ma psy et moi
Ich liebe dich Frida
Bref! N'ayant pas cédé à la panique dans les premiers instant, j'ai fini par trouver sa compagnie agréable, et donc j'étais de bonne humeur ce matin.
Moi- " Je me demandais si ma vision de la féminité n'était pas un peu arbitraire...Vous savez, le style, le caractère... Quelque chose qui vient de l'intérieur...
Ma Psy- Ya, riend afoir afec les jeveux gourts. Fous zavais pien mon jeeer ke zelon l'enfironnement kulturel zette josse là est berzu tifferament...
Moi- Oui c'est un fait. Mais je pensais au mouvement féministe, qui lutte pour faire disparaitre l'image de la femme-objet, celle qui fait les enfants-le ménage-la cuisine-et donne du plaisir. Quelque chose de bien "occidental" ça, hein? Et au bout du compte on à l'impression que ce combat n'a réussi qu'à passer d'un extrême à un autre. Comme si pour être femme une femme devait devenir un homme.
Ma Psy- Hummm Yaaaa indérézant. Maiz zela tefrait fous blaire non?
Moi- Ah non pas du tout! Dans mon idéal féminin, la femme n'est pas un homme. Au contraire. Elle est l'essence même de la féminité, andros et gyné réunis à nouveau. Du caractère et de la détermination, de la fragilité et de la sensibilité. De l'intuition et de l'allure...
Ma Psy- Z'est peaucoupe drop' apztrait. Maiz abrès dout l'itéal est zoufent inakzéziple.
Moi- Oui c'est ça mon problème, j'idéalise trop!
Konzultazion
Moi- " Dok, vous savez quoi?... J'ai des phobies. Enfin une en particulier.
Ma Psy- Ah foui? Dides moi za mon jeeer...
Moi- Eh bien voilà, à part les cheveux longs, enfin trop longs et tout les inconvénients colatéraux du genre lavabos bouchés et cheveux sur l'oreiller, ce qui me répulse le plus ce sont les cheveux mal coupés, les coupes faites par des amateurs, pas dégradée, avec des escaliers, ou arrêtée brutalement, enfin tous ces détails qui me sautent aux yeux quand je vois une personne qui pour je ne sais quelle raison, économique sans doute, a confié ses cheveux au premier venu.
Ceux qui en souffrent le plus sont les enfants je crois... Et tout le monde leur tapote sur la tête en disant que cela va repousser et que, finalement, ce n'est pas si moche.
Moi enfant, personne n'a jamais pu s'approcher de moi avec une paire de ciseaux à la main. C'était inné. Seul un professionnel dument certifié a pu me couper les cheveux.
Ma Psy- Maiz alors bourgois zeteu grainde?
Moi- ...Sais pas... Sans doute le fait d'être entouré à l'époque de bonnes volontés, prêtes à tailler à grand coup dans ma chevelure, ma mère, ma soeur ainée. Je me délectais l'été de voir ma mère couper les cheveux de mon autre soeur. Elle était toute bouclée et finalement l'amateurisme n'avait pas trop de conséquences. Boucles après boucles, ma mère raccourcissait tout ça et ma soeur retrouvait son air de petit pâtre. Par contre quand il s'agissait de mes blondes cousines, alors là...A tel point que leur mère à elles, découvrant le massacre avait failli rompre les relations diplomatiques.
Ma Psy- Maiz où est la vobiee?
Moi- Comment dire? C'est comme si j'avais honte pour celui ou celle qui a les cheveux si mal coupé, ou plutot une sorte de pitié - Ooooh la pauvre, elle s'est fait avoir par son concubin qui a voulu s'exercer... Au lieu de jouer au coiffeur, il ferait mieux de se contenter de jouer au docteur- En plus je suis presque sur que personne n'ose lui dire la vérité. Je trouve ça laid et ça me chagrine
Ma Psy- Pon d'akkord, maiz che ne voiz bas te vobiee là tetans. Eh bour doudire z'est mieux kom za! Fotre fraie beur est tan la berzbektife t'afoir les jeveux mal goupé. T'ou betetreu une lechère ankouasse lorz k'il vaut trouffer ein noufeau kouaffeure. Maiz rien te kraffe.
Moi- Ah bon vous croyez? ....Bon
La Walkyrie
La Psy- Arta Dobroshi...
Moi- A vos souhaits
La Psy- Non che dis Arta Dobroshi, z'est le nom de la cholie frimouzeu...
Moi- Ah...
La Psy- Et fous afez zans douteu remarqué que za coup' de chefeux n'était pas drès "raccord" szènes après szène, non?
Moi- Ben..."
A ce stade de l'entretien, inutile de vous dire que j'étais pas mal déstabilisé. Enfin une personne qui avait l'air de s'intéresser à la vraie nature de mon trouble, malgré son accent de VoPo à couper à la Kalachnikov. En même temps j'étais assez satisfait d'avoir gagné mon pari personnel. D'origine allemande, ma nouvelle psy était blonde aux yeux bleus. Sauf qu'elle portait de longues nattes avec lesquelles elle s'enturbanait façon Frida à la Oktoberfest. Bref! Après avoir exposé dans les grandes lignes le sujet de ma consultation, j'avais retrouvé le chesterfield et le dialogue s'était instauré. Et là, je sentais dans sa remarque qu'elle même n'était pas indifférente aux détails qu'habituellement moi seul relevais. Pensez donc, depuis le temps, j'ai un vrai sixième sens pour ces choses là.
Moi-" Mais ouiii! Vous avez raison. Maintenant que vous le dites. Est ce que ça vous gène vous aussi, que ces détails soient négligés dans un film?
La Psy- Ya, bien zûr...
Moi- Est ce que vous voulez qu'on en parle? Dites moi, est ce que vous refusiez d'aller chez le coiffeur quand vous étiez petite? Y êtes vous seulement allée une seule fois? Et pourquoi, à votre âge, portez vous ces longues nattes d'adolescente? Et.....
La Psy- Zdop! Chézui la doktor...
Moi- Oui bien sûr.. Pardonnez moi. Où en étions nous? Ah oui! Les détails....Et sinon? Vous n'avez jamais envisagé de vous faire couper les cheveux?....
La cata!
C'est que j'y met tout mon coeur moi. Il y va de ma santé, de ma survie même. Et puis comment aborder ce nouveau paramètre? Comment pourrai-je me livrer aussi aisément à une femme?.
A moins que... A moins que la belle soit jeune et jolie, et bien coiffée? Fort improbable...
D'un autre côté, son point de vue tout féminin pourrait bien donner une autre dimension à mes élucubrations. De la concentration, c'est ça qu'il me faut... Ne pas me laisser distraire. Aller droit au but.
De toute façon, le vieux ne m'a jamais vraiment posé les bonnes questions. Après tout, je ne perd peut être pas au change. Parce que des questions, il y en a!
Est ce qu'il faut plonger dans l'enfance pour trouver la racine de cette passion?
Est ce que ma mère y est pour quelque chose?
Est ce que je coupais les cheveux de la Barbie de ma soeur?
Est ce que j'avais peur d'aller chez le coiffeur moi même?
Est ce que j'aime les films avec des gladiateurs?
Bon assez! Je parie sur une blonde aux yeux bleus...
C'est jeudi, c'est jour du psy!
C'est vrai depuis des lustres on nous gave avec des histoires de femmes fatales, de séduction féminine, et je ne parle pas des religions qui en rajoutent une couche ...Comme si La Femme devait n'être qu'un objet de séduction et obligatoirement avoir une chevelure luxuriante pour "attirer" le regard des hommes et les faire tomber sous son charme...Absurde!
Le Psy- Vous croyez réellement ça?
Moi- Je me pose la question. Et cette question ne se pose pas pour un homme. Alors? Ca veut dire que le schéma universel, aujourd'hui encore, ça marche? Que tout le monde tombe dans le panneau? Que "universellement" on considère que La Femme doit avoir les cheveux longs pour être désirée, exprimer sa féminité, tenir son rang...Absurde! Absurde! Et absurde!
Le Psy- Que faudrait-il selon vous, pour changer le dogme?
Moi- Ben arrêter de faire croire que TOUS les hommes aiment les femmes aux cheveux longs. Arrêter de faire croire aux femmes que les cheveux courts c'est "masculin". La vraie nature, elle est dans le regard, dans le visage, dans la délicatesse de la nuque, la forme des oreilles. Les cheveux ne sont qu'un paravent, un accessoire...En somme, une perruque suffirait... Euh non! En fait, il faudrait que La Femme puisse choisir la longueur de ses cheveux sans avoir ce poids d'absurdité qui pèse sur son vrai désir. Vous savez doc, combien de femmes rêvent d'avoir les cheveux courts, mais n'osent pas à cause des conventions? Hein?
Le Psy- Non!
Moi- ...Moi non plus...Mais beaucoup j'en suis sur! C'est trop injuste.
Le Psy- Injuste pour les femmes et bien regrettable pour votre libido...
Moi- ...Mouais....Bon faut qu'j'y aille...Salut doc!
Tout va bien
L'autre jour je croise mon toubib dans les allées du parc. Toujours friand d'une petite consultation impromptue et gratuite je l'invite à s'asseoir un moment pour discuter.
Moi-" Vous vous rendez compte doc? J'ai passé une partie de mon dimanche à fouiller la Toile à la recherche de photo d'un mannequin, vue il y a 20 ans dans un magazine... Si c'est pas obsessionnel ça?
Le Psy- Et vous l'avez trouvée?
Moi- Evidemment! Et alors quel bonheur de voir son opiniâtreté récompensée. Ce mannequin dont je ne savais rien, voilà que je sais son nom, sa biographie et que je retrouve les meilleurs clichés de sa carrière... Mais c'est pas ça qui me chagrine. C'est la futilité de ma démarche. En ce moment je n'ai de cesse de retrouver des images de ma jeunesse. Pourtant les jolies filles aux cheveux courts ça ne manque pas de nos jours.
Le Psy- Nous y revoilà...( soupir )
Moi-...Eh bien non! Il me faut des images du temps passé. Enfin pour les mannequins. Mais à quoi ça rime tout ça? Vous croyez que c'est parce que j'ai envie de faire découvrir les raisons qui m'ont poussées à aimer les femmes aux cheveux courts, qu'en exhumant ces photos je justifie mon gout? Non hein? Ce serait bête...
Le Psy- Ben oui...
Moi- Bien sûr, on a pas besoin de justifier ses propres gouts.
C'est comme ça! On aime ou on aime pas...."
Et pendant que mon psy tirait benoitement sur son Havane, je me suis lancé dans une tirade où grosso modo je lui expliquais pour la 520 eme fois le plaisir que l'on pouvait ressentir à la simple vue d'une jolie femme portant une coupe de cheveux bien nette et que Deirdre ( c'est le nom du mannequin objet de mon obsession ) était surement la première à porter ce style de coupe faite à la tondeuse électrique dans les années 80.
Quand le silence se fit, je retrouvais le praticien au mileu de son nuage cubain, les yeux mi-clos...
Moi-" Sinon ça va aujourd'hui.
Le Psy- J'en suis ravi...On se voit jeudi, comme d'habitude?
( Merci Lucie )
Sigmund es-tu là?
Moi-" Vous savez quoi doc? Je me demande jusqu'à quel point je suis un sadique.
Le Psy- Hummmm?
Moi- Oui vous savez, ces histoires de coupe de cheveux... Parfois j'imagine des scènes où tout n'est pas vraiment consensuel...Pourtant dans la vie je ne suis pas comme ça hein? Non non pas du tout... Mais au fond de moi, j'imagine que la personne est obligée de se faire couper les cheveux, vous voyez? Comme à l'Armée, ou dans la religion, ou la prison ou l'école. C'est bizarre non?
Le Psy- Hummmm...
Moi- Je crois que c'est à cause de mon enfance. On m'a un peu forcé à aller chez le coiffeur vous voyez. Alors peut être...
Quand j'étais petit, en cachette le dimanche soir je regardais le film depuis la salle de bains de mes parents. Et un soir j'ai vu "Cinq femmes marquées". Pendant la guerre, des femmes qui ont eu des relations avec les allemands sont attrapées par des résistants qui leur coupent les cheveux. Par la suite, rejetées par toute la communauté, elles trouvent refuge dans ...Un maquis de résistants et deviennent de farouches combattantes. Bon ça c'est l'histoire. Mais quand j'ai vu la scène où Silvana Mangano est tenu par deux hommes pendant qu'un troisième lui coupe les cheveux, j'ai été fasciné, excité même. Marrant non? Hein doc?
Le Psy- humhumm...
Moi- Pareil quand je lis Hemingway. Dans "Pour qui sonne le glas", Maria raconte à Robert Jordan comment les nationalistes lui ont tondus les cheveux, à cause des activités républicaines de son père...Et quelques paragraphes du livre tournent autour des cheveux courts de la jeune fille...
Bon je vous arrête tout de suite doc! C'est pas parce que mes deux exemples sont liés à la Guerre que mon fantasme trouve son siège là...Non non, du tout.
Quand une photo me laisse imaginer que la personne subit la coupe, je trouve cela plus excitant...C'est grave doc?
Le Psy- Hummmhumm...
Mais non, mais non...Et sinon pour mes honoraires si vous pouvez payer en espèces, ça m'arrange....
Moi- Hummmhummm...
Addiction
Moi-"Ben voilà doc, je n'aime QUE les femmes aux cheveux courts. Et c'est pas facile parce que à force, mon entourage fini par penser que je suis un obsédé, voir un pervers, peut être un psychopathe...Alors que tous les hommes de la création, hétérosexuels, regarde chez la femme ses seins, ses fesses, ses lèvres, moi je regarde sa nuque, ses oreilles, ses cheveux...Je le vois bien après les matchs de rugby quand on est dans le vestiaire, mes potes ne parlent que de grosses fesses, de grosses poitrines et de lèvres siliconées. Enfin les hétéros seulement.
Et moi? Qu'est ce que je peux dire moi? Que j'aime les femmes avec une poitrine menue, avec des hanches étroites, avec des cheveux courts. Ah ben oui je les vois d'ici les potes du rugby! Ils vont tous me traiter de pédé. Enfin les hétéros seulement.
Et pourtant j'aime les femmes. Enfin soyons précis, j'aime les femmes aux cheveux courts. Une jolie femme coiffée comme un garçon me chavire le coeur. Une nuque bien dégagée me fait rêver, une belle coupe entretenue me ravie..
Mais pire! L'hypothèse d'être confronté à une chevelure longue et emmêlée me glace d'effroi. Pas simple hein?
Non mais j'vous dis tout ça doc, mais en fait ça ne me pose pas de problème. Et puis les femmes aiment bien parler de leur cheveux aussi, c'est un véritable sujet fondamental pour certaines.
Alors je peux essayer de m'interesser, ça leur fait plaisir. Le tout c'est de ne pas passer la soirée là dessus..."
Le psy-" Alors? Comment ça va aujourd'hui?...