divers & varies
Mauvais garçon
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique...
Texte: extrait de" Le chanson du Mal Aimé" Guillaume Apollinaire
Photo: Havilah Bender
Les ( més ) aventures de Lucile
J'aime ces jeunes femmes qui savent garder leur âme d'enfant et qui, bien qu'ayant depuis longtemps quitté l'adolescence, cultivent ce petit grain de folie qui les rend extraordinaires.
Lucile a un métier sérieux, une voiture, un appartement, une vie sérieuse. Sérieuse, mais pas ennuyeuse. Lucile est passionnée, par le sport, par la musique, par les voyages. Lucile ne fait jamais les choses à moitié. Lucile aime avoir les cheveux courts et quand elle aime, Lucile, elle ne compte pas. Enfin elle ne compte pas sur l'avis des autres pour savoir si c'est bien ou pas. Elle fait!
Marre des coiffeurs de mémères qui minaudent pour couper trois mèches et qui craignent pour la sauvegarde de votre genre? Lucile a résolu le problème en allant chez le "rebeu" du quartier. 15€ la coupe, skinfade de qualité et cheveux en pétard.
Et puis pourquoi pas les décolorer? Un blond, très blond, très clair, presque blanc? Une folie pour cette belle rousse au teint clair?
Peut être, mais en tout cas, des regrets, jamais! Ni une ni deux, dans sa douce folie, Lucile se fait tatouer et passe une partie du reste de la journée la tête dans le cellofrais, les cheveux enduis de décapant, entre les mains expertes d'une coloriste douée...
Et puis voilà, "à la fin du bal, il faut payer l'orchestre"... Un mois plus tard, le cuir chevelu un peu mal traité, jette l'éponge et quelques poignées de tifs avec.
Elle l'aimait bien sa coupe de Lanfeust sorti du barbershop, mais il faut se résoudre à revenir au naturel. Direction "le rebeu" mais cette fois il faut tondre... partout.
Lucile a du mal, lorsque la folie ne germe pas dans son cerveau et que les choses s'imposent à elle. Mais finalement, le résultat est bien dans le droit fil de son style. Professionnelle, mais excentrique. Et c'est bien comme ça qu'on l'aime
Nouvelle vague
Des vagues, il y en a toujours de nouvelles, sans cesse, même si l'expression parle aux cinéphiles et évoque les années 50, Godard et Anna Karina ou Jean Seberg...
Il y a de ça parfois dans les clichés d'aujourd'hui, ce sentiment, cette impression qu'une nouvelle Nouvelle Vague se forme, s'enroule et se glisse dans le paysage... Une autre féminité, que l'on croit connaître et qui se re-dessine éternellement.
La fille sur le banc, dans la ville graffiti, t-shirt et veste en jean, mais lèvres rouges et peau douce, lunettes noires et cheveux courts, mais les pattes qui s'effilent sur la joue... L'héroïne re-visitée d'un film sans queue ni tête qui se fiche des conventions. C'est elle et toutes les autres cette nouvelle vague de femmes aux cheveux courts qui s'inventent telle qu'elles.
Photo: Charlotte L.
Imagine
Depuis un instant, le stylo court sur le papier, rapide, presque fébrile, par petits coups, nerveux... Rapidement le visage apparait, le trait est sûr et la ressemblance certaine. Un visage presque enfantin. C'est celui de la jeune femme assise en face. Elle a un air scandinave, sans doute les cheveux blonds et les yeux clairs accentuent-ils cette impression. Sur sa peau claire quelques taches de rousseur lui donne cet air juvénile.
Mais soudain le stylo reste suspendu. Une pause, un arrêt, très bref, avant de reprendre sa course. Et tout change. La frange des cheveux blonds s'allège, s'émiette, se raccourcie et trouve un léger mouvement sur le côté. Les oreilles se montrent et le cou reste nu... alors que le modèle, en face, est un peu enveloppée par sa blondeur, le front masqué par une frange bien droite, les oreilles dissimulées et le cou protégé par sa coupe au carré...
L'artiste l'imagine différente, sans cette parure dont personne n'est vraiment sûr qu'elle ne soit pas juste un paravent, un trompe-l'oeil de féminité. La bille du stylo piquette le dessin d'une chevelure, comme un plumage, léger et très court. A travers la table dans ce bistrot bruyant, la jeune femme voit le dessin, se devine et sourit. Elle ébouriffe sa frange trop droite et glisse une main sous ses cheveux pour caresser sa nuque, la mine boudeuse...
Elle prend la main qui tient le stylo, approche son visage et murmure: "J'en rêvais..."
Dessin: Knas Vang
C'était tout juste après la guerre...
C'était tout juste après la guerre
Dans un p'tit bal qu'avait souffert
Sur une piste de misère
Y'en avait deux à découvert
Parmi les gravats ils dansaient
Dans ce p'tit bal qui s'appelait...
Qui s'appelait... (ter)
Non je n'me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C'est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d'eux
Y'avait tant d'insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu ?
Non je ne me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C'est qu'ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c'était bien et c'était bien.
Ils buvaient dans le même verre
Toujours sans se quitter des yeux
Ils faisaient la même prière
D'être toujours, toujours heureux
Parmi les gravats ils souriaient
Dans ce petit bal qui s'appelait...
Qui s'appelait... (ter)
Et puis quand l'accordéoniste
S'est arrêté, ils sont partis
Le soir tombait dessus la piste
Sur les gravats et sur ma vie
Il était redevenu tout triste
Ce petit bal qui s'appelait...
Qui s'appelait... (ter)
Non je n'me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C'est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d'eux
Y'avait tant de lumière
Avec eux dans la rue
Alors la belle affaire
Le nom du bal perdu
Non je n'me souviens plus
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C'est qu'on était heureux
Les yeux au fond des yeux.
Et c'était bien et c'était bien.
Texte: Robert Nyel
Photo: Robert Doisneau
Chaud devant!
Attention les yeux! Joy est une artiste, danseuse, performeuse. Habituée à danser dans les clubs devant un parterre majoritairement hétéro, elle a eu envie d'un clip carrément plus décalé, une "lap dance" entre femmes. Et quand on réalise ses idées, moi j'aime!
Tout va bien
Birds flying high
You know how I feel
Sun in the sky
You know how I feel
Reeds drifting on by
You know how I feel
It's a new dawn
It's a new day
It's a new life
For me..
And I'm feeling good
Fish in the sea
You know how I feel
River running free
You know how I feel
Blossom in the trees
You know how I feel
It's a new dawn
It's a new day
It's a new life
For me...
And I'm feeling good
Dragonflies out in the sun
You know what I mean, don't you know
Butterflies all out having fun
You know what I mean
Sleep in peace
When the day is done
And this old world
Is a new world
And a bold world
For me...
Stars when you shine
You know how I feel
Scent of the pine
You know how I feel
Yeah, freedom is mine
And you know how I feel
It's a new dawn
It's a new day
It's a new life
For me...
Oooh, oooh
Feeling good
Texte Nina Simone
Photo: Julia Amaral
Révolutionnaire
Il y a 100 ans, les russes ont failli inventer un monde meilleur... Hélas ils n'ont fait que créer un nouvel enfer.
Bon, je suis pas là pour faire la chronique "Histoire contemporaine" hein! Mais dans cette histoire qui a tout juste 100 ans, il y a un fait qui serait presque passé inaperçu...
Alors un bref rappel du contexte hein? Nous sommes donc en 1917, la Russie du Tsar est en guerre, comme tout le monde, contre l'Empire Austro-hongrois et l'Allemagne. Mais en même temps, comme c'est un peu le bordel, dès le début de l'année il y a une première révolution à bord et Nico "le Tsar" ne tarde pas à être licencié. Bon.

Pendant ce temps là, comme toujours quand rien ne va plus, les femmes s'en mêlent et puisque l'ennemi est partout, aux frontières comme à l'intérieur, se créent des bataillons exclusivement féminins que l'Histoire appellera "Bataillons de la Mort", tellement ces recrues là sont déterminées à ne pas laisser ce "monde meilleur" leur échapper.
Elles viennent de partout et de toutes les couches de la société, elles sont commandées par une femme, Maria Botchkareva et encadrées par des soldats de métier. On leur donne des uniformes d'homme et on leur rase la tête, pour que tout le monde comprenne qu'il ne s'agit pas d'un patronage pour dames.
Hélas bientôt, la révolution elle même est mise en danger par les bolcheviks et l'un de ces bataillons de femmes se retrouve au mois d'octobre à défendre le Palais d'Hiver où se trouve le gouvernement provisoire. L'Histoire retiendra plutôt le symbole que le fait d'armes. Désarmées, arrêtées et incarcérées, elle paieront cher, comme on peut l'imaginer, leur engagement.
Qui connait Terra Jo Wallace?
Soyons clair, par les temps qui courent, les modèles aux cheveux ras ne sont plus très rares. Ça reste toujours spectaculaire, attrayant, étonnant, audacieux... mais plus exceptionnel. Pas vraiment de quoi fouetter un chat donc. Sauf que, en parcourant le compte Instagram de Terra Jo Wallace, on découvre à l'occasion de ce moment particulier où elle fait tondre ses cheveux, une déclaration plutôt enthousiasmante...
Le code a changé
La mère Dugenou, ma voisine, n'en revient pas. Dans le quartier depuis quelques temps, elle croise des gens, des jeunes, sans parvenir à faire la distinction entre garçons et filles. Dans la rue il y a des bars, de la musique, des endroits où l'on danse et toujours plus de cette jeunesse qu'elle ne parvient pas à démêler...
Mais là où ma voisine me surprend le plus, c'est lorsqu'elle m'avoue que finalement, elle aime ça. Et comme elle voit que je suis stupéfait de cet aveux, elle m'explique:
"Ben oui vous voyez, finalement c'est ça les femmes modernes. Aujourd'hui elles n'attendent pas qu'on leur dise quoi faire, elle font. Elles dansent, elles boivent, elles fument, elles s'aiment, boivent des pintes de bière et se coupent les cheveux , s'habillent comme elles veulent... C'est pas comme quand j'étais jeune... Des fois j'ai envie d'aller me mêler à elles... mais je suis trop vieille maintenant..."
J'ai ressenti la tristesse de ces derniers mots... C'est vrai qu'elles sont admirables ces femmes actuelles qui brouillent toutes les cartes et s'affranchissent des vieux codes. Elles paraissent sans peur, indépendantes et pleine d'assurance, ne renoncent à rien, dessinent une nouvelle féminité, sans artifices et sans appâts.
Alors j'ai pris ma voisine par la main, on a traversé la rue pour aller boire une pinte sur le trottoir du bar d'en face, avec ces femmes aux cheveux courts... Et c'était bien.
Photo: Camille Feraille