Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Affranchies

tendresses

Couleur menthe à l'eau

16 Juillet 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Emircan-Soksan.jpg

Elle était maquillée 
Comme une star de ciné 
Accoudée au juke-box 
Elle rêvait qu´elle posait 
Juste pour un bout d´essai 
A la Century Fox 

Elle semblait bien dans sa peau 
Ses yeux couleur menthe à l´eau 
Cherchaient du regard un spot 
Le dieu projecteur 
Et moi, je n´en pouvais plus 
Bien sûr, elle ne m´a pas vu 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, j´étais de trop 

Elle marchait comme un chat 
Qui méprise sa proie 
En frôlant le flipper 
La chanson qui couvrait 
Tous les mots qu´elle mimait 
Semblait briser son cœur 

Elle en faisait un peu trop 
La fille aux yeux menthe à l´eau 
Hollywood est dans sa tête 
Toute seule elle répète 
Son entrée dans un studio 
Décor couleur menthe à l´eau 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, je suis de trop 

Mais un type est entré 
Et le charme est tombé 
Arrêtant le flipper 
Ses yeux noirs ont lancé 
De l´agressivité 
Sur le pauvre juke-box 

La fille aux yeux couleur menthe à l´eau 
A rangé sa mégalo 
Et s´est soumise aux yeux noirs 
Couleur de trottoir 
Et moi, je n´en pouvais plus 
Elle n´en n´a jamais rien su 
Ma plus jolie des mythos 
Couleur menthe à l´eau


Photo: Emircan Soksan

Lire la suite

Désormais

10 Juillet 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Désormais

On ne nous verra plus ensemble
Désormais
Mon cœur vivra sous les décombres
De ce monde qui nous ressemble
Et que le temps a dévasté
Désormais
Ma voix ne dira plus je t´aime
Désormais
Moi qui voulais être ton ombre
Je serai l´ombre de moi-même
Ma main de ta main séparée
unknown source bw a1571-folxtronica
Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s´enfuir notre bonheur
Et du reste désormais

Désormais
Les gens nous verrons l´un sans l´autre
Désormais
Nous changerons nos habitudes
Et ces mots que je croyais nôtres
Tu les diras dans d´autres bras
Désormais
Je garderai ma porte close
Désormais
Enfermé dans ma solitude
Je traînerai parmi les choses
Qui parleront toujours de toi

Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s´enfuir notre bonheur
Et du reste désormais

 

Texte: Ch. Aznavour

Photo: Taxi Magazine

Lire la suite

Saint Petersbourg

3 Juillet 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

vore_kul_om-copie-1.jpg

Ce soir à la Strelka il y a un concert. Les mélomanes sont là, en bas, sur les chaises devant la scène. Elle les observe. Enfin on le croit, mais son regard est perdu dans le vide. Elle songe, ni triste ni ravie à ce qu'elle est à cet instant précis... Jeune, elle est née sur les cendres de l'Union Soviétique et de ce bouleversement mondial elle n'a pas de souvenirs. Elle s'habille de façon moderne, comme le font toutes les jeunes femmes de son âge à travers le monde. Ce soir elle écoute Schubert, mais elle aime aussi le rock et la pop anglaise et tout cela semble naturel. L'instant d'avant elle a rejeté avec sa main, ses cheveux en arrière. Puis sa main est restée sur sa nuque, empoignant ses cheveux, comme pour juger qu'ils étaient trop longs. Elle se dit qu'elle aimerait bien les faire couper comme cette actrice qu'elle a vu dans un magazine... Elle se dit que c'est tout naturel de penser à cela, de penser comme cela. Elle n'est pas responsable des erreurs du passé, ce n'est pas sa faute si ses parents vivaient dans un monde tellement différent, tellement sombre, tellement effrayant... Ce soir à St Petersbourg c'est comme à Berlin, à Paris ou à Montréal, une soirée d'été, à savourer...

 

Crédit photo

Lire la suite

Bord de mer

30 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

caitlin lomaxQuand je suis au bord de la mer 
Afin de rester toujours jeune 
Comme Aphrodite je déjeune 
De soleil et de lune dîne

je me sens devenir ondine 
Qui joyeuse où l'onde est amère 
Ne souhaite pour son sommeil 
Pas d'autre oreiller que les vagues

Si sur le sable le soleil 
Luit, comme perdue une barque 
Plus n'ai besoin de vos attraits 
Votre éponge ni votre craie,

Vénus, pour dormir éveillée 
Aux âmes de larmes mouillées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Modèle: Caitlin Lomax

Texte: Quand je suis au bord de la mer - R. Radiguet

Lire la suite

Seraphîta

30 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

corinna-I.jpg

C'est un délicieux frisson, celui qui nous parcourt à l'instant où l'on s'interroge sur le genre de cette silhouette. On la voit de dos, les épaules frêles mais carrées, le corps mince, les hanches droites...

Le cou est lisse et le maxilaire imberbe. La nuque taillée comme le serait celle d'un garçon, les oreilles bien dégagées par la coupe. Dans le profil qui s'offre les indices ne sont pas plus déterminants, le sourcil épais, la machoire carrée, le nez droit...

Ces lèvres un peu rouge peut être ? Ces cils un peu longs, peut être?

Enfin l'endroit se dévoile et on devine un sein, à peine. Et ce sourire, et ce cou... 

Elle aime son ambiguité, elle en joue à merveille, séduit Minna tout autant que Wilfrid. Elle est l'être total de Balzac. Un vêtement délicat en fait une princesse qui transforme autour d'elle les masures en palais. Un jean et une casquette sur l'oeil nous l'emporte sur les quais d'Oakland, guettant un embarquement sur le Snark...

A quoi donc cela servirait-il de lui donner un genre?

 

Modèle: Corinna Ingenleuf

 

Lire la suite

Quelque chose de Stevenson

25 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Jo

P1010107Jo3.jpg

 

 

Il y a chez cette fille un peu de Jim Hawkins. On pourrait presque lui prêter le même âge d'ailleurs. Mais ce n'est qu'une illusion car Jo est une femme. Une femme d'aventure. Un coeur bouillonnant qui s'ennuit sur les bancs de la fac et qui prend la route vers l'inconnu. Et parce qu'elle est plutôt du genre efficace et que c'est une femme aux cheveux courts, dans l'âme, elle sera bien sûr une militaire aux cheveux courts. Très courts même, tout comme ses camarades hommes et ça lui plait bien. Oui parce que Jo c'est aussi un petit tomboy. 

L'école des Sous Off', le stage commando, puis le régiment, la rude vie de soldat...

 

 

 

 

 

Mais l'envie de mer et de bateau taquine l'intrépide. Qu'à cela ne tienne, direction la Bretagne et son Tonnerre de Brest. Le bleu adoucit le regard mais pas question pour autant de renoncer aux cheveux courts même si les marins sont moins friands. 

Peu importe, l'aventure continue. Après la rade de Brest celle de Toulon. La vie tourne, des hauts, des bas... 

Et un jour Jo met le sac à terre. Elle pense reprendre des études, apprend à naviguer pour la pêche, envisage toujours l'aventure. 

Jo c'est comme ça qu'on l'appelle. Bien sûr ce n'est pas son vrai prénom, mais elle préfère Jo. Son genre elle s'en fout, elle veut bien faire une mi-temps dans chaque camp, un coup fille un coup garçon. Pour ses anciens compagnons elle reste un "pote" de régiment. Pour toujours. Et pour les filles , la meilleure de toutes.

Au bout du compte il reste une réflexion:

 

“Je pense que la maturité, les épreuves, le cheminement de la vie apportent la confiance en soit. Je pense qu’on ne peut plaire à l’autre que lorsque l’on est sûr de soit, que l’on se sent beau et bien dans sa peau. Je pense que se plier aux exigences des autres, c’est se mentir à soi-même. C’est impossible sur le long terme! Je pourrai tout faire pour la personne que j’aime, mais me dénaturer, j’en suis incapable. Et paradoxalement, je vois ça comme une preuve d’amour: ne rien cacher, ne pas mentir, me dévoiler comme je suis.... et attendre son verdict.”

Jo1.jpg

Lire la suite

L'étrangère

23 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Il existe près des écluses
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s´use
A démêler le tien du mien
En bande on s´y rend en voiture,
Ordinairement au mois d´août,
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux

On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains,
5282659591_dccac3298c_b.jpgOn n´a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c´est demain.
On revient d´une seule traite
Gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit.

J´ai pris la main d´une éphémère
Qui m´a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d´outre-mer
Elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J´aimais déjà les étrangères
Quand j´étais un petit enfant!

Celle-ci par là vite vite
De l´odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia.
En ce temps-là, j´étais crédule
Un mot m´était promis si on,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion

A chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M´est l´éternelle poésie
Nous avions joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin : "Bonsoir madame"
L´amour s´achève avec la pluie.

Modèle: Allison Lopez
Texte: Louis Aragon
Lire la suite

Ces mots là

21 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Daniela 

Il y avait c'est deux mots qui revenaient sans cesse. D'abord lui, trop souvent, comme s'il avait besoin de se rassurer. Parfois à la façon dont il posait la question elle sentait qu'il ne s'adressait finalement qu'à lui même et n'attendait pas d'autre réponse que l'affirmative qui signifierait simplement qu'il n'avait rien fait qui puisse lui être désagréable... Et elle répondait avec tendresse et indulgence à cet égoïsme tout masculin.

"Ça va?" Elle aussi l'interrogeait et sans doute que pour lui ces deux mots avaient le même sens lorsque c'était elle qui les prononçait. Pourtant non...

La question lui venait spontanément lorsqu'elle était bien et qu'elle cherchait à savoir si ce bien-être était partagé ou bien lorsqu'elle le sentait désemparé... Sans doute un effet secondaire d'une sorte d'instinct.

Et il y avait comme ça entre eux mille façons de prononcer ces mots et aucune d'elles n'avait le ton d'une banale et quotidienne routine. Il arrivait même que cela ne soit pas une question, juste l'expression d'un état que l'on voulait partager. Et puis à force, sans rien dire ils parvenaient à s'interroger, juste en se plongeant dans leur regard l'un l'autre et en devinant le sourire des yeux, l'inquiétude, la fatigue, l'envie... Et finalement c'était rassurant.

 

 

Photo: Daniela Vladimirova

Lire la suite

Juste une illusion

18 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

MuraGlia

A deux tables de là, sous la tonnelle, elles étaient plusieurs, joyeuses, sans doute en vacances, à discuter entre elles. Elle était la seule avec les cheveux courts, un chapeau de paille crânement posé en arrière. Le bronzage était accentué par le contraste avec son débardeur blanc, qui, sans complexe, moulait une poitrine à peine perceptible. Si bien que lorsqu''elle détournait la tête l'illusion pouvait être parfaite, comme ces petites cartes de plastic montrant deux images différentes selon l'angle avec lequel on les regarde. Et ce corps d'éphèbe soudain lui paraissait délicieux. Il devinait le "garçon manqué" qu'elle devait être en voyant les écorchures sur ses mains et la façon qu'elle avait de tirer sur sa cigarette, comme un mauvais garçon... Et puis l'autre facette reparaissait, avec son visage d'ange, ses grands yeux clairs, ses lèvres gourmandes et cette mèche sur le front qui remontait vers le rebord du chapeau... Pile et face.

Il fallait garder cette illusion, ne pas rompre le charme.

 

Photo: Guilia Muriaglia

Lire la suite

La tentation de l'androgyne

14 Juin 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Camilla-12.jpg

Depuis longtemps Camilla a choisi d'être elle même, ni fille ni garçon, être androgyne, brouillant les pistes, créant le doute pour empêcher un choix trop facile. Cette liberté fascine, fait naître des envies et des désirs. 

Elle sait bien être fille, même dans ses vêtements d'adolescent. Si elle veut, en laissant un peu pousser ses cheveux elle parvient à estomper l'incertitude et sa blondeur pourrait lui donner des airs girlie. Et puis soudain, avec la complicité d'Alex, elle brouille de nouveau les cartes et sa nuque tondue lui donne l'apparence d'un collégien, que de dos, on imagine beau comme un dieu. La peau rasée y apparait pâle, là où les cheveux la préservait du soleil et le mélange de cette pâleur au teint plus mat et au velours du cheveux tondu élance le cou, comme une colonne de chair à la fois robuste et terriblement fragile.

Ainsi le jeune dieu fascine son monde, bousculant les schémas, il aime les filles, trouble les garçons et goûte à son gré aux lèvres des unes et des uns...

Ou calme et solitaire sur son Parnasse il caresse de ses doigts fins sa nuque fraîche et frissonne à cette nouvelle sensation...

 

Photo: Testolina

Lire la suite