Pamplemousse
Vu comme ça, on se dit que cette gamine doit être jolie et cette queue de cheval juvénile aux couleurs boisée inspire la jeunesse et l'insouciance qui va avec. C'était en février de cette année. C'est marqué sur la photo.
Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Ca fait longtemps que Pam a envie d'autre chose. Une envie de cheveux courts, pour dévoiler sa vraie nature, un petit bout de (très ) jeune femme, déterminée, curieuse, qui aime lire et découvrir.
Alors elle a été voir la coiffeuse. Avec une jolie photo, juste pour dire que c'est ça qu'elle voulait. Et la coiffeuse a fait ça, en douceur, avec ses ciseaux. Toute la famille a applaudit. La silhouette de Pam a changé, son visage aussi. Il s'est éclairé.
La voici " femme aux cheveux courts", oh mais pas trop quand même. elle aime bien sa frange et les mèches un peu longuettes qui couvrent sa nuque. C'est son style.
Comme quoi, on peut être très jeune et pour autant déterminée, aimer la mode et les chiffons et avoir déjà du plomb dans la cervelle...
Caramel
Bien sûr il ne la connaissait pas. Il n'imaginait même pas faire sa connaissance d'ailleurs. Juste admirer sa silhouette sculpturale et sa plastique parfaite suffisait à son bonheur. Cela le réconciliait avec la nature humaine quand il pensait que le brassage et le métissage produisaient de tels résultats. La force des choses le tenait là et il n'avait donc pas de malaise à l'observer comme il le faisait. Elle même ne semblait pas gênée. Physiquement elle lui paraîssait sans défaut, aucun.
Moderne Eurydice, il comprendrait qu'Orphée aille jusqu'en enfer la retrouver, bravant la Mort et mille dangers, implorant Hadès de lui rendre son amour.
Cette pensée l'inonda de tristesse. Il chercha une histoire d'amour aussi forte... Mais aucune dans son souvenir ne se terminait bien...
La jeune femme ôta ses lunettes, d'un mouvement de tête chassa la mèche qui barrait son front et le fixa d'un regard dur. Une grande fille blonde entra, appela "Karmelli" et le regard dur se transforma en visage d'ange. Il se dit alors que peut être cette histoire là était encore à écrire...
Caprice
Ça peut paraître capricieux, dit comme ça, mais je me sens toujours mieux quand le petit "baromètre" sondage qui se trouve là à droite m'indique que la parité est idéale ou que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à fréquenter ce blog. Allez savoir pourquoi...
Bon j'ai bien une petite idée. C'est sans doute lié à mon côté lesbien cher à Frida, mais j'aime l'idée de m'adresser principalement à des femmes, à des "les deux mon capitaine, voir à des "autres", plutôt qu'à des hommes. Et puis aussi je sais, parce que j'en suis un et que moi aussi je suis atteint par ce goût immodéré pour les cheveux courts et les nuques dégagées, que mes congénères cherchent à "se gaver" d'images plutôt qu'à s'intéresser à mes émotions. Je le vois, je le devine, seules les images les intéressent. Ou peut être est ce que je me fais des idées.
Mais franchement, ça ne devrait pas me préoccuper, sinon ce serait l'aveu que je ne fais plus vivre ce blog que par rapport aux lecteurs qui s'y promènent et que je commence à faire ma Castafiore avec des caprices de diva...
Non parce que s'il ne s'agit que poster des images autant faire un "Tumblr" et se contenter d'une collection de photos. Et puis peut être qu'après tout il y a aussi beaucoup de femmes qui se jettent sur les images et se contrefichent de mes élucubrations émotionnelles?
Bon stop!
En ce moment il se trouve que des émotions justement j'en ai pas des tonnes. La dernière c'est cette aquarelle de Sophie l'espagnole, comme ça, sans commentaire. Alors je partage, avec les hommes, les deux mon capitaine, les autres et ...Les femmes aux cheveux courts qui se retrouvent parfois dans mes émotions à moi.
Aquarelle: Sophie
Frida reprend la main
Frida avait finalement encaissé le coup, pas trop mal, et faisait contre mauvaise fortune bon coeur. Laora était rayonnante et cela l'aidait a supporter la situation. Pour ma part je n'étais pas peu fier d'avoir fait triompher ma méthode et ainsi prouvé à Frida que un peu d'audace et de bon sens ont parfois plus d'effet que les grandes théories. Grand seigneur, je reprenais volontiers ma place sur le divan de la teutone, tentant d'explorer à nouveau les arcanes de Moi, Ca et Surmoi, tentant de faire valoir mon nouveau statut de "confrère honoris causa"
Moi "- J'ai souvent entendu dire que couper les cheveux avait une symbolique très forte liée à la castration. Or la castration est elle même un fantasme lié au complexe d'Oedipe, non?
Ma Psy - Ach! Che fois, ez ke du feux que che d'abelle Sigmund auzi?
Moi - Non mais vraiment... Et Oedipe, si je ne me trompe pas c'est quelque chose qui se régle vers 4 - 5 ans non?
Ma Psy - ...Quand za ze récle...
Moi - Oui non mais en principe on s'en sort.. Et comme ça touche fille et garçon, même si l'interprétation du fantasme est différente, il est finalement normal que homme et femme soient touchés par un fétichisme lié aux cheveux courts...
Ma Psy - Che ne zuis bas zure que tu vasse un pon bsy, mais bour la zalade tu es chambion. Du gonvons ein vandasme bzyganalidigue afec l'inderbrédazion d'un réfe...
Moi - Ah oui? Meeeerde... Un " vandasme bsyganalidigue" ... C'est donc ça..."
Misogyne?
Eh bien oui, parfois je m'en veux. Je suis bien parvenu, au bout de toutes ces années, à admettre ma dilection pour les cheveux courts, et je vis parfaitement avec ça. Je crois même avoir gagné en sagesse et en tolérance.
Seulement voilà, des fois je dois me rendre à l'évidence. Quelque part, au fond, tout au fond de moi il y a un germe de misogynie qui parfois développe une pousse lorsque je croise une de ces femmes qui cultivent la longueur de leur chevelure comme certains font prospérer leur portefeuille d'actions.
Et je ne sais pas si c'est le fait d'avoir idéalisé les femmes aux cheveux courts à ce point, leur trouvant tant de qualités, ne voyant en elles que des femmes actives, déterminées, audacieuses et tellement en phase avec le monde moderne, qui fait que par réaction je ne vois plus en ces femmes qui s'obstinent à gagner chaque mois un centimètre de cheveux en plus, une sorte d'archaïsme, de catégorie de femmes soumises ou en tout cas résignées à un rôle dans lequel les hommes ont toujours tenus à les garder sagement.
Oh j'ai bien conscience en écrivant cela que la moitié des femmes, si tant est que l'ensemble des femmes lisent ces lignes, la moitié disais-je me lapideraient sans jugement et trouveraient sans difficultés des tonnes d'arguments pour justifier leur chevelure moyen-ageuse, mais je crois qu'hélas aujourd'hui je n'arriverai à trouver aucun d'eux suffisamment convaincants.
Toute fois je voudrais mettre un bémol. J'ai ici même déjà déclaré que j'aimais aussi les cheveux longs. Mais soyons franc. Le cheveux long pour moi s'arrête sur les épaules. Au delà c'est du naturisme.
Mais le pire pour moi je crois, c'est de voir des jeunes femmes s'imaginer qu'elles cultivent là un atout essentiel de la féminité, un appât irrésistible, une parure suprême qui pourrait les rendre désirable aux yeux de n'importe qu'elle homme correctement constitué...
La réalité, je crois, c'est que beaucoup d'entre elles se complaisent dans cette apparence de poupée Barbie, simplement parce qu'elles n'osent pas, ont peur ou n'ont pas suffisamment de maturité et d'assurance pour transgresser les tabous. Après tout, on peut trouver quelque chose de rassurant à se sentir encore une petite fille ou une adolescente... Peut être.
Morphée et la femme nue
Elle s'est endormie sur le canapé de velours rouge. Epuisée, encore ruisselante. Elle a la tête sur son bras, respirant sa propre odeur, comme font les enfants pour se rassurer et son corps se soulève doucement trahissant son souffle. A peine ses paupières fermées, Morphée s'est approché d'elle, prenant l'allure d'un beau jeune homme au visage familier. Il l'a prise dans ses bras, elle a mis les siens autour de son cou et dans son regard elle a trouvé une foule de sentiments. Elle a vu l'admiration, la tendresse, le désir... Elle s'est abandonnée sur son épaule. A son oreille il a murmuré des mots d'amour qui l'on fait se pâmer. Puis il a évoqué sa nudité, tu es tellement vraie ainsi, lui a-t-il dit. Authentique.
Elle s'est vue sourire, sa main caressait ses cheveux ras. Elle était rayonnante et Morphée l'emportait...
Autant d'hésitation et autant d'envie en même temps. Il lui fallait franchir le pas, se dépouiller de cette image ancienne pour renaître sous un nouveau visage... Et en changeant d'enveloppe elle a aussi changé son âme. Redevenue elle même, sans fard et sans artifice, sa peur s'est évanouie. Elle a pris une douche et s'est allongée sur le canapé rouge, les nerfs épuisés... Et Morphée l'a emportée.
Photo: Alin Ciortea
You never can win...
Il n'y a rien que j'aimais autant que ces instants, lorsrqu'elle revenait de chez son coiffeur. Elle me taquinait, espiègle, jouant avec moi comme une chatte avec sa pelote. Elle me regardait à travers le rideau de ses cheveux souples, brillants et parfumés et mon plus grand plaisir était de bouleverser sa coiffure sage et ordonnée. Je l'ébourriffais, glissant mes doigts à travers la matière soyeuse, elle m'échappait, puis revenait, offrant sa nuque à mon regard, puis à ma main. Chaque baiser posé sur sa peau à cet endroit provoquait sur ses bras une éruption délicieuse et excitante de chair de poule faisant frissonner son cou. Nos corps s'échauffaient mais elle savait bien me provoquer en murmurant que c'était la dernière fois, que dorénavant elle laisserait pousser ses cheveux longs. Alors le dernier baiser se transformait en morsure et je sentais son corps entier vibrer et se raidir. Elle capitulait, abandonnant son corps aux caresses de mes lèvres et ces instants là étaient tout mon bonheur...
"...In spite of a warning voice that comes in the night..."
Photo: Dan Carabas
Rien n'est jamais acquis...
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux
Louis Aragon - 1946
Photo: Grant Yoshino
Cliché
C'est ce qu'elle lui avait dit la première fois. Pour elle la question ne se posait pas, elle avait toujours été ainsi et puis elle aimait ça, elle se plaisait ainsi. Tout naturellement, un jour, elle a proposé de lui couper les cheveux. " Tu ne trouves pas que ça fait un peu cliché" avait elle dit. Elle n'y avait pas réfléchit auparavant, mais la question pouvait faire débat. Après tout, il ne s'agissait pas d'afficher la tendance, de militer ouvertement, de porter un quelqconque étendard. C'est juste qu'elle aimait sa petite tete, ses oreilles, sa nuque, qu'elle l'imaginait, une allure androgyne avec son marcel blanc sur ses petits seins, qu'elle voulait se noyer dans son regard, que son visage méritait cette mise en valeur.
"Est ce que les cheveux courts font la lesbienne?" avait elle répliqué. "Bien sur que non" avait elle répondu à son tour, presque vexée. Mais alors c'est quoi cette légende. Avant d'aller plus loin elle avait pris les devants. " Je t'en supplie, ne me dis pas que c'est pour etre moins attirante, moins séductrice ou ne pas capter l'attention des hommes." C'est bien sur l'idée à laquelle elle avait pensé. Une sorte de déféminisation, pour ne plus représenter une cible aux yeux des hommes...
"Stupide!" imaginer qu'il faudrait se soustraire au regard des uns pour satisfaire le plaisir des autres? Les choses sont bien plus simples, il ne s'agit que d'amour... Elle a désiré cette femme, belle, mince, élégante avec ses cheveux très courts et son regard lui a renvoyé une envie semblable, elle avec ses cheveux longs, son corps d'éphèbe aux hanches droites et à la poitrine plate. Elle avait bien pensé un moment couper ses cheveux, mais elle a eut peur de "faire" trop garçon ou que son gout pour les femmes ne soit stigmatisé. Un cercle vicieux en somme.
Elle lui a coupé les cheveux, elle est experte pour ça. Elle s'est vue belle, comme elle l'imaginait et le prétexte était tout trouvé pour des jeux érotiques... Que les grincheux aillent au diable!
Photo: Irella Konof
Un air de Valentina
;
Sur le coup elle n'a pas pensé à cela. Du tout. Elle avait juste une grosse envie de changement, une page à tourner. Des années de cheveux longs, de queue de cheval, de mèches folles, d'allure sauvage. Le sentiment de se raccrocher coute que coute, à son adolescence heureuse, d'être en phase avec la nature, enfin d'être naturelle. Et puis un jour cela s'est imposé, comme une évidence. Elle était devenue différente. Le crissement des ciseaux dans sa toison ne l'a pas fait frémir, au contraire, elle avait le sourire aux lèvres. Soudain cette frange au dessus de ses yeux turquoises en réhaussait la profondeur et cette coupe droite qui barrait sa joue dessinait son visage et soulignait sa bouche, ses lèvres... Juste l'impression d'avoir soudain le cou nu l'a surprise. Elle n'a pas gardé ses cheveux coupés dans un papier de soie, comme sa mère l'avait fait. Elle a fait un don.
Et puis, les jours suivants, en approvoisant sa nouvelle image, elle a pensé à Valentina, l'héroïne de Guido Crepax. Ca l'a amusée, elle est tellement loin de ce personnage. Pourtant, avec un peu d'imagination...
Les lèvres pulpeuses, le regard océanique, la frange un peu plus longue, la coupe un peu plus courte, la nuque un peu tondue... Elle a essayé pour s'amuser. En quelques minutes elle devenait la petite soeur de Louise Brooks. Mais c'était bien elle, la lèvre gourmande et le regard d'azur. Ni Louise, ni Valentina. Juste elle même
Photo: Steve McCurry