C'est sa façon à elle
Et puis un jour, elle a eu envie d'aller un peu plus loin, d'accentuer le trait. C'était pas une lubie. Elle a toujours été comme ça, nature, un peu brut de décoffrage. Les artifices, les faux-semblants et les manières c'est pas tellement son truc. Pourtant, quand on la connait, on lui trouve cette douceur qui ne va qu'aux femmes, une sorte de délicatesse naturelle, une fluidité féminine...
Si elle s'habille avec des vêtements masculins, c'est juste parce que c'est plus fonctionnel, plus confortable. Elle le fait avec élégance et raffinement, voilà tout.
Mais quand elle a demandé à sa coiffeuse de lui couper les cheveux plus courts, elle a senti du désarrois dans son regard, comme si la coupe au carré habituelle était déjà pour elle une limite atteinte. Plus court? Mais comment, avec les oreilles dégagées... tout ça? Ohlala, mais ça va faire trop ... masculin.
Masculin, féminin, genre humain...
Elle a cherché plus loin, hors de ses habitudes, pour trouver le coiffeur qui coiffait le genre humain. Elle a aimé la fraicheur de sa nuque rasée et la minutie de son tour d'oreille. Personne n'a cherché à faire de la coupe qu'elle désirait quelque chose de "féminin". Elle voulait les cheveux courts comme ça. C'est tout.
Surprise, en sortant de là, elle n'avait pas changé de sexe. Elle avait simplement fait un pas de plus pour se rapprocher d'elle même, toujours fluide et féminine, avec cette douceur qui ne va qu'aux femmes...
Photo: Jo Jackson by Niel Danvers
Mais qu'est-ce qui m'arrive?
Il m'est arrivé, après quelques verres d'alcool de qualité, d'imaginer qu'un jour ce blog deviendrait célèbre, qu'il ferait référence et qu'on en parlerait dans les médias... Et puis le lendemain en chassant le troupeau de mammouths qui courait dans ma tête, je chassais également cette idée un peu saugrenue et reprenais le cours de mon existence, normale.
Néanmoins, dans ces périodes de délire, je trouvais amusant de passer en revue les meilleurs arguments pour expliquer ma démarche, le pourquoi et le comment, sans tomber dans une auto-psychanalyse de bazar qui aurait vite fait de me faire considérer comme un vulgaire névrosé maniaco-obsessionnel. Et puis au bout du compte, je renonçais, faisant valoir qu'on était pas toujours obligé de donner une explication à tout et encore moins de justifier ses travers.
Or, voilà pas que pas plus tard que lundi dernier je reçois un message sur la page FB du blog:
Bonjour, je suis journaliste et j'anime le magazine de l'après-midi de Sud radio. Le 19 octobre, à 15h, en direct, nous allons parler d'être belle autrement. Je suis tombée sur votre blog, que j'ai trouvé vraiment super et j'aurais adoré vous interviewer en direct par téléphone. Voici, mon numéro: 06..... A très vite! Isabelle BRES
Bon, je veux pas faire le blasé, mais en général, je suis un peu méfiant vis à vis de ce genre de démarche où finalement on ne cherche qu'à me vendre un abonnement à un magazine ou on pense que mon blog se classe dans la rubrique beauté-santé.
Cependant, comme je suis d'un naturel curieux, je cherche qui est Isabelle Bres, qui outre qu'elle soit une journaliste connue pour avoir animé plusieurs émissions sur TF1 ( ce qui explique sûrement pourquoi je ne la connaissais pas ... ) et être la fille de Pierrette Bres qui fût elle aussi journaliste spécialisée en tout ce qui touchait le cheval mais surtout une des rares à son époque à "oser" les cheveux courts à la télévision, est elle même une charmante jeune femme aux cheveux courts, ce qui déjà est pour moi un gage de bon augure...
Alors voilà! Nous y sommes. Here we are! Les Femmes Aux Cheveux Courts passent à la radio, Sud Radio précisément, dans l'émission qu'anime Isabelle Bres quotidiennement de 15H à 17H. Et ce sera lundi 19 octobre à partir de 15heures justement.
Alors j'aime autant vous dire que depuis, le roi n'est pas mon cousin et que je suis un peu fier de l'audience que pourra avoir le blog pendant ces quelques minutes de célébrité.
( Youpiiii! )
Je fais ce que je veux
Sans aucun doute, il s'agit d'une tendance qui, comme toutes les tendances, finira par laisser la place à une autre. Mais n'empêche, il y a un véritable engouement pour le style et il faut bien l'avouer, ça vous a une sacrée allure quand on aime jouer avec les genres. Ça ne va pas à tout le monde, c'est vrai... Mais comment vraiment savoir, si on essaie pas?
Oh et puis ça fait longtemps qu'avec ses cheveux courts elle n'a plus envie de se justifier. D'ailleurs elle serait bien en peine d'expliquer ça, cette sorte d'excitation, ce trouble qu'elle ressent en s'imaginant bientôt dans ce fauteuil de barbier, un peu intimidée, entre les mains du beau gosse là, celui qui a les bras couverts de tatouages, ou la fille, celle qui semble tellement cool... Elle sait bien que là on ne lui posera pas de question, on hésitera pas, on ne la jugera pas et on n'essaiera pas de la convaincre que "ce n'est pas assez féminin". Au contraire. On va s'appliquer à lui faire cette coupe qui lui fait envie, tondre sa nuque jusqu'à la peau, fondre le dégradé si finement qu'on aura le sentiment que c'est naturel, harmonieux, lui donner cette allure trouble et sans genre en alliant à la finesse de ses traits cette coupe d'un jeune homme des années 30. Alors oui bien sûr cela l'excite, lui donne le trac aussi, parce que jamais elle n'aura eu les cheveux aussi courts...
Pourtant ce n'est pas un caprice de mode, la mode elle s'en fiche. Elle sait juste qu'elle est de ces femmes qui n'ont pas peur d'explorer leur image jusqu'à tendre au plus près de leur caractère, se tenir au milieu du miroir, ni devant ni au delà, effacer le genre sans renier sa nature. Enfin ne rendre compte qu'à elle même...
Et à présent elle a hâte d'y être.
Modèle: Molly McGibbon
Pendant que j'y suis
Peut être que, comme moi, vous vous êtes posé un jour la question de savoir si les mannequins pouvaient faire ce qu'elles voulaient avec leur cheveux, les couper, les colorer comme ça leur chantait.
Moi, naïf comme je suis, j'ai toujours pensé que dans ce métier là, il suffisait d'être assez audacieuse pour oser se démarquer des autres et ainsi tirer son épingle du jeu en sortant du troupeau, à l'image de Elliott Sailor qui décide de sa coupe "masculine" pour relancer sa carrière, ou de celle qui voit sa carrière exploser après s'être carrément fait tondre... Eh bien non!
Ma récente rencontre avec Agata Descroix m'a permis de lui poser cette question fondamentale:
Y a-t-il un marché pour ce look? Vais-je travailler plus? Combien de filles y a-t-il avec ce look? L'agence doit organiser des sessions photos pour renouveler le book et remanier la mise en page et les données des composite cards (nos cartes de visite). C'est une décision qui les fait travailler plus et ça doit rapporter au bout du compte.
Il y a des mannequins pour qui ce n'est pas un problème, et elles apparaissent à l'agence avec de nouveaux tatouages, une frange ou un look différent. Mais de mon côté, je n'ai jamais osé faire quelque-chose sans qu'ils le sachent, à part peut-être mes piercings, mais ils s'enlèvent et sont plutôt discrets.
Comme quoi, dans ce monde merveilleux fait de rêves et de paillettes, le patron c'est toujours l'argent.
Pourtant la conclusion revient un peu à ce que j'imaginais au début. Avoir de l'audace, ne pas craindre les foudres de son agence ( et des autres en général ), faire confiance à son instinct ou à son envie pour être pleinement bien dans sa peau, bref! Être soi même... ça paie toujours.
Photo: Lekart Hairdressing, Bratislava
Bonne pioche
Dans la famille " Queer models " il y a Erika, Elliott, Casey... et peut être quelques autres. Moi je voudrais Agata. Oui comme ça, sans h. C'est franco-italo-espagnol.
Agata Descroix est devenue mannequin à 28 ans quand toutes ses consoeurs en ont 17 ou 20. Mais avec du tempérament et une maturité affirmée, il a suffit d'une coupe de cheveux pour révéler sa vraie nature. Pour Les Femmes Aux Cheveux Courts, elle a gentiment accepté de répondre à quelques questions...
« Agata, tu es connue aujourd’hui pour être dans cette tendance des mannequins androgynes. Un style naturel que tu as accentué définitivement en adoptant les cheveux courts.
Est ce que c’est une envie qui remonte à loin ou un choix professionnel?
"L'envie remonte à très loin et c'est elle qui a influencé le choix professionnel. A mes 14 ans, je m'habillais de façon très androgyne, avec des vêtements de skater et un look sportif. C'était le début. J'ai toujours eu beaucoup de mal à me sentir d'un seul côté, ou masculin ou féminin. J'étais plus grande, plus musclée et plus maladroite que mes camarades de classe. J'étais peu aimée à l'école et j'avais tout un monde intérieur et une imagination très fertile. Régulièrement, je m'imaginais plus tard dans la vie; je me rêvais grande, mince et musclée, traversant en rollers de grandes avenues à une vitesse vertigineuse, les cheveux très courts en mohican et décolorés en blond (l'idée du blond m'est passée très vite car j'aime beaucoup ma couleur naturelle).
C'est au Chili que l'envie est devenue insupportable. Lors d'un shooting, le photographe est venu avec une fausse frange. J'ai mis la frange sur ma tête, comme si c'était une crête de punk, et je me suis vue pour la première fois comme je voulais être. C'est à ce moment que j'ai commencé à considérer l'idée sérieusement.
La toute première fois qu’on t’a coupé les cheveux, c’était quand?
Je me rappelle très bien d'une coupe de cheveux que j'ai eu à mes 11 ans. C'était la première fois que j'allais chez le coiffeur, ma première vraie coupe de cheveux! Je n'avais pas trop apprécié l'expérience mais le résultat était incroyable. Je voulais me sentir plus féminine, plus parfaite, plus à l'image que voulaient de moi mes parents et mes grands-parents. J'ai opté pour un carré court super féminin et la coiffeuse m'a fait un brushing. J'étais en extase. Mes cheveux étaient lisses alors qu'ils avaient toujours été très crépus et électriques. Je jouais à la petite dame, et je passais le peigne des milliers de fois dans mes cheveux parfaits... Je n'avais pas un seul soupçon que ma crinière indomptable, de nature frisée, allait revenir au naturel. Trois jours plus tard, j'étais en pleurs.
Ma vraie première coupe très courte a été un échec cuisant aussi. En 2013, je suis allée chez un coiffeur Japonais très très connu dans le monde de la mode. Mon agence de mannequin me permettait d'avoir des coupes de cheveux gratuites avec lui si je laissais simplement un pourboire. Ce charmant coiffeur n'a rien compris à mes désirs et m'a fait une coupe et un brushing qui me donnaient l'impression d'avoir 10 ans de plus que mon âge. Les suivantes (faites par un autre coiffeur) ont heureusement récupéré les dégâts.
Quelles ont été les réactions autour de toi et dans le milieu professionnel?
C'est étrange comment les gens peuvent être contradictoires parfois! Tout le monde me dissuadaient de me couper les cheveux courts. Mes copines mannequins me criaient presque dessus en me disant que j'allais être horrible et que j'allais ressembler à un garçon. C'est toujours très délicat de parler d'une idée à quelqu'un. En disant que je voulais couper mes cheveux courts, les gens réagissaient violemment, comme si je leur demandais de couper leurs propres cheveux!
Seuls les coiffeurs professionnels approuvaient l'idée. Ils me disaient tous qu'un pixie m'irait très bien.
Et puis, j'ai franchi le pas et j'en ai profité pour complètement changer de style vestimentaire, pour m'habiller comme j'avais réellement envie, sans me préoccuper de ce que penseraient les clients. J'avais l'impression d'avoir "joué à la fille très féminine" depuis trop longtemps. Je sentais vraiment que je jouais un rôle.
Du coup, sûrement pour la confiance que j'ai récupérée par ce biais, la réaction des gens a été très positive. Tous les gens autour de moi ont été incroyablement surpris et unanimes. "C'est vraiment toi!" j'entendais constamment. Je ne sais pas si tous les commentaires ont été sincères, mais je me suis dit que j'avais au moins l'avantage de me plaire à moi-même.
Depuis, est ce que tu as été sollicitée pour laisser repousser tes cheveux?
Une seule fois on m'a demandé d'avoir les cheveux plus longs. J'ai mis fin à ma carrière, cette année, après avoir travaillé à Milan. J'étais avec une super agence, les gens qui travaillaient avec moi m'appréciaient beaucoup et j'ai terminé la saison de façon décente! Mon booker m'a prise à part dans la salle de réunion de l'agence et m'a dit:
"Agata, tu as un style très androgyne, mais tu plais à Milan. Tu pourrais beaucoup plus travailler. J'ai vraiment envie que tu reviennes et que tu te laisses pousser les cheveux au carré. Comme ça, tu pourrais bien bosser dans des rôles de mamans."
J'ai rarement pris un aussi gros coup de poing émotionnel dans la figure. J'étais venue à Milan pour poser et défiler comme femme et homme, mais on voulait me remettre dans les rails d'une personnalité beaucoup plus féminine (dans laquelle je ne me suis jamais sentie bien), pour me donner un rôle de maman!?
C'est ce commentaire qui m'a poussée à finalement prendre la décision d'arrêter le mannequinat. Il fallait bien, à un moment, laisser tomber tout ça et je crois que ça a été un bon moment.
Qui est ce qui te coupe les cheveux actuellement? Tous les combien?
Le seul coiffeur qui touche mes cheveux s'appelle Abraham (et oui, il était destiné à une renommée biblique!!). Il a un look d'enfer, avec une crête de punk qu'il change souvent de couleur et des tatouages partout.
Il travaille dans une chaine de salons qui s'appelle Estilismo, au Mexique. C'est la seule personne qui a su m'écouter, regarder mes références, comprendre mes cheveux et me faire exactement ce que je voulais. Je vais avec lui lorsque j'ai besoin d'une coupe complète, c'est-à-dire, tous les trois ou quatre mois (mes cheveux poussent très lentement). Pour les retouches, je fais ça à la maison avec une tondeuse.
Est ce que c’est quelque chose dont tu ne pourrais pas de passer aujourd’hui, le fait d’avoir les cheveux courts, la nuque tondue, cette liberté?
Je ne m'imagine absolument pas avoir les cheveux longs une fois de plus dans ma vie. J'ai passé tellement de backstages à pleurer en silence de la douleur des cheveux qu'on tiraille, chauffe, tord, attache, que je ne pourrais plus jamais revenir au passé je crois. J'ai détesté mes cheveux une bonne partie de ma vie. Trop fins, trop mous, trop fragiles, trop légers, trop électriques, ils poussaient très lentement et chaque fois qu'on me faisait une couleur, ils étaient encore plus secs et sans forme qu'avant. Ils ont aussi perdu beaucoup de force avec le temps. La coupe courte est quelque-chose d'addictif. Je ne pourrais plus me passer de pouvoir me faire un shampoing en 23 secondes dans le lavabo, au lieu de passer une demie heure à démêler mes cheveux au peigne dans la douche, avec la moitié de la bouteille d'après-shampoing sur la tête. Me coiffer en quelques instants le matin est quelque-chose qui me donne le sourire rien que de l'écrire... Je ne pourrais plus me passer de m'allonger quelque-part sans me coincer les cheveux de partout, passer ma main sur ma nuque sans me faire des rastas et surtout, surtout... Ça ne vole plus dans tous les sens. Je vois clair et lorsque je fais du sport, je ne suis plus préoccupée de ressembler à une barbapapa après avoir transpiré.
Je ne peux pas vraiment décrire l'impact que ça a eu dans ma vie, car personne ne me croirait... C'est comme si on m'avait ôté un fardeau de 20 kilos des épaules.
Est ce qu’il t’es arrivé de les couper toi même?
Ouiiiii! Et ça n'a pas toujours été un grand succès, mais c'est assez divertissant. Ado, j'ai voulu couper ma frange une fois, et j'ai oublié que les cheveux se rétractent lorsqu'ils sèchent. J'ai donc terminé comme Jeanne D'Arc....
Il y a juste un mois, je me suis un peu confondue dans les sabots, et je me suis trompée de numéro. J'ai terminé complètement tondue sur les côtés et ça m'a fait un coup au coeur. J'étais un mélange entre un moine Bouddhiste et un punk. Héhéhéhé! Mais je relativise toujours depuis que j'ai les cheveux courts. Les cheveux, ça pousse, même s'il leur faut plusieurs mois, et lorsqu'on les a courts, on peut facilement réparer les dégâts!
Est ce que tu as conscience d’être un exemple, un modèle pour beaucoup de femmes qui souvent n’osent pas couper leur cheveux?
En général, je n'aime pas me considérer ou me penser comme un modèle, mais plutôt comme une motivation ou une inspiration pour que les femmes se libèrent et finissent par se voir comme elles ont réellement envie de se voir dans un miroir et dans leur vie. Je pense que suivre un modèle est un peu comme essayer de copier quelqu'un ou quelque-chose sans prendre en compte notre côté unique. Suivre une inspiration ou se motiver pour quelque-chose ou quelqu'un est un système qui permet de réaliser nos propres objectifs, à notre façon.
Deux femmes avec une même coupe de cheveux s'apprécieront différemment, en prenant en considération leurs traits, mais aussi leur personnalité et leur aura.
Comme j'ai supporté durant des années de ressembler à ce que les gens voulaient de moi, je suis très sensible au fait d'avoir la liberté de se ressembler à soi-même. C'est quelque-chose que je souhaite pour tout le monde. Souvent, les autres ne nous aiment pas plus ou pas moins si nous nous coupons les cheveux courts, mais l'amour que nous avons pour nous-même peut changer d'une façon radicale.
Qu’est ce que tu aimerais dire à ces femmes qui t’admirent mais n’osent pas ou ont peur de se couper les cheveux?
Pendant des années et des années, je me suis regardée dans la glace en pensant que ce n'était pas moi.
C'est quelque-chose que je ne souhaite à personne.
J'aimerais dire à toutes les femmes qui n'osent pas se couper les cheveux courts:
"Est-ce que, dans 10, 20 ou 30 ans, tu regretteras de ne pas t'être lancée? Si oui, alors, fais-le maintenant. Si tu n'aimes pas, dans 10 ans, tes cheveux auront repoussé, si tu aimes, dans 10 ans, tu seras heureuse d'avoir pris la décision de le faire."
C'est généralement ce qui motive toutes mes actions. Je me pose les questions suivantes:
"Est-ce que j'en ai vraiment envie?"
Si je réponds oui, alors je me pose la suivante:
"Est-ce que je regretterai si je ne le fais pas maintenant?"
Si je réponds encore oui, alors, je passe à l'action.
Ne pensez pas aux limites. Pensez seulement que l'une des plus belles choses dans la vie, c'est de se réveiller un jour à 70 ans, regarder sa vie, et voir que nous sommes devenues la personne que nous rêvions d'être lorsque nous en avions 16.
Quel est ton sentiment sur l’androgynie?
J'ai toujours eu beaucoup de mal à me sentir complètement masculine ou complètement féminine et l'androgynie définie très bien où je me trouve: un mélange entre ces deux caractéristiques.
Parfois, les gens autour de moi ne comprennent pas bien cette volonté. Ils veulent me mettre dans une case ou une autre. Ça ne me dérange pas trop, pourvu que j'en change constamment. Je ne m'offusque jamais lorsqu'on me prend pour un garçon. Ça me fait rire et parfois me met dans des situations cocasses. C'est quelque-chose que j'ai très fort en moi.
Je suis une vraie spartiate lorsque je fais du crossfit, du kickboxing ou lorsque je décide de prendre quelque-chose en main, mais j'aime aussi me faire la manucure, avoir une peluche sur mon lit et je suis passionnée de cosmétologie. Ma personnalité englobe deux pôles opposés et c'est parfois dur à vivre car beaucoup de gens autour de moi provoquent des barrières à cette fluidité, par des commentaires, des moqueries, ou simplement une volonté de me ranger définitivement dans un tiroir ou un autre.
L'androgynie, c'est la fluidité dans les genres. Un de mes animaux totem est le serpent. Je pense qu'il représente la fluidité et aussi l'absence de sexe défini. J'aime beaucoup ce symbole et j'ai toujours été fascinée par la confusion des genres. Parfois, lorsque je n'arrive pas à identifier le genre d'une personne, sur une photo par exemple, je transforme les adjectifs espagnols qui se terminent par "a" (féminin) et par "o" (masculin) en "é". Je sais que ce n'est pas correct mais c'est ma façon d'en apprécier pleinement la beauté; en y faisant entrer le masculin et le féminin en même temps.
Est ce que tu revendiques cette image de femme androgyne?
Je revendique beaucoup plus la liberté d'avoir une apparence qu'on aime et avec laquelle on s'identifie, que l'androgynie en soi. L'androgynie est quelque-chose que je n'ai pas vraiment choisi. C'est quelque-chose qui s'est imposé à moi. De la même manière que les croyances, le désir de maternité ou l'orientation sexuelle, c'est un paramètre qui fait partie de nous qu'on le veuille ou non. On peut essayer de le combattre, mais on revient toujours au point de départ.
En réalité, je dois avouer que je revendique tout dans la vie, pourvu que chaque personne soit heureuse avec ce qu'elle est et que cette personne n'empiète pas sur la liberté et la sécurité d'autrui.
Si quelqu'un décide de se tatouer complètement des pieds à la tête, ou si une femme porte les cheveux très longs, ou très courts, peu importe la forme, pourvu que cette personne finisse par trouver ce que nous cherchons tous:
Faire la paix avec nous-même."
Un discours plein d'humour et de sensibilité, idéalement dans l'esprit de ces Femmes aux cheveux courts qui font ce blog. Merci beaucoup, grazzie mille, muchas gracias Agata.
Agata Descroix sur Instagram
https://instagram.com/agatacruz/
Photo de couverture: Tzu Reyes Photography
Si tu t'en vas...
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tu m'oublieras
Les paroles d'amour
ne voyage pas
Si tu t'en vas
La mer viendra toujours vers le rivage
Les fleurs sauvages
Dans les blés lourds viendront toujours...
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tu m'oublieras les blessures d'amour
Ne s'ouvrent pas
Si tu t'en vas
La source ira toujours grossir le fleuve
Les amours neuves
Vers les beaux jours iront toujours...
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tout finira
Les choses de l'amour
Ne vivent pas
Si tu t'en vas
La mort vaincra toujours la fleur de l'âge
C'est son ouvrage
Malgré l'amour
Qui meurt toujours...
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Rappelle-toi
Les paroles d'amour
Ne s'envolent pas
Si tu t'en vas
Au-delà de la vie vers la lumière
Où les prières
N'arrivent plus
Elles sont perdues...
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Dans ces coins-là
Nous parlerons d'amour
Comme autrefois...
Si c'est possible!
Texte: Léo Ferré
Photo: Alasdair McLellan
Faut qu'ça change!
Celles et ceux qui s'imaginent que les cheveux courts sont une fin en soi, se trompent. D'abord parce que rien n'est jamais définitif et puis aussi parce qu'il y a plein de manières de bouleverser son image, même quand on a les cheveux courts. Tout est dans le détail.
Un jour blonde, le lendemain fuchsia, ou acajou, ou gris... Pourquoi pas? Quand on ose les cheveux courts, on est bien capable de tenter cela.
Et puis quand on a les cheveux courts, tout est dans le détail. Quelques millimètres, en plus ou en moins, changent parfois bien des choses. D'autres détails par contre, quelque soit le style, demeurent. De la coupe au carré jusqu'à la boule à zéro on peut avoir toujours la nuque bien rasée, juste pour le plaisir...
Et même on peut être confronté à d'étonnants paradoxes. Comme celui de constater qu'on apparait plus féminine en coupant ses cheveux encore plus courts, alors qu'on craignait justement d'accentuer son allure masculine...
La femme aux cheveux courts a beau être une personne déterminée, audacieuse et authentique, elle n'en n'échappe pas moins aux règles du genre humain qui craint parfois de s'ennuyer si rien ne change autour de lui.
Une ou deux choses à dire
Ok! Personne ne considérera jamais que les cheveux courts des femmes soient un sujet de société qui revête une quelconque importance... Soit! Evidemment, si on met ça sur le même plan que tout le reste, ça semble assez futile.
Pourtant, sans vouloir lui donner plus d'importance qu'il n'en a, le sujet n'est pas anodin si on se rappelle qu'il y a moins de cent ans, certains étaient capables de faire un procès à leur gendre parce qu'il avait laissé leur fille se faire couper les cheveux et pire encore, cela pouvait aller jusqu'au drame familial où le mari trucidait son épouse pour la même raison.
Si bien qu'on se dit que depuis longtemps, les cheveux courts des femmes ont toujours été un signal, une façon d'exprimer liberté et indépendance. Aujourd'hui on le ressent moins bien sur, mais il ne faudrait pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps, les femmes devaient demander l'autorisation à leur mari ou leur père pour travailler et la France figurez vous ressemblait de ce point de vue, un peu à ce que nous montrent les pays musulmans avec leur charia aujourd'hui...
Parce qu'en réalité, ce qui dérange le plus les mous du bulbe qui râlent de nos jours en disant que les cheveux courts " c'est pô féminin" et en inventant autant de balivernes de la même veine pour se plaindre c'est juste que les femmes se permettent autant de liberté avec l'image que eux, les hommes, les vrais, les durs, les maîtres, aiment avoir d'elles.
Alors, quoi qu'on en pense, aujourd'hui encore, la femme aux cheveux courts reste un symbole et même si elle ne milite en rien, cette liberté que quelques fois on lui dispute est toujours un acte d'indépendance... Qu'on se le dise!
Photo: Owen Bruce
Le jour du grand jour
Des événements importants, on en a tous, tout au long de notre vie. Certains plus importants que d'autres d'ailleurs. Mais quelque soit la hiérarchie adoptée, chacun est comme une nouvelle étape qui nous fait avancer.
Se couper les cheveux, c'est une chose à la fois, simple, indolore et dérisoire... techniquement.
En réalité c'est toujours un événement, quand c'est la première fois, bien sûr, mais aussi quand on décide enfin d'aller au bout de son envie et de passer outre les avis de l'entourage, qui n'est jamais le dernier pour vous briser à la fois l'élan et le moral.
Cyndel est une graphiste talentueuse, qui s'installe dans la grande ville du Sud pour son boulot, pour son plaisir, pour l'amour, pour la vie quoi!
Nouvelle vie, nouvelle ville, nouvel appartement... nouvelle tête. Elle en a l'envie depuis longtemps, mais comme beaucoup de jeune femme, elle a toujours eu le soucis de ne pas "brutaliser" les mentalités de ses proches, de ses parents, qui déjà lui trouvaient un air de garçon avec ses cheveux courts. Quelle idée!
Alors, comme enfin elle se sent libre loin des regards inquisiteurs, elle se lance! Du très court veut-elle, enfin, pas trop, mais quand même et plus elle y pense plus le noeud lui serre l'estomac. C'est Régine, évidemment, qui va savoir exactement quoi faire. Très court, pas tondu, pas rasé, juste très court.
Cette émotion là, c'est celle des grands jours, celle qui vous fait avancer dans votre propre vie. La petite tête émerge sur son long cou et soudain, tous les avis sont unanimes, tant la féminité de Cyndel est flagrante. Ses cheveux courts d'avant avaient presque fini par la faire oublier.
Elle apparait enfin, le sourire encore timide, cherchant à se reconnaitre... Elle guette chaque reflets, s'étonne de son image, quand tout le monde l'admire, lui trouve un air de Jean Seberg déambulant sur les Champs Elysées avec son t-shirt du Herald.
Alors oui, c'est un grand jour assurément, ce jour où vous réalisez vos envies sans craindre le regard des autres...
Photos: Jeaneg©
Capital
Je me suis souvent demandé ce qui pouvait pousser une femme, au delà de l'enfance et de l'adolescence, à garder les cheveux très longs. Le plus souvent, la réponse que je me fais est que ces femmes là doivent compter sur une sorte de capital, considérant que leur chevelure est l'atout le plus sûr de leur séduction, de leur féminité, de leur jeunesse.... que sais-je? Difficile dans ces conditions de leur en vouloir et loin de moi l'idée de les condamner. Après tout, je bénéficie moi aussi de cette grande largesse d'esprit qui permet de ne pas réprouver mon propre point de vue...
Mais même si je ne juge pas, il me reste tout de même un sentiment de compassion lorsque je considère une femme mûre qui étale sur son dos une chevelure à la grisaille naturelle en prenant une pause à la terrasse d'un café, comme si elle était encore une jeune naïade ayant le secret espoir d'affoler un coeur viril. Je l'imagine éloignée d'une forme de modernité et sans doute tenue à l'écart des plaisirs que peuvent révéler pour un homme comme moi la douceur d'une coupe de cheveux, hardie et conquérante. Et puis aussi, il faut bien le dire, j'éprouve une certaine pitié pour cette personne qui s'imagine encore que sa longue chevelure est le meilleur gage de sa féminité, ce qui, à mes yeux, relève de l'obscurantisme le plus médiéval.
Mais bon...
Photo: James Perry