Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Affranchies

divers & varies

Thank God! Sharleen is back

18 Février 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs, #Divers & variés

Forcément, ça ne nous rajeunit pas. 25 ans... meeeeerde! J'ai pas vu le temps passer. Faut dire que l'écossaise n'a pas trop changé.

Il parait qu'en 2000 elle avait les cheveux longs, mais ça ne change rien. Aujourd'hui elle est comme à 17 ans... She don't want a lover...

Lire la suite

J'étais si près de toi...

14 Février 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés

J'étais si près de toi...

Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement
J’attends, personne ne viendra
Ni de jour, ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière
Ma bouche s’est séparée de ta bouche
Ma bouche s’est séparée du plaisir
Et du sens de l’amour, et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n’avanceront plus, il n’y a plus de route
Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos

Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
Pareil au tien, cerné d’un monde indifférent
J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres.

Paul Eluard ( 1895-1952 )

Photo: Steven Meisel

Lire la suite

Mathilde et les garçons

12 Février 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés, #Tendresses

Mathilde et les garçons

Mathilde ne s'est jamais sentie vraiment à l'aise avec les filles. Trop futiles, trop fragiles, trop sournoises aussi... Pourtant Mathilde est une fille comme les autres. Enfin certains jours...

On peut dire qu'elle a bataillé durant ses années de collège puis au lycée, parce que ce n'est pas simple quand on est ado, de ne pas savoir vraiment quel maillot on a envie d'endosser dans cette partie de foot à colin maillard.

Finalement un jour Mathilde a décidé d'être elle même, mi fille, mi garçon et comme elle avait été fille pendant longtemps, elle l'a joué plutôt garçon, le jour où elle s'est fait couper les cheveux. Cela n'a pas arranger les choses. Elle aurait mille anecdotes à raconter, entre celles et ceux qui l'encourageaient à laisser pousser ses cheveux et d'autres qui lui donnaient du "jeune homme" en faisant mine d'être confus de cette méprise l'instant d'après.

Et puis un jour Mathilde a rencontré deux garçons intelligents, amoureux chacun à sa manière, l'un tendre et prévenant l'autre franc et sans compromis... " Si j'étais une fille j'aimerai bien être comme toi..." Ça n'avait l'air de rien, mais dans le coeur de Mathilde ça résonnait fort ces quelques mots.

Pour eux, elle était une jeune femme, sans absolument aucune ambiguité, ils ne s'étaient même jamais posé la question. Ils l'aimaient pour son authenticité, son esprit, sa verve, son intelligence. Peut être aussi parce qu'elle n'était pas comme les autres filles... c'est tellement compliqué les filles...

Mathilde le sait bien. Ce sont ses cheveux courts qui sont le symbole de sa liberté, l'emblème de sa rébellion et si aujourd'hui les autres filles sont jalouses, ce n'est peut être pas de son allure ambiguë mais juste de cette liberté qui la rend belle auprès des autres garçons.

Pour Mathilde "Vaea" R.

Photo: Matt Jones

Lire la suite

Breaking news!

24 Janvier 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs, #Divers & variés

Breaking news!

C'est toujours délicieux de partager un moment avec Wiebke. La jeune anglaise avait disparue quelques semaines pour retrouver son Albion natale et nous nous sommes retrouvés hier devant une boisson chaude...

J'avais hâte de la revoir, d'autant que la malicieuse avait laissé imaginer un changement un peu radical dans sa coupe de cheveux en lançant un mystérieux : " Bye Wiebke, Hello Sinéad " sur son compte Instagram. Je savais depuis que ce n'était là qu'une déclaration d'intention, néanmoins le sujet demeurait brûlant.

Breaking news!Breaking news!

Avec son enthousiasme et sa fraicheur habituelle, la jeune femme m'avoua qu'elle était à deux doigts de se faire la tête de Sinead O'Connor, que, au dernier moment elle avait eu le trac, mais que depuis l'idée se faisait de plus en plus présente à son esprit.

Personnellement je ne suis pas du genre à décourager ce style d'envie, cependant il faut être honnête et étudier les arguments avec la plus grande objectivité. Wiebke est jeune, belle et la tête bien faite, si elle ne cède pas à cette envie maintenant ce n'est pas à 40 ans qu'elle le fera.

Pourtant je sentais bien que même si j'avais chipoter, sa décision était sur le point d'être prise. Reste que ma british amie ne connaissait pas à Montpellier de coiffeur capable de réaliser son désir...

Je ne suis pas non plus, du genre à laisser une amie avec ce genre de problème sur les bras. Ni une ni deux, nous sommes parti bras dessus bras dessous dans les ruelles de la ville pour rejoindre le salon de mon coiffeur préféré.

Pas question bien sûr de passage à l'acte mais juste la découverte du lieu, vintage à souhait et la rencontre avec Régine, désignée exécutrice de la noble tâche.

L'adorable Wiebke, toujours aussi enthousiaste, ne cessait de chambouler ses mèches blondes, tentant, en les relevant, de se faire une idée, sans doute pour la millième fois, de sa tête avec juste 1/2 cm de cheveux.

L'affaire fut conclue.

C'est donc très bientôt et en exclusivité pour Les Femmes aux cheveux courts que Wiebke pourra cette fois affirmer: " Bye Wiebke, Hello Sinead! "

Breaking news!
Lire la suite

A une femme

23 Janvier 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés

A une femme

Enfant ! si j’étais roi, je donnerais l’empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
Et ma couronne d’or, et mes bains de porphyre,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !

Si j’étais Dieu, la terre et l’air avec les ondes,
Les anges, les démons courbés devant ma loi,
Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
L’éternité, l’espace, et les cieux, et les mondes,
Pour un baiser de toi !

Victor Hugo

Photo: Paolo Roversi

Lire la suite

L'après midi de Julie

18 Janvier 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Quartier Libre, #Divers & variés

L'après midi de Julie

Quand on voyage, qu'on a une âme d'aventurière et qu'on a pas peur d'aller à la rencontre des autres, on se projète sans vraiment penser aux détails, jusqu'à ce que le quotidien vous les rappelle... Et quand on est une femme aux cheveux courts, ce n'est pas un détail certes, mais arrive un moment où il faut mettre la main sur un bon coiffeur.

Lorsque Ju est arrivée dans ma grande ville du Sud, ce rappel des détails commençait à se faire méchament sentir et le besoin d'une coupe de cheveux lui aussi...

Charitable comme je suis, je n'ai pas hésité longtemps avant de lui donner LA bonne adresse pour se faire couper les cheveux à Montpellier, mon coiffeur.

L'après midi de JulieL'après midi de Julie

Venue de son Nord natal et dans la région pour plusieurs mois, Ju ne semble craindre, rien ni personne. Les voyages ont formé sa jeunesse, de Londres à Los Angeles et de Lille à Montpellier, ce qui, je le sais, ouvre l'esprit bien plus largement que le reste.

Alors donc, ce samedi frais mais ensoleillé, je l'ai guidée dans les ruelles animées de la ville, jusqu'entre les mains expertes de Régine, à qui elle s'est confiée après avoir exprimé ses désirs...

L'après midi de JulieL'après midi de JulieL'après midi de Julie

Envie de légèreté, d'oreilles bien dégagée et de nuque fraîchement taillée, Régine a su comme d'habitude, capter l'envie de Julie, tondant par ici, desépaississant là et taillant une coupe boyish à souhait selon le style qu'elle affectionne.

Une demi heure et une poignée d'euros plus tard, Julie sortait de là comme après une cure de vitamine, rayonnante, visiblement satisfaite de son allure et de ce premier rendez vous dans un salon "pour hommes"

L'après midi de JulieL'après midi de Julie

Habituellement, 99% des jeunes femmes, à cet instant, passent la main sur leur nuque tondue et affichent un sourire de contentement qui me ravi. Eh bien Julie est le 1% restant. Sa préoccupation à elle se trouve dans la mèche qui balaie son front... et rien d'autre. Non, si, elle est contente, très contente même, du reste, mais son truc c'est la masse de cheveux au dessus et sur son front... C'est comme ça!

Admirable Julie, pleine d'audace et de détermination, capable de s'aventurer dans une ville inconnue, confier sa tête à une personne toute aussi inconnue ( mais recommandée ) et qui avoue devant une boisson chaude manquer de confiance en elle... Admirable je vous dis!

L'après midi de Julie

Merci pour ce moment... 

Ksalon, 6 rue du Petit St Jean, Montpellier

Photo: Myself

Lire la suite

Une histoire américaine

13 Janvier 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés, #Quartier Libre, #gayfriendly

Une histoire américaine

Une histoire qui pourrait bien être d'ici, ou d'ailleurs...

Lorsque j'ai rencontré "virtuellement" Kylei, j'ai d'abord été frappé par la ressemblance que je lui trouvais avec mon amie Sab. Elle était à mes yeux une sorte d'icône américaine, blond californien, machoire carrée, allure saine et sportive, je pouvais l'imaginer cheerleader de son collège durant son adolescence, populaire et courtisée.

Une histoire américaine

Parcourant les photos de son album, cette idée se confortait. J'avais cette impression revigorante que la jeune femme avait découvert sa vraie nature en coupant ses cheveux et s'épanouissait ainsi, enfin fidèle à elle même.

Pourtant, la discussion avec Kylei allait m'apprendre une réalité un peu différente...

Depuis toujours la jolie blonde aux cheveux longs est un vrai tomboy, au plus profond d'elle même. Pourtant, elle joue le jeu auquel on l'invite, fréquente les garçons, puis s'installe avec l'un d'eux. Le couple voit la naissance d'un petit garçon et la vie de Kylei semble toute tracée...

Mais la nature est toujours la plus forte et bientôt cette vie d'artifice devient insupportable. C'est un homme qui mûri dans le corps de la jolie blonde, le garçon qu'elle a toujours été.

Une histoire américaine

L'affrontement est sévère lorsqu'elle révèle à son entourage son homosexualité. Rejetée, menacée, privée de son enfant, Kylei va sombrer dans une vie de paria et devoir se battre. Elle peut compter pour cela sur le soutien de ses amies, mais aussi du pasteur de sa paroisse qui contre toute attente, l'aide et lui apporte un soutien moral... L'Amérique et ses paradoxes.

Une histoire américaine

A la manière d'un conte, le soleil revient dans la vie de Kylei. Elle a depuis longtemps coupé ses cheveux et jeté ses robes. Elle retrouve un job dans les espaces verts, à Virginia Beach, un appartement avec vue sur un lac au bord de l'océan, l'amour auprès de Cierra qui bientôt l'épouse et bien sûr son fils de huit ans qui vit aujourd'hui avec ses deux mamans.

Dorénavant Kylei assume ce rôle masculin. Elle a bien sûr envisagé d'aller plus loin dans la transformation chirurgicale, mais elle pense avant tout à son fils qui lui ne voit en elle que sa maman. Alors elle conjugue. D'ailleurs sa coiffeuse persiste à lui faire payer sa coupe au tarif femme... jusqu'au jour où Kylei ira pour ça dans un barbershop!

Une histoire américaineUne histoire américaine
Une histoire américaineUne histoire américaine

Merci Kylei Cook pour ta confiance... Et pour être une femme aux cheveux courts, déterminée et authentique.

Son Facebook

Lire la suite

Les gens sont bizarres.

3 Janvier 2015 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés

Les gens sont bizarres.

Madame Triplon semblait au bord du désespoir. Elle racontait presqu'en ayant des sanglots dans la voix que sa fille, sa jolie petite princesse avait tellement changée qu'elle soupçonnait l'influence d'une secte. Intrigué j'ai prêté une oreille à ses lamentations, moi qui d'habitude ne suis pas très compassionnel.

Le Bonne Femme racontait comment, depuis des années maintenant, sa fille rechignait à mettre les robes qu'elle lui achetait, comment elle se détournait d'elle et des choses de la maison...

Comme elle voyait que je semblais attentif, elle me pris le bras et j'ai senti que l'ultime révélation allait se faire à ce moment.

En effet, ce qui pesait lourd sur la patate de la dame, ce qui avait déclenché toute cette détresse, c'est que, comme un achèvement, un coup de grâce, sa fille, sans même lui demander, avait coupé ses cheveux. Ses beaux cheveux qu'elle même prenait tant de soins à brosser, dans le temps, ses cheveux longs et merveilleux qui étaient l'emblème de sa féminité, qui la faisaient si belle et la rendaient si désirable.

Evidemment, cette révélation me consternait. J'attendais un scoop, l'affaire du siècle et déjà j'imaginais comment préter main forte à cette famille dans le désespoir face au kidnaping intellectuel de leur enfant... Et voilà que la mémère se désespère simplement parce que sa fille a décidé d'être elle même et de s'affranchir du joug maternel.

Cette fois la vieille pleurait presque, comme si sa fille était morte. " Mais rendez vous compte mon "pauvre monsieur" qu'elle s'est quasiment rasé la tête!" Autant dire que je n'étais pas dupe. Déjà mécontent d'être traité de "pauvre" par la mégère, je n'avais plus aucune empathie pour son malheur et aurais été heureux à ce moment de rencontrer la jeune fille pour l'assurer de ma plus profonde sympathie.

Comme je tentais de faire entendre raison à la mère éplorée, lui expliquant que sans doute la prunelle de ses yeux jugeait qu'il était temps pour elle d'exprimer sa personnalité (qui avait dû bien souffrir de l'étouffement d'une mère si abusive) et que plus que tout, cette coupe de cheveux était le signal de son indépendance. La mère cessa de sangloter, releva le menton, fronça les sourcils et la bouche déformée par le mépris me lâcha : " Monstre!"

Comme quoi... une fois encore j'aurais mieux fait de m'occuper de mes affaires.

Photo: Lucas Passmore

Lire la suite

Invincible

30 Décembre 2014 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés

Invincible

Dans les ténèbres qui m'enserrent
Noires comme un puit où l'on se noie
Je rends grâce aux dieux, quels qu'ils soient
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances
Je n'ai ni gémi ni pleuré
Meurtri par cette existence
Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l'ombre de la Mort
Je ne sais ce que me réserve le sort
Mais je suis, et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin
Nombreux, les châtiments infâmes
Je suis le maître de mon destin
Je suis le capitaine de mon âme

 

William Ernest Henley ( 1843-1903 ) - Invictus

Photo: Axel Bruniau

Lire la suite

Confession, ou l'histoire d'Ophélie

28 Décembre 2014 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Divers & variés, #Quartier Libre

Ce n'est pas vraiment un Quartier Libre, c'est plus que ça!

Ophélie m'a livré ce récit hier. C'est à la fois poignant et terrible, amusant et douloureux... émouvant.

J'ai hésité à le mettre en ligne d'un seul bloc et puis je me suis dit que cette histoire méritait bien qu'on se pose 5 minutes, pour lire et réfléchir.

Confession, ou l'histoire d'Ophélie

Il y a des histoires sur le visage de chaque femme. Des mots que l'on peut parfois lire, accrochés aux mèches, qu'elles soient blondes ou brunes, rousses ou grises. La mienne, mon histoire, elle fait aussi directement parti de ces cheveux-catalyseurs. Laissez moi vous raconter, avec mes mots, ce que vous avez sans doute pu, un jour, si vous m'avez croisé, deviner au travers de mes boucles brunes.

Selon ma mère, je me suis toujours coupé les cheveux, petite. La fois la plus marquante fut celle où, âgée de 6 ans, je m'appliquais avec soin, sur le crâne et sur les sourcils, une lotion épilatoire. Durant quelques semaines, raconte maman, j'étais ainsi cette petite fille reconnaissable à la garderie, car j'avais des trous et des touffes éparses sur le crâne. Je ne me souviens pas de cela, pas plus que des commentaires désobligeants qu'à du essuyer ma maman.

Je me souviens en revanche de mon parcours de vie. Pas vraiment sexuée, sans genre jusqu'à très longtemps, j'étais cette enfant qui voulait les rôles masculins, et qui très tôt, avait une conscience nette de la distinction entre le garçon et la fille. D'une éducation très riche et très intelligente, ma mère ne m'a jamais enseigné que le rose était pour les filles et le bleu pour les garçons. Néanmoins, j'ai eu les cheveux longs longtemps, sans pour autant me considérer comme « fille ». J'étais Simba, j'étais Aladin, j'étais Balto. Car j'avais la sensation, enfant, que les filles étaient ces être caricaturées auxquelles je ne ressemblais pas. Avec mes yeux bleus-verts et mes boucles au milieu du dos, on me disait que j'étais jolie. Avec mes pantalons troués et mes chaussures recouvertes de boue, on me disait que j'étais ignoble, et qu'une fille ne devait pas faire cela.

Je me souviens que mon père, alors que j'avais onze ans, m'a regardé dans les yeux, et m'a dit, à l'instar d'une menace soufflée : « A quatorze ans, tu ne grimperas plus aux arbres : tu t'intéresseras aux garçons. »

J'en ai souri.

C'est simplement resté dans un coin de ma tête.

A quatorze ans, sachez-le, j'émerveillais mes petits frères en escaladant les sapins et les bouleaux.

Ma « féminité » a subi son premier coup lorsqu'un jour, après un choc particulier, je me suis coupé au ciseau toute une moitié du crâne. J'allais au collège, en vélo, j'étais en cinquième, et en chemin, j'avouais à ma meilleure amie mon acte, le casque sur ma tête lui cachant le spectacle. Étonnamment, je me souviens, au milieu de la honte de l'appréhension, une espèce de satisfaction à avoir effectué cet acte. Cet « interdit sociétal ». En entrant en classe, je me souviens du silence de stupéfaction de mes camarades. Je me souviens du rire gras de cette fille que je détestais et qui me détestais. Je me souviens de ses moqueries, mais surtout de l'incompréhension des élèves, qui venaient me voir, ou pas, et des questions. J'avais mes cheveux longs d'un côté, et courts de l'autre. Ça jasait dans les cours de récréation. Presque une semaine plus tard, ma mère, ne supportant plus mon esthétique dissymétrique bâclée, a coupé la moitié longue de mes cheveux, pour tenter d'obtenir un résultat égalisé. A cette période, le fait d'avoir les cheveux courts n'était pas plus qu'une simple idée de distinction. Être l'extra-terrestre du collège ne me dérangeait pas, et avoir les cheveux courts était un moyen comme un autre d'affirmer aux autres que j'existais : ce n'était qu'une pierre de plus. Je n'y accordais pas d'attention.

Mes cheveux ont repoussés. Mon corps, mon esprit aussi. La puberté, la fin du collège, les problèmes de vie. Mon envie, parfois, d'être attirante. La compréhension, -le tout début, du moins-, de l'idée d' « être née femme ». Les seins, les règles … les cheveux longs. J'accordais, à ce moment là, de l'importance à ces boucles. Entre temps, j'étais déjà passé par les mèches, les couleurs (au moins 5 durant le collège), les chignons, les tresses et les queues de cheval. Mais, jamais vraiment satisfaite, je me fixais dans le miroir sans me reconnaître. Mon visage n'était pas le mien, et les mèches qui l'encadraient n'étaient jamais là où il le fallait. Je ne correspondais pas à ce que je voulais être. Je n'ai jamais été une de ces filles qui soupirent devant les model photoshopée des magazines. En revanche, combien de fois n'ai-je pas, en silence, admiré mes camarades de classes aux visages et aux coiffures si adaptées à ce qu'elles étaient.

J'ai mis longtemps avant de me trouver.

Suite à une dispute générée par une dite thérapie familiale, je me suis un jour enfermé dans la salle de bain. En m'emparant d'une tondeuse, je me suis fait un undercut. Le résultat était sympa, je m'en rends compte avec le recul. Mais à ce moment là, de voir mes cheveux tondus, malgré tout le reste de la longueur que j'avais encore, j'avais la sensation de m'être défigurée. De m'être cassée. D'avoir touché le fond au niveau de la laideur de mon apparence. Quelques temps après, je me suis coupé le reste des cheveux, en une sorte de bol long et irrégulier, et j'ai teins mes cheveux en noir. Mon humeur était basse.

Et à ce moment là, les gens ont commencés à me faire des remarques surprenantes. « Tu es jolie ! », « Ça te va bien cette coiffure ! », « Mais ça va super bien avec ton visage ! » « Oh, t'étais jolie avant, hein. Mais cette coiffure là te va vraiment bien ! ». Des compliments, spontanés, qui venaient de partout. Même de mon chauffeur de bus, qui, en me voyant rentrer du collège, m'a ainsi salué, en me disant qu'un visagiste n'aurait pu faire mieux.

J'avais seize ans, et j'ai commencé à me trouver jolie.

A dix sept ans, j'entretenais donc cette coupe « courte ».

Et puis, la nuit du 7 au 8 mai 2012, alors que je sortais de mon entraînement de karaté, un homme de 43 ans, en vélo, vers 23h, a trouvé lui aussi que j'étais jolie, et a tenu à me le faire savoir à sa façon.

Je n'ai pas été violée, ce soir là.

Je me suis battue, dans le but de le tuer, et la police est intervenue rapidement. Certains disent que j'ai eu de la chance. Moi, je sais que c'est parce que je voulais vivre. Vivre en tant que personne, avec le regard levé, et non en tant qu'individu, en tant que victime, en tant qu'être détruit.

Mais cette semaine-là, après l'hôpital et le poste de police, a été difficile.

Je me suis coupé les cheveux, encore. Plus courts.

Mais cette fois, c'était par souffrance, par besoin de décharger.

Le résultat était ignoble. J'avais des trous visible au milieu des cheveux, des mèches plus longues que d'autre, et j'entendais les commentaires que les amis de ma mère marmonnaient dans mon dos. Ayant arrêté l'école à ce moment là pour faire le CNED, je n'ai pas subi le regard des adolescents sur moi. Il n'y avait que le mien, le matin, quand je me levais, et que je me regardais dans le miroir. L'idée d'être jolie a disparue. Ne restait que ce constat amer d'avoir un champs de bataille au dessus du front : un champ de bataille sur lequel était établie la difficulté de la vie.

Et puis, petit à petit, ils ont repoussés. Tout allait bien. J'ai eu 18 ans.

Quelques jours après ma majorité, j'ai proposé à une connaissance Internet de venir crécher chez moi. Il n'avait pas très envie de se payer un hôtel, et je lui rendais service de cette manière. Il avait 5 ans de plus que moi, et une maîtrise martiale plus poussée que la mienne. Est-il nécessaire de préciser que, étant un homme dans la force de l'âge, il était impressionnant par son corps ?

J'étais seule à la maison, ma mère n'étant pas au courant que je proposais à un homme adulte de venir dormir chez moi.

Il m'a fait des avances, que, puérilement, j'ai repoussé. Il est allé dans la chambre d'un de mes frères, tandis que je dormais dans le lit maternel. A un moment de la nuit, il a frappé à la porte, et est entré, à demi nu. Je l'ai fixé, je lui ai dit de sortir, et il s'en est allé.

Quelques heures plus tard, je me suis levé sans un bruit, et je suis allé dans la salle de bain.

Quand il s'est réveillé le matin, il s'est figé devant mon crâne à blanc. Je me suis rasée, complètement. La sensation de mes doigts sur ma peau, nue, était aussi terrifiante qu'impressionnante. Je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça. Mais je l'avais fait. Je l'assumais.

Quelques jours plus tard, j'annonçais à cet « ami » que je ne voulais plus jamais entendre parler de lui. (Notez, d'ailleurs, que ce matin-là, une de ses réactions face à mon crâne blanc, a été de dire que je lui faisais penser aux nazis, et aux femmes que l'on tondait pour avoir « couché avec le Bosch ».)

Cela a été très dur à encaisser pour ma mère. Elle n'a pas supporté. Elle m'a acheté une perruque, elle m'a forcé à la porter tout le temps, même à la maison. Je suis passé par des périodes de honte, de provocation, de déprime, de remise en question … Ça n'a pas été des plus facile.

Mes cheveux ont repoussés, petit à petit. En septembre, je suis retourné dans un établissement scolaire, pour faire ma Première. La directrice-adjointe de mon établissement m'avait rencontré, et devant elle, j'avais ôté ma perruque. Mes cheveux, à ce moment là, mesuraient 2/3 cm. Elle m'a dit « Assume toi, tu es belle. ». Ces mots m'ont permis d'aller de l'avant : car elle était une femme que je ne connaissais pas, qui ne me connaissait pas, et qui pourtant, m'offrait un jugement valorisant de moi-même.

Je suis entré en Première, avec deux ans de retard sur mes camarades. Sans perruque, mais avec un bonnet pour les intercours. Durant les cours, pendant les deux premières semaines, je suis resté cette fille un peu à part, qui refusait de rejoindre les autres. D'un, parce que je n'aimais pas l'idée de me mêler à des gamines de seize ans alors que j'en avais dix huit, et de deux, parce que j'avais peur, parce qu'avec mes cheveux courts, et mes différences, je ne connaissais pas autre chose que l'isolement. Et pourtant, ces filles de la Première L ont fait des efforts incroyables. Elles sont venues me voir, elles ont osés dépasser mes regards glacés et mes commentaires secs à leurs propos. Elles sont venues, elles m'ont parlés, et elles m'ont intégrés. Et j'ai découvert le fait formidable d'avoir des liens avec mes camarades de classe.

Pourtant, et c'est sans doute normal, j'ai remarqué qu'il y avait cette espèce de rumeur. Un garçon, d'une classe de S, était venu m'avouer, que certaines filles de ma classe pensaient que j'avais eu une expérience de la chimio ; en plus de mes cheveux courts, j'ai une cicatrice d'escarre sur l'arrière de la tête, ce qui créée comme un creux derrière mon crâne. L'idée du cancer était facile.

J'ai pris la parole devant la classe, avec la permission de mon professeur principal, et j'ai expliqué que, après avoir affronté des hommes qui n'ont que trop voulu me considérer comme un objet, j'ai cherché à me dénaturer, pour ne plus attirer le regard. Il y a eu un silence, et puis quelqu'un, à l'arrière de la classe, a applaudi, et j'ai fait face à une ovation, dont j'étais le sujet.

De signe astrologique lion, je me suis toujours escrimé pour être une battante, une lionne au regard qui porte loin. Mais à ce moment là, face à des jeunes qui ont applaudi pour me soutenir, je me suis senti tellement soulagée, tellement acceptée. Je n'ai plus eu besoin de me battre : on m'acceptait tel que j'étais.

Mes cheveux ont repoussés. En presque deux ans, j'ai pu passer par de nombreux niveaux capillaires. Je les ai laissé assez pousser pour avoir une frange : j'ai coupé. Car je me suis rendu compte que ce qui me va vraiment, ce qui me définit, ce sont ces mèches courtes qui flirtent à peine avec mon front. Ces mèches courtes qui me font assumer mes rondeurs, et qui mettent mon visage en valeur. Ces mèches courtes que la femme que j'aime a pu saisir entre ses doigts et les tirer, pour venir poser sa bouche contre la mienne. Ses doigts dans mes cheveux courts sont une sensation que je n'oublierais pas. Que je ne peux pas oublier. Quand elle se penche sur moi et qu'elle me dit « Tu es belle, coupe toi les cheveux », avec un demi-sourire, je ne me dis pas « Je me coupe les cheveux pour elle ». Pas seulement. Je me coupe les cheveux parce qu'aujourd'hui je me trouve belle, j'ai trouvé l'amour, et qu'il y a milles mots qu'elle m'a soufflé dans les mèches. Des mots à moi, à elle ; une histoire à nous qui est accrochée dans mes cheveux.

Et quand je coupe mes cheveux, je cultive cette histoire.

La mienne.

Lire la suite
<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 > >>