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Les Affranchies

tendresses

L'odeur de l'herbe coupée

18 Novembre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Matteo-Palmieri.jpg

Sa chevelure noire à la lumière du jour avait des reflets bleutés. Penchée comme elle l'était dans ce champ de bleuets, je voyais glisser la masse vivante, épaisse et réconfortante, comme un voile de satin. C'est à cet instant seulement que j'ai réalisé l'extraordinaire changement qui s'était opéré et dont j'avais été l'acteur pour partie. D'une main sûre, l'heure d'avant, elle avait de quatre ou cinq coups de ciseaux tranché net ses cheveux qui auparavant battaient son dos. Sur la carrelage gisaient inertes les lambeaux de sa toison quand elle m'appela, sûre d'avoir commis l'essentiel afin d'échapper à mon opinion. Elle était radieuse, les joues rosies par son audace, l'oeil pétillant de malice. 

Elle me tendait la paire de ciseaux meurtrière pour achever son oeuvre. Bouche bée c'est presque dans un état second que j'ai plongé mes mains à travers les mèches. Sans même réfléchir je me suis appliqué à tailler, rectifier, aligner le plus droit possible les cheveux coupés juste au ras de la nuque. Ils avaient tant de ressort et de souplesse que naturellement ils prenaient du volume et rebiquaient vers le ciel offrant un reflet nouveau, plus sombre encore, à la masse brillante. Le souvenir des sensations que me procuraient cet exercice inhabituel m'excite encore. 

Ses épaules nues étaient couvertes d'un voile de petits cheveux coupés. Dans mes doigts la mèche saisie était taillée millimètres par millimètres et le bruit des lames crissant sur le cheveux soyeux et la douceur de la matière dans ma main me tenaient en extase. Elle s'amusait de me voir ainsi et sut bien arrêter mon ardeur frénétique avant que je ne me mette à tailler pour de bon sa chevelure raccourcie...

Dans le champs de fleurs il y avait cette odeur, ce parfum d'herbe fraîche transpirant la rosée, que la faux a couchée par brassées. Elle fit un bouquet et ses cheveux fraîchement coupés avaient ce parfum de printemps...

Photo: Matteo Palmieri

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Nathalie

12 Novembre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

merethe5.jpgLa Place Rouge était vide

Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide: 
Nathalie... 
La place Rouge était blanche 
La neige faisait un tapis 
Et je suivais par ce froid dimanche 
Nathalie...
Elle parlait en phrases sobres 
De la Révolution d'Octobre 
Je pensais déjà 
Qu'après le tombeau de Lénine 
On irait au café Pouchkine 
Boire un chocolat... 
La place Rouge était vide 
Je lui pris son bras, elle a souri 
Il avait des cheveux blonds, mon guide 
Nathalie... Nathalie 
Dans sa chambre à l'université 
Une bande d'étudiants 
L'attendait impatiemment 
On a ri, on a beaucoup parlé 
Ils voulaient tout savoir, Nathalie traduisait 
Moscou, les plaines d'Ukraine, 
Et les Champs-Élysées 
On a tout mélangé et on a chanté 
Et puis ils ont débouché 
En riant à l'avance 
Du champagne de France 
Et on a dansé... 
La, la la... 
Et quand la chambre fut vide 
Tous les amis étaient partis 
Je suis resté seul avec mon guide, 
Nathalie... 
Plus question de phrases sobres 
Ni de révolution d'octobre 
On n'en était plus là 
Fini le tombeau de Lénine 
Le chocolat de chez Pouchkine 
C'était loin déjà... 
Que ma vie me semble vide 
Mais je sais qu'un jour à Paris 
C'est moi qui lui servirai de guide, 
Nathalie... Nathalie

Paroles: Pierre Delanoë

Musqiue: Gilbert Bécaud

Modèle: Merethe Hopland

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Sensation

6 Novembre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

antonk315.jpg

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Arthur RIMBAUD   (1854-1891)

Photo: Anton Korshunov

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Petite peur

5 Novembre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

I-dont-think-about-you-copie-1.jpg

C'est au moment où ils furent séparés par d'autres convives. Un instant il s'est retrouvé seul, sans personne à qui parler. Il a bu une gorgée de champagne, a balayé du regard l'assistance, l'a retrouvée à quelques mètres de lui, absorbée par les mondanités d'usage. Et là soudain il a eu un sentiment de peur, une peur un peu animal, instinctive. L'air a commencé à lui manquer. Son regard s'est troublé. Il avait parfois ce genre de réaction. Souvent quand tout aller bien, qu'il lui semblait qu'il avait tout pour être heureux, une petite voix l'empêchait de s'enivrer, lui rappelant la règle universelle qui fait que toujours le bonheur est compensé par le malheur, le bien par le mal, la réussite par les difficultés... Mais cela lui arrivait dans le domaine de son travail. Là, ce soir, il avait soudain peur de la perdre. Ça n'avait pas de sens, pourtant une bouffée de chaleur lui fit desserrer son col. Il n'arrivait plus à la quitter des yeux et chaque détails lui apparaissaient comme s'il la découvrait pour la première fois, son regard, ses lèvres, la courbe de son nez, la délicatesse de son oreille, cette mèche qui barrait son front lisse. Il a cherché dans sa mémoire, la dernière fois qu'il lui avait dit je t'aime et la simple évocation de ce mot à manqué envahir ses yeux de larmes. Il s'est repris discrètement, s'est excusé auprès de cet homme qui devait lui parler depuis un instant pour se rapprocher d'elle. Son dos, sa nuque. A nouveau son profil. Malgré son air concentré il devinait son sourire, il avait dans la bouche le goût de ses lèvres, dans son nez le parfum de sa peau et dans ses mains la soie de ses cheveux...

Il lui toucha le coude en écartant son interlocuteur, leur regards se croisèrent, elle parut soudain inquiète... Il caressa sa joue et glissa une mèche derrière son oreille comme elle faisait si fréquemment, son sourire revint. Il murmura dans son cou et son visage s'illumina juste comme il l'entraînait à l'écart...


Photo: Pierre Jean 

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Le Baiser

30 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Amber Valetta Issermann

Il y a d'abord les corps qui s'attrapent, les mains qui se tiennent ou enlacent la taille. Puis la prise s'affirme et le tête à tête semble aller jusqu'à la collision, mais fait une pause à quelques millimètres. Les parfums se mélangent et l'on sent la chaleur de la peau. L'alchimie se produit. Les regards se croisent, les lèvres se frôlent. L'instant d'après les yeux se ferment et le corps s'abandonne. Dans la tête défilent les images qui rendent l'autre idéal et le désir s'échauffe. Le contact de la pulpe des lèvres, douces, tièdes, provoque un léger frisson qui parcourt les joues jusqu'aux oreilles et descend vers la colonne vertébrale. Le souffle est retenu comme si tout l'être était concentré sur l'instant où le goût de ses lèvres délicieuses apprécié, il nous fallait dévorer l'autre ou lui insuffler notre âme. Les langues explorent, s'enroulent, se nourrissent pendant que les mains échauffent le corps, remontent là où la chair est nue, caressent la gorge, le cou, glissent dans les cheveux pour les mettre en désordre. Sur la nuque les doigts s'agrippent et les têtes se renversent. A la chimie des salives et des odeurs s'ajoutent les décharges électriques que provoquent les doigts sur les cervicales... Si l'on n'y prend pas garde, la tempête nous emporte et si la raison nous ramène c'est avec la respiration un peu rapide et quelques frissons résiduels... Et surtout l'envie de se retrouver très vite pour cette fois laisser gagner la passion.

Photo: Amber Valletta par D. Issermann

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Dans son regard

26 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

shannin-sosamon.jpg

Quelque chose d'étrange s'était produit. Bien sûr pour elle cela avait été un changement important. Pour la première fois elle osait les cheveux courts et le visage qu'elle se découvrait la rassurait. Elle se voyait davantage elle même, dans sa vraie nature. Elle était fière d'elle, se sentait belle, pleine d'assurance. Pourtant un chose encore l'inquiétait. Lui. Habituellement il n'était pas très attentif à ces changements de style, il faisait un vague compliment, sincère mais rapide, considérant que l'apparence n'était pas l'essentiel. Mais cette fois peut être allait-il être plus démonstratif, exprimant des regrets devant l'absence des longues mèches soyeuses et enveloppantes... Tout bêtement elle avait l'envie de lui plaire et la crainte de la déception.

Et puis... Et puis elle s'est vue dans son regard. Elle a vu un pétillement, une étincelle et elle a sentit tant d'amour que sa gorge s'est serrée. Sa poitrine s'est gonflée à la mesure de son coeur envahit par cet amour qu'elle recevait. Sans dire un mot elle lisait dans ses yeux de l'admiration, de la tendresse, du désir et plus qu'à travers n'importe quel miroir, elle se sentait belle... Ce n'est qu'après qu'il a osé avancer la main, caresser cette gorge dévoilée, ce cou nu, froler la nuque de ses doigts et les glisser à travers les cheveux courts, sans jamais que son regard amoureux ne la quitte. Il semblait bouleversé, ému et contrit, comme s'il s'en voulait de ne pas lui avoir témoigné plus d'amour auparavant, ou si mal. 

Elle se sentait belle, juste à travers son regard et se dit qu'il n'y avait vraiment que cela qui comptait...

 

Modèle: Shannyn Sossamon

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Elle ne saura jamais

24 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

David-Urbanke.jpg

C'était il y a des années. Elle sortait à peine de l'adolescence, lui était déjà un homme. Ils se voyaient chaque jour. Elle aimait son cours, elle admirait son aisance et la facilité avec laquelle il savait transmettre son savoir. Elle ne craignait pas de rester après l'heure pour discuter d'un point du programme. Il la trouvait intelligente, curieuse et naturelle. Franche et fraîche. Les discussions s'éternisaient des fois... 

Petit à petit il a découvert son visage, ses yeux, ses lèvres... Avant elle n'était qu'une élève. Un élément dans son quotidien, une de ses têtes que son mandat lui commandait de remplir, le mieux possible...

Le sujet du cours est devenu trop étroit. Leurs discussions s'élargissaient, il aimait qu'elle parle d'elle. Sa démarche était innocente, elle avait de l'admiration pour lui. Lui était sous le charme et finissait par penser à elle trop souvent. Il aimait son regard bleu intelligent, ses cheveux blonds souvent en bataille.

Tout naturellement, le jour où elle a fait couper ses cheveux, elle a été flatée qu'il lui fasse un compliment. Elle a montré aussi sa nuque, toute dégagée, une nouveauté pour elle. Il en a été bouleversé, il aurait aimé l'embrasser... Imprudemment il a porté la main vers les cheveux tondus, les a touché de ses doigts. Elle s'est raidie, comme si elle venait de prendre une décharge d'électricité. Il a eu peur, il s'est repris, a presque fuit. Elle, a juste pensé qu'il venait de se rappeler un rendez vous qu'il risquait de manquer...

Il a été malheureux, parce qu'il sentait ce sentiment grandir en lui et cette fille envahir son coeur et qu'il devait lutter contre ça. Presque femme ne suffit pas. Il s'est enfuit.

C'était il y a des années. Pourtant chaque fois qu'il voit une jeune fille blonde à la nuque dégagée sous les cheveux au carré il pense toujours à elle et son coeur se sert.

 

 

Photo: David Urbanke

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Caramel

23 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

image3xxlBien sûr il ne la connaissait pas. Il n'imaginait même pas faire sa connaissance d'ailleurs. Juste admirer sa silhouette sculpturale et sa plastique parfaite suffisait à son bonheur. Cela le réconciliait avec la nature humaine quand il pensait que le brassage et le métissage produisaient de tels résultats. La force des choses le tenait là et il n'avait donc pas de malaise à l'observer comme il le faisait. Elle même ne semblait pas gênée. Physiquement elle lui paraîssait sans défaut, aucun.

Moderne Eurydice, il comprendrait qu'Orphée aille jusqu'en enfer la retrouver, bravant la Mort et mille dangers, implorant Hadès de lui rendre son amour.

Cette pensée l'inonda de tristesse. Il chercha une histoire d'amour aussi forte... Mais aucune dans son souvenir ne se terminait bien...

La jeune femme ôta ses lunettes, d'un mouvement de tête chassa la mèche qui barrait son front et le fixa d'un regard dur. Une grande fille blonde entra, appela "Karmelli" et le regard dur se transforma en visage d'ange. Il se dit alors que peut être cette histoire là était encore à écrire...

 

 

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Morphée et la femme nue

16 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

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Elle s'est endormie sur le canapé de velours rouge. Epuisée, encore ruisselante. Elle a la tête sur son bras, respirant sa propre odeur, comme font les enfants pour se rassurer et son corps se soulève doucement trahissant son souffle. A peine ses paupières fermées, Morphée s'est approché d'elle, prenant l'allure d'un beau jeune homme au visage familier. Il l'a prise dans ses bras, elle a mis les siens autour de son cou et dans son regard elle a trouvé une foule de sentiments. Elle a vu l'admiration, la tendresse, le désir... Elle s'est abandonnée sur son épaule. A son oreille il a murmuré des mots d'amour qui l'on fait se pâmer. Puis il a évoqué sa nudité, tu es tellement vraie ainsi, lui a-t-il dit. Authentique.

Elle s'est vue sourire, sa main caressait ses cheveux ras. Elle était rayonnante et Morphée l'emportait...

Autant d'hésitation et autant d'envie en même temps. Il lui fallait franchir le pas, se dépouiller de cette image ancienne pour renaître sous un nouveau visage... Et en changeant d'enveloppe elle a aussi changé son âme. Redevenue elle même, sans fard et sans artifice, sa peur s'est évanouie. Elle a pris une douche et s'est allongée sur le canapé rouge, les nerfs épuisés... Et Morphée l'a emportée.

 

 

Photo: Alin Ciortea

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You never can win...

14 Octobre 2011 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Dan-Carabas.jpg

Il n'y a rien que j'aimais autant que ces instants, lorsrqu'elle revenait de chez son coiffeur. Elle me taquinait, espiègle, jouant avec moi comme une chatte avec sa pelote. Elle me regardait à travers le rideau de ses cheveux souples, brillants et parfumés et mon plus grand plaisir était de bouleverser sa coiffure sage et ordonnée. Je l'ébourriffais, glissant mes doigts à travers la matière soyeuse, elle m'échappait, puis revenait, offrant sa nuque à mon regard, puis à ma main. Chaque baiser posé sur sa peau à cet endroit provoquait sur ses bras une éruption délicieuse et excitante de chair de poule faisant frissonner son cou. Nos corps s'échauffaient mais elle savait bien me provoquer en murmurant que c'était la dernière fois, que dorénavant elle laisserait pousser ses cheveux longs. Alors le dernier baiser se transformait en morsure et je sentais son corps entier vibrer et se raidir. Elle capitulait, abandonnant son corps aux caresses de mes lèvres et ces instants là étaient tout mon bonheur...

"...In spite of a warning voice that comes in the night..."

 

Photo: Dan Carabas

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