tendresses
...Tu réclamais le Soir; il descend; le voici...
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal (1857)
Bientôt le printemps
C'est là, n'attendant rien et juste distraite par l'onde qui coule au bas de la balustrade qu'elle a pris sa décision. En fait elle rêve de cela depuis longtemps. Mais comment oser? Il faut se motiver et surtout trouver une raison valable aux yeux des "autres".
Ce sera le printemps! Bonne occasion le printemps. Le renouveau, l'envie de tourner la page, les petits oiseaux, le soleil qui revient...En y pensant elle passe sa main dans ses cheveux, les carde avec ses doigts, tire dessus comme pour évaluer leur robustesse et leur longueur. Cela provoque un petit noeud dans son estomac qui la fait sourire. Cette idée de se faire couper les cheveux, ça la ramène à son enfance. Sauf que là c'est elle qui décide. Elle les voudrait courts, très courts, pour voir. Cela l'excite et en même temps lui fait peur. Ou peut être est ce la peur qui l'excite?
Son envie va aller crescendo, chaque matin elle y pensera et chaque fois qu'elle verra une jeune femme aux cheveux courts comme elle aimerait. Elle sourit à cette perspective...
Simple mixte
Elle ne l'imaginais pas elle même, petite dans les rues de Mombasa. Ce n'est que plus tard qu'elle a eu conscience des enjeux et de la dureté des esprits écrus. Pourtant difficile d'imaginer les choses autrement dans ce coin du monde qui depuis si longtemps brasse les peuples comme un tambour de lave-linge. Aujourd'hui c'est sa force. Le meilleur de ses racines a fait naître un bouton de rose noire. A quoi ça tient parfois? Elle se dit qu'elle aurait été différente avec les cheveux de sa mère. La voilà admirée, beau corps, belle tête, et surtout à l'intérieur la certitude que le mélange apporte plus qu'il ne retranche.
Le temps qui passe
Parfois, cela rend triste d'être seul(e), de n'avoir personne avec qui profiter d'un dimanche matin où personne ne vous attends.
Parfois cela devient insupportable, décourageant au point où l'on en vient à douter de soi même et haïr le temps qui passe.
Pourtant rien n'a changé. Ou plutôt si! Le temps qui est passé nous a laissé une pleinitude, une sorte de patine qui nous rend meilleur(e). Un besoin de choses essentielles où les apparences ne jouent plus.
Etre avec soi même, en tête à tête, n'est pas triste...Il faut juste avoir confiance.
Haute tension
Les boucles tombent, les épaules se couvrent de petits cheveux hachés par les lames de la tondeuse. Il faut passer, repasser, soigneusement fondre le dégradé, tout cela en sentant son coeur battre fort dans la poitrine...
Elle ne veut partager cela avec personne. Personne en tout cas dont elle ne serait pas sure qu'il ou elle ressente les mêmes émotions. C'est ainsi. Un instant personnel, intime. Un rendez vous avec elle même, son passé et son présent....
Merci Delf
Surexposée
Cela ne lui fait pas peur. Son regard est celui de ses 20 ans, même si les quelques cheveux argentés qu'elle aime toujours tailler aussi court, montrent qu'elle a vêcu un peu plus. Elle n'a jamais hésité à s'exposer et c'est comme si la photo traduisait cela. Le noir et blanc associe la texture de son manteau à cette chevelure mitigée. Elle a renoncé aux artifices depuis longtemps, le jour où elle a découvert que l'homme qu'elle aimait, l'aimait comme elle était, nature. Ce jour là elle a comprit que sa détermination était sa plus belle qualité.
Les choses de la vie
Ce soir nous sommes septembre et j'ai fermé ma chambre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus
Là-haut un oiseau passe comme une dédicace
Dans le ciel
(Parlé:)
Je t'aimais tant Hélène
Il faut se quitter
Les avions partiront sans nous
Je ne sais plus t'aimer Hélène
Avant dans la maison j'aimais quand nous vivions
Comme un dessin d'enfant
Tu ne m'aimes plus
Je regarde le soir tomber dans les miroirs
C'est la vie
(Parlé:)
C'est mieux ainsi Hélène
C'était l'amour sans amitié Il va falloir changer de mémoire
Je ne t'écrirai plus Hélène
L'histoire n'est plus à suivre et j'ai fermé le livre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus
Roberta
Comme si pour elle c'était quelque chose de normal, de tout à fait banal. Faut dire qu'elle n'était pas d'ici Roberta. Alors forcément, culturellement il y avait un décalage. Petite, à l'école, elle avait le crâne rasé. C'est pas que cela lui fasse plaisir, mais c'était comme ça. Et puis plus tard, plus grande, elle a eu le choix, mais c'est son caractère fougueux qui l'a emporté. Pas moyen de passer des heures à déméler, à tresser, à perler... Pas beaucoup d'alternative avec une telle nature de cheveux. C'est vraiment naturel pour elle. " Mon charme est ailleurs" a-t-elle lâché dans un éclat de rire.
Pas sur Roberta, pas sur....
Dimanche matin
L'instant est furtif, soudain, inattendu...Dans le confort des draps de coton blanc, après une nuit de corps à corps et de sommeil lourd, la lumière du jour ramène le quotidien.
Elle est là, tout près, si près que la chaleur de sa peau nous rappelle les combats de la veille. Son dos s'est creusé et le sillon de ses reins se prolonge, remontant entre les ravins de ses omoplates et menant tout droit vers cette nuque adorée où les cheveux blonds en bataille n'ont pas le loisir de camoufler les tendons saillants.
Il faut s'arrêter là, capter ce moment comme un don, une bonne fortune, et le graver dans son coffret à souvenirs, pour toujours, quoi qu'il advienne...
Dans une seconde elle va tourner la tête, mais avant qu'elle en ait la tentation, les doigts vont courir sur la peau de son dos, contourner les saillants, glisser dans les creux, comme une reconnaissance avant que les lèvres ne viennent sur le même itinéraire. Jusqu'à atteindre la naissance des cheveux, là où ils sont le plus court, juste là à cet endroit où les lèvres et les baisers ne suffisent plus à notre délectation. Les doigts écartés remontent à travers les mèches plus longues faisant ployer le cou et d'une tendre morsure on irradie tout le corps qui soudain tremble et frissonne...