Camilla
Comment savoir ce qu'il y a dans la tête d'une adolescente qui devient femme mais dont le corps garde définitivement les formes d'un bel éphèbe? Il y a de la crainte, du désespoir, de l'amertume, de la rancoeur... En même temps on peut trouver du réconfort à se dire que la nature fait bien les choses puisque toujours la jeune fille s'est sentie garçon, dans sa tête. Elle a bien tenté de faire illusion, avec un peu de maquillage, une robe de temps en temps, les cheveux longs... Mais c'était plutôt pour faire plaisir à maman, la rassurer. Camilla n'a toujours eu qu'une envie, être elle même. Elle a aimé des garçons, mais ce sont les femmes qui l'attirent, viscéralement. Dès qu'elle l'a pu, elle a gentiment rangé les talons et le maquillage, elle a coupé ses cheveux et endossé le style qui lui correspond le mieux, celui d'androgyne. Les démons vaincus, elle a assumé ses goûts, ses envies, ses aspirations, s'affirme lesbienne androgyne, se moque de Justin Bieber qui a imité sa coupe de cheveux, va peut être les laisser pousser un peu, juste pour voir, mais pas trop...
Un temps elle a songé aller jusqu'au bout de la logique, réparer ce qui pouvait paraître une erreur et sa chance a été de rencontrer son coiffeur, qui depuis est devenu sa coiffeuse. Un parcours, un témoignage qui l'a aidée à accepter son corps et sa sexualité et finalement se préférer mi fille mi garçon avec tous les atouts de l'androgyne, beauté étrange, allure d'homme et coeur de femme...
...Et un vrai talent pour la photographie.
Grazzie mille Camilla.
Photos: Testolina©
Conversations secrètes
Laora était partie quelques jours dans sa Toscane natale et je trainais ce matin là en attendant l'heure de rejoindre Frida pour déjeuner. J'ai eu soudain une sentsation bizarre parce que je venais de me rendre compte que sans le vouloir, je captais toutes les conversations des autres qui avaient trait à leur coiffure. Et toutes me ramenaient à ma récente experience avec la transalpine. Dans la rue, le métro ou dans une brasserie, c'était là une mère et son fils, ici deux amies ou encore là un couple... Et presque à chaque fois les paroles s'accompagnaient d'un geste qui consistait à passer la main dans les cheveux de l'autre, comme pour évaluer leur longueur ou soupeser la masse dont il fallait se débarrasser. Plus je progressais dans ce constat et plus m'apparaîsait évident le caractère sado-masochiste de ces scènes.
" Il faut absolument que je t'emmène chez le coiffeur..." " Alors quand est ce que tu vas les faire couper...? " " Tu as les cheveux trop longs..." " Fais moi plaisir d'aller te faire couper les cheveux ..."
Je ne voulais pas me l'avouer, mais ces mots m'excitaient. Il était clair qu'une hièrarchie se créait, que les mots et les gestes établissaient un rapport de domination et de soumission entre les personnages concernés. J'arrivais même à imaginer que cette soumission pouvait aller jusqu'à être non consentie, une obligation, un devoir. Et mon imaginaire fabriquait des scènes terribles, dans les prisons, les couvents, les camps militaires, tous ces endroits où l'on pouvait "officiellement" imposer à quelqu'un d'avoir les cheveux coupés sans son consentement...
Ma Psy " - Les vandazmes zont vait bour za. Dant que zela resde tans ze tomaine il n'y a pas te mal. Là où le trame ze brotuit z'est quand les limides se rombent et que le zuchet ne dizerne blus ses télires te la réalidé. Rêfer t'azaziner sa pelle mère ne fait bas te doi ein azazin...
Moi - Oui c'est pas faux... Mais tout de même, il y a quelque chose de pervers à avoir ce genre de fantasme non?
Ma Psy - La berferzion zerait chusdement te ne blus dizerner le vandazme de la réalidé. Zi zela se téroule comme un cheu, comme du as vais afec l'idalienne, où est le mal?
Moi - Mouais... Vu comme ça...
Désinvolture
Je suis régulièrement contrarié par la désinvolture dont font souvent preuve les gens autour de moi lorsqu'il s'agit d'évoquer ma dilection pour les cheveux courts. Hier encore la factrice avec qui j'aime quelques fois parler de la pluie et du beau temps et qui elle même avait, à mes yeux, un style très affirmé avec les cheveux courts avant qu'elle ne décide de les laisser pousser pour avoir aujourd'hui une sorte de queue d'opossum qui pendouille à l'arrière de son crâne, ma factrice donc qui connaît mon penchant pour les jolies nuques bien dégagées me lance tout à trac qu'elle a croisé le matin même ..." une fille qui vous aurait plu, tondue comme un bidasse. C'est un genre...." Oui pour sûr, c'est un genre.
Cela me contrarie de voir que dans l'esprit de certain, aimer les femmes aux cheveux courts signifie espérer les voir toutes avec la boule à zéro. Ce serait même plutôt le contraire en réalité. Étant tellement préoccupé par l'esthétique de la coiffure, l'harmonie d'un visage et de son écrin, la sophistication et le caractère révélés par une belle coupe, je sais qu'il est assez rare qu'une tonte radicale puisse aller à chacune. Il y a de nombreux exemples de réussites, on en connaît tous, la jeune Sinead O'Connor était sublime, Natalie Portman aussi, mais il faut être sérieux, ça ne va pas à tout le monde. Et le pire est d'affirmer sans ciller qu'une femme devrait me plaire parce qu'elle est aux yeux des autres "tondue comme un bidasse" ce qui est une façon très dénigrante de parler à la fois de la coupe de cheveux de cette personne et de traiter les militaires.
On peut avoir les cheveux coupés très courts sans pour autant être tondu. Préciser que cela est fait comme pour un "bidasse" sous entend que c'est moche et fait brutalement ou que l'on considère que avoir les cheveux coupés ras est forcément laid. Bref! Ça ne veux rien dire. Je connais des femmes, jeunes et belles, qui par choix on fait abstraction de l'artifice de séduction féminine que représente leur chevelure et qui de fait sont des personnes éminemment authentiques.
Sans oublier que parfois le choix n'est pas en option... En tout cas c'est toujours lié à une décision importante et cela m'inspire plutôt du respect.
Photo: Andréas Heumann
Genre féminin
Je me suis souvent poser des questions, comme vous sûrement, à propos du hasard, de la chance, du destin, de ces événements parfois anodins qui font basculer une vie entière, comme un aiguillage de chemin de fer qui d'un coup vous envoie à St Pierre des Corps. Des exemples je pourrais en citer des tonnes, sans pour autant voir le moindre début d'une explication rationnelle.
Une blondinette de l'Iowa qui fait un peu de théâtre connait bien la pièce de Georges Bernard Shaw, elle a joué le rôle de Jeanne, l'héroïne dans son lycée. Et voilà qu'elle tombe sur une annonce de casting pour un film qui justement s'inspire de cette pièce. Il faut "tenter la chance". Elles sont 18000 comme elle...
Pour faire basculer "l'aiguillage" il faut accumuler tout un tas de petits éléments qui vont peser dans la balance. Elle connait l'histoire, elle joue au théâtre, elle est plutôt jolie... Là où sans doute une bonne partie des 18000 postulantes va se fourvoyer c'est en misant tout sur une seule de ces qualités. La petite Jean, elle, va interpeller le destin en pariant sur le personnage, non pas sur elle. Les qualités elle les possède, il faut quelque chose en plus. Et ce plus, ce sera l'incarnation même de Jeanne d'Arc, une jeune femme guerrière du Moyen Âge. Lorsque les autres candidates raillent l'allure de garçon qu'elle vient de se donner en coupant ses cheveux elle rétorque sans rougir:"Vous pensez peut être que Jeanne d'Arc faisait la guerre avec un chignon?" Le réalisateur est séduit. L'idée est forte, il s'en empare. Jeanne d'Arc n'a pas, n'a plus de genre. La jeune fille a les cheveux courts, on appelle un coiffeur pour qu'il les coupe encore plus courts. D'un seul coup le destin bascule et la vie de Jean Seberg aussi.
Evidemment l'exemple me fascine parce que la petite américaine sur qui j'aurais à peine tourné le regard avec sa queue de cheval a eu soudain toute mon attention avec cette allure androgyne que lui donnaient ses cheveux très courts et que grâce à cela son destin l'a fait connaître au monde entier. Est ce que pour autant elle a renié son genre en faisant cela?
Photo: Georges Dudognon
Le Baiser
Il y a d'abord les corps qui s'attrapent, les mains qui se tiennent ou enlacent la taille. Puis la prise s'affirme et le tête à tête semble aller jusqu'à la collision, mais fait une pause à quelques millimètres. Les parfums se mélangent et l'on sent la chaleur de la peau. L'alchimie se produit. Les regards se croisent, les lèvres se frôlent. L'instant d'après les yeux se ferment et le corps s'abandonne. Dans la tête défilent les images qui rendent l'autre idéal et le désir s'échauffe. Le contact de la pulpe des lèvres, douces, tièdes, provoque un léger frisson qui parcourt les joues jusqu'aux oreilles et descend vers la colonne vertébrale. Le souffle est retenu comme si tout l'être était concentré sur l'instant où le goût de ses lèvres délicieuses apprécié, il nous fallait dévorer l'autre ou lui insuffler notre âme. Les langues explorent, s'enroulent, se nourrissent pendant que les mains échauffent le corps, remontent là où la chair est nue, caressent la gorge, le cou, glissent dans les cheveux pour les mettre en désordre. Sur la nuque les doigts s'agrippent et les têtes se renversent. A la chimie des salives et des odeurs s'ajoutent les décharges électriques que provoquent les doigts sur les cervicales... Si l'on n'y prend pas garde, la tempête nous emporte et si la raison nous ramène c'est avec la respiration un peu rapide et quelques frissons résiduels... Et surtout l'envie de se retrouver très vite pour cette fois laisser gagner la passion.
Photo: Amber Valletta par D. Issermann
Sophisticated lady
Non je ne suis pas si vieux pour avoir le souvenir nostalgique de cette actrice blonde qui, un temps, a fait tourner la tête d'Hollywood. Mais j'aurais adoré. Je ne suis pas du genre à pleurnicher en me persuadant que "c'était mieux avant". Du tout du tout. N'empêche... Cette photo d'Angie Dickinson années 60 me charme terriblement et j'ai du mal a trouver autant d'allure et de classe naturelle aujourd'hui. Oui oui je sais, c'est de la mauvaise fois, et puis ce n'est qu'une photo. Tout ça pour dire, ou répéter, que dans mon acceptation des femmes aux cheveux courts, le spectre est très large. La notion même de cheveux courts étant des plus subjectives. Pour certaines, suivez mon regard, avoir les cheveux qui ne dépassent pas les omoplates c'est déjà les avoir courts, pour d'autres les avoir au milieu du cou c'est déjà très long...
Le vrai critère est plutôt je crois dans le caractère de ces femmes qui me séduisent, à la fois très féminines et garçons manqués, puissantes et délicates, déterminées et fragiles, ambitieuses et chaleureuses.
Il n'y a pas de règle, les cheveux courts sont parfois un simple prétexte. L'important c'est la sophistication... Et je ne sais pas pourquoi, en voyant Elisabeth Taylor, Audrey Hepburn, Kim Novak, Gene Tierney et tellement d'autres à cette époque, je me dis, parfois, que "c'était mieux avant"...
Modèle: Angie Dickinson
Dans son regard
Quelque chose d'étrange s'était produit. Bien sûr pour elle cela avait été un changement important. Pour la première fois elle osait les cheveux courts et le visage qu'elle se découvrait la rassurait. Elle se voyait davantage elle même, dans sa vraie nature. Elle était fière d'elle, se sentait belle, pleine d'assurance. Pourtant un chose encore l'inquiétait. Lui. Habituellement il n'était pas très attentif à ces changements de style, il faisait un vague compliment, sincère mais rapide, considérant que l'apparence n'était pas l'essentiel. Mais cette fois peut être allait-il être plus démonstratif, exprimant des regrets devant l'absence des longues mèches soyeuses et enveloppantes... Tout bêtement elle avait l'envie de lui plaire et la crainte de la déception.
Et puis... Et puis elle s'est vue dans son regard. Elle a vu un pétillement, une étincelle et elle a sentit tant d'amour que sa gorge s'est serrée. Sa poitrine s'est gonflée à la mesure de son coeur envahit par cet amour qu'elle recevait. Sans dire un mot elle lisait dans ses yeux de l'admiration, de la tendresse, du désir et plus qu'à travers n'importe quel miroir, elle se sentait belle... Ce n'est qu'après qu'il a osé avancer la main, caresser cette gorge dévoilée, ce cou nu, froler la nuque de ses doigts et les glisser à travers les cheveux courts, sans jamais que son regard amoureux ne la quitte. Il semblait bouleversé, ému et contrit, comme s'il s'en voulait de ne pas lui avoir témoigné plus d'amour auparavant, ou si mal.
Elle se sentait belle, juste à travers son regard et se dit qu'il n'y avait vraiment que cela qui comptait...
Modèle: Shannyn Sossamon
Ca m'éneeeeeeerve
Non bon ça va, je plaisante.
N'empêche! Je me souviens bien vous avoir mis en garde il y a quelques temps alors qu'une nouvelle série américaine arrivait sur nos écrans.
Le lieutenant de police Kate Beckett du trèèèèès fameux NYPD, mène des enquêtes avec dans ses pattes l'inénarable Richard Castle, auteur de romans policiers grand public. La saison 1 montrait un officier de police féminin presque idéal. Allure sportive, caractère entier, cheveux courts... Moi, ça m'va!
Et puis la saison 2 arrive avec ce que j'avais prévu, une héroïne qui tend vers la bimbolisation, plus maquillée, les cheveux plus longs... Rien de vraiment grave encore...
Mais là...Là! C'est carrément plus crédible. Un peu comme Angélina Jolie en agent de service action...
Oh bien sûr, j'en conviens, c'est évidemment beaucoup plus attrayant pour le téléspectateur de base qui a besoin d'identifier à coup sûr l'objet de fantasme, qui doit pouvoir comprendre pourquoi le héros en pince pour la femme flic. Et pourquoi diable en pincerait-il pour elle si elle n'avait pas la panoplie de la femme de rêve, à commencer par une chevelure d'Ophélie... Les scénaristes d'Hollywood sont des petits malins...
Et du coup, comme je l'avais prévu, l'héroïne n'est plus dorénavant qu'un faire valoir pour le héros masculin, éventuellement une sorte de co-héroïne.
Bon mais c'est pas tout!
Trois saisons et un allongement inexorable de la chevelure de Kate Beckett... La saison 4 arrive et l'on peut craindre le pire.
Et en effet le pire arrive, sauf que là, il y a un sursaut, une prise de conscience, une tentative de retour vers la crédibilité. Cette fois les cheveux sont tellement longs que le chignon s'impose, juste histoire d'avoir l'air un peu sérieux. Et à vrai dire je trouve ça nettement plus acceptable...
Elle ne saura jamais
C'était il y a des années. Elle sortait à peine de l'adolescence, lui était déjà un homme. Ils se voyaient chaque jour. Elle aimait son cours, elle admirait son aisance et la facilité avec laquelle il savait transmettre son savoir. Elle ne craignait pas de rester après l'heure pour discuter d'un point du programme. Il la trouvait intelligente, curieuse et naturelle. Franche et fraîche. Les discussions s'éternisaient des fois...
Petit à petit il a découvert son visage, ses yeux, ses lèvres... Avant elle n'était qu'une élève. Un élément dans son quotidien, une de ses têtes que son mandat lui commandait de remplir, le mieux possible...
Le sujet du cours est devenu trop étroit. Leurs discussions s'élargissaient, il aimait qu'elle parle d'elle. Sa démarche était innocente, elle avait de l'admiration pour lui. Lui était sous le charme et finissait par penser à elle trop souvent. Il aimait son regard bleu intelligent, ses cheveux blonds souvent en bataille.
Tout naturellement, le jour où elle a fait couper ses cheveux, elle a été flatée qu'il lui fasse un compliment. Elle a montré aussi sa nuque, toute dégagée, une nouveauté pour elle. Il en a été bouleversé, il aurait aimé l'embrasser... Imprudemment il a porté la main vers les cheveux tondus, les a touché de ses doigts. Elle s'est raidie, comme si elle venait de prendre une décharge d'électricité. Il a eu peur, il s'est repris, a presque fuit. Elle, a juste pensé qu'il venait de se rappeler un rendez vous qu'il risquait de manquer...
Il a été malheureux, parce qu'il sentait ce sentiment grandir en lui et cette fille envahir son coeur et qu'il devait lutter contre ça. Presque femme ne suffit pas. Il s'est enfuit.
C'était il y a des années. Pourtant chaque fois qu'il voit une jeune fille blonde à la nuque dégagée sous les cheveux au carré il pense toujours à elle et son coeur se sert.
Photo: David Urbanke
Pamplemousse
Vu comme ça, on se dit que cette gamine doit être jolie et cette queue de cheval juvénile aux couleurs boisée inspire la jeunesse et l'insouciance qui va avec. C'était en février de cette année. C'est marqué sur la photo.
Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Ca fait longtemps que Pam a envie d'autre chose. Une envie de cheveux courts, pour dévoiler sa vraie nature, un petit bout de (très ) jeune femme, déterminée, curieuse, qui aime lire et découvrir.
Alors elle a été voir la coiffeuse. Avec une jolie photo, juste pour dire que c'est ça qu'elle voulait. Et la coiffeuse a fait ça, en douceur, avec ses ciseaux. Toute la famille a applaudit. La silhouette de Pam a changé, son visage aussi. Il s'est éclairé.
La voici " femme aux cheveux courts", oh mais pas trop quand même. elle aime bien sa frange et les mèches un peu longuettes qui couvrent sa nuque. C'est son style.
Comme quoi, on peut être très jeune et pour autant déterminée, aimer la mode et les chiffons et avoir déjà du plomb dans la cervelle...