Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Affranchies

Quartier Libre - Catherine

9 Septembre 2012 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Quartier Libre

Catherine est une jeune québécoise. Je ne me souviens plus dans quelles circonstances nous nous sommes connus, tellement j'ai le sentiment qu'elle est une de ces femmes aux cheveux courts dont je parle presque chaque jour. Un peu "tomboy", en voyant la chanteuse de "La Roux" elle trouve le style excentrique à souhait et n'hésite pas. Depuis, sa coiffeuse la voit toutes les deux semaines, parce que " j'aime bien les avoir très très courts" dit-elle...

 

CDL.jpgLorsque je suis rentrée pour la première fois à la maison les cheveux presque entièrement rasés, c'est ma mère qui m'a accueillie. Ses lèvres vermeilles ont formé durant un instant un "o" parfait, et elle m'a longuement dévisagée dans une moue désapprobatrice.

"Tu ressembles à un soldat." Le verdict était tombé. Depuis ces deux années, j'ai pu entendre une quantité astronomique de commentaires à propos d'une telle coupe. Plusieurs ont décrit la chose comme charmante, avant- gardiste et audacieuse. Certains propos sont plus douloureux à répéter. Toujours et encore, nonobstant, je me suis bornée à garder mes cheveux courts. Les faire couper de cette manière relevait de l'impulsivité, mais jamais je n'ai réellement envisagé de laisser pousser une fois de plus mon épaisse tignasse puisque j'ai réalisé que l'élégance avait quelque chose de très masculin. Les cheveux courts révèlent une mâchoire saillante et dégagent un port de tête plus droit et longiligne. J'aime bien l'ambiguité qu'une telle coupe crée, ma silhouette filiforme et mes épaules carrées qui font douter de ma nature. Fille ou garçon ? Je me suis offert l'embarras du choix. Mais j'aime aussi penser que je ne porte pas les cheveux longs parce qu'une jeune fille est censée les porter longs. J'aime penser que, dans mon désir d'en finir avec mon indomptable crinière, j'ai pu transcender ce genre d'image toute caricaturée. Les garçons de mon âge, à la recherche de beauté conventionnelle, se butent à mon initiative et, bien souvent, n'apprécient guère ce vertigineux mohawk, ni ce cuir chevelu presque nu. Je ne considère pourtant pas la beauté comme conventionnelle et je continue de croire que ma différence m'apporte un sentiment de force et d'individualité. Elle souligne mon détachement vis-à-vis la norme sociale et, je dois l'avouer, j'en suis terriblement fière.


 

Texte: Catherine Dumont Lévesque

Dans la playlist de Catherine:

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :