Oh boy!
Il y a un paradoxe réjouissant chez les femmes aux cheveux courts, c'est qu'imaginant bouleverser leur apparence, elles ne font que renforcer leur véritable nature. Pour certaines la féminité sera exacerbée par cette jolie petite tête qui mettra en valeur de manière inattendue leur regard et la finesse de leur cou. Pour d'autres l'ambiguité sera totale et leur désir d'apparaître sans genre défini sera exaucé.
Dans l'esprit de beaucoup encore, couper ses cheveux courts serait une façon de modifier son caractère, de gommer plus ou moins une féminité et d'entrer dans un personnage nouveau. C'est une erreur! Une confusion entre la cause et l'effet. C'est le caractère qui détermine l'envie ou le besoin d'avoir les cheveux courts, pas l'inverse.
Le masculin et le féminin n'y peuvent rien. Rahan avec sa coupe au carré façon Amanda Lear n'a rien d'une minette et Natalie Portman le crâne tondu n'en devient pas plus virile...
Ainsi la crainte de perdre sa féminité apparait clairement infondée pour celle qui en est incarnée, quant au "tomboy", désolé, mais les cheveux longs ne lui donneront pas l'allure d'une poupée Barbie ( cf: Rahan plus haut... non j'déconne! ).
La réalité c'est que les cheveux courts finalement donnent l'accord parfait, révélant le tempérament, le caractère et la nature profonde de celles qui l'osent.
photo: Jaesung Lee
Que le diable l'emporte!
Chaque gorgée lui déchire l'intérieur, arrachant une grimace. Pourtant il y revient. C'était la troisième fois déjà que le barman remplissait son verre. L'alcool le brûle comme une flagellation et son esprit s'embrume sans parvenir à dissiper l'image de celle qui nourrit son chagrin. Dix fois, cent fois il avait juré de l'oublier, de ne se rappeler d'elle que les souffrances et le mal qu'elle lui avait fait... Cent fois, mille fois il retrouvait ses lèvres de pourpre, ses yeux d'ambre, ses cheveux d'or et il mourrait de caresser une fois encore sa gorge, de se noyer dans le parfum de ses cheveux et sentir battre sa peau contre sa joue.
Il n'y avait rien de raisonnable. Juste qu'elle était entrée dans sa peau et qu'il lui arrivait encore parfois d'entendre son rire éclater dans sa tête et se sentir tourbillonner avec elle dans une valse folle.
Encore un verre, encore une brûlure pour la maudire, pour la jeter aux chiens et l'envoyer aux diables... pour empêcher son coeur de battre plus fort quand il pense à elle, pour renoncer à tendre les bras vers elle, pour fuir cet amour qui lui fait si mal.
Le barman a laissé la bouteille. Peut être sait-il lui aussi à quel point c'est difficile de chasser le souvenir des amours perdues.
Modèle: Yasmin Le Bon
What the fuck!?
Alors bon! Je la vois d'ici madame Machinchose, attentive comme elle est à toutes ces tendances, ces mouvements de mode, le nez en l'air pour humer l'air du temps... Une, puis deux, puis plusieurs et bientôt elle a le sentiment qu'il y aurait comme une certaine banalité à voir, dans la rue, dans les magazines, non plus des filles aux cheveux courts, mais des têtes rasées, des cheveux tondus. Mais enfin qu'est ce que c'est que cette manie qu'auraient ces filles à la vingtaine triomphante de se démarquer aussi violemment, de se stigmatiser aux yeux du reste, les autres et la société?
Madame Machinchose s'intrigue, s'interroge, s'interpelle et son analyse aurait tendance à la faire sourire avec bienveillance, elle qui n'a plus vingt ans. Parce qu'elle se dit que lorsqu'elle avait cet âge, elle non plus ne voulait pas qu'on l'emprisonne dans une image et des conventions. Elle était déjà audacieuse pour son époque de s'habiller "en homme" ou de se couper les cheveux, mais se faire tatouer ou se raser la tête l'aurait condamnée. Aujourd'hui c'est possible.
Cela lui envoie un petit souffle de nostalgie, un air vivifiant qui vient caresser son visage tout ridé. Elle sait bien que ces filles ne revendiquent rien, rien d'autre que d'être elles mêmes, belles et insolentes, sans les artifices qui leur donneraient le sentiment de n'être que des objets de séduction dans l'esprit de certains. De la charité en somme, pour éviter à ces esprits étroits de se tromper à leur sujet...
Et puis... ce ne sont que des cheveux, se dit-elle dans un sourire malicieux.
Photo: Pascal Pierrou
Dans ton regard
Est ce une façon de photographier l'âme des gens que de faire de tels portraits qui mêlent le vieillot du style d'antan à la précision de la technique moderne?
Chaque tache de rousseur, chaque plissure des lèvres, comme une empreinte digitale et la gravité de l'expression pour concentrer le regard sur ses yeux qui, sans ciller, transperce celui qui s'y plonge. Comment paraître davantage soi même?
Tout artifice est a minima et je peux imaginer que rien n'est fait autrement que pour se plaire à elle même. Qui faudrait-il séduire autrement?
Elle s'aime authentique et se sent vraie...
Photo: Giles Clément
Arrivederci
Arrive un jour, lorsqu'on est à la veille d'un nouveau départ, où toutes les choses que l'on fait sont comme les dernières de cette vie d'avant.
Ce jour là on fait un dernier tour pour dire aurevoir à celles et ceux qu'on aime, on jette un dernier regard sur ces endroits familiers où l'on a vécu et on laisse l'enthousiasme masquer l'émotion...
Alexane s'en va.
Oh rien de triste! Après tout ce serait même une promotion en quelque sorte. Alex l'attachée de presse du blog devient Alex la correspondante permanente en Italie pour Les Femmes aux cheveux courts. Et accessoirement elle poursuit ses études là bas...
Avec l'imminence de ce départ il fallait bien un ultime passage entre les doigts experts de Régine et sa tondeuse. Comme chaque fois c'est une sorte de régénération au fur et à mesure qu'elle retrouve sa coupe " bien dégagée derrière les oreilles" et le sourire qui éclaire sa bouille de jolie "tomboy" apparait toujours lorsqu'elle passe avec gourmandise et satisfaction la main sur sa nuque minutieusement tondue.
Et puis voilà, il faut envisager de partir, de laisser derrière soi quelques complicités, plonger dans l'aventure, découvrir d'autre gens... Peut être que le plus dur est pour ceux qui restent...?
Comme dit Marco à l'oncle Bob: " Elle va nous manquer, hein? "
Citation: Luc Besson - Réplique finale, Nikita, 1990
Chaleur et lumière
Dans l'atelier baigné par la lumière du jour, elle s'étire, se délie puis se recroqueville comme ces plantes que l'on voit s'épanouir en quelques secondes sous l'oeil d'une caméra. Elle se love dans ses bras et sa chair dorée emprisonne la luminosité qui donne à son corps nu cette chaleur familière et désirée.
Ses cheveux prennent des nuances de bois sauvage ou de blondeur juvénile quand ses mains viennent bouleverser les mèches contrastées dans leurs longueurs. Là où ils sont très courts les doigts jouent avec le duvet qui couvre la nuque et caressent lentement le chaume, laissant naître une onde de plaisir qui va parcourir la peau comme la risée sur une mer calme.
Ailleurs les doigts fouragent dans les mèches plus longues, souples, soyeuses et parfumées et les paupières closes elle imagine l'être aimé noyant son visage dans sa toison... puis elle se reprend, revient à la lumière et s'étire comme un félin...
L'appareil déclenche. La photographe se tait, laissant sa muse exprimer son désir et ses envies...
Photo: Lobbiaz
Est-ce bien raisonnable?
Vous le savez sans doute et si vous l'ignorez je suis là pour vous le dire: le monde est fou!
Et dans ce monde de fous, les américains sont pas mal placés, comme d'hab'. Oh je sais bien qu'on a sûrement les mêmes esprits rabougris ici chez nous, mais forcément quand ça vient des " Stétse " ça a tout de suite un peu plus de portée.
Bon alors, que j'vous raconte.
Il y a quelques jours via l'Internet et parce qu'apparaissait en couverture de l'article la jolie tête bien faite d'Anne Catherine Frey, j'ai découvert un canard en ligne intitulé Returns of Kings, ce qu'on appellerait chez nous une feuille de chou, dont la profession de foi est: a blog for heterosexual, masculine men. It’s meant for a small but vocal collection of men in America today who believe men should be masculine and women should be feminine. Autrement dit un blog pour les hommes virils et hétérosexuels. Cela s'adresse à une minorité non silencieuse d'hommes dans l'Amérique d'aujourd'hui qui croient que les hommes devraient être masculins et les femmes devraient être féminines (sic).
Et donc dans cet éminant organe de la pensée virile, on pouvait lire il y a quelques jours cet article:
Girls with short hair are damaged... comprenez: les filles aux cheveux courts ne sont pas nettes!
Grosso modo, l'auteur imagine, entre autre, que les femmes qui seraient promptes à encourager d'autres femmes à se couper les cheveux, le feraient dans le seul but d'éliminer une concurente dans la grande course à la séduction qui occupe les femmes en général et de manière quotidienne. Waooo!
Il estime irréfutable le fait qu'aucune femme dans l'histoire de l'humanité n'a parue plus jolie avec les cheveux courts qu'elle ne le serait avec de belles boucles. Bon et puis partant de là tout est à l'avenant, les plus curieux pourront lire dans le texte cette grande étude scientifique... ( Beurk )
Moi ça me laisse rêveur.
Le problème c'est que ce genre d'article qui peut sembler anecdotique est comme une pierre dans un édifice qui apparait bien plus vaste, dans lequel on retrouve le visage le plus sombre du traditionnalisme et de l'intégrisme patriarcal, celui là même qui parvient au Texas à faire annuler le droit à l'avortement, qui le restreint en Espagne ou qui lutte chez nous pour la remise en cause des droits des femmes. J'en ai froid dans le dos.
En guise de réponse, pour laisser les américains entre eux, il y a cet article, plutôt bien pensé, de Laurie Penny sur le site NewStatesman: Why patriarchy fears scissors, où elle explique que finalement, consciemment ou non, porter les cheveux courts pour une femme est un acte politique...
Alors franchement, je me demande parfois si je ne suis pas un dangereux terroriste avec ma dilection pour les femmes aux cheveux courts....
Illustration: Hergé - Coke en stock
Laora a des scrupules
L'ambiance de notre petite communauté était toujours propice à la livraison d'états d'âme, d'humeurs, de scrupules autant que de satisfecit. Avec la même spontanéité, Laora exprimait ses émotions avec glamour et sensualité, alors que notre doctorin Frida se contentait souvent d'être une oreille attentive. Pour ma part je cherchais toujours la caution professionnelle de la psy. Après tout j'étais le plus ancien et finalement tout était parti de moi. Mon expérience méritait bien un statut particulier. D'autant que depuis que nous vivions ensemble, cahin-caha, j'avais pas mal démêlé l'écheveau de ma psycho-sexualité. Laora n'en était pas encore là, même si pour elle la recherche des origines semblait moins cruciale que le plaisir qu'elle en tirait aujourd'hui.
Quelque soit celui d'entre nous qui passait chez le coiffeur, l'italienne, d'une manière ou d'une autre en tirait une jouissance. Par période cela devenait quasiment obsessionnel. Elle allait même jusqu'à nous harceler, Frida ou moi, pour que nous fassions couper nos cheveux. Bizarrement, cela avait une saveur érotique chez elle, alors que si je m'étais, moi, comporté de la sorte j'aurais tout de suite été accusé de perversité.
Laora " - Tou sais mio caro, des fois j'ai oune peu honte dé moi...
Moi - Non, tu déconnes...?
Laora - Si! j'ai les scroupoules, ma c'est comme des poulsions qué j'ai, dépouis qué jé souis libérée dé ma coulpabilité, comme toi avec cette histoire dé cheveux corto. Des fois jé voudrais qué cé soit toujours quand on fait l'amour, avec toi ou la Frida et alors des fois jé souis pas sympa, ou alors jé souis comme l'obsédée et c'est pas bien.
Moi - Hummm je ne suis pas sur de tout comprendre, mais je te rassure, on est tous pareils. Sois toi même chevreau, c'est l'essentiel...
Laora - ... Esse qué tou crois pas qué, à force, ça risque dé dévénir banal et qué ça fasse plous jouir?
Moi - Allons bon! J'avais pas pensé à ça encore... Faut qu'on en parle à Frida."
Photo: Emily Wroe
Betty, Audrey... et les autres
Tu n'as pas sommeil
Tu fumes et tu veilles
T'es toute écorchée
T'es comme un chat triste
Perdu sur la liste
Des objets trouvés
La nuit carcérale
Tombant sur les dalles
Et ce lit glacé
Aller et venir
Soleil et sourire
Sont d'l'autre coté
Ces murs, ces grillages
Ces portes et ces cages
Ces couloirs, ces clés
Cette solitude
Si dure et si rude
Qu'on peut la toucher
Ce rayon de lune
Sur le sol allume
Visage oublié
De celui que t'aimes
Qui tire sur sa chaîne
Comme un loup blessé
Betty faut pas craquer
Betty faut pas plonger
Je sais, ils t'ont couchée là
Et puis ils ont fermé leurs barreaux d'acier
Betty faut pas pleurer
Betty faut pas trembler
Je sais, tu vas rester là
T'aimerais plus t'réveiller, plus jamais rêver
Je te dis je t'aime
Dans ce court poème
Dans ce long baiser
Tu es ma frangine
Juste une féminine
Que j'avais rimée
Je te donne ma force
Mes mots et mes notes
Pour te réchauffer
Je haie la morale
Les prisons centrales
Les maisons d'arrêt
Je n'ai pas sommeil
Je fume et je veille
Et j'ai composé
Une chanson d'amour
Une chanson secours
Pour l'autre côté
Pour ceux que l'on jette
Dans les oubliettes
Dans l'obscurité
Pendant qu'les gens dorment
Au fond du conforme
Sans se réveiller
Betty faut pas craquer
Betty faut pas plonger
Je sais, ils t'ont couchée là
Et puis ils ont fermé leurs barreaux d'acier
Betty faut pas pleurer
Betty faut pas trembler
Tu sais, on s'retrouvera, là
Ailleurs, en plein soleil ...
Photo: Franck Ferville
Texte: Bernard Lavilliers
Une histoire?
Je l'ai fait savoir à celles et ceux qui fréquentent Facebook ( afin que les services secrets américains ne l'ignorent pas non plus ) et je vous livre l'information ici également pour que tout le monde en profite.
Il y a parmi les petites histoires que j'écris, certains textes qui peuvent être accessibles même lorsqu'on est pas sujet à la même dilection que moi. J'ai donc cédé à la vanité de proposer l'histoire de Nine à Short Edition qui a accepté de mettre en ligne et en compétition pour le prix Printemps 2014, la première partie de cette hsitoire.
Vous pouvez donc la lire et la relire à cette adresse et si cela vous plait, exprimer par un vote et/ou un commentaire le plaisir que vous avez eu à cette lecture.
Et surprise! Si certain(e)s ont le sentiment de rester sur leur faim et attendent une suite logique à cette histoire, vous pouvez la découvrir en cliquant sur le nom de l'auteur et en voyant apparaître les textes qui ne sont pas en compétition.
Alors? Elle est pas belle la vie?
Nine la coiffeuse et Nine et Léa
Photo:Daniele Rossi