tendresses
Sans contrefaçon
Longtemps elle en a voulu à la Terre entière, de tant d'injustice, de ces hanches droites et de cette poitrine plate. Deux seins comme des piqures de moustique, quand toutes les copines sont déjà comme des bimbos, affolant les garçons. Et puis, et puis elle a apprivoisé sa nature, elle a lu dans le regard de certaines, elle a connu l'Amour, elle s'est sentie unique. Elle aimait bien avoir les cheveux courts, et voilà que ces cheveux courts deviennent son flambeau. Son jean et son Perfecto créent le trouble. Garçon, fille? Garçon-fille!
Tour à tour on me chasse De vos fréquentations Je n'admets qu'on menace Mes résolutions Je me fous bien des qu'en-dira-t'on Je suis caméléon Prenez garde à mes soldats de plomb C'est eux qui vous tueront...
Auteur M.Farmer, extrait de "Sans contrefaçon"
Modèle Freja Beha
La nature vous le rendra
Un jour faut bien que ça s'arrête! On peut toujours s'acharner à camoufler sa vraie nature, se bercer d'illusions en écoutant les autres s'extasier devant une si belle chevelure et le soir venu rêver d'envoyer tout ça à la poubelle. S'imaginer en jean et en cuir, chevauchant une grosse cylindrée, ou bien à l'autre bout du monde avec un type merveilleux qui partage tout.
Ça nous arrive à tous d'avoir le sentiment de ne pas être nous même, de jouer un rôle dans une apparence qui ne devrait pas véritablement être la nôtre. Et on se dit qu'il y a tellement longtemps que l'on est dans ce costume, que les autres ne comprendraient pas que l'on bouscule tout pour changer radicalement. Les autres....La famille, les voisins, les collègues de boulot, la socièté.
Mais un jour il faut prendre son courage à deux mains, se convaincre que les autres ne sont rien. Ce jour la on va chez le coiffeur, parce qu'une fois cette étape franchie, toutes les autres marches sont faciles à gravir.
On s'achète un vieux cuir et on s'inscrit au permis moto...
Photo: Reidrolls
La Catalane
toréador en garde
toréador, toréador!
et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
toréador!
l'amour, l'amour t'attend
tout d'un coup on fait silence
on fait silence, ah, que se passe t'il?
plus de cris, c'est l'instant
plus de cris, c'est l'instant
le taureau s'élance en bondissant hors du toril
il s'élance, il entre, il frappe,
un cheval roule, entraînant un picador
"ah! bravo! toro!" hurle la foule
le taureau va..il vient..il vient et frappe encore!
en secouant ses banderilles
plein de fureur il court,
le cirque est plein de sang!
Extrait de Carmen opéra en 3 actes de G.Bizet
Toute la beauté du monde
Franck rencontre Tina et tombe amoureux. Mais Tina ne peut pas l'aimer, son mari vient de mourir et elle plonge dans la dépression...
Là bas en Asie où elle est partie oublier, on la retrouve, les cheveux courts, dépouillée, ascète presque.
Franck est là aussi. Il a ses habitudes dans cette île. Délicatement, tendrement, obstinément il va conquérir la forteresse Tina aux murs épais. D'abord la reconstruire, et puis attendre qu'elle l'aime à son tour...
Tina, un beau portrait de femme incarné par Zoé Félix qu'il est inutile de dire que j'ai beaucoup aimé dans ce rôle...Allez savoir pourquoi?
Loulou
A-t-elle seulement conscience, presque 100 ans plus tard, que cette silhouette lui fait incarner une icone des temps modernes? Qui pourrait se vanter d'avoir autant marqué les esprits? Aujourd'hui seule sa coupe de cheveux inspire, mais à l'époque elle n'était que l'accessoire de sa réussite, marque exterieure d'indépendance, d'extraction du clan des femmes-mères-épouses-ménagères. Peut être même ne sait-elle pas qui fut Louise Brooks?
Mais après tout qu'importe...Elle a juste voulu donner du caractère avec cette frange courte, à ses cheveux sombres. Elle a juste voulu montrer aux autres qu'elle décidait et faisait comme bon lui semblait en tondant les cheveux de sa nuque...Tout comme l'aurait fait Louise il y a longtemps...
La passante
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
Antoine Pol ( Les Passantes )
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l’ignore.
Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Ecran total
Il lui fallait bien une armure, tout au moins un paravent pour la protéger du monde. Le pull en cote de maille peut faire illusion. Les lunettes donnent le sentiment d'être inaccessible. Des lunettes rondes, comme le soudeur, un autre monde. Amusant ce téléscopage, la mode, sa blondeur délicate et la métallurgie brûlante et crasseuse.
Pourtant on peut l'imaginer, je peux l'imaginer, en bleu de chauffe, soulevant son masque d'acier et d'un sourire éclairer toute cette noirceur. Je serai plus attentif la prochaine fois que je verrai le crépitement d'un arc de soudure.