Et puis un soir on rentre seul
Ils s'étaient promis tant de choses, ils avaient fait des rêves ensemble. Des années, des semaines, des jours sont passés et leur vies finalement n'ont fait que se côtoyer sans jamais converger... Il a bien fallu l'admettre, mais le parfum est amer parce qu'il y a eu du bonheur malgré tout, d'être ensemble, quelques fois complices, de se plaire, de s'attirer. Les sourires et les caresses, les regards, tant de petites choses qui restent perdues dans notre boîte de souvenirs...
Il lui en voudrait presque de paraître si forte alors qu'il se sent au bord des larmes. Pourtant elle tremble, le soir, confrontée à ses sentiments elle aussi.
Ils auraient pu fermer les yeux, se mentir comme beaucoup, croire que leur sympathie était de l'amour, faire semblant et ainsi s'aliéner sans jamais être eux même réellement. Sa lucidité lui a fait mal. Au fond il aurait bien voulu s'accaparer sa beauté, son style, son allure. Pouvoir être fier d'être à ses côtés lui aurait suffit, égoïstement. Elle l'a bien senti. Elle a besoin d'autre chose...
Il faut rentrer, seul et pour garder cette amitié qu'on a cru un temps être l'amour, il faut admettre qu'on s'est trompé, retrouver de l'humilité qui nous manquait et la laisser disparaître, seule elle aussi.
Photo: Elena Vicas
Frida ne lâche pas le morceau
Frida s'était depuis longtemps inspiré du travail de la photographe Alice Springs et il n'était pas rare que je surprenne les deux filles en train de tailler, tondre et raser leur toison intime mutuellement et souvent dans une quête toute légitime de plaisir. Contempler ce spectacle suffisait à mon bonheur car j'aurais été bien mal à l'aise de jouer au coiffeur dans cette situation.
Malgré le travail psychologique intense que produisait Frida pour que Laora renonce à laisser pousser ses cheveux, cette dernière parvenait tout de même à ses fins et portait un joli carré encore un peu court, mais parfaitement entretenu, qui lui donnait un air malicieux et espiègle. Elle tenait bon, décidée à retrouver sa chevelure d'antan. Paradoxalement, cette phase n'était pas un calvaire comme elle avait souvent entendu ses copines le dire. Au contraire, le soin et l'entretien régulier qu'elle apportait à sa coupe était toujours l'occasion de jeux érotiques qu'elle partageait le plus souvent avec la bavaroise.
Ainsi lorsqu'elle décida d'adopter une frange, elle confia à la doctoresse de la Forêt Noire le soin de la tailler. Depuis, ce qui en général pouvait prendre, en usant de précautions, quelques minutes à une main habile, se transformait en véritable séance d'émondage dgne d'un amateur de bonsaï.
Ma Psy " - Du Gombrend, z'est imbordant kant on vait bouzer les jefeux k'ils zoient douchours imbekaplement daillés.
Moi - Je ne te savais pas devenue une telle spécialiste... Est ce que cela t'excite?
Ma Psy - Du feux tire zexuellement?
Moi - Frid', je t'en prie, ne fais pas l'âne pour avoir du son. Pas avec moi...
Ma Psy - Was? Afoir tu zon? ... Pref! Eh pien bour de rébontre che tirais.... Ya!" Elle eut un rire un peu carnassier et un reagard pervers qui m'effraya. Décidemment cette teutonne demeurera toujours insondable...
Moi " - Oui mais bon, tu n'es pas obligée à chaque fois de passer une heure à tailler la coupe de Laora, la couvrant littéralement de cheveux coupés...
Ma Psy - Ach! Barze que doi za ne d'exzite bas beut êdre?
Moi - Euuuuuh....
Photo: Helmut Newton
Modèle: Arielle
Cette fille là
Tu croyais avoir dans ton coeur Eponine mais c'est Gavroche qui t'attrappe. Elle a le doux visage de l'amoureuse et le caractère du jeune frondeur. Elle s'habille volontier comme un garçon et taille ses cheveux à coup de serpe, mais ses yeux t'engloutissent d'un regard clair et franc à travers la mèche brune. Ses lèvres à la pulpe charnue t'ont déjà emportées non loin du paradis, comme son corps d'éphèbe aux hanches droites. Elle a mauvais caractère, c'est la faute à Voltaire, mais c'est juste un petit oiseau, c'est la faute à Rousseau...
Tu vois les sots qui se poussent du coude en la croisant, qui chuchottent et ricanent. Masculine, ambigue, dans son dos ils ne voient que sa démarche fière et sa nuque tondue. Et tu souris, toi, de son air dur. Tu n'y vois qu'une déesse fendant la foule des gueux incapables et des simples à l'esprit contraint.
D'un geste habile elle claque son Zippo en exalant la fumée de sa blonde, passe son bras sur tes épaules comme le ferait ton pote et se laisse embrasser. Il n'y a que là qu'elle sourit, dans l'intimité de ton regard, comme si elle avait peur qu'on la croit fragile. Et tu l'aimes...
Modèle: Nastia Beauty
La pause Mado
Politiquement moyen
J'en conviens, faire preuve d'admiration pour l'ordre chinois, par les temps qui courent, c'est pour le moins suspect. Mais pour ma défense, je dirais qu'il s'agit de la Chine de Hong Kong votre honneur, ce petit bout de terre qui avant de bander pour Deng Xiaoping s'arrêtait à 17h00 pour boire le thé comme on le lui avait appris du temps de Babeth II. D'ailleurs, même rendue à la République Populaire, l'île garde un statut spécial... Bon bref! C'est pas l'sujet. Toujours est-il que ma fascination pour les femmes en uniforme trouve dans ce coin d'Asie de quoi s'enthousiasmer. Parce que j'ai constaté que bon nombre des police women de ce pays, toutes unités confondues, ne jouent pas la demi mesure et quand elles ont les cheveux courts c'est presque toujours dans le même style que leur camarades masculins. Et je trouve que ça a de l'allure, en tout cas du sens quand on porte un uniforme symbole de la loi et de l'ordre. Praticité et efficacité. A l'autre bout du spectre on trouve certaines poupées russes qui ont presque toutes l'apparence de mannequins de la Redoute déguisées en policières, mini jupe et talons hauts, qui ne semblent dévolues qu'à la sérénité de la hiérarchie. Beurk!
Donc oui, la police de Hong kong me ravi. Na!
Photo: veryamateurish
Délicate attention
C'est parfois difficile à comprendre pour quelqu'un qui serait étranger à ce genre de plaisir. Tout comme des fois on a du mal à comprendre celles et ceux qui portent un tatouage sur un endroit du corps qu'ils ne peuvent pas voir naturellement. "A quoi bon" pensent les profanes, sans chercher plus loin.
Il y a pourtant dans les détails, tout ce qui fait le style. En quelque sorte une façon de dire à l'autre " c'est pour toi aussi", une délicate attention, une preuve de générosité. Ainsi, dévoiler sa nuque, l'exposer aux yeux de tous, c'est pour moi une façon de partager un plaisir. De cette façon, celles et ceux qui savent apprécier la sensualité d'une jolie nuque, qui connaissent son pouvoir érogène, sont récompensé(e)s de leur éveil, tel(le)s les initié(e)s d'un rituel secret.
Oh bien sûr le plaisir est avant tout personnel et un peu égoïste même, mais par effet collatéral on offre un peu de ce plaisir... C'est délicat comme attention, non?
Bon sens et simplicité
Un dimanche après midi sous un ciel sans nuage, il ne m'en faut pas davantage pour inviter une amie à boire un café sur le port et ainsi profiter du soleil printanier, du spectacle de la société qui déambule et papoter de choses et d'autres. Mais de façon irrépressible, mon regard entraîné ne manque jamais, comme un Stinger, de s'accrocher sur toutes les "petites têtes" du paysage, comme le missile sur une source de chaleur. Mon amie joue le jeu et parfois même c'est elle qui me pousse son coude dans les côtes pour attirer mon attention.
Ainsi nous n'avons pas tardé à repérer non loin de nous un couple de femmes aux cheveux très courts. L'une mûre et grisonnante l'autre brune dans la trentaine. Avec elles un petit garçon à la tignasse un peu folle. Sans même nous concerter, en nous regardant, la sempiternelle question revient à nos esprits: pourquoi les lesbiennes ont-elles les cheveux courts? Ni une ni deux, fidèle à moi même et malgré la désaprobation de mon amie, je m'en vais poser la question aux intéressées.
La surprise passée, l'une et l'autre acceptent gentiment de bavarder. On parle du blog, je fais des compliments sur les coupes de cheveux et tout naturellement arrive LA question. Les deux femmes se regardent et sourient franchement. Du coup je me sens un peu bête. La plus âgée des deux me répond d'une manière assez simple qu'elle a toujours aimé avoir les cheveux courts, que c'est son style et qu'elle ne s'est jamais sentie moins féminine à cause de cela. Son amie rebondit là dessus, raconte qu'elle avait les cheveux longs quand elle a rencontré sa compagne et que cela a été une vraie révélation pour elle de les couper courts. Depuis, elle les aime toujours un peu plus courts à chaque fois et ne se sent pas moins féminine, au contraire.
Bref! Ce que j'ai entendu là n'est pas autre chose que ce que j'entend fréquemment dans la bouche de n'importe qu'elle femme aux cheveux courts, quelque soit son orientation... Alors quoi? Est ce que je ne trouverai donc jamais de réponse à cette question fondamentale ou bien est ce que la question ne se pose tout simplement pas? Non! J'ai compris, la question n'est pas la bonne. Ce ne sont pas les homosexuelles qui ont les cheveux courts, pas plus que les autres. Simplement ces femmes aux cheveux courts, comme celles que j'adule, ont justement ce caractère qui me plait, cette confiance en elles qui leur permet de s'affranchir des "canons" de la féminité banale et de se révèler authentiques.
Enfin soulagé j'ai pu replonger le nez dans mon cappuccino, satisfait de cette rencontre sympathique et d'avoir définitivement évacuer cette question de mon esprit.
Photo: Tumblr
Johnny-Jane
Hey Johnny Jane
Te souviens-tu du film de Gainsbourg Je t'aime
Je t'aime moi non plus un joli thème
Hey Johnny Jane
Toi qui traînes tes baskets et tes yeux candides
Dans les no man's land et les lieux sordides
Hey Johnny Jane
Les décharges publiques sont des atlantides
Que survolent les mouches cantharides
Hey Johnny Jane
Tous les camions à benne
Viennent y déverser bien des peines infanticides
Hey Johnny Jane
Tu balades tes cheveux courts ton teint livide
À la recherche de ton amour suicide
Hey Johnny Jane
Du souvenir veux-tu trancher la carotide
À coups de pieds dans les conserves vides
Oh Johnny Jane
Un autre camion à benne
Te transportera de bonheur en bonheur sous les cieux limpides
Hey Johnny Jane
Ne fais pas l'enfant ne sois pas si stupide
Regarde les choses en face sois lucide
Hey Johnny Jane
Efface tout ça, recommence, liquide
De ta mémoire ces brefs instants torrides
Hey Johnny Jane
Un autre camion à benne
Viendra te prendre pour t'emmener vers d'autres Florides
Hey Johnny Jane
Toi qui traînes tes baskets et tes yeux candides
Dans les no man's land et les lieux sordides
Hey Johnny Jane
Écrase d'un poing rageur ton oeil humide
Le temps ronge l'amour comme l'acide...
Texte: S.Gainsbourg
Photo: Marc Hervouet
Modèle: Sand
Jamais content
Bon alors voilà, on va dire que je ne suis jamais satisfait.
Il n'y a pas si longtemps je râlais à cause des séries policières américaines qui transformaient leurs héroïnes en bimbos pour appâter le chaland et donner du goût et de la saveur à ceux qui ne seraient pas captivés par l'intrigue. Si bien qu'à mes yeux, une femme d'action en chignon et talons hauts perdait définitivement toute crédibilité et l'intérêt pour la série tombait à l'eau.
Et puis voilà pas que France2 nous sort une série, policière, qui se déroule à Montpellier et avec une femme flic qui est une vraie femme d'action, authentique instructeur de sport de combat. Belle allure, cheveux courts et là je suis sûr que celle-ci ne se laissera pas corrompre par la production pour développer une pamelandersonite. Sauf que... Si l'héroïne a tout pour me plaire, l'actrice est loin de faire la maille... et malgré la présence d'acteurs chevronnés, la belle Anne Le Nen a du mal au niveau comédie. Faut pas croire, c'est un vrai métier.
Bon sinon, à part ça c'est quand même cool de voir la ville comme ça. Et puis pour une fois qu'une flic ressemble à une flic...
Le soir venu
C'est l'heure où le soleil plonge dans la baie. L'air est encore brûlant mais tout semble s'apaiser et la ville commence à respirer. Elle a fait glisser la baie vitrée et sur le balcon l'odeur du tabac blond se répand. Elle se nourrit du spectacle et savoure l'instant. Juste le temps d'une cigarette avant de replonger dans sa deuxième journée. La première s'est achevée quand elle a quitté son bureau en ville. Un peu plus tôt aujourd'hui, pour avoir le temps de passer chez le coiffeur, à peine une demi-heure, juste pour les faire couper. Et puis elle s'est remise en marche. Passer à l'école pour récupérer la petite, le grand rentrera seul un peu plus tard. Quelques courses à la supérette du quartier, puis de retour chez elle, assurer les devoirs, éplucher le courrier, imaginer le dîner...
Le grand en rentrant lancera un regard distrait vers elle avant de disparaître dans sa chambre, déjà trop habitué à ce qu'elle soit là, tout naturellement...
Enfin le mari arrivera, la prendra dans ses bras, ébouriffera ses cheveux, l'embrassera. Ils dîneront, se raconteront leur journée. Elle les écoutera, tous, enthousiastes ou râleurs. Le soir venu, seule avec lui, ils feront l'amour et s'endormiront. Tout naturellement...
Photo: Alexandr Munaev
8 mars Journée Internationale des Femmes