C'est pas gagné!
15 Décembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs
On s'étonne après que notre société soit aussi violente... mais y a des jours, faut avouer... j'ai des envies de meurtre!
Et des fois, ça ne tient pas à grand chose, juste un mot, une petite phrase anodine. Tenez par exemple, l'autre jour je passe récupérer un costume au pressing et la mère Michel, sans doute de bonne humeur ce matin là, se pique de me faire la conversation pendant qu'une jolie jeune femme plonge dans les penderies à la recherche de mes fringues. La mère Michel, maline comme son chat, perçoit mon intérêt et me lance: " On ne la reconnait pas hein?" Comme je reste interloqué, la commerçante poursuit:" C'est ma grande! Elle s'est coupé les cheveux. " Stupéfait par la transformation je balbutie un compliment, puis je reviens à la mère, lui rappelant qu'il n'y a pas si longtemps encore elle me soutenait que les cheveux courts n'étaient pas féminins.
Et là... c'est le drame! Sans se départir de son aplomb familier, elle me sort la réplique qui tombe comme la hache de dix livres sur le cou délicat de Marie Stuart.
" Ben maintenant qu'elle est mariée, c'est pas pareil. Elle peut se permettre!"
Autant dire que j'ai senti en moi un souffle brûlant passer et repasser comme dans le désert de l'Arizona un jour d'explosion atomique. Des mots se bousculaient dans ma tête, tous désireux de sortir par ma bouche pour fustiger la mégère et sa mentalité de demeurée consanguine à l'esprit aussi large que le couloir d'un hôtel de passe.
Alors c'était ça... Les cheveux courts c'était juste bon quand on avait plus personne à séduire, quand on était "casée". Autant dire qu'en passant chez le coiffeur on entrait directement dans la catégorie " j'en ai marre de la vie", comme une nonne, ou de celles qui n'aiment pas les hommes et qui , c'est sûr, se coupent les cheveux pour ne pas attirer leur regard... La chevelure, dans le cortex reptilien de ma lavandière, n'était donc qu'un appât, une parure d'artifice, ni plus ni moins qu'un asticot frétillant au bout de l'hameçon et une fois le gros mérou accroché on pouvait bien faire ce qu'on voulait et même les couper. Leur rôle était terminé.
J'avais déjà repéré la grosse agrafeuse sur le comptoir et j'allais m'en saisir pour asséner un coup létal sur la caboche de la néonéanderthalienne quand sa fille émergeat des penderies plastifiées, mon costard à la main. J'abondonnais l'homicide à son état d'intention et complimentais la jeune femme, insistant jusqu'à la faire rougir, ne provoquant hélas aucune connexion dans la matière cérébrale de sa mère ce qui aurait pu faire jaillir une lumière lui faisant comprendre que "même" avec les cheveux courts, une femme pouvait séduire et que cela n'était pas réservé aux religieuses, aux lesbiennes, ni aux femmes au foyer... enfin... solidement enchainées au foyer.
Photo: Fox Harvard
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