Voyage
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble ;
— Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté...
Extrait: "Invitation au voyage" -Les fleurs du Mal- Ch. Baudelaire
Photo: The Sartorialist
Moïra - chapitre 15
Je n'avais pas accompagné Moïra dans les Territoires du Nord Ouest. Après cette journée à Toronto nous nous étions quittés, comme souvent, au petit matin. De retour à Paris, j'avais discretement rafraichie ma mémoire sur ce que je savais du Lakam. Cette structure peu connue était en charge de la collecte d'informations du domaine scientifique et technologique...Vaste programme. Ce qui était plus inquiétant c'était que ce service, créé pour contourner les accords israélo-américains de non espionnage, était officiellement dissout depuis ...1986. Soit Moïra me mentait, soit l'information avait une importance capitale. Et l'intérêt de ce service pour les mines de diamant du Canada n'était pas anodin...
Des semaines plus tard, à Anvers, une Austin Cooper s'arrêta devant moi, au bord du trottoir. Nous avions rendez vous, mais j'étais stupéfait et restais un instant coi...:
" Tu montes, ou il te faut un ordre de mission?" Reprennant une contenance, je fis le tour de la voiture et montais à bord:
" - Bon sang Moïra! Pour un peu je ne te reconnaissais pas.
- Tu aimes? Une semaine de drill dans le Neguev et quelques vacances à Eilat histoire d'homogénéiser le bronzage..." Lança-t-elle en riant.
Sa peau avait foncée comme du chocolat au lait et ses cheveux qui avaient retrouvés leur coloration naturelle, étaient tondus presque ras.
"- J'adore oui!" A cet instant j'avais hâte de me retrouver plus intime, pouvoir caresser cette toison si courte qu'on imaginait ne pas pouvoir l'ébouriffer.
Gaëlle est rusée
Soyons clair, on peut être une femme aux cheveux courts et avoir comme tout le monde l'envie de temps en temps de changer de tête. Ca ne change pas le caractère une coiffure, enfin pas que je sache. Et si je vouais une admiration sans faille à Gaëlle Renard, image idéale et rarissime de la femme de télé aux cheveux courts, j'avoue que j'ai été un peu rafraîchi par
1/ le fait qu'on ne la vit plus à la télé
2/ la tendance du moment qui est ....aux cheveux longs.
Ne vous fiez pas à ces photos anciennes, la belle aujourd'hui ferait plutôt dans le désilhouettage.
Mais qu'on ne me fasses pas dire ce que je ne dis pas. Ce n'est pas parce qu'on ne la voit plus qu'on ne l'entend pas. On peut retrouver sa voix claire et amusée sur FIP ou profiter de son humour pinçant dans les ouvrages qu'elle publie.
Et comme elle sait que malgré ses errements capillaires elle demeure pour moi une idole, je n'hésite pas un instant à vous faire connaitre son tout nouveau site internet tout plein de sa bonne humeur et de son dynamisme...
Ainsi soit-il
L'ange était venu, cette nuit là, poser son regard sur lui, et même si la silhouette semblait transparente, le corps était bien là, souple et chaud. Ses yeux verts lui inspiraient des forêts immenses, de celles qu'on imagine inviolées. L'ange ne souriait pas, il voulait juste entendre battre son coeur et pour cela posa sa tête sur son torse. D'émotion, des larmes troublaient sa vision, et pourtant l'homme avança sa main vers les courtes mèches blondes, comme une auréole autour de ce visage parfait. Une nuance plus blanche de pâle...Sous la caresse le visage de l'ange s'adoucit et son regard sourit.
Eh Marcel! Une madeleine?
Tiens d'ailleurs, Marcel aussi pourrait en faire partie... Ce qui immanquablement me renvoit à de jolis souvenirs ce sont ces prénoms sans genre, dont certaines de mes amies étaient affublées: Frédérique, Dominique, Claude, Emmanuelle, ...Marcelle ( non, pas parmi mes amies, mes tantes peut être? ) Et il faut croire que parfois la personnalité de l'intéressée en était imprégnée. Plutôt garçons manquées que Barbies. A croire que les parents, dans leur choix délibéré de ne pas choisir, décide de cette androgénie...
Quand je pense à Dominique, je revois cette fille brune, arrivée en cours d'année, le jean avec l'ourlet d'origine, ses Clarks et ses cheveux courts. Et je me rappelle un jour chez elle, et sa mère se mêlant à la conversation, juste pour lui ébourriffer la frange et lui dire :" Tu vas aller te faire couper les cheveux demain..." A la fois une question et une affirmation, à laquelle la fille a répondu en réclamant l'argent pour la coupe. Autant vous dire que mon petit coeur battait fort...
Et puis il y a aussi Frédérique, la grande, une amie de ma soeur, pas spécialement garçon manqué, en tout cas pas dans l'apparence. Mais c'est elle qui coupait les cheveux de ses soeurs, la jolie Catherine en particulier, qui elle avait carrément ses cheveux blonds coupés en brosse...
Pas la peine de vous dire comment ma libido carburait à cette époque.
Mon gout pour l'ambiguité date peut être de cette époque? En tout cas, c'est toujours avec une sympathique nostalgie que je retrouve dans mes souvenirs ces filles de mon adolescence...
L'esprit de Tintin
Il y a quelque chose de juvénile dans l'allure que peut donner cette coupe de cheveux. Tout comme celui qui l'a inspirée, elle est presque emblèmatique d'une jeunesse éternelle. Un côté espiègle aussi, comme les lutins ou les elfes, tantôt facétieux, tantôt diaboliques. Cette mèche vers le ciel comme un plumet, le front nu, une façon d'être toujours ébouriffée, l'air de dire: " Pffft je ne m'en occupe même pas...", et le contraste avec la nuque et les côtés, toujours soigneusement dégradés, presque ras. Dans cette allure là, on sent l'envie et l'enthousiasme. Mais ce n'est peut être qu'une apparence? Tintin es-tu là?
Photo: Zaeem Burq
Epreuve de style
De temps en temps, je remonte dans le temps. Je feuillette ce blog, je me laisse embarquer par la musique ou la finesse d'un portrait. Parfois même, en toute modestie, je me dis que le texte est pas mal ou que l'idée est bonne. Des fois aussi je me rend compte que j'ai déjà parlé de telle personne ou évoqué tel sujet...Mais après tout, dans un blog "atypique" il n'y a pas de règles à observer, juste laisser l'imagination divaguer.
Et du coup je m'aperçois que si je n'y prend garde, je vais me laisser gangrener par une sorte de routine qui m'obligerait à sortir coute que coute un article chaque jour, quitte à y perdre en qualitié ou en originalité.
Pour tout vous dire, je passe beaucoup de temps ( quand j'en ai de rab) sur Internet pour dénicher une photo qui va m'interpeler, me parler, m'inspirer. Et puis, quand la photo m'a raconté son histoire, j'essaie de lui trouver une musique, une chanson, des paroles qui lui collent. Des fois c'est l'inverse, la musique s'impose et je cherche alors une photo qui l'accompagne. La seule figure imposée, l'ait par le postulat énoncé dans le titre du blog: Des femmes, des cheveux courts. Moins simple qu'il n'y parait. Mais grace à cela, je sais que plein plein de gens, à travers le monde entier, ont les mêmes gouts que moi dans ce domaine, et viennent, fidèles ( mais peu loquaces) visiter chaque jour les pages de ce blog. Et je les remercie.
Tout comme je remercie les photographes et leurs modèles, d'avoir autant de talent.
Cela dit, je sais aussi, ou je l'imagine, qu'il y a parmi les visiteurs quelques "coupeurs de nattes" invétérés, fétichistes et autres introvertis qui sont ici à l'affût d'une image inédite ou d'un texte excitant. Qu'importe. Il n'y a ici aucune perversité ni aucun complexe et j'espère que cet exemple les aidera à surmonter leur malaise ( sinon il faudra traiter avec Frida directement...)
Un dernier mot pour remercier, encore, toutes celles qui m'encouragent d'un mot gentil, ou me remercient elles mêmes de les avoir aidées à se découvrir. C'est bien loin de mon but de départ, mais cela me fait très plaisir.
Je vous aime.
Eve
Cette silhouette m'a fasciné. La jeune et belle québécoise apparaissait comme un véritable ovni dans le monde de la mode. Quel plus bel étendard pour J.P. Gaultier lui même enfant terrible dans ce monde qui pourtant ne craint pas l'extravagance. Sur les podiums on ne voit qu'elle. Elle et le dragon tatoué sur son crâne. Quelle allure! Quelle audace! Elle est belle, tatouée, rasée...
Aujourd'hui la belle est une DJ réputée. Eve Salvail est devenue DJ Evalicious. Elle demeure une femme aux cheveux courts, plus blonde, moins courts, parfois...
Tout le temps qui passe...
...Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois
À voir Paris si beau en cette fin d'automne
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine
Je vais, je viens, je vire, je tourne, je me traîne
Ton image me hante, je te parle tout bas
Et j'ai le mal d'amour, et j'ai le mal de toi...
Paroles: Barbara
Ne me laisses pas...
C'est comme un gigantesque appel d'air, ce sentiment que la terre s'effondre autour d'elle, par pans entiers. Elle aurait préféré le chasser elle même plutôt que se sentir abandonnée. Bien sur, ce n'est plus le grand amour, la passion a depuis longtemps cédé la place au quotidien. Elle connait ses frasques, elle lui pardonnerai tout s'il demandait, elle a déjà pardonné. L'angoisse l'étreint. Elle voudrait encore l'aimer, à tout prix. Cette peur irraisonnée qui la fait trembler, c'est celle d'être seule. Elle ferme les yeux et se voit tomber dans le vide, une chute sans fin dans un trou sans fond. Elle imagine à nouveau la caresse des mains sur son corps, la douceur d'un baiser sur sa nuque, la chair de poule que cela provoquait. Elle passe une main tremblante sur ses cheveux tondus...La porte claque, il est parti.
Photo: TheBigPineapple