parvient pas imaginer revenir à des cheveux plus longs. Elle aime ça, ça ne s'explique pas, c'est comme ça. Et puis finalement tout le monde la retrouve ainsi, authentique, plus elle même qu'auparavant, dans sa vraie nature.
Et l'essentiel n'est-il pas de s'aimer soi même pour aimer le monde autour de nous?
Prémices
C'est ce geste qu'elle fait... Elle penche un peu la tête et pose sa main sur la nuque. Puis doucement, ses doigts s'agitent et glissent plus haut, vers les cheveux. Ils remontent ainsi sur quelques centimètres puis se resserrent et emprisonnent les mèches. Elle le fait presque inconsciemment et de plus en plus fréquemment au fur et à mesure que le temps l'éloigne de son dernier rendez vous chez le coiffeur...
Mais à chaque fois il y a de la sensualité, comme si elle mesurait ainsi le plaisir... Bien sûr elle n'en parle jamais. Qui comprendrait cela? Non! Elle fait comme tout le monde si jamais elle est surprise à faire ce geste, elle peste contre les cheveux qui poussent trop vite et la corvée d'aller les faire couper, fait mine de se plaindre de ce style qui l'oblige à aller régulièrement chez le coiffeur pour être toujours impeccable... Et puis elle sourit, intérieurement. Parce qu'en réalité elle aime ça, parce que des fois elle imagine même qu'elle ose les faire couper encore plus court, parce qu'elle aime le touché de ses doigts sur sa nuque quand les cheveux y sont presque rasés, parce qu'elle adore l'image que lui renvoie sa "petite tête", jolie et bien faite, parce qu'une fois on lui a dit "jeune homme" dans un magasin et que ça l'a fait éclater de rire...
Et là, elle se dit que bientôt elle va retrouver cette agréable sensation et tous les petits plaisirs qui l'accompagnent.
Photo: Krissphotography
C'est sa façon à elle
Et puis un jour, elle a eu envie d'aller un peu plus loin, d'accentuer le trait. C'était pas une lubie. Elle a toujours été comme ça, nature, un peu brut de décoffrage. Les artifices, les faux-semblants et les manières c'est pas tellement son truc. Pourtant, quand on la connait, on lui trouve cette douceur qui ne va qu'aux femmes, une sorte de délicatesse naturelle, une fluidité féminine...
Si elle s'habille avec des vêtements masculins, c'est juste parce que c'est plus fonctionnel, plus confortable. Elle le fait avec élégance et raffinement, voilà tout.
Mais quand elle a demandé à sa coiffeuse de lui couper les cheveux plus courts, elle a senti du désarrois dans son regard, comme si la coupe au carré habituelle était déjà pour elle une limite atteinte. Plus court? Mais comment, avec les oreilles dégagées... tout ça? Ohlala, mais ça va faire trop ... masculin.
Masculin, féminin, genre humain...
Elle a cherché plus loin, hors de ses habitudes, pour trouver le coiffeur qui coiffait le genre humain. Elle a aimé la fraicheur de sa nuque rasée et la minutie de son tour d'oreille. Personne n'a cherché à faire de la coupe qu'elle désirait quelque chose de "féminin". Elle voulait les cheveux courts comme ça. C'est tout.
Surprise, en sortant de là, elle n'avait pas changé de sexe. Elle avait simplement fait un pas de plus pour se rapprocher d'elle même, toujours fluide et féminine, avec cette douceur qui ne va qu'aux femmes...
Photo: Jo Jackson by Niel Danvers
Mais qu'est-ce qui m'arrive?
Il m'est arrivé, après quelques verres d'alcool de qualité, d'imaginer qu'un jour ce blog deviendrait célèbre, qu'il ferait référence et qu'on en parlerait dans les médias... Et puis le lendemain en chassant le troupeau de mammouths qui courait dans ma tête, je chassais également cette idée un peu saugrenue et reprenais le cours de mon existence, normale.
Néanmoins, dans ces périodes de délire, je trouvais amusant de passer en revue les meilleurs arguments pour expliquer ma démarche, le pourquoi et le comment, sans tomber dans une auto-psychanalyse de bazar qui aurait vite fait de me faire considérer comme un vulgaire névrosé maniaco-obsessionnel. Et puis au bout du compte, je renonçais, faisant valoir qu'on était pas toujours obligé de donner une explication à tout et encore moins de justifier ses travers.
Or, voilà pas que pas plus tard que lundi dernier je reçois un message sur la page FB du blog:
Bonjour, je suis journaliste et j'anime le magazine de l'après-midi de Sud radio. Le 19 octobre, à 15h, en direct, nous allons parler d'être belle autrement. Je suis tombée sur votre blog, que j'ai trouvé vraiment super et j'aurais adoré vous interviewer en direct par téléphone. Voici, mon numéro: 06..... A très vite! Isabelle BRES
Bon, je veux pas faire le blasé, mais en général, je suis un peu méfiant vis à vis de ce genre de démarche où finalement on ne cherche qu'à me vendre un abonnement à un magazine ou on pense que mon blog se classe dans la rubrique beauté-santé.
Cependant, comme je suis d'un naturel curieux, je cherche qui est Isabelle Bres, qui outre qu'elle soit une journaliste connue pour avoir animé plusieurs émissions sur TF1 ( ce qui explique sûrement pourquoi je ne la connaissais pas ... ) et être la fille de Pierrette Bres qui fût elle aussi journaliste spécialisée en tout ce qui touchait le cheval mais surtout une des rares à son époque à "oser" les cheveux courts à la télévision, est elle même une charmante jeune femme aux cheveux courts, ce qui déjà est pour moi un gage de bon augure...
Alors voilà! Nous y sommes. Here we are! Les Femmes Aux Cheveux Courts passent à la radio, Sud Radio précisément, dans l'émission qu'anime Isabelle Bres quotidiennement de 15H à 17H. Et ce sera lundi 19 octobre à partir de 15heures justement.
Alors j'aime autant vous dire que depuis, le roi n'est pas mon cousin et que je suis un peu fier de l'audience que pourra avoir le blog pendant ces quelques minutes de célébrité.
( Youpiiii! )