ma psy et moi
Luxure, débauche et tralalayouplaboum
Cette fois les dés étaient jetés. La dernière séance collective de psychanalyse de bazar pratiquée par Frida avait fini de convaincre mes deux égéries que la vie était bien trop courte pour se priver des plaisirs qu'on pouvait rencontrer au coin de la rue. Le constat était terrible, mais je me rangeais jour après jour à cette philosophie, ôtant tous les freins et cultivant, avec mes complices, la mise en oeuvre de nos fantasmes.
Du coup, il n'était pas rare de voir Frida débouler à l'appartement habillée en tyrolienne, culotte de peau et chapeau loden, de voir Laora déambuler en infirmière, nue sous la blouse blanche et de retrouver l'une et l'autre entrelacées au milieu des lanières de cuir et autres accessoires affolants...
Ma Psy "- Ch'ai l'imbrezion que tu n'arriffes bas à te lâcher darling. Ne me vais bas groire que tu n'as bas enfie?
Moi - Méheuuu! Moi ça me va hein. Assister aux ébats de deux jolies femmes c'est un fantasme très acceptable pour un homme non? Surtout quand le moment venu on peut se joindre au débat...
Laora - Oui ma il y a les chéveux aussi. Moi ça m'essite ma toi aussi no? Tou veux qué jé t'emmène chez ma coiffeuse? Hummm? Qu'esse tou dirais dé ça?
Ma Psy - Wunderbach! Exzellente itée liebe. Che zuis zûre que nous zerions dous les droits exdrêmement exzidés bar une ziduazion pareille.
Moi - Ouais ben je suis désolé mais moi ça ne me fait pas du tout bander votre truc...
Laora & Ma Psy - Ooooooooh!
Moi - Oui ben non! Et puis quoi? Vous allez quand même pas non plus baiser dans ce salon de coiffure si?
Laora & Ma Psy -Eh why not?
Moi - Stooooop! Et puis franchement, dites moi sincèrement, depuis que vous la jouez débridage total, est ce que vous n'avez pas peur de vous lasser et de finir sans envies?
Ma Psy - Daradada! Il vaut que du le vasse. Che grois que ze zera abzolument zaludaire. Laora jèrie, abelle ta goiffeuze. On fa le vaire.
Frida en urgence
Pas encore remis des révélations de Laora et sans réfléchir davantage je décidais qu'il nous fallait consulter la bavaroise d'urgence. Ni une ni deux, nous avons foncé à travers les rues de la capitale et j'ai regretté à ce moment là de ne pas avoir les mêmes capacités que Franck Bullitt en matière de conduite automobile. La vie est injuste...
Garé sur le trottoir, nous avons grimpé les escaliers quatre à quatre et fondu sur Ipomée la secrétaire portugaise qui manqua d'avoir une attaque. Mais la lusitanienne a de la ressource et très vite remise de ses émotions elle tenta de nous barrer la route: "Ch'il fous plait, ché né pas pochible dé voir la docteure. Elle est en rendez fous..."
Utilisant lâchement Laora comme bouclier humain, je fis une feinte de passe et débordais tel un trois quart pour me jeter sur la porte du cabinet. Je m'attendais à trouver l'inénarrable monsieur Patate vautré sur le chesterfield, mais, surprise, Frida était seule, concentrée sur son ordinateur. Visiblement, "on " dérangeait. J'ai bien tenté de voir ce qui se passait sur l'écran du Mac, mais Frida, prestement, était revenu sur sa page d'accueil, un portrait de Sigmund Freud. So fun!
Moi " - C'est tonton Sigmund qui te met dans cet état?
Ma Psy - Mais gu'ezque fous vaites là? Gu'eszqui ze baze?" Puis s'adressant à sa secrétaire à travers la porte restée ouverte: " Za fa Ipomée, rien te crafe!" Cette dernière, à contre coeur semble-t-il, reposa le riot gun qu'elle avait sorti de sous son bureau et l'air frustrée vint fermer la porte.
Moi " - Bon Doc, désolé vraiment de t'envahir en pleine séance d'ouverture de tes chakras, mais y a urgence!
Ma Psy - Was?
Moi - Vas-y chevreau, raconte à Frid... " Et la lombarde refit le récit de l'émoi qu'elle avait ressenti en conduisant le fils de sa copine chez le coiffeur et en le faisant tondre. Au fur et à mesure que Laora avançait dans son histoire, je voyais le visage de la psy s'éclairer d'un sourire pervers...
" Tu ne trouves pas ça complétement fou? Pervers? Limite pédophile?
Laora - Ma tou ezagères toujours...
Ma Psy - Aber mein huhn... Les vandazmes zont vait bour za...
Moi - Non mais oui, mais là, c'est la réalité! Elle a fait tondre ce pauvre garçon et elle en a joui...
Laora - Tou vois tout ezagère, jé souis jouste été essitée... Ma bien essitée.
Ma Psy - Ze n'est kand même bas komme zi elle afait fiolé ce garzon. Z'est juzte un dransvers indellecduel, une imache qui aide à la zdimulazion. Moi bar exemble j'imachine barfois une zène où une cheune ville est oblichée bar za mère te ze vaire couper les jefeux bar une ponne zoeur. Za n'a bas te zenz, mais za m'exzide...
Moi - Et toi chevreau tu veux dire que lorsqu'on fait l'amour tu penses aussi à des choses comme ça?
Laora - Bien sour!
Moi - ... Mais alors c''est comme si tu pensais à quelqu'un d'autre que moi pendant ce moment là?
Laora - Ma non, c'est avé toi qué jé joui. C'est jouste qué ça mé fait lé plaisir plous fort.
Ma Psy - Hey liebe, ne me tis bas que du n'a chamais vais téviler des fantazme pendant que du faisais l'amour?
Moi - Non mais ... Moi je suis guéri... Et là... toutes les deux vous me faites peur."
Illustration: Marie Gabrielle de Saint Eutrope - Pichard
Surprenante Laora
En général, quand Laora chaussait sa paire de lunettes, ce n'était pas bon signe. En tout cas le signe d'une activité cérébrale intense d'où l'on pouvait s'attendre à voir surgir les idées les plus folles. Effectivement, ce matin, la transalpine semblait embarrassée et tournait autour de moi comme un ourson des Dolomites qui vient de tomber sur son premier pot de miel.
Moi " - Est ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour toi chevreau?
Laora - Jé oune trouc qu'il faut qué jé té dise. Qué cé dingue! Dépouis hier jé n'arrêté pas dé penser à ça.
Moi - ....?
Laora - L'autré jour j'étais avec ma coupine Alessandra qu'elle a oune fils qu'il est beau comme un dieu. Ma piccolo, il a 13 ans. E alora, jé disais à Alessia qué jé dévais mé faire couper les chéveux et elle dit qu'elle doit faire aussi couper les chéveux dou garçon et elle mé dit qu'elle voudrait bien qué c'est moi qui l'amène chez lé coiffeur. Ma che jé trouve ça pas mal. Lé garçon loui il fait un peu la geule perche il a les chéveux longs comme oune fille et Alessia loui attrape les chéveux commé ça et elle dit qu'il faut loui tondre tout ça...
Moi - Noooon?
Laora - ...Si! Alora c'est daccord et j'emmène lé pétit chez ma coupine la coiffeur. Lé garçon il fait toujours un peu la geule ma, alors jé dis à ma coiffeur qu'elle peut y aller, qu'il faut tout couper.
Moi - Mais qu'est ce qui te tracasse dans tout ça?
Laora - Mé attends, c'est là. Quand j'ai vois lé pétit sour lé fauteuil, la tête baissée et ma coupine avé les ciseaux qu'elle empoigne les chéveux commé ça et qu'elle coupe... Cette image.... Elle mé... Jé souis toute essitée. Presqué lé garçon il plourait comme on loui coupait les chéveux. Et après la toundeuse. Ma, ma coiffeur elle fait oune coupe souperbe, comme moi, mêmé style...
Moi - Eh ben alors? Parfait, génial! Sa mère devait être ravie non?
Laora -.... Ma c'est là.... Quand la coupé elle est fini, jé dis à ma coiffeur, no no, encore il faut lé tondre complétamenté. Et là elle mé régarde et jé loui dit qué c'est sa mère qu'elle a dit... Et elle réprend la toundeuse et elle luoi fait la coupe da bidasse, la boule à zéro.
Moi - Hannn! Pauv'gars... J'imagine que sa mère n'a pas aimé?
Laora - Si si elle a bien aimé. Poui dé toute façon c'est qué des chéveux hein? Ma moi j'étais vraiment essitée par la sitouazion. C'est ça qué jé voulais dire. Presqué jé ou l'orgazme quand jé voyais cé garçon sour le fauteuil en train dé sé faire toundre...
Moi - Pfffft chevreau, faut qu'on en parle à Frid. J'ai l'impression d'être guérit mais que pour toi les choses s'aggravent...
Photo: JD
Surprenante Laora
Je me demande toujours si j'ai raison de me livrer totalement comme je le fais avec Frida. Compte tenu de nos rapports et de la relation à trois que nous entretenons Laora, elle et moi. A chaque fois, plusieurs semaines s'écoulent et tout à coup patatras, Laora me sort une réflexion, une attitude, un mot même que j'aurais échangé avec ma thérapeute. Et justement, quelques temps après ma dernière consultation durant laquelle ma fridoline adorée m'avait raconté un de ses fantasmes d'ordre plutôt sado que maso, je retrouvais ma piémontaise, plus désirable que jamais, à peine sortie de chez son coiffeur qui lui avait parfaitement tondu les cheveux tout en laissant un masse énorme sur le dessus, qui lui faisait une crinière dans laquelle on retrouvait le souvenir de son opulente tignasse d'antan.
Moi "- Bon sang chevreau! Mais tu es terrible comme ça.
Laora - Tou aimes darling? En tout cas moi jé l'adore. C'est tout dans lé countraste. Jé voulais qu'il mé rase plousse, ma finalémente c'est esstra coumé ça.
Moi - Je te crois mon chamois, tu es superbe. Pas très conventionnelle, mais superbe.
Laora - Et attends amore mio, tou n'as pas tout vou. " Dit-elle en m'entraînant dans la chambre. Là, me tournant toujours le dos elle laisse glisser à ses pieds sa robe de voile sans laquelle elle m'apparaît intégralement nue, puis, lentement se retourne et me fait face...
Moi " - ..... Je.... Oh mon dieu!
Laora - C'est comme tou aimes no? Pareil qué mes chéveux..."
Comme toujours, au lieu de me satisfaire du spectacle qui s'offrait à mon regard, de cette toison délicieuse, douce et fournie qu'elle avait fait raser pour ne garder qu'une courte moquette parfaitement peignée, stupidement l'idée de savoir qui avait réalisé l'ouvrage attisa ma jalousie. Cependant, la vision de ce buisson si délicieusement taillé éveilla en moi un instinct primaire dont l'expression physique n'échappa nullement à la ragazza. Elle m'arracha à ma torpeur en faisant de même avec mes vêtements.
Modèle: Harmony Boucher
Photo: Sean Gleason
Au secours Frida!
Une semaine s'était écoulée depuis ma dernière consultation en urgence et les choses ne s'arrangeaient vraiment pas. J'aurais du nager dans le bonheur pourtant à partager ma vie avec Laora qui chaque jour davantage se révélait atteinte par une dilection voir un véritable fétichisme pour les cheveux. Elle ne parvenait pas à se résoudre à les laisser pousser de nouveau pour les avoir longs et opulents comme avant et ne pouvait résister plus d'un mois sans aller chez le coiffeur. Frida n'était jamais très loin et elle ne manquait aucune occasion de mettre un peu d'huile sur le feu de l'italienne. Elle avait elle aussi abandonné depuis longtemps ses nattes de bavaroise, mais juste parce qu'elle considérait que cela lui donnait davantage de crédibilité auprès de ses clients.
Cette fois, dans le cabinet feutré, allongé sur le chesterfield sans âge, Frida avait décidé de ne plus me laisser à la dérive avec ma perte de libido.
Ma Psy " - Verme lez yeux liebe. Che fais de ragonder une zène à laguelle che benze zoufent quand che zuis afec la biémondaize. Zela se basse tans un hôbidal ou une brizon, ou encore une benzion te cheune filles...
Moi - Tu me fais peur Frid'. Où tu m'emmènes là?
Ma Psy - Relax... Laize moi ragonter. Et là, tans zet enfironnement bludot auzdère, on me téshapille et une ponne zoeur ou une quartienne me raze la dête et aussi la jatte.. Et en faizant zela elle me garesse et me fait chouir... Et en même demps che penze à Laora... A qui che ferai zupir le même zors
Moi - Pffffiuuu! j'avoue que ça va loin... Ca donnerait presque envie...
Ma Psy - Che fois bien! " Dit-elle en ouvrant ma braguette pour masser ma virilité qui semblait vouloir se manifester.
Moi " - Mais tu sais ce qui me marque le plus dans ta scène? C'est d'imaginer ta chatte tondue...
Ma Psy - Allons pon! Mais z'est frai alors? Du es fraiment quéri?
Photo: Steven Meisel
Models: Sasha Pivarova et Amanda Moore
Rien ne va plus
J'avais besoin de réponses, en urgence. Depuis trop longtemps habitué à consulter Frida le jour et la nuit, Ipomée, la secrétaire portugaise ne pouvait pas lutter contre moi et malgré sa bonne volonté évidente elle ne parvint pas à faire barrage à mon entrée dans le cabinet. Comme par hasard Monsieur Patate était encore là, à croire que nous étions les deux seuls clients de la bavaroise... Il se redressa, surpris par mon entrée fracassante, balbutia quelques mots incompréhensibles pendant que je resserrais son noeud de cravate tout en le poussant vers la sortie et en lui donnant des conseils de bon sens sur la meilleure manière de se suicider...
Ma Psy "- Pon, eh pien heureuzement que che lui vais bayer les gonzuldazions t'afanze à ze baufre monzieur Alcazar...
Moi - Alcazar?? Non, tu rigoles? Il s'appelle vraiment Alcazar?
Ma Psy - Et alors? Kezqu'il y a te zi ekzdraortinaire?
Moi - Non non, rien... Et c'est le mari de Bianca Castafiore, c'est ça?
Ma Psy - ??? Tu verais mieux te me tire qu'ezki chusdivie zette endrée vrakazande.
Moi - Frid' Il faut que tu m'aides. Je vais très mal. Je n'ai plus de goût à rien, je n'envisage plus rien, j'ai le sentiment d'être comme un coquillage mort sur une plage des Maldives...
Ma Psy - Foyez fous za... Ein bedit coup te plues. Normal z'est la zaizon...
Moi - Non non tu n'y es pas. C'est bien pire. Plus rien ne m'excite. La vie des autres m'est indifférente, je n'ai plus d'envies. Au boulot je laisse tout filer. Sexuellement rien ne me stimule plus. Même dans les bras de Laora, même en caressant sa nuque rasée, même si elle me raconte des cochonneries, ça ne me fait plus bander. J'ai l'impression d'avoir trop parlé librement de ma dilection, de l'avoir rendue banale presque. Cette overdose de plaisir a finit par démystifier mon trouble et tout est devenu presque naturel...
Ma Psy - Hummm... Enfie t'un garzon?
Moi - Méheuuuu! Arrêtes avec ça! Je suis sérieux. J'ai de plus en plus besoin d'imaginer des trucs bizarres. Et puis quand je me concentre trop j'ai l'impression de frôler la rupture d'anévrisme. L'orgasme me donne la migraine.
Ma Psy - Du feux guand même bas que che de tonnes ein Tolibrane? "
Je voyais bien que ma psychiatre de la Rhur profitait de la situation et trouvait là une façon de se venger. J'avais été trop gâté et j'arrivais au seuil de la rupture. Frida allait me laisser couler jusqu'au fond par pur sadisme...
Photo: Edouard Boubat
Conversations secrètes
Laora était partie quelques jours dans sa Toscane natale et je trainais ce matin là en attendant l'heure de rejoindre Frida pour déjeuner. J'ai eu soudain une sentsation bizarre parce que je venais de me rendre compte que sans le vouloir, je captais toutes les conversations des autres qui avaient trait à leur coiffure. Et toutes me ramenaient à ma récente experience avec la transalpine. Dans la rue, le métro ou dans une brasserie, c'était là une mère et son fils, ici deux amies ou encore là un couple... Et presque à chaque fois les paroles s'accompagnaient d'un geste qui consistait à passer la main dans les cheveux de l'autre, comme pour évaluer leur longueur ou soupeser la masse dont il fallait se débarrasser. Plus je progressais dans ce constat et plus m'apparaîsait évident le caractère sado-masochiste de ces scènes.
" Il faut absolument que je t'emmène chez le coiffeur..." " Alors quand est ce que tu vas les faire couper...? " " Tu as les cheveux trop longs..." " Fais moi plaisir d'aller te faire couper les cheveux ..."
Je ne voulais pas me l'avouer, mais ces mots m'excitaient. Il était clair qu'une hièrarchie se créait, que les mots et les gestes établissaient un rapport de domination et de soumission entre les personnages concernés. J'arrivais même à imaginer que cette soumission pouvait aller jusqu'à être non consentie, une obligation, un devoir. Et mon imaginaire fabriquait des scènes terribles, dans les prisons, les couvents, les camps militaires, tous ces endroits où l'on pouvait "officiellement" imposer à quelqu'un d'avoir les cheveux coupés sans son consentement...
Ma Psy " - Les vandazmes zont vait bour za. Dant que zela resde tans ze tomaine il n'y a pas te mal. Là où le trame ze brotuit z'est quand les limides se rombent et que le zuchet ne dizerne blus ses télires te la réalidé. Rêfer t'azaziner sa pelle mère ne fait bas te doi ein azazin...
Moi - Oui c'est pas faux... Mais tout de même, il y a quelque chose de pervers à avoir ce genre de fantasme non?
Ma Psy - La berferzion zerait chusdement te ne blus dizerner le vandazme de la réalidé. Zi zela se téroule comme un cheu, comme du as vais afec l'idalienne, où est le mal?
Moi - Mouais... Vu comme ça...
Frida reprend la main
Frida avait finalement encaissé le coup, pas trop mal, et faisait contre mauvaise fortune bon coeur. Laora était rayonnante et cela l'aidait a supporter la situation. Pour ma part je n'étais pas peu fier d'avoir fait triompher ma méthode et ainsi prouvé à Frida que un peu d'audace et de bon sens ont parfois plus d'effet que les grandes théories. Grand seigneur, je reprenais volontiers ma place sur le divan de la teutone, tentant d'explorer à nouveau les arcanes de Moi, Ca et Surmoi, tentant de faire valoir mon nouveau statut de "confrère honoris causa"
Moi "- J'ai souvent entendu dire que couper les cheveux avait une symbolique très forte liée à la castration. Or la castration est elle même un fantasme lié au complexe d'Oedipe, non?
Ma Psy - Ach! Che fois, ez ke du feux que che d'abelle Sigmund auzi?
Moi - Non mais vraiment... Et Oedipe, si je ne me trompe pas c'est quelque chose qui se régle vers 4 - 5 ans non?
Ma Psy - ...Quand za ze récle...
Moi - Oui non mais en principe on s'en sort.. Et comme ça touche fille et garçon, même si l'interprétation du fantasme est différente, il est finalement normal que homme et femme soient touchés par un fétichisme lié aux cheveux courts...
Ma Psy - Che ne zuis bas zure que tu vasse un pon bsy, mais bour la zalade tu es chambion. Du gonvons ein vandasme bzyganalidigue afec l'inderbrédazion d'un réfe...
Moi - Ah oui? Meeeerde... Un " vandasme bsyganalidigue" ... C'est donc ça..."
Laora renaît
Le vieux coiffeur n'avait pas posé une seule question. L'italienne assise sur le fauteuil, il l'avait tout bonnement emballée dans un drap de nylon qu'il avait serré autour de son cou et avait jeté un drap de coton sur ses épaules qu'il avait ensuite inséré dans le col, soigneusement. Quelques coups de peigne avaient ordonnés la courte chevelure de Laora dont le regard était fixe, collé au miroir. M'efforçant de paraître le plus sûr de moi possible je lâchais: "Très court! Partout, à la tondeuse... S'il vous plaît"
Le vieux a rallumé le mégot de cigarette qui pendait à ses lèvres et tranquillement pris en main une grosse tondeuse dont il a épousseté les lames. L'appareil s'est mis sous tension, lançant un bruit strident qui allait crescendo. En s'aidant toujours de son peigne, le figaro a soulevé une première mèche devant l'oreille et glissé la tondeuse sous la masse des cheveux, remontant inexorablement vers la tempe, jusqu'à ce qu'une énorme touffe dégringole sur sa main puis sur le sol. Je regardais fixement Laora à travers le miroir, elle même écarquillait les yeux, perdue dans le vague.
Pas un mot, pas une parole. La tête baissée Laora se laissait tondre... J'imaginais dans sa tête son cinéma intime, recoller des images de l'enfance, transformer des souffrances en plaisir, juste du plaisir.
La coupe achevée, je l'ai vue, le visage souriant tristement, une larme au bord de la joue. J'ai soulevé son menton, passé une main sur sa tête rasée et lancé un "Parfait!" pour montrer ma satisfaction au merlan.
En sortant j'ai caressé la nuque fraîchement tondue, Laora s'est tournée vers moi en s'arrêtant
Laora "- Grazie darling... Tou pé pas savoir comme jé soui heureuse dé l'avoir fait. Jé répensé à tutti, mio padre si dour... Mais tou étais là et jé senti ton amour pour mi et jé crois qué jé joui...
Moi - Non? Tu as joui pendant que le vieux te tondait? Mais je n'ai rien vu, rien remarqué...
Laora - Dans ma testa darling... Et mainténant jé veux jouir pour dé bon...
Moi - Tu veux dire que ça a marché? L'expérience est positive?
Laora - Siii! Molto bene!
Moi - 'tain, Frida va être verte!
Je n'ai pas eu le temps d'en dire plus. Ma biquette des Dolomites m'a léché les amygdales dans un patin d'anthologie avant de m'entraîner en courant vers l'appartement.
Frida sado, Laora maso
Frida m'avait fait une véritable scène.
Ma Psy "- Du es komblètement vou? Ezke du d'imachine que du beux chouer les derabeuthe komme za? Don expérienze beu brofoguer ein kataztrophe zais du? Mais te kel trois?
Moi - Allons Frid, ne t'emballes pas. Et puis on va chez le coiffeur, elle ne va pas être massacrée tout de même...
Ma Psy - Mais chuzdement! Zed expérienze tefrait ze vaire izi, dans un zergle indime. Ilvaut exorzizer les chozes medre tes mots zur les émozions, barler, z'exbrimer. Nous aurions tu faire la mize en scène nous même, la bousser au blus loin dans zes retrangements...
Moi - Ah oui je vois l'truc. Et pourquoi pas la mettre nue, attachée sur une chaise, lui tirer les cheveux, la raser "méchamment". Je suis sûr que tu aimerais ça en plus. Ca t'exciterai non?
Ma Psy - Pffft Ne tis bas de pèdizes. Che zuis médezin che de rappelle et t'un boint te fue ziendivik, du ne verras que rebloncher zette baufre ville tans son draumadizme d'envanze, zans lui tonner les klés et les zoluzions qui bourraient la quérir.
Moi - Mouais... T'es sûre que tu n'as pas un Josef Mengele dans ta famille toi?"
De toute façon, monsieur Patate s'impatientait dans la salle d'attente et Ipomée, la secrétaire portugaise avait de plus en plus de mal à le contenir. Je filais donc à l'anglaise comme il se doit pour rejoindre l'appartement où Laora, fébrile, n'allait pas tarder à revenir. Je devais me préparer pour ce rôle et sans fausse note la conduire chez le coiffeur avec toute l'autorité dont j'étais capable. J'avais jeté mon dévolu sur un petit salon bien vieillot avec un vieux coiffeur à l'air retors qui lui n'aurait pas besoin de jouer un rôle pour être parfait.
A l'heure convenue la belle italienne fut de retour. Sans lui laisser le temps de souffler, à peine entrée je lui fis faire demi-tour en la prenant par le bras.
Moi " - Allons y! Chez le coiffeur.
Laora - Oh please, no, pas le coiffeur...."