ma psy et moi
Frida - De retour de "Pas fière"
Frida était rentrée. Somme toute, c'était presque rassurant de se retrouver ainsi tous les trois réunis comme avant. Nos expériences personnelles et notre indépendance nous permettaient de faire durer cette relation étrange qui pouvait en étonner plus d'un dans notre entourage. Frida avait son cabinet, nous vivions dans un vaste appartement et Laora avait gardé sa "garçonnière" qui aujourd'hui pouvait servir à l'un ou l'autre d'entre nous sous un préavis des plus réduit. Ainsi, luttant perpétuellement contre la jalousie, ce mal destructeur bien connu des couples ordinaires, nous parvenions à vivre dans une approximative harmonie...
Laora excitée comme une puce un jour de canicule s'était empressée de traîner la blonde chez son nouveau coiffeur et les deux m'étaient revenues proprement tondues comme des collégiens à la veille d'une rentrée scolaire. Bien entendu cette situation avait immanquablement entraîné des ébats physiques qui nous permirent d'exprimer sans retenue la joie que nous avions à nous retrouver réunis à nouveau.
Cependant la question posée au moment du départ demeurait toujours sans réponse: que diable avait bien pu faire Frida seule dans sa Bavière natale?
Moi " - Alors?
Ma Psy - Eh pien vigurez fous mein klein spatzen que ch'étais infitée pour ein confenzion BDSM..
Laora - .....????
Moi - .....????
Ma Psy - Eh pien guoi? Ch'étais en tant gue bratizienne pien zur...
Moi - Tu es praticienne de BDSM, toi?
Ma Psy - Non che zuis doktorin, on dis bratizienne en France non? Et tonc ch'étais infidez pour un zéminaire sur les pratiks sado mazochisde...
Laora/Moi - Nooooon....??
Ma Psy - Barfaitement! Et ch'aime autant fous dire que nos betits amuzements fédichizdes z'est te la rikolate!
Laora - Ah no mé moi jé veux pas souffrir hein, doutout. Déjà pour m'épiler c'est la tortoure alora...
Moi - Non mais ne me dis pas que tu as fait ta dresseuse de fauve ou que tu t'es fait promener en laisse...
Ma Psy - Nein mais ch'ai peaucoup abri figures doi...
Modèle: Angie Hill
En l'absence de Frida, les travaux continuent
Le départ de la blonde pour ses pâturages tyroliens avait provoqué un calme surprenant. Le désarrois des premiers jours avait cédé la place à une ambiance de vacances pour nous aussi qui restions dans la grande ville. Laora persistait à s'habiller avec ma garde robe et perfidement elle m'avait offert de piocher dans la sienne sans me gêner...
J'étais un peu stupéfait par l'acharnement qu'elle mettait à se faire couper les cheveux toujours très courts et à entretenir sa coupe de façon régulière, m'entraînant à chaque fois avec elle. Cela donnait bien sûr un bonus particulier à son style, cette fois résolument androgyne. Et je finissais par me dire que pour un peu j'étais presque "normal" en comparaison du fétichisme dont elle faisait preuve. Enfin c'est ce que je croyais parce que de son côté la transalpine niait absolument, s'obstinant à dire que ce n'était qu'une question de style, que de toute façon elle avait toujours été une femme sophistiquée et que, masculin ou féminin, un style ne supporte pas le négligé. Des arguments auxquels je souscrivais bien sûr, mais je sentais bien, moi, qu'avoir la nuque tondue provoquait chez elle une émotion particulière.
Finalement, depuis le temps, entre Frida, la psy la plus allumée que j'ai jamais rencontrée et Laora la fashionista fétichiste, j'avais toutes les raisons de me croire "normal"...
Du coup, j'avais hâte d'annoncer cette nouvelle à Frida, qui dans un message laconique nous promettait un retour imminent.
Coiffure: Carl Keeley
Les vacances de Frida
Il y a bien des moments où je n'ai plus du tout envie de réfléchir, à me tordre les neurones pour essayer de comprendre pourquoi ceci et pourquoi pas cela. Bon c'est vrai que cette quête de soi même est une véritable aventure. Mais il y a une période, en général entre juillet et août, où les aventuriers comme moi sont fatigués. Et ça tombe bien parce que c'est justement le moment où Frida a décidé de donner son congé. Bon, au début ça fait un peu peur, un peu comme quand le maître nageur écarte sa perche et nous laisse nager tout seul dans le grand bassin. En même temps j'ai déjà fait pas mal de chemin vers ma connaissance personnelle et cette prévisible mise en chômage de ma psy est finalement bienvenue. La nouveauté c'est que ma Françoise Dolto de Poméranie part seule dans son nid d'aigle du Tyrol. Un truc très teuton semblerait-il.
Moi "- Mais Frid, c'est quoi ces vacances? Tu pars seule dans ta clinique de la Forêt Noire?
Ma Psy - Ya, chais pezoin te grante air! Eh buis che ne vais pas où tu tis, mais en Pafière...
Moi - Pas fière? Ah oui, non... Et tu nous laisses là, la Ritale et moi? Orphelins...
Ma Psy - Was? Eh tis donc che ne zuis bas ta mère! T'ailleurs si che l'édais che t'enferais chez le coiffeur direkt!
Moi - Mais... mais..."
Cette réflexion me laissait sans voix. Comme si j'étais confronté subitement à un souvenir douloureux. Sans aucun doute Frida n'avait pas dit ça innocemment... Le trouble passé une autre question me venait tout de suite à l'esprit: que pouvait-elle bien nous cacher avec cette retraite dans les alpages...?
Laora se donne un genre
Cela faisait déjà plusieurs semaines que j'avais remarqué le manège de Laora. D'ailleurs je n'étais pas du tout indifférent à ce nouveau style qu'elle semblait avoir adopté. Revenue aux cheveux courts, elle les coiffait à présent dans un style résolument masculin et attachait un soin tout particulier, autant à sa coupe de cheveux qu'à sa tenue vestimentaire. Une tenue qui, elle aussi, était carrément piquée dans mon dressing.
Même le maquillage était adapté à ce nouveau genre dont la lombarde jouait avec bonheur.
Moi " - Dis donc cabri, tu ne serais pas en train de nous faire un petit coup de " méli-mélo"?
Laora - "Mali-Malo" ? Ma che cosa... Tou parles dé mon nouveau style, no?
Moi - Exactement. Tu n'as pas peur de casser un peu trop les codes là? Remarque, je trouve que mes vêtements te vont bien. En général les femmes composent quelques fois des tenues en y mêlant un ou deux éléments masculins, mais là, cravate ou noeud papillon c'est à la limite du travestissement.
Laora - Ma dé fois tou es trop compliqué darling. En cé moment jé mé sens mi uomo mi femme. Alors jé né veux pas jouste jouer oune partie et pas l'autre.
Moi - Oui mais là tu es carrément passée de l'autre côté. Comme si tu cherchais à tromper le monde en faisant croire que tu es un homme...
Laora - ...Et ça marche tou crois?
Moi - ...Non pas du tout... Enfin pas quand on te connait... A la rigueur de loin... Enfin... Mais en tout cas c'est troublant.
Laora - Voilà! Cé tout le monde qu'il crois voir oune garçon dé loin et quand jé dis bonjour la mâchoire elle tombe par terre. Jé crois qué ça plait beaucoup aux femmes, qué ça fait peur aux hommes, ma ça les essite beaucoup. Cé mystérieux et troublant pour tutti.
Moi - Et Frida elle pense quoi?
Laora - Eh éh! Elle adore comme tou imagines, ma elle dit qué cé pas nouveau, qué lé travestismo ça toujours fasciné tout le monde. Ma tou remarques qué jé suis pas la drag king. Jouste una ragazza qu'elle s'habille avec les fringues dé Joules et qu'elle coupe ses chéveux pareil.
Moi - Oui... Une sorte d'idéale androgyne...
Modèle: Daria Pleggenkuhle
Frida fait dans la dentelle
Comme d'habitude, en me rendant ce matin au cabinet de ma psy bavaroise, l'excitation d'être confronté à de nouvelles révélations le disputait à la peur de l'inconnu. Cependant, depuis le temps que je fréquentais cette avatar féminin du docteur Freud, paix à son âme, je savais que je pouvais compter sur sa discrétion et son professionnalisme et que seuls Laora et quelques dizaines de nos amis risquaient d'être mis au courant de ce qu'elle aurait découvert en étudiant le cas de son patient le plus intime. Bref! Comme dirait l'autre. D'ailleurs le fait que nos séances se terminent parfois allongé sur la moquette rendaient ces consultations, finalement, libres de droit puisqu'on n'était plus vraiment dans le domaine du secret médical. Re- bref!
Ma Psy "- Mein kleiner hase, il y a un aspekt que che foudrais abbronfontir afek toi...
Moi - ... Euh... C'est une proposition?
Ma Psy - Nein nein, che zuis zérieuze. Che berzois maintenant très pien tous les zéléments qui profoguent ein stimuli émotionnel chez toi et qui ekzitent tes zens...
Moi - En effet on est pas parti pour la gaudriole là...
Ma Psy - Was, kôtriôleu ?
Moi - Non non rien...
Ma Psy - Che zais que l'allure antrochyne d'une cholie femme t'adire barticulièrement. Les jefeux kourts, les korps "étroits", tout za. Ch'irai chusqu'à dire que la première idée qui te fient en matière de copulazion serait la sodomie, nein?
Moi - Ouhlà! Je te vois venir avec tes grosses bottes de la Wehrmacht là.... Mais je croyais cette idée évacuée définitivement... Tu penses à un transfert de type homosexuel.
Ma Psy - Oui et non, j'étudie les bropozizions en fonction des différents exemples que che konnais. Che zais barfaitement à quel point tu es zérépral. Et on peut benzer que sodomizer un corps de garzon, qui a une coupe de garzon, pourrait brofoguer l'idée d'un rabbort homozexuel...
Moi - Ouais... vu comme ça... Mais c'est pas le cas. J't'assure dok j'aurais adoré être gay, être créatif, inventif, flamboyant, fier de ma différence, avoir plein de copines et baiser des apollons aux cheveux courts... Mais sincèrement c'est pas mon truc. Ce qui m'excite quand je vois une jolie nuque fine et bien dégagée, c'est de savoir qu'elle apparatient à une jolie femme, ou de le croire tant que je n'en ai pas l'infirmation.
Ma Psy - Ya che te grois... Il fallait que ch'infalide zette bropozizion... Mais che te razure, liebe, si tu n'es pas gay tu es lezpien, ça tefrait te konzoler, nein?"
Modèle: Eve Salvail
La rechute
Laora n'avait pas pu résister davantage. Et je ne m'en plaignais pas finalement. Elle avait toutes les audaces que l'assurance acquise grâce à ses expériences précédentes lui permettait. Adieu donc le petit carré court et bien sage, elle nous était revenu un soir avec à nouveau la nuque et les oreilles bien dégagées et une énorme frange qui lui mangeait un peu le visage. Le style était surprenant mais l'allure que cela lui conférait était superbe.
Laora "- Si jé sé, ma jé né pas piou résister.
Moi - Une rechute en quelque sorte?
Laora - Jé sé pas si c'est réchoute, ma c'est comme oune envie très forte. Jé lé bésoin dé sentir ma nouque qu'elle est rasée très corte ou les chéveux sour les oreilles jé souporte piou...
Moi - Finalement, tu étais bien loin de t'imaginer tout cela lorsque nous nous sommes rencontré, Frida, toi et moi.
Laora - Si, ma jé crois che pourtant tous nous avons un gout différent. On aime les chéveux courts, ma pas tous dé la même manière... Moi jé crois qué j'aime lé plous cé mé faire couper les chéveux alora qué Fridolina elle aime voir les autres sé les faire couper, tou vois?
Moi - Oui tu as raison, il y a je crois autant de manières différentes qu'ils y a de gens qui sont comme nous amoureux des cheveux courts...
Laora - Et toi quérido jé sé qué tou aimes tout... "
Et là, quand Laora partait sur ce registre, je savais qu'il n'y avait pas grand chose à faire pour l'affronter, sinon se laisser dévorer. Et de fait, excitée elle même par sa nouvelle coupe, ou le souvenir de sa réalisation, et moi par sa nouvelle allure et le contact de la matière, nous avions toutes les chances d'être propulsés rapidement au 7e ciel...
Modèle: Ariana London
Frida se confesse
Depuis le temps que je la fréquentais, je savais bien que Frida faisait tout son possible pour camoufler sa sensibilité, cherchant toujours à paraitre forte et sans faille. Forcément, c'est tout de même plus rassurant pour des clients qui eux mêmes viennent chercher secours et compréhension. J'appréciais d'autant plus les moments d'intimités où elle fendait l'armure et se laissait aller à la confidence:
Ma Psy "- Tu zais darling, il faut que che te remerzie. Ch'y penze soufent, mais che ne te l'ai chamais dis. Graze à toi et à ta "dilekzion" ch'ai dékoufert afec Laora des plaizirs qu'elle ne m'aurait zans douteu chamais afoué... et che crois que moi même che n'aurais chamais soubzonné quoi que ze zoit...
Moi - ... et moi sans toi je n'aurais sans doute jamais rencontré Laora et mon compte en banque serait sûrement épuisé depuis longtemps sans que j'ai pu parvenir à l'apaisement avec ton prédécesseur...
Ma Psy - Ya d'ailleurs tu me dois de l'archent! Neiiin, che dékonne! Mais zérieuzement, auchourd'hui che ne pourrais plus enfizacher d'afoir les jeveux longs. Au kondraire même ch'ai toujours enfie de les couper toujours plus kourt et de foir que Laora aime za auzzi za m'ekzite à jaque fois terriplement...
Moi - Ce qui est extraordinaire c'est que nous puissions jouir de tout cela librement, sans tabou... et sans jalousie...
Ma Psy - ... Si un peu... Mais tu ne dois pas m'en fouloir. Z'est normal, z'est le trop blein d'amour et peut être la peur de la pertre. Komme si parfois nous étions en kombédizion...
Moi - Si ça peut te rassurer je n'ai jamais eu l'esprit de compétition. Je suis juste heureux que l'italienne aime se partager entre nous deux et que même parfois elle nous réunisse. Et c'est toi qui m'a appris à faire taire mon sale ego, celui qui n'aurait cessé de me questionner et de me harceler. Carpe diem.
En attendant je remarque que tu fais des efforts pour ton accent. Ce qui n'est quand même pas malheureux depuis le temps que tu vis ici.
Ma Psy - Ya! Naturlich.
Modèle: Eve Salvail
Frida ne lâche pas le morceau
Frida s'était depuis longtemps inspiré du travail de la photographe Alice Springs et il n'était pas rare que je surprenne les deux filles en train de tailler, tondre et raser leur toison intime mutuellement et souvent dans une quête toute légitime de plaisir. Contempler ce spectacle suffisait à mon bonheur car j'aurais été bien mal à l'aise de jouer au coiffeur dans cette situation.
Malgré le travail psychologique intense que produisait Frida pour que Laora renonce à laisser pousser ses cheveux, cette dernière parvenait tout de même à ses fins et portait un joli carré encore un peu court, mais parfaitement entretenu, qui lui donnait un air malicieux et espiègle. Elle tenait bon, décidée à retrouver sa chevelure d'antan. Paradoxalement, cette phase n'était pas un calvaire comme elle avait souvent entendu ses copines le dire. Au contraire, le soin et l'entretien régulier qu'elle apportait à sa coupe était toujours l'occasion de jeux érotiques qu'elle partageait le plus souvent avec la bavaroise.
Ainsi lorsqu'elle décida d'adopter une frange, elle confia à la doctoresse de la Forêt Noire le soin de la tailler. Depuis, ce qui en général pouvait prendre, en usant de précautions, quelques minutes à une main habile, se transformait en véritable séance d'émondage dgne d'un amateur de bonsaï.
Ma Psy " - Du Gombrend, z'est imbordant kant on vait bouzer les jefeux k'ils zoient douchours imbekaplement daillés.
Moi - Je ne te savais pas devenue une telle spécialiste... Est ce que cela t'excite?
Ma Psy - Du feux tire zexuellement?
Moi - Frid', je t'en prie, ne fais pas l'âne pour avoir du son. Pas avec moi...
Ma Psy - Was? Afoir tu zon? ... Pref! Eh pien bour de rébontre che tirais.... Ya!" Elle eut un rire un peu carnassier et un reagard pervers qui m'effraya. Décidemment cette teutonne demeurera toujours insondable...
Moi " - Oui mais bon, tu n'es pas obligée à chaque fois de passer une heure à tailler la coupe de Laora, la couvrant littéralement de cheveux coupés...
Ma Psy - Ach! Barze que doi za ne d'exzite bas beut êdre?
Moi - Euuuuuh....
Photo: Helmut Newton
Modèle: Arielle
Quand Frida me parle d'art
Les choses s'étaient apaisées depuis la folle période d'excitation qu'avait connues mes deux égéries. Tellement d'ailleurs que c'en était presque suspect. Une sorte de routine conjugale s'était installée et notre trio, habitué à des frasques autrement plus choquantes, menait une vie somme toute banale, bien que je ne fusse pas à l'abri d'une dénonciation calomnieuse autant qu'anonyme m'accusant de polygamie...
Ce dimanche là, je vibrais, le coeur battant comme tout un chacun, devant "le crunch" traditionnel, ce France-Angleterre annuel au cours duquel l'inconscient collectif cherche à venger le sort de Jeanne d'Arc et l'infortune du Vice Amiral Villeneuve. Comme tout un chacun donc, j'allais me lancer dans un couplet de la Marseillaise, histoire d'encourager "les petits", lorsque Frida se laissa tomber sur le cuir souple du Dagstorp suédois où je trônais. La secousse fut violente car la belle était lestée d'un livre de poids, comme le sont les beaux livres, grands et gros, qui nous parlent d'art. Il s'agissait de photos comme le nom d'Helmut Newton sur la couverture me le laissait deviner. La surprise passée je repris le cours de mon match, abandonnant la fridoline à la contemplation des oeuvres de son ex-compatriote... Cependant, j'avais du mal a retrouver la concentration, d'autant que Laora venait à son tour et de façon symétrique, de plonger sur le canapé, si bien que je me retrouvais cerné, les deux filles ne se génant pas pour commenter à travers mon champs de vision les oeuvres en noir et blanc de tonton Helmut.
Ma Psy "- Himmelskreuz!!
Laora - Fotutto dio!! "
Comme aucune action au stade de France ne justifiait un langage aussi fleuri, j'ai bien compris que mes deux panthères cherchaient à attirer coûte que coûte mon attention. Les sommations ayant été duement lancées, Frida me balança le bouquin sur les genoux, ouvert sur un cliché de Alice Springs autrement dit June, la femme de maître Newton:
Moi " - Nom de dieu!!
Ma Psy - Ach! Za me vait blaizir te konzdader que l'afis est unanimeu...
Laora - Ma c'est fou no, comment cette photo elle m'essite...
Moi - Franchement... moi aussi... mais en même temps il y a là quelque chose de très symbolique et de cruel pour un homme.
Ma Psy - Ya che fois ze que tu imachineu. Kastrazion nein?
Moi - Non non, enfin si, mais bon il s'agit d'une femme... Mais surtout cette toison, taillée comme ça... Vraiment j'adore!
Ma Psy - Z'est de l'Aaaaart!
Photo: Susi et Lena, Paris 1976 - June Newton
Fin de la récré.
Je crois que tout bonnement j'avais eu peur. Devant ces deux furies complètement débridées j'avais eu une sorte de reflexe atavique, sans doute le même qui me faisait m'enfuir devant mes parents dès qu'il était question de me conduire chez le coiffeur lorsque j'étais enfant. Evidemment Frida trouvait cela " ritikuleu", tandis que Laora boudait comme une gamine gâtée pourrie à qui on venait de refuser sa 42eme Barbie. En attendant je savais parfaitement ce à quoi j'échappais. Mollie, la nouvelle copine coiffeuse de Laora était une vraie mangeuse d'homme, fonctionnant aussi bien à voile qu'à vapeur et je n'avais pas envie d'être transformé en jouet livré aux mains et aux délires de ces trois femmes qui s'entendaient, j'en étais certain, comme larons en foire.
La séance de "thérapie" chez le coiffeur avait donc été annulée, à mon grand soulagement, ce qui avait plongé mes deux égéries dans une légère neurasthénie. Cependant l'épisode n'était pas anodin car il m'avait fait prendre conscience d'un élément important, que quelques jours plus tard, je livrais à ma psy.
Moi " - Tu vois Doc, je crois qu'on faisait complètement fausse route avec cette histoire de coiffeur. Je ne doute pas un instant que cela vous aurait drôlement amusées la ritale et toi, mais cela n'aurait eu aucun rapport avec la source supposée de mon traumatisme...
Ma Psy - Ach fraiment? Fazy ragondeu...
Moi - Eh bien je connais Mollie et son salon et cet environnement là n'est pas le bon. Dans mon enfance il s'agissait d'un salon féminin dans lequel on m'avait traité comme une fille. Tu vois le truc?
Ma Psy - En evvet, bas le chenreu te Mollie...
Moi - Non et puis en fait ce n'était pas le fait de se faire couper les cheveux, mais plutôt l'humiliation inconsciente sur le moment... Tu vois? Plus tard quand j'ai réglé mes comptes avec les coiffeurs du monde entier, je m'en suis voulu d'avoir subi cette scène absolument indigne d'un mec, un vrai! J'étais vexé, tu vois? Et je voulais tout faire pour que cet événement disparaisse de ma mémoire, qu'on ne puisse jamais me soupçonner d'avoir un jour fait ce faux pas...
Ma Psy - Atmedons.. Mais alors bourgois les filleus mit jefeux kourts?
Moi - Eh bien... parce que pour moi les seules filles qui valaient le coup étaient celles qui comme moi "n'avaient jamais été dans un salon pour dames"... juste celles qui comme moi se faisaient couper les cheveux dans un salon pour hommes, donc forcemment court...
Ma Psy - Paaaas maaaaal meine klein liebling
Modèle: Mollie Sue Gondi