Louve Alpha
J'en connais des "Lisbeth Salander", au cuir de combat, le visage piercé, la gorge encrée qui sourient parfois presque aussi bien qu'un American Staff et semblent prêtes à mordre la carotide du premier qui s'aventure à leur parler...
Elles ont la carapace que la vie leur a taillé mais souvent on se trompe si on ne regarde pas plus près...
Elles sont sans artifices, quelques fois jusqu'à la provocation, féministes par nature, mais à la façon dont chacun devrait l'être, glissant sur les genres, tantôt elle, tantôt lui dans l'apparence, mais revendiquant leur féminité différente.
Les cheveux courts, mais à la manière de personne, juste pour le plaisir et le corps dessiné comme autant d'oeuvres d'art...
Elles sont comme ces louves, chef de meute entrainant avec elles d'autres louves qui se reconnaissent... Mais seuls ceux qui font allégeance pourront voir d'assez près, que sous l'armure il y a plus de tendresse que n'importe où ailleurs.
Photo: Dwam
Frida est vénère
C'était une vraiment belle journée pour un mois de janvier. Je venais juste de faire une demi heure de queue pour acheter mon hebdo et comme j'étais dans le quartier, ma bonne humeur m'entraina jusqu'au cabinet de ma psy de la Forêt Noire.
A peine entré, d'un oeil méfiant je cherchais Ipomée la secrétaire lusitanienne, habituellement si prompt à faire barrage de son corps s'il le faut pour préserver le secret médical du cabinet de consultation. Mais là... personne. Juste des éclats de voix, puissants et gutturaux qui ne pouvaient émaner que de ma chère thérapeute.
N'entendant rien à la langue germaine, je comprenais malgré tout au nombre de Scheiße que la blonde teutone était énervée.
Moi " - Ben mon poussin de Silésie, qu'est ce qui t'arrive?
Ma Psy - Ach! Tu tompes pien! Je zuis trop dékoutée... Mais za va aller, inztalle toi que je te rakonte... Fikures toi que j'ai foulu oufrir un blog pour raconter notre histoire, toi, l'italienne, moi, les cheveux courts tout za...
Moi - Nooon? Et tu ne m'as rien dit. Mais c'est génial!
Ma Psy - Mouais.. Zauf que depuis je zuis harcelée par un tas de types bizarres qui se foutent pas mal de mes histoires et qui veulent juste que je me rase la tête...
Moi - Aaaah... les coupeurs de nattes! Ben ça devrait pas t'étonner, après tout c'est toi la psy non? Ce genre de pathologie c'est ton domaine.
Ma Psy - Ja mais j'imaginais plutôt m'adresser à des gens comme toi liebe...
Moi - Ah non mais moi je suis " un amoureux des femmes ( aux cheveux courts ) alors que ces types là sont " des psychopathes des cheveux courts " et peu importe ce qu'il y a dessous, femmes, enfants, hommes, ce ne sont que des "supports". La plupart d'ailleurs n'ont aucun respect pour les femmes ou les considèrent comme des "femelles" juste bonnes à ramener des canettes du frigo pendant qu'ils regardent le foot à la télé... Je sais, j'en ai croisé des types comme ça. Ils seraient capables d'obliger leur femme ( s'il parviennent à en épouser une ) à se couper les cheveux selon leur goût, tout comme un barbu imposerait le niqab. Affreux!
Ma Psy - Scheiße! Je préfère enkore te soigner toi...
Photo: Nikki by T.
Une histoire américaine
Une histoire qui pourrait bien être d'ici, ou d'ailleurs...
Lorsque j'ai rencontré "virtuellement" Kylei, j'ai d'abord été frappé par la ressemblance que je lui trouvais avec mon amie Sab. Elle était à mes yeux une sorte d'icône américaine, blond californien, machoire carrée, allure saine et sportive, je pouvais l'imaginer cheerleader de son collège durant son adolescence, populaire et courtisée.
Parcourant les photos de son album, cette idée se confortait. J'avais cette impression revigorante que la jeune femme avait découvert sa vraie nature en coupant ses cheveux et s'épanouissait ainsi, enfin fidèle à elle même.
Pourtant, la discussion avec Kylei allait m'apprendre une réalité un peu différente...
Depuis toujours la jolie blonde aux cheveux longs est un vrai tomboy, au plus profond d'elle même. Pourtant, elle joue le jeu auquel on l'invite, fréquente les garçons, puis s'installe avec l'un d'eux. Le couple voit la naissance d'un petit garçon et la vie de Kylei semble toute tracée...
Mais la nature est toujours la plus forte et bientôt cette vie d'artifice devient insupportable. C'est un homme qui mûri dans le corps de la jolie blonde, le garçon qu'elle a toujours été.
L'affrontement est sévère lorsqu'elle révèle à son entourage son homosexualité. Rejetée, menacée, privée de son enfant, Kylei va sombrer dans une vie de paria et devoir se battre. Elle peut compter pour cela sur le soutien de ses amies, mais aussi du pasteur de sa paroisse qui contre toute attente, l'aide et lui apporte un soutien moral... L'Amérique et ses paradoxes.
A la manière d'un conte, le soleil revient dans la vie de Kylei. Elle a depuis longtemps coupé ses cheveux et jeté ses robes. Elle retrouve un job dans les espaces verts, à Virginia Beach, un appartement avec vue sur un lac au bord de l'océan, l'amour auprès de Cierra qui bientôt l'épouse et bien sûr son fils de huit ans qui vit aujourd'hui avec ses deux mamans.
Dorénavant Kylei assume ce rôle masculin. Elle a bien sûr envisagé d'aller plus loin dans la transformation chirurgicale, mais elle pense avant tout à son fils qui lui ne voit en elle que sa maman. Alors elle conjugue. D'ailleurs sa coiffeuse persiste à lui faire payer sa coupe au tarif femme... jusqu'au jour où Kylei ira pour ça dans un barbershop!
Merci Kylei Cook pour ta confiance... Et pour être une femme aux cheveux courts, déterminée et authentique.
Code "Barber"
On dit que les cordonniers sont souvent mal chaussés, mais je crois qu'il en va de moins moins de même pour les coiffeurs.
Ce qui me fascine, c'est de voir de plus en plus de femmes tenir ce rôle et surtout de les voir pour certaines s'approprier les "codes" que je croyais définitivement masculins.
Moi qui suis toujours un peu plus que les autres attentif à ce genre de choses, il ne m'a pas échappé qu'une tendance nous revient des pays anglo-saxons et que certaines boutiques de "barbiers" refleurissent dans nos quartiers. Mais je dis barbiers.. pas simplement des boutiques de coiffeur masculin, non! Des salons "typés", stylés, à l'ambiance "vintage" et aux coiffeurs hipstero-beatniko-rockers, tatoués jusqu'aux oreilles pour les plus authentiques, tour d'oreilles et nuque "à blanc"et barbe soignée. Dans ces salons, la coupe de cheveux est un art. On y fait du travail d'orfèvre, on travaille le "skin fade" comme une pièce de joaillerie, à la tondeuse et au rasoir.
Du coup, mon préjugé négatif sur la capacité des femmes à savoir parfaitement couper les cheveux très courts tombe à l'eau. Mais c'est peut être parce que j'avais en tête cette image de la coiffeuse manucurée, reine du brushing, bavarde et futile qui papote sans arrêt en jonglant avec ses bigoudis. Et si parmi elles, certaines rêvaient secrétement de coupes à la tondeuse ou de dégradés parfaitement fondus, cela ne pouvait être que du domaine du fantasme.
Mais ça.... c'était avant!
Pour pénétrer ce monde un peu fermé, ces temples du hipster, il fallait un poil de masculinité dans l'allure avec toute la sensibilité féminine à l'intérieur, des femmes au caractère trempé, qui savent que ce n'est pas avec des artifices éculés de féminité de peep show qu'on fait sa place ici, mais avec la passion d'une artiste qui taille le cheveu comme on taille une gemme. Et parce que c'est une passion, souvent les codes sont les mêmes, tous genres confondus, dans le vêtement, les tatouages et même les coupes de cheveux.
Et moi... ça m'va!
Photo: Jenny Johansen
"Architexture"
Son corps nu, vu de près, offre comme une cathédrale, des détails d'architecture fantastiques. Il y a la puissance des grands édifices, tendus d'arc-boutants et de contre-forts, aux structures torsadées qui en imposent au regard... et des miniatures délicates taillées par des orfèvres.
Son corps parle, chaque tendon, chaque veine de ce cou à la fois puissant et fragile exprime son envie, son désir peut être. C'est comme si elle s'offrait, heureuse de montrer sa nuque aux cheveux taillés courts, droits, où chaque coups de ciseaux souligne sa peau de satin.
Sa main se retient, ses doigts frôlent sa gorge où l'aorte bat au rythme de cette douce émotion. Et puis elle a ce geste qui revient encore et toujours comme une récompense. Elle pose sa main sur la nuque, pilier de chair comme si elle voulait masquer sa nudité... et puis remonte doucement vers la chevelure soyeuse qu'elle ébouriffe à peine, mélangeant les textures. Puis ses doigts se rétractent, cherchant à saisir les cheveux, sans vraiment y parvenir et cet échec la réjouit...
Photo: Kriss Photography
Nouveau départ
Il y a des matins comme ça, où soudain le soleil qui s'élève de la mer nous transperce de ses rayons pâles et semble brûler tous les miasmes de notre vie passée, d'hier ou de plus loin.
Le sable encore à l'ombre du crépuscule, craque un peu sous ses pas. La brise glisse sur son cou et ses oreilles, désormais nus et cela fait naître un sourire sur ses lèvres. La voilà nouvelle, comme ce matin qui s'éveille. L'instant la réjouit, elle lève la tête et ferme les yeux...
Si peu de changement et pourtant sa vie semble bouleversée. Elle tourne enfin le dos à l'océan et baisse la tête, pour sentir la chaleur caresser sa nuque. C'est tellement nouveau. Des deux mains elle ébouriffe ses cheveux courts, y trouve du plaisir, de l'énergie, effleure ce cou presque rasé...
Elle mesure sa chance, embrasse sa liberté et chérit son bonheur. Il n'est que d'un instant mais il gonfle son coeur d'une fierté qu'elle ne connaissait pas... celle d'être enfin elle même, parfaitement, totalement elle même.
Le littoral désert s'éclaire doucement. Elle marche seule vers le monde qui s'agite déjà. Elle est unique.
Photo: Masha Demianova
Dieu seul le sait...
Il se peut que je ne t'aime pas pour l'éternité
Mais aussi longtemps qu'il y aura des étoiles au dessus de toi
Tu n'auras jamais à douter de mon amour
Je te donnerai tant de certitudes à ce sujet
Dieu seul sait ce que je deviendrais sans toi
Si un jour tu me quittais
Bien que la vie continuerait tout de même crois-moi
Le monde ne pourrait rien m'apporter
Alors de vivre quel bien ça me ferait
Dieu seul sait ce que je deviendrais sans toi
Si un jour tu me quittais
Eh bien la vie continuerait tout de même crois-moi
Le monde ne pourrait rien m'apporter
Alors de vivre quel bien ça me ferait
Dieu seul sait ce que je deviendrais sans toi
Texte: Tony Asher
Bien sûr vous n'êtes pas toutes là, mais c'est à vous toutes qui avez contribué à ces pages que je pense...
Première fois
Cette première fois, elle arrive quelque fois sans aucune préméditation. Habituée des cheveux courts, la distraction ou la confiance vous font à peine réagir lorsque la coiffeuse pose la question.... puis glisse habilement la tondeuse sur la peau tendue de la nuque. La surprise est agréable mais tout de suite teintée d'inquiétude. Est-ce que ce n'est pas "trop" rasé tout de même, se demande-t-on, avant de découvrir une sensation nouvelle et fascinante.
D'autre fois c'est l'aboutissement d'une volonté déterminée et l'on savoure, les yeux fermés d'abord, cet instant de folie où sous le carré bien lisse, on met à nue sa nuque et l'on a hâte de passer la main pour goûter voluptueusement à un plaisir secret si souvent fantasmé...
Quelque soit la manière, y goûter c'est prendre le risque de ne plus pouvoir s'en passer, d'en vouloir même à chaque fois un peu plus, d'avoir l'audace de le montrer, la fierté de le dévoiler et chaque jour, d'une caresse, mesurer le temps et l'heure où à nouveau il faudra faire tondre ses cheveux pour retrouver l'envoûtement de cette nuque fraîchement rasée...
Photo: Justin N. Lane
Fière
Ce jour là, tu as décidé d'être une femme différente. Différente de celle que tous autour de toi voulaient voir, mais bien celle que tu avais toujours été. Tu n'as jamais supporté qu'on te prenne pour une petite chose fragile de toute façon.
Tu as décidé de laisser les autres à leurs illusions, de ne plus jouer le jeu d'une société qui voudrait te considérer avec mépris et condescendance. Parce que tu sais que les choses peuvent être différentes.
Dans la savane, les lions et leur longue crinière ne sont que les profiteurs d'un système qui leur donne une place de maître. Mais ce sont les lionnes, aux poils ras qui mènent la bande, chassent et tuent pour faire vivre la troupe. L'image t'a plu...
Le cheveux ras à ton tour, tu ressens ce courage et cette force qui t'écarte de la masse, qui montrent aux autres à quel point tu es différente, à quel point tu peux, toi aussi, si tu le veux, mener le monde.
Photo: Jay Pieter