Instantané
Publié le 13 Février 2010

Il peut y avoir dans chaque geste une grâce insoupçonnée. A travers ses mèches brunes, je la vois perdue dans ses pensées, le visage neutre, un peu mélancolique. Elle est sans fard, comme j'aime, et ses cheveux ont le désordre du petit matin.
De sa voix rauque elle m'a demandé du feu et j'ai craqué une allumette. Le tabac blond se consume en volutes bleues et le parfum virginien envahi l'espace. De l'index et du majeur elle pince sa cigarette pendant que le pouce vient agacer l'annulaire. Dans cet instant je vois Lauren Bacall dans le Port de l'angoisse. Juste cette cigarette ainsi tenue et la voix grave que la silhouette fine ne laisse pas deviner...
Photo: Jacqueline Tappia