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Les Affranchies

L'humeur de Marie

2 Mars 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Chronique de Marie

J'ai les cheveux courts.

Et la plus grande question que je me pose, ce n'est pas de savoir si des oeufs brouillés peuvent se réconcilier, mais pourquoi est-ce que les gens me regardent différemment depuis que je les ai coupés. Je suis restée la même. J'écoute toujours Edith Piaf, je pleure devant la Liste de Schindler, je fume encore des Marlboro. En fait, je n'ai rien demandé à personne. Si, pardon. Qu'on me respecte. Qu'on m'accepte comme je suis. Avec ou sans cheveux. En fait, je crois que le principal soucis ce n'est pas moi. Mais plutôt le regard des autres. Commençons par le début.

Depuis que j'ai les cheveux courts, je ne suis plus définie que par mon homosexualité. Si j'ai cette coupe, je suis lesbienne, évidemment. Ce sont devenus des synonymes, une évidence. Un cliché et

un stéréotype. Je coupe mes cheveux dans cet unique but ? Le faire savoir à la face du monde ? Cela vous gêne et vous dérange. Vous sortez de votre petit confort et de vos croyances bienveillantes.

Les cheveux courts, c'est pour les hommes. Simplement. Et puis, une femme qui les porte ainsi, c'est anormal. Il y a un problème : elle est forcément lesbienne. Ah, oui, c'est contre-nature. Vous trouvez que l'amour va à l'encontre de la nature humaine ? Ce n'est pas de l'amour, mais une perversion ? Pourquoi ? Il faut maintenant prouver que je suis capable d'aimer ? Mais l'amour est juste à accepter, pas à comprendre. Je suis comme vous : je fais mes études, je vais au cinéma, je sors boire des cafés et j'ai aussi un poisson rouge. Et j'aime la personne qui partage ma vie. Alors quand j'ai vu des dizaines de milliers de personne défiler dans la rue pour m'interdire d'épouser la femme que j'aime... Le problème n'est pas là ? C'est l'adoption qui vous gêne ? Mais depuis quand avoir des parents homosexuels engendre des enfants homosexuels ? Je peux vous garantir que mes parents sont hétéros, et que moi, je le suis pas trop. Même pas du tout. Ne continuez pas, vous avez tort. Alors, stop. Je vous arrête. Des cheveux courts, ce n'est d'abord pas la revendication d'une quelconque appartenance sexuelle, mais une personnalité. N'importe qui ne peut pas porter des

cheveux courts. C'est un caractère, une attitude, un style. L'affirmation de soi et de sa conscience profonde. Couper ses cheveux, les raser : ce n'est pas un geste anodin. C'est un symbole de courage. Une volonté de renouveau, de changement. Une évolution vers autre chose. Une réalisation de son identité recherchée. Un éveil. Une délivrance.

Provoquer. Susciter les questions les plus diverses. Fille ou garçon ? Pourquoi ? Comment ? Dans quel but ? Un sourire malicieux en guise de réponse, suivi d'une démarche déterminée et chaloupée.

Contemplez, admirez. Ne cherchez pas à comprendre. Désapprouvez, critiquez. J'arborerai haut ma nuque rasée.

 

Texte et photo: Marie Corcelle

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Freelance - un portrait de Chloé

1 Mars 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Portrait

Freelance - un portrait de Chloé

C'est arrivé comme ça voyez vous... Sans vraiment chercher, un peu par hasard, je suis tombé un jour sur une photo de Chloé sur Instagram. L'image plutôt androgyne, l'allure, le physique, tout cela m'a plu, alors je me suis abonné à son compte...

Freelance - un portrait de ChloéFreelance - un portrait de Chloé

Et puis, au fil du temps, je n'y ai plus porté trop d'attention. Jusqu'au jour où un portrait d'elle est apparu sur mon fil Facebook. Un portrait de ce très bon Pascal Pierrou. Un portrait fascinant parce que Chloé avait rasé ses cheveux!

 

Comment résister? Je lui ai donc écrit, curieux des raisons, s'il y en avait, qui avaient provoqué ce radical changement. Un projet artistique dont elle a l'idée, sur "la construction de l'identité", me répond-elle, un sujet suffisamment motivant pour la pousser à se raser la tête.

PARENTHESE

Personnellement, j'emploie volontiers le terme techniquement plus approprié de "tondre" lorsque les cheveux sont coupés très très courts. Chloé ne le fait pas et elle n'aime pas ce mot.  Je comprend pourquoi parce que moi même je ressens une certaine violence dans ce terme qui évoque plus souvent, la punition, le châtiment... Une forme de pudeur donc, pousse à ne pas l'employer...

PARENTHESE

 

Freelance - un portrait de Chloé

Repérée par un agent, son style et son allure androgyne, exacerbés par sa nouvelle coupe de cheveux, lui offrent quelques contrats. La voilà propulsée officiellement modèle freelance, une activité qui vient compléter son "vrai" métier d'UX Designer qu'elle exerce lui aussi en indépendante.

Mais revenons un peu en arrière... Juste un peu avant septembre 2014. A cette époque Chloé a encore les cheveux longs. Elle parle souvent de les couper, mais elle n'est pas encore prête. Androgyne, tendance "garçon manqué", elle se demande si les cheveux courts ne vont pas aggraver son "cas"

"Ca faisait longtemps que je voulais les cheveux courts. J’ai hésité des années, et là, pour le coup, j’avais peur que ça tranche trop. 
Je pense que j’avais du mal à me séparer de cette longueur de cheveux parce que c’était un changement radical physiquement et je savais que l’image que j’allais renvoyer serait différente. Forcément. Je ne savais pas si ça me correspondrait mieux.
Bref au final à force de tergiverser, j’ai fini par la faire, cette coupe garçonne, et clairement ça a été une révélation. J’ai raccourci petit à petit à chaque passage chez le coiffeur, prenant à chaque fois un peu plus d’assurance."

Et voilà! C'est parti comme ça.

Cheveux courts donc, juste courts, mais un bénéfice confiance énorme. Puis arrive quelques mois plus tard, le moment de concrétiser son projet artistique et l'idée que ce serait bien, que ce serait important que pour cela elle sacrifie ses cheveux courts et passe carrément à la tondeuse...

"... ce n’était pas quelque chose qui me fascinait particulièrement ( de me raser la tête, ndr ). Je trouvais ça « bizarre » mais ce projet artistique me tenait (me tient toujours) vraiment très à coeur, et il fallait en passer par là, et en ça j’étais fière de cet acte, qui prouvait mon investissement dans ce projet.
Soit-dit en passant, le projet est maintenant terminé. Il sera exposé en Septembre 2017

À force de penser au fait de devoir me raser la tête dans les mois à venir, j’ai fini par aimer l’idée de vivre cette expérience. Je l’ai vécu comme l’opportunité d’avoir un face à face avec mon âme. Il n’y a plus d’artifices, plus de frivolités, de détails d’apparence, il y a soi, son regard, son vécu, et c’est tout. Et c’est exactement comme ça que je l’ai vécu. 
Par chance, j’ai aimé ce que j’ai découvert, et après quelques semaines d’adaptation nécessaire, j’ai en effet décidé que je me sentais mieux comme ça pour le moment.
 "

Cette première fois, c'est son ami, son amoureux qui lui rase les cheveux. Par la suite ce sera Jérémy Langlet, un professionnel, parce que même rasée, une coupe c'est plus joli quand c'est structuré et dégradé.
                  

Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé
Freelance - un portrait de Chloé

Depuis, c'est comme une évidence. Bientôt un an que cela dure et rien ne semble objecter cette nouvelle image qui contente totalement le coeur androgyne de Chloé.

Chloé Lobre sur

Instagram

Crédit photos: Pascal Pierrou, Anna Harty, Margaux Gayet, Juliette Guénon, Marie Rouge, Seth London, Lindsay Thoeng

 

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