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Les Affranchies

tendresses

Ombres et lumières

23 Mars 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

photo: Pauline Théon

photo: Pauline Théon

Bien souvent après que l'audace l'ait saisie et que dans un élan de confiance et de désir elle ait été jusqu'au bout de son envie en rasant ses cheveux, l'étape suivante est une décoloration qui donne une blondeur rassurante et douce à cette nouvelle physionomie qu'elle craint un peu d'être trop dure. S'engage alors un jeu qui pourrait être sans fin entre le cheveux qui pousse et qu'il faut tondre à nouveau et la couleur repoussée aux extrémités par ce même cheveux qui grandit. Il faut décolorer encore si elle veut que la tondeuse n'efface pas la blondeur...

Mais lorsqu'arrive l'entre-deux, il y a une courte période où le mélange est presque harmonieux, où la blondeur s'éclaire dans la lumière, formant une auréole tout autour de la tête, tandis que le brun naturel accentue l'ombre et pointe au fond de la texture pour contraster la douceur. Le mélange donne alors aux cheveux ras de la profondeur et l'étrange apparence du pelage d'un animal sauvage

C'est dans ce moment de métissage qu'elle se pose la question de savoir s'il faut retrouver la couleur, ou laisser davantage pousser ses cheveux, luttant contre l'envie furieuse de les tondre à nouveau. Toutes les options se présentent, laissant à l'Androgyne le choix de déplacer le curseur sur cette règle qui mesure le partage entre masculin et féminin et où, bizarrement, la tondeuse redonne toujours l'avantage au féminin. 

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L'idéal androgyne

18 Mars 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Portrait, #Tendresses, #Humeurs

Photo: Pascal Pierrou

Photo: Pascal Pierrou

Photo: Pascal Pierrou

Il y a, dans le mot "idéal", l'idée d'une personne qui aurait toutes les qualités requises et toucherait à la perfection l'image que l'on se fait de l'Androgyne. Ainsi l'Idéal Androgyne ne s'affranchit pas des genres par une simple attitude, quelques voyelles, supprimées ou ajoutées, un vêtement ou une coupe de cheveux. Bien sûr... c'est davantage.

Cependant l'Idéal, par essence, ne peut pas exister puisqu'il n'est qu'intellectuel, hors du réel, une idée que l'on se fait...

Et pourtant... Anaïs n'est pas imaginaire. Elle est cet androgyne dont on ne parvient pas à déceler le défaut, même s'il existe. Ainsi, durant des lustres elle est apparue comme une icône, avec sa tignasse brune, taillée à coups de rasoir ou de ciseaux sculpteurs, une coupe incomparable qu'elle seule, le plus souvent, entretenait.

Mais l'idée depuis longtemps germait, une envie de s'extraire de cette imagerie, un sujet qu'elle frôle de temps en temps, jusqu'à poster la photo intrigante d'une vieille tondeuse manuelle dans son emballage d'époque... D'abord la nuque, cette intimité, qu'elle rase sous les mèches encore longues. Puis les côtés. Un jeu de piste auquel elle convie ses ami.e.s qui la suivent sur les réseaux. Enfin, l'été dernier, comme un aboutissement, il y a cette tonte ultime. 

Photo: Anaïs Hamel

 Un pas franchi, comme une page qu'on tourne. La révélation tellement attendue de cet androgyne irrémédiable. Pour faire bonne mesure, une fois tondus, ses cheveux sont décolorés, tellement blonds qu'ils en sont blancs. Et ce visage, désormais adulte, jubile de ce bon tour joué à son image du passé. Toujours ambigu, refusant définitivement l'idée d'un monde binaire, l'Androgyne idéal, dans son style, son caractère, ses cheveux ras, ne finira jamais de fasciner les mortels

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Cowboys & Angels

26 Janvier 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Maëva Cristofoli

Photo: Maëva Cristofoli

Les choses se font, se défont et toutes nos cicatrices nous appartiennent. Chacun  joue son rôle dans un tourbillon d'émotions où l'on croit en se trompant, savoir qui nous aime, sans penser qu'on puisse un jour en être éloigné.e. Ce n'est pas un jeu de hasard même si l'on croit à la chance lorsqu'une âme se pose sur votre cœur. Et on l'aime. On l'aime tant, tellement que jour après jour on se convainc soi même d'être à la hauteur, tout en craignant toujours de ne pas l'être. Et l'Amour brûle, comme une poignée de paille trop sèche, dévore, déchire, étrille indifféremment, plus l'un.e que l'autre. Personne ne meurt, mais les blessures sont parfois si profondes qu'on aimerait presque la mort... Et puis la Vie. Ange ou cowboy on poursuit notre âme sœur, croyant la reconnaitre lorsque le cœur fait mal à force de battre trop fort et puis non. Et à nouveau une cicatrice, qui marque la peau, comme une empreinte laissée sur le chemin. 

Oublie l'Eternité. Rien ne dure, il faut juste savoir mesurer le bonheur à l'intensité du bien être qu'il procure. Le Temps n'a rien à voir dans tout ça.

Kriss Photographies - Maëva et Marie

 

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Cinq sens

25 Janvier 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Beli Klein

Photo: Beli Klein

Il y a, dans la tiédeur de l'intime, certaines choses qui, plus que d'autres, vous bouleversent si vous prenez le temps d'y poser votre regard. Un regard caressant, pour le plaisir visuel, un regard enveloppant, chaleureux, amoureux... Puis, sans résister davantage, le toucher s'allie à la vue pour intensifier l'émotion. C'est un besoin humain, irrésistible, que de porter les doigts sur un fruit convoité. Et la main toute entière caresse la peau soyeuse, enveloppe le cou et glisse d'un doigt ou deux, sur les cervicales de la nuque creusée. L'oreille tendue, entre le souffle chaud et les battements de cœur, lui parvient ce crissement étrange quant à l'orée de la chevelure, la caresse se fait sur le chaume tondu des cheveux ras. La pulpe des doigts alors s'excite et le bruit s'amplifie au rythme de la caresse comme une vague légère qui lèche le sable...

Les corps se soudent et d'aussi près le parfum se mêle à l'odeur de la peau, envahie les sinus et enivre l'esprit. Une effluve agréable, familière et rassurante qui invite un baiser. Mais les lèvres ne suffisent pas, c'est la bouche toute entière qui dévore la nuque, lèche le sillon jusqu'à la naissance des cheveux, mord le tendon et relâche sa prise, pour se régaler de l'onde frissonnante qui les parcourt.

Le temps s'arrête... Chaque sens rassasié, prêt enfin à jouir.

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Où seras-tu?

15 Janvier 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Où seras-tu?

L'endroit, peut être, sera le même, cette grande fenêtre qui s'ouvre sur la verdure du parc... La plante aura grandi, ou sera desséchée, luttant contre l'absence de soins. Il y aura sûrement d'autres matins. Mais elle, où sera-t-elle? 

Comme tu l'as aimée cette vision de ta vie, lorsqu'elle était là pour emplir ton horizon. Ces matins clairs où vous trainiez des heures, encore tièdes de la nuit achevée, presque endormies, chauffant vos mains au bol de thé brûlant. L'image te gagne, se fait plus nette et un frisson torture tes reins quand tu la revoies, languissante en peignoir de soie, ouvert sur son torse d'éphèbe. 

Tu t'es dit ce jour là qu'elle avait la rondeur d'un petit pain au lait encore chaud et ce parfum de viennoiserie t'enveloppe soudain. Ses cuisses rondes, son ventre rond, ses joues rondes, sa tête ronde aussi quand les cheveux étaient tondus, si courts que sa nuque rasée t'ensorcelait. Abandonnée à ses rêveries, elle ne voyait pas ton regard enchainé à ses courbes et elle semblait d'humeur grave. Mais sa pose était élégante, l'attitude d'une âme raffinée. Et puis le temps l'a emportée, ailleurs, loin de toi et il ne te reste que l'éphémère image de ce souvenir au coin de la fenêtre...

Photo: Camille Feraille

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Est-ce un crime?

13 Janvier 2019 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Est-ce un crime?

Regarde bien, concentre toi. Fixe ce regard, essaie d'être le plus neutre, de ne pas juger. Tu sais ce qui va te troubler? C'est juste que l'œil est ourlé par l'ombre de cils longs qui l'adoucissent. Alors tu penses à une femme...

Et puis tu élargis ton champ de vision, mais en partie seulement et tu perçois le visage, le nez, droit, les lèvres bien dessinées mais pas pulpeuses, le maxillaire carré... La peau apparaît, imberbe, presque soyeuse... Cela pourrait être le visage d'un jeune garçon, un adolescent. Un visage mortellement séduisant, insolent, comme cette lourde mèche qui balaie le front. Mais les cheveux sont courts. Pourquoi ce trouble alors? 

Sans doute parce que toi qui regardes, tu n'as jamais imaginé tomber sous le charme d'un être que tu ne parviens pas à définir? Une femme pourrait être séduite par un jeune homme aussi charmant...Mais elle n'a jamais songé être homosexuelle, pourtant si le jeune homme était une femme...

Un homme pourrait être séduit par le bel éphèbe, homosexuel comme lui... Mais il n'a jamais songé être attiré par une femme... C'est tout le pouvoir de l'androgyne, capable de troubler quiconque, quelle que soit son "orientation", d'insinuer le doute même.

Enfin le visage apparait dans son entier et tu ne parviens pas davantage à calmer ton émotion. Tu découvres la tempe rasée, les anneaux pendus à l'oreille, le cou tatoué, rien qui puisse te rassurer...

 

 

Tu voudrais l'aimer, comme la personne qui se tient derrière, une main posée sur son épaule, sereine et rassurante, à la manière de ces portraits de famille d'une autre époque. Après tout qu'importe ce que tu croyais, chasse tes idées elles aussi d'un autre âge, admet que tu es sous le charme et laisse toi séduire par l'esthétique, sans imaginer conquérir, juste pour le plaisir de ton esprit...

Parce que l'androgyne est amoureuse d'une autre qui lui ressemble , presque en tout et qu'à l'instar d'une légende, tu ne peux pas l'atteindre...

Mais tu peux l'aimer. 

Photo: Gilles Delacuvellerie

Photo: Gilles Delacuvellerie

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Les combattantes amoureuses

25 Décembre 2018 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses, #Nouvelles et petites histoires, #Divers & variés, #gayfriendly

Photo: Gilles Delacuvellerie

Photo: Gilles Delacuvellerie

Elles sont là, comme deux boxeuses dans le vestiaire, les corps réchauffés par l'atmosphère épaisse. Un combat s'annonce pour ces compagnes d'armes. Sur les peaux nues, la lumière crue éclaire leur nuque fraîchement rasée, leurs muscles qui roulent, l'encre comme des peintures de guerre... Il va y avoir des batailles, des accrochages, des affrontements, mais elles savent se battre.

Dehors la foule gronde, la rumeur envahi les couloirs, des cris et des paroles hurlées. Il lui faut du sang, de la chair fraîche. Tout est bon pour divertir cette masse au cerveau atrophié pour qui l'amour doit être calibré. Panem et circences, du pain et des jeux, c'est ce qu'il faut pour apaiser les gueux. Il faudra soutenir les regards, il faudra encaisser les paroles, chaque jour. Faire front, riposter, décrocher. Un combat sans fin...

Elles sont prêtes à entrer dans l'arène, gladiatrices modernes à l'allure de chevalier médiéval, elles sont des femmes au delà du commun, des combattantes amoureuses.

modèles: Coralie Robin et Vico B.

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La mélancolie de l'Androgyne

22 Décembre 2018 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Marie Corcelle

Photo: Marie Corcelle

Il faut étourdir l'esprit, le nourrir sans cesse de choses nouvelles, pour qu'il ne vagabonde pas, ne s'évade pas, ne finisse pas, encore, en ces terres inconnues, ce no man's land que les autres ignorent, tant ils ont de certitudes... L'Androgyne a de ces mélancolies, qui l'entrainent parfois aux marches de la folie, ce sentiment qui avant d'être une fierté est souvent une détresse, celui d'être, si loin, si haut que le vertige lui fait peur. Alors il lui arrive de se recroqueviller, de mettre en boule ce corps étrange dans on l'a affublé, pour ne voir que son intérieur et dans cette intimité se réconcilier avec lui même.

Ses cheveux courts n'en font pas un garçon et ce trait de liner qui souligne son regard n'en fait pas une fille, mais les deux sont un tour de force, abolissant le genre et détruisant les amarres... Tu n'imagines pas la force qu'il faut pour voyager ainsi, loin des routes fréquentées. Il faut savoir se perdre, refaire le chemin, revenir, repartir et ne jamais renoncer...

Ainsi, dans ces instants de mélancolie, l'Androgyne me rappelle un héros de Flaubert et ces mots nous reviennent...

"Il voyagea.

Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.

Il revint."

 

Citation: Gustave Flaubert - L'éducation sentimentale - 1869

Photo: Marie Corcelle - Autoportrait

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Seule au monde

18 Décembre 2018 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Photo: Pauline Théon ( recadrée )

Photo: Pauline Théon ( recadrée )

C'est étrange, ce sentiment de ne pas être de cette planète, de venir d'ailleurs, d'un monde différent... Voir le regard des gens qui ne te comprennent pas. A force, on finit par se méfier de tout. Il n' ya pas de peur, non. Mais petit à petit, la certitude que de toute façon personne ne peut comprendre, alors on se désintéresse, pour se mettre à l'abri et on rumine sa colère...

Mais arrive un moment ou la pression est trop forte. Il faut laisser s'échapper l'humeur et les émotions. Et si on ne peut pas le dire aux autres, on peut leur montrer à quel point on est à la fois fort.e et fragile. Il faut être radical.e. Il faut trancher. Ça parait sacrificiel parfois, mais ça ne l'est pas. C'est plutôt une libération de raser ses cheveux. Ça peut être jouissif aussi. La rupture est totale, avec le passé, avec les idées noires, avec les normes sociales. Cette tête rasée, éphémère et salutaire, appelle l'attention pour expliquer que, oui on souffre, parfois, mais aussi que l'on est bien plus forte que ce que chacun a pu imaginer, qu'on est différent.e. Ça n'explique rien, mais ça fait du bien.

Et puis le coup, qu'on a cru de folie, n'est plus si éphémère que cela, parce qu'à lui seul il a révélé tant de choses, qu'elle y revient, lentement mais régulièrement, retrouvant son excitation à chaque passage de la tondeuse, ce sentiment que cette différence est sa force finalement, dispensant de toute explication.

 

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Tu te sens comment?

23 Novembre 2018 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Jérôme K Photographe

Parfois elle se sent "il" et d'autres fois elle est "elle". Ce n'est pas vraiment une humeur, mais plutôt un tourment. Pourtant elle ne résiste pas au mélange des genres, elle aime l'un et l'autre. Elle aime la dentelle et la lingerie délicate qui met en valeur son corps généreux. Elle aime le regard du photographe sur ses épaules nues et ses seins. Elle aime se sentir désirée...

Il faut s'aimer soi même pour sentir ce désir chez les autres et il faut aimer le "il" et le "elle". L'ignorant.e dira que ce sont les cheveux courts qui font le genre masculin. Il y a tant d'ignorant.e.s... Un vêtement fera le genre, un maquillage, un accessoire, un uniforme, mais ses cheveux courts, sa nuque presque rasée, ses oreilles dégagées, c'est son corps. Est-ce qu'on dirait que ses seins la font féminine? Ils pourraient être minuscules, elle n'en serait que plus androgyne. Lorsque le "il" pousse en elle, c'est l'absence de maquillage qui le rend visible. Il suffit d'un rouge sur les lèvres pour que la femme prenne le dessus. 

Sous l'œil du photographe, ce corps presque nu ne montre rien d'autre qu'une féminité inventée, différente... guérie de son tourment.

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