Ton rêve de petite fille
Avais-tu des rêves de petite fille? Ce genre de rêves qu'elles font toutes, d'avoir de jolies robes, de belles poupées...? Ces rêves que les mamans imaginent que leur petite fille doit avoir...?
Ou bien rêvais-tu d'aventures, d'escapades lointaines, de cabanes dans les arbres...? Et après tout, peut être rêvais-tu de grands espaces avec ta jolie poupée, sautais-tu à pied joints dans les flaques d'eau avec tes souliers vernis et ta robe à fleurs?
Les robes t'ennuyaient, il fallait toujours y faire attention et ne pas laisser le vent l'emporter, mais l'été c'était agréable de sentir l'air sur ses jambes nues... Les cheveux longs, eux aussi t'ennuyaient, il fallait toujours les coiffer et les attacher pour ne pas passer des heures à les démêler, mais ces boucles auburn étaient jolies quand le soleil brillait à travers...
Peut être que finalement tout cela n'était qu'un fantasme de maman qui voyait dans sa petite fille celle qu'elle aurait voulu être? Non ce n'était pas ton rêve à toi. Cela t'a amusé, un temps et puis il a fallu batailler pour avoir les cheveux courts et abandonner les robes. Petit à petit tu t'es inventée différente. Tes rêves d'enfant étaient de liberté, pas de petite fille.
Photo: Laurine Lacombe
Méli-mélo
Il y a des fois où le style se confond avec le caractère et offre aux regards un mélange exquis de petits détails qui chacun ou globalement ne laissent pas indifférents...
Pour ma part, j'aime cette combinaison du col empesé d'une chemise blanche masculine qui ne masque rien de la nuque étroite aux tendons déliés où les cheveux sont rasés sans transition jusqu'à un court stylé au contraste du blond décoloré et du brun naturel.
C'est osé, c'est soigné et c'est distingué finalement, cette allure de dandy d'une femme qui connait le pouvoir que lui confère la morphologie de sa nuque et la met en valeur jusqu'à l'extrême en la gardant nue et on ne sait plus ce qui est le plus en valeur de la blondeur de sa coiffure, au clair-obscur de ses racines sombres ou de sa peau rasée.
De cet assemblage qui pouvait sembler hétéroclite surgit une image sophistiquée et élégante, enchevêtrement de rigueur millimétrée et de charme blond qui appelle le regard et sûrement la caresse d'une main intime...
Passionnément
Ça n'a l'air de rien, mais quand je mets le nez dehors, enfin je veux dire quand je regarde ailleurs dans le monde qui m'entoure, je m'aperçois qu'il y a un engouement, un vrai mouvement qui entraine des jeunes femmes à devenir "barbier".
Vous allez me dire: des filles qui veulent devenir coiffeuses, c'est pas nouveau. On pourrait même dire que ça fait un peu cliché tellement c'est banal.
Mais je ne parle pas de ça. Je parle de "barbier" au sens de barber, le mot anglais qui signifie coiffeur pour hommes, capable aussi bien de tailler la barbe que de raser une nuque, cet as de la tondeuse et du coupe-chou qui vous fond un dégradé avec son peigne et sa paire de ciseaux avec la même foi et la même adresse qu'un bâtisseur de cathédrale du Moyen Âge.
Je parle de passion, de ce goût de la belle ouvrage qui anime de plus en plus de jeunes femmes, sans doute "tombées dedans" plus jeune ou je ne sais pas par quel hasard, qui se sont découvert une fascination pour la taille des cheveux et des poils et qui, sans complexes, s'engagent dans ce domaine avec l'audace des artistes convaincues de leur art.
Il faut dire que pour beaucoup d'entre elles, ce goût des cheveux bien rasés à commencé par s'exercer sur elles-mêmes et que, sans doute, elles ont ressenti tout le plaisir et l'exaltation, toute la sensualité et le plaisir indéfinissable que pouvait procurer une nuque bien rasée...
Toujours est-il que, quelque soit leur propre style, de plus en plus de jeunes femmes pratiquent la coupe de cheveux très courts, la taille et le rasage de la barbe avec passion et professionnalisme et je dois bien me l'avouer, je me sens toujours plus de proximité avec les femmes qui n'ont pas peur de marcher sur les plate-bandes trop longtemps cultivées par les hommes. Sans compter que c'est tout de même bien aussi, que celles qui aiment avoir un bon "fade" puissent se confier à un barbier "de qualité" sans passer par le regard suspicieux d'un coiffeur misogyne.
L'insouciance
Un truc de la jeunesse ça, l'insouciance. Après, quand il faut vivre, travailler, avoir des responsabilités tout ça tout ça, c'est moins facile... Il faut coller au monde dans lequel on évolue, avoir l'image adéquate. Et même quand on est déjà connu.e, établi.e, cette adéquation reste indispensable. Regardez la pianiste Hélène Grimaud. Une renommée mondiale, depuis ... 30 ans et là, d'un seul coup elle cède un peu à l'insouciance, elle se coupe les cheveux très courts, les colore en blond et hop! Levée de boucliers, tollé général...
Comme quoi, l'insouciance, c'est pas forcément un truc de jeunesse. Ce serait plutôt un "truc" qui se cultive, tout au long de sa vie. Céder à ses envies, oser ce dont les autres se privent, être soi-même... c'est assez facile finalement, à condition de ne pas avoir peur des autres et de se faire confiance...
S'imaginer avec les cheveux courts, en avoir l'envie, le désir et y renoncer à cause du regard des autres, de préjugés ou d'idées toutes faites véhiculées par une société un peu trop formatée voilà qui est un souci. Avoir de l'insouciance c'est balayer ses soucis, ne pas en tenir compte...
JDÇ, JDR
Photo: Mihkel Pajuste
Changer la donne
Tant de choses à changer, d'images à bouleverser, qu'il faut bien se mettre à la tâche, enjamber la balustrade, se mettre en danger...
Il faut frôler l'androgyne, le voir au plus près, glisser dans sa peau, pour abandonner la vieille idée des filles qui ne seraient que filles et des garçons qui ne seraient qu'eux mêmes. Il y a certainement mieux.
Pour devenir idéale, elle a coupé ses cheveux, encore plus court, presque ras, pour dessiner sa tête sans artifice, pour ne rien cacher des muscles de son cou, donner de la puissance à cette nuque, du relief. Elle s'est dévêtue, habillée seulement d'ombres et de lumière et dans chaque pose elle s'est regardée tout au fond d'elle même.
Ainsi dépouillée elle ne fait rien d'autre qu'être authentique à ses propres yeux, petit garçon féminin, jeune femme idéale qui saurait que s'aimer est la seule condition pour être aimée en retour. Son coeur androgyne, enfin, prend toute la place... définitivement.
Photo: Kriss Photography
Balade irlandaise
Ça fera bientôt 3 ans qu'on se connait. Et c'est vraiment un plaisir de suivre, à travers son périple, Séléna la baroudeuse. Elle illustre souvent les pages de ce blog et c'est à juste titre parce qu'elle a toutes les qualités des "Femmes Aux Cheveux Courts" que l'on découvre ici, articles après articles. Après le Quartier Libre il y a eu Les Dames de la Côte, puis elle a illustré différents articles, Cette femme là ou Dans la lumière et puis un premier article en Irlande où, en irréductible femme aux cheveux courts, Séléna est toujours en quête d'un bon coiffeur. C'était au début du mois. Il était temps donc d'y retourner...
C'est à Dublin cette fois qu'on retrouve Séléna, dans un fameux salon, The Trinity Barber, qui n'a gardé de son aspect "Old School" que la devanture. Patrick, charmant papy de 80 ans, l'accompagne là où il a ses habitudes et du coup, l'accueil est plutôt sympathique.
Bien sur, c'est plus efficace et plus "branché" que dans le traditionnel salon précédent, resté un peu coincé dans le milieu du XXeme siècle...
Une coupe davantage au goût de notre voyageuse...
Prochaine étape, le sud du pays, Cork, où Séléna devrait faire escale quelques temps... au moins celui d'avoir à nouveau besoin d'une coupe de cheveux.
Photos: Louis E.
De toute évidence
En la voyant, les esprits les plus simples, un peu goguenards, chercheront à la comparer à un garçon. Ils feront exprès de se méprendre, avec un sourire torve pour montrer quand même qu'ils ne sont pas dupes, incapables de la moindre subtilité...
Des parents, aussi, hausseront le sourcil avant de le froncer, affirmant qu'elle a tort, que c'est trop, qu'elle ne doit pas, que ce n'est pas "conforme"...
Mais comme un feu qui s'attise quand on agite l'air autour de lui, d'un geste de défi, ou peut être de mépris, elle va encore et toujours plus loin. Et puis il y a les ami(e)s, les amours, celles et ceux qui comme elle se délectent de ce piment, rouge et fort, qui les maintient toutes et tous à l'abri de la fadeur et de la banalité.
Au début elle n'était pas sûre. Elle avait les cheveux courts, déjà, mais comme on cherchait à le lui faire croire, elle imaginait que "plus court" serait pire. L'expérience est toujours étonnante, tant le paradoxe est flagrant. Plus court en réalité n'est jamais pire, tout au contraire. Rien ne change dans l'esprit des benêts et l'entourage est toujours un peu furieux de ce que pensent "les autres", mais le bénéfice est pour les ami(e)s et les amours et pour elle bien sûr, qui aiment tant et chaque fois un peu plus, la caresse de sa nuque fraîchement rasée, tout autant que l'affirmation sans vergogne de son style si peu "conforme".
Et de cette nuque étroite, fine et musclée, aux tendons saillants et à l'anatomie parfaite, elle fait un joyau qu'elle livre aux regards mais dont elle seule, ou presque, peut jouir.
Le fade n'a pas de genre
On va dire que je manque de recul, que ma dilection me fait perdre un peu d'objectivité... enfin on va critiquer ma vision des choses. Mais voilà, écrire un blog c'est bien pour véhiculer son point de vue.
Et le mien, celui du jour, après avoir bien réfléchi à la question et observé autour de moi, c'est que le "fade", ce style qui pourrait mal se traduire par "dégradé-fondu" est celui qui se répand le plus parmi celles qui veulent se tenir à l'écart des catégorisations de genre.
Aujourd'hui, Dieu merci de plus en plus les femmes s'approprient les codes qui trop longtemps sont restés réservés. Néanmoins il demeure deux styles qui sont irrémédiablement genrés. Au féminin cela reste la coupe au carré, avec frange de préférence et au masculin la coupe en brosse. Là y a rien à faire.
Par contre, la tendance qui n'est qu'une résurgence d'un style masculin des années 30 et qui est revenue en force au début des années 2010, celle là n'a pas échappé aux plus audacieuses.
Soline, Méli, Lena, Adé, Giulia, Amandine, Anastasia, Amandine, Lucile, Lucie, Chloé...
Un mix de rigueur et de fantaisie, un mélange des sensations terribles qui font passer du "râpeux-piquant" des cheveux rasés à la tondeuse au souple et soyeux des cheveux plus longs dessus. Un abord masculin qui s'évanoui d'un coup de liner ou de rouge à lèvres... ou pas!
Un retour, aussi, à l'art et au savoir-faire des coiffeurs qui rivalisent d'expertise pour réaliser ce "fondu dans le dégradé" qui fait une transition douce au regard, du clair de la peau presque nue à la masse colorée des cheveux. Une coupe excitante, presque érotique qui peut contenter aussi bien celle qui la porte que celui ou celle qui l'admire ou la caresse.
Une coupe que finalement, les femmes en se l'appropriant, ont rendu sans genre défini.
Photos: Florine Biehlmann
Révolutionnaire
Il y a 100 ans, les russes ont failli inventer un monde meilleur... Hélas ils n'ont fait que créer un nouvel enfer.
Bon, je suis pas là pour faire la chronique "Histoire contemporaine" hein! Mais dans cette histoire qui a tout juste 100 ans, il y a un fait qui serait presque passé inaperçu...
Alors un bref rappel du contexte hein? Nous sommes donc en 1917, la Russie du Tsar est en guerre, comme tout le monde, contre l'Empire Austro-hongrois et l'Allemagne. Mais en même temps, comme c'est un peu le bordel, dès le début de l'année il y a une première révolution à bord et Nico "le Tsar" ne tarde pas à être licencié. Bon.
Pendant ce temps là, comme toujours quand rien ne va plus, les femmes s'en mêlent et puisque l'ennemi est partout, aux frontières comme à l'intérieur, se créent des bataillons exclusivement féminins que l'Histoire appellera "Bataillons de la Mort", tellement ces recrues là sont déterminées à ne pas laisser ce "monde meilleur" leur échapper.
Elles viennent de partout et de toutes les couches de la société, elles sont commandées par une femme, Maria Botchkareva et encadrées par des soldats de métier. On leur donne des uniformes d'homme et on leur rase la tête, pour que tout le monde comprenne qu'il ne s'agit pas d'un patronage pour dames.
Hélas bientôt, la révolution elle même est mise en danger par les bolcheviks et l'un de ces bataillons de femmes se retrouve au mois d'octobre à défendre le Palais d'Hiver où se trouve le gouvernement provisoire. L'Histoire retiendra plutôt le symbole que le fait d'armes. Désarmées, arrêtées et incarcérées, elle paieront cher, comme on peut l'imaginer, leur engagement.
Les mystères coréens
je dois l'avouer, bien que ma dilection pour les cheveux courts m'ait donné au fil des ans une certaine expertise pour distinguer le masculin du féminin, ce que je parviens à faire d'un coup d'oeil avec les européennes et complètement inefficace avec les asiatiques...
Sohyun Jung est coréenne, mannequin qui commence à percer dans le milieu comme on dit. Le milieu justement, c'est lui qui lui a un peu forcé la main pour qu'elle coupe ses cheveux, passant de la traditionnelle coupe au carré à une très "boyish" buzzcut.
Et soudain, le regard est perdu devant ce visage sans genre, aux traits délicats, aux joues glabres, aux sourcils épais mais bien dessinés, aux lèvres pulpeuses... C'est la coupe de cheveux qui bouleverse tout. Parce qu'elle n'est pas "soft", unisexe, de ce genre de court qui va aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Non, elle est résolument et excessivement très courte, presque tondue, aux contours rasés et la nature de ses cheveux noirs, très raides, accentue forcément la masculinité de l'allure... Quelques centimètres de plus eurent tout changé...
Bien sûr, son travail lui offre des robes et des bijoux que son corps androgyne met parfaitement en valeur. Le maquillage voudrait atténuer l'ambiguïté... mais ne parvient qu'à la renforcer.
C'est là toute la magie de l'Orient
Alors quand on lui pose la question, à propos de cette coupe de cheveux Sohuyn Jung n'hésite pas:
“My hair has always been pretty short, but there was something about going this short that felt new. At first there were moments of ‘What did I do?’ and ‘How do I style this?’ But with time, I got used to it. Plus, the reaction from everyone has been so wonderful and positive. Another reason why I like it is because there isn’t really another visible model who has this exact cut, so it helps me stand out.”
ce qui pourrait se traduire par:
"Mes cheveux ont toujours été relativement courts, mais il y a quelque chose à propos de ce court là qui me fait sentir les choses différemment. Au début je me demandais " Qu'est-ce que j'ai fait?" ou bien " Comment est-ce que je vais pouvoir coiffer ça?" Mais avec le temps je m'y suis habituée. En plus, les réactions autour de moi ont été tellement merveilleuses et positives. Autre raison pour laquelle j'aime cette coupe c'est qu'il n'y a pas vraiment d'autre mannequin en vue qui a exactement la même et ça m'aide à me démarquer"
Essayée, adoptée... Et voilà.
Cette ambiguïté je l'aime, au delà du Pays du Matin Calme, qui créée un genre indéfini, presque impossible ... à définir