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Les Affranchies

Le regard des autres

15 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

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Ça m'a toujours amusé, lorsque j'accompagne une amie et surtout lorsqu'on sort de chez le coiffeur, d'observer le regard des autres. En général, la jeune femme que j'accompagne n'y prête pas attention, mais ces regards bien sûr la dévisage, elle, créature étrange au genre indéterminé, fascinante d'ambiguité dont on ne saurait dire si elle est réellement fille avec cette coupe de cheveux. 

J'adore ces regards, il y a tant de sentiments qui s'y bousculent. Je suis incapable de dire quel est celui qui domine entre fascination ou rejet, amusement et reproche ou simple questionnement. Moi je n'y vois que de l'envie, alors après un moment je confie à mon amie ce qui me fait sourire, l'assurant que sa coupe toute fraîche tourne la tête à bien des passant(e)s. Bien sûr elle ne me croit pas, répliquant plus objectivement que c'est parce qu'ils ne comprennent rien. 

Il doit y avoir de ça, oui... Moi naïvement je m'imagine que toutes et tous ont pour cette jolie femme aux cheveux courts une admiration sans retenue. J'en oublierai presque le fond de la nature humaine, toujours prompt à condamner celles et ceux qui s'affranchissent des schémas et des dogmes. Et comme pour me ramener totalement à la réalité, mon amie enfonce le clou d'un coup sec en me disant qu'elle s'en fout.

Elle s'en fout... Voilà bien la voie de la sagesse.

 

Photo: Michelle Sun

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Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine...

13 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Nouvelles et petites histoires

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... d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien."

C'est comme une pièce vide, sans lumière, sans musique, un grand sommeil sans rêve. Personne ne frappe à la porte et le téléphone ne sonne plus. Les seuls bruits sont intérieurs, dans la tête où les souvenirs et les espérances se mélangent. 

"Faut laisser faire et c'est très bien" Son coeur s'est arrêté quand la porte a claquée et en même temps, comme aspiré par le courant d'air provoqué, le goût et l'envie l'ont quittés eux aussi, le ciel toujours bleu est devenu gris et sa vue s'est troublée.

Le voilà sourd, aveugle et sans inspiration. Comme un peintre sans muse, enfermé dans un atelier froid, peignant et peignant encore son modèle, de mémoire avant que son image ne se dissipe... Alors à quoi bon?

Il faut savoir renoncer et noyer sa déception. Le mot lui même sonne comme une dégringolade, un faux pas qui entraine la chute... Sans inspiration il ne survivra pas.

Plus que son image, parfaite androgyne aux courts cheveux blonds, c'est son âme qui lui fera défaut. Elle incarnait la femme idéale, un coeur vaillant auquel il doit renoncer, sans trop savoir pourquoi et cette ignorance le crucifie...

Cette nuit encore il va la maudire et la nuit d'après sans doute aussi... jusqu'à ce que le goût renaisse.

"Faut laisser faire et c'est très bien"

 

 

 

Model: Agyness Deyn

Extrait: Avec le temps - Léo Ferré

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Une idée folle

12 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

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Au fond d'elle même cela l'avait toujours effrayée. Seulement parfois elle ne pensait qu'à ça, comme une idée fixe. Et là une fois encore, en passant devant ce salon, son démon se réveillait, l'envie renaissait, le désir la tenaillait... Jusqu'à présent elle avait un peu sauvé les apparences, même si elle préfèrait toujours des vêtements confortables et des pantalons aux robes et aux talons, elle jouait son rôle. Et ses cheveux qu'elle portait longs depuis toujours faisaient partie de ce jeu de genre. Comme si cela la préservait de la confusion. "Ben non! Tu ne peux pas te tromper voyons, tu vois bien que j'ai les cheveux longs, donc je suis une fille..." 

Bien sûr qu'elle était fille, dans son âme, dans son coeur, elle avait conquit cela, malgré son corps étroit et presque sans poitrine, malgré son visage qu'elle trouvait sans finesse, bouche large, front large, nez large... Mais voilà, à cause de tout cela, elle avait le sentiment que seuls les cheveux longs pouvaient être sa juste caution.

Pourtant l'idée était là, toujours et de plus en plus. Une envie de cheveux courts, très courts, comme une transgression. Une envie de dire " Ne soyez pas stupide, vous voyez bien que je suis une femme, mais cheveux courts n'y changent rien". Il fallait juste franchir le seuil de ce salon, assumer son envie, se réaliser à travers cette nouvelle image. Être soi même, être vraie voilà tout.

Ce jour là, le coeur battant... elle est entrée.

 

Photo: Nick Dorey

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La lettre

11 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Nouvelles et petites histoires

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En novembre il y a des fleurs des champs qui fleurissent dans les villes. Par chez nous ce sont des bleuets, chez les anglais ce sont des coquelicots. Il y en a partout, sur chaque boutonnière.

Ce matin là nous étions elle et moi perdus dans nos pensées devant un monument de pierre, elle avec son coquelicot et moi avec mon bleuet. Pas de tristesse, juste un peu d'émotion. Elle a prit ma main et de sa voix claire avec un accent maitrisé elle m'a raconté cette histoire...

"C'était un lundi. Déjà quatre ans que le pays était en guerre et ce jour là tout allait changer. Grand mère avait 20 ans. Mon dieu comme elle était belle, habillée à la mode, pimpante avec ses cheveux coupés tout courts...

C'était le 11 novembre, un jour d'allégresse. Les cloches sonnaient à toute volée et bien vite les rues furent envahies par la foule débordante, exubérante et joyeuse. La guerre était finie.

Ma grand mère était heureuse de revoir bientôt son chéri. Tout le monde allait rentrer, la vie allait redevenir comme avant, pleine de douceur et d'espoir. Elle avait dansé, elle avait ri et un peu bu, embrassé des garçons et des filles... Et puis le soir elle est rentré chez elle... Une lettre l'attendait. Une enveloppe de papier kraft avec un tampon d'encre rouge. Pas de timbre, juste un tampon...

La lettre annonçait maladroitement, presque avec brutalité - mais comment faire pour ces choses là - que son chéri, était mort, au début du mois de novembre, à la tête de ses hommes, qui ne survécurent pas eux non plus...

Bien sûr elle s'est effondrée, dévastée par le chagrin, elle a pleuré la nuit entière quand dehors les bals et les flonflons résonnaient dans les rues.

Depuis ce jour elle n'a jamais manqué de venir réconforter l'âme de son chéri, le 11 novembre, ici, devant ce monument de pierre où son nom est gravé.. et je ne sais pas pourquoi, c'est comme si j'avais ça en héritage, maintenant qu'elle n'est plus là..."

 

 ...Mère voici vos fils qui se sont tant battus. Vous les voyez coucher parmi les nations. Que Dieu ménage un peu ces êtres débattus, Ces coeurs pleins de tristesse et d’hésitations. 

 

 

Illustration:  La lettre - Karl Boehmer

Citation: Eve ( extrait ) - Charles Peguy

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Question de choix

10 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

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Être une femme aux cheveux courts, tout le monde l'aura compris, n'est pas une simple question de coupe de cheveux. Les cheveux courts évidemment ne sont que l'expression d'une nature profonde, d'un caractère et d'une volonté.

Et la volonté c'est la capacité à faire des choix. 

Récemment, alors que je révisais les fondamentaux en feuilletant les magazines pipeuls, je suis tombé sur cette information bouleversante: Charlize Theron, l'actrice sud africaine dont je ventais les mérites dans un article ici même, était appelée par la production du film "Mad Max: Fury road" pour retourner plusieurs scènes. Le drame dans cette affaire, c'est qu'il y a plus d'un an que la blonde avait terminé ce tournage pour lequel on lui avait rasé la tête. Une allure qu'elle avait eu du mal à assumer jusqu'à ce qu'elle puisse enfin passer un peigne dans sa blondeur. 

On comprend bien que lorsqu'on est actrice il y a professionnellement des obligations auxquelles on doit se soumettre. Mais là, un an plus tard, être contrainte par contrat et pour quelques scènes seulement, de livrer sa chevelure à la tondeuse alors qu'on a pas du tout aimé ça la première fois déjà, c'est terrible.

A l'autre bout du spectre il y a Elliott Sailors dont je parlais il y a peu, qui elle a choisit délibérément et tout aussi professionnellement de se créer une image masculine pour péréniser son boulot de mannequin. Et quoi de mieux, quand on possède déjà  une certaine prédisposition physique, large front, machoire carrée, sourcils épais, que d'adopter une coupe de cheveux d'inspiration masculine?

Incontestablement, de ces deux exemples, c'est bien Elliott Sailors qui est LA femme aux cheveux courts. Tout est question de choix.

 

 

Photo: Adam Santos Coy

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La louve

9 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Nouvelles et petites histoires

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Même le plus stupide des idiots sait bien qu'il ne faut pas tenter d'approcher un animal sauvage. Il le savait bien lui, que faire un pas dans la tanière d'une louve c'était un peu comme se coller un Smith & Wesson sur la tempe, jouer une roulette russe avec cinq cartouches dans le barillet.

Mais voilà, il avait été pris par la fascination qui chasse tous les instincts, subjugué par une allure, une image, un regard qui lui avait fait perdre tout bon sens et fait croire que le fauve le laisserait s'approcher.

Il était parvenu, contre toute attente, à quelques pas, plein d'une inconsciente confiance... La louve était blessée. Une plaie à peine visible, qu'elle lèchait doucement. 

Il parlait calmement, pour l'encourager, la rassurer... Il aurait voulu l'aider. Et puis...

Un moment il a perdu l'esprit, il a tendu son bras, cherchant à caresser la fourrure claire et la louve l'a mordu, plantant ses crocs dans la main, un coup sec, violent, avant de s'échapper. Dans l'intense douleur toute sa lucidité lui revint. Il se retrouvait seul, réalisant la folie de son entreprise. La main broyée.

Mais quoi? Est-ce qu'il avait besoin de s'approcher, de prendre tant de risques? Est-ce qu'il n'aurait pas simplement du se contenter de rester là, bienveillant, au cas où la louve ait besoin de son aide?

A présent elle avait fuit. Sûrement qu'elle ne lui en voulait pas, sinon elle ne se serait pas contentée de sa main mais c'est dans sa gorge qu'elle aurait planté ses crocs...

La réalité c'est que c'était lui qui avait besoin d'elle, de sa reconnaissance, de sa bienveillance. Besoin d'apprendre, de comprendre...

La première leçon était dure....

 

Photo: E. Kalbfleisch

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La différente

8 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

Benthe De Vries2

Elle l'ignorait... Il avait du mal à le croire et pourtant cette naïveté semblait absolument sincère. 

C'est juste qu'elle avait pris son parti. Elle n'en était pas forcément plus heureuse, mais voilà, c'était ainsi. De son corps androgyne, de son visage ambigu, de ses manières aussi, elle voulait juste se contenter et tant pis pour les autres, tout les autres, celles et ceux qui ne comprenaient pas qui elle était vraiment. 

Elle avait du plaisir à se vêtir sans chercher à savoir si cela était d'un genre particulier. Elle aimait ses cheveux courts et s'amusait parfois à les coiffer comme un garçonnet... Ambigue, mystèrieuse... lointaine.

Il avait du la convaincre, décortiquer chaque détail, expliquer avec la plus forte des convictions. Au fur et à mesure son visage s'éclairait enfin comme un signe d'encouragement.

Elle ne savait donc pas l'immense pouvoir que la nature lui avait prodigué en la faisant différente, incapable de choisir entre masculin et féminin. Dans cette ignorance elle s'était tiraillée, débattue, cherchant comme les mortelles à être soit l'une soit l'autre, puis elle avait renoncé, lasse, et enfin décidé de n'être qu'elle même sans soupçonner son atout, frolant le désespoir de ceux qui vivent dans un monde parallèle sans jamais pouvoir expliquer aux autres comment parvenir jusqu'à elle.

L'équilibre était naturel pourtant. Elle était femme avec la juste dose de masculin qui la plaçait au delà des contingences, l'obligeait à l'excellence et lui donnait l'assurance que seuls les "éveillés" sauraient venir à elle...

      "Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est apprendre que l’on n’était pas fou."

 

Photo: Michael Woolley

Citation: Christian Bobin

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Plaisir et dépendance

7 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Humeurs

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Il y a des choses avec lesquelles les vraies "addictes" ne plaisantent pas. Alexane ne s'en cache pas, elle a été infectée par le virus et depuis elle a du mal à laisser passer 3 semaines entre chaque visite chez le coiffeur.

Il faut être passé par là pour comprendre à quel point le moment est important. Quinze jours après la dernière coupe, la période devient critique. Chaque jour qui passe vous met en face d'une image que vous ne parvenez plus à voir comme la meilleure de vous même. L'emploi du temps, les obligations vous barrent la route, repoussent à chaque fois l'échéance et puis finalement vous parvenez à dégager une heure -tout est question de priorité - et enfin vous voilà de nouveau entre les mains de l'experte qui en quelques coups de tondeuse va faire renaître cette image qui vous séduit, vous redonne confiance et remonte le moral.

Alors arrive le moment où vous pouvez dégager une main de dessous le nylon et, presque avec gourmandise, évaluer le résultat, glissant voluptueusement une main sur la nuque rasée. C'est le moment où le visage d'Alexane s'illumine d'un sourire, à chaque fois, avant même que la coupe soit totalement achevée. Une sorte de plaisir personnel, une douceur intérieure...

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C'est un peu comme une dépendance, un mal léger dont on peut être sevré sans grande difficulté apparemment. Encore faut-il en avoir le désir. Et par les temps qui courent, se priver de ce qui remonte le moral ce serait un peu suicidaire, non?

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Elisabeth, portrait en blond

6 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses

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Blonde comme une pub pour un baume norvégien, un corps d'athlète, forgé par le sport et le grand air, elle pourrait sembler inaccessible, de ces femmes, belles, qui agacent, qui intriguent...

Elle même était intriguée, plus jeune, par l'androgynie de son allure, de son visage, de son caractère. On est toujours agacé, ado, quand les gens ne savent pas comment vous qualifier, moitié beau gosse, moitié jolie "tomboy". C'est le temps qui montre le chemin et reconcilie le corps et l'âme. 

Sa blondeur rendrait jalouse la poupée de Mattel. Un blond-blanc très scandinave, avec des racines naturellement plus chatain, de quoi énerver bien des femmes. Elle n'en joue pas. C'est le soleil et la mer qui délavent ses cheveux fins. Très courts, plus longs ou même trop longs.

Il y a de la gravité dans ce visage au regard d'azur. C'est un peu son armure, ce qui la protège de trop de séduction ou de fascination. C'est le lot de l'Androgyne, presque déesse, qui doit apprivoiser sa solitude entre les mortels et l'Olympe.

Pour illuminer son visage il lui faut l'écume de l'océan qu'elle aime surfer ou l'encolure d'un pur sang qu'elle mène au galop.

Elisabeth trace sa route, déterminée comme une femme aux cheveux courts...

 

 

Photo: Elisabeth Kalbfleisch

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Fin de partie

5 Novembre 2013 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tao

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Je ne voulais montrer mon inquiétude à personne. Pourtant un sentiment terrible m'étreignait. Sur place à Larnaca j'avais rejoint l'équipe de nageurs de combat qui était chargée de l'exfiltration de Tao. La veille, leur mission avait avorté. Après 1 heure de stand by au point de rendez vous, les hommes du commando Hubert avaient dégagé la zone, rejoignant au large le sous marin qui les attendait. Tao n'était pas là.

 

24 heures de black out. Cette nuit il fallait à nouveau mettre en place le recueil. Depuis longtemps ma condition physique ne me permettait plus ce genre d'escapade, mais j'aurais donné cher pour aller avec eux, au plus près, tenter le tout pour le tout, durant une heure fouiller les lieux, voir de mes yeux, ne plus rester dans le doute... Je perdais la raison.

 

Tao seule pouvait me sauver de la folie et j'étais son seul espoir de rédemption dans ce monde infernal. Involontairement Moïra nous avait soudés l'un à l'autre.

 

C'était la dernière mission, pour elle comme pour moi, nous l'avions juré... 

 

Depuis 24 heures le sang ne coulait plus dans mes veines, j'avais peur de la réalité. Dans notre monde, la vie, la mort avaient des valeurs bien subjectives et je craignais plus que tout de voir l'équipe de nageurs une fois de plus revenir sans elle, entendre Paris me dire qu'il fallait "laisser tomber". Je savais bien que "Daisy" n'était qu'un nom de code pour désigner une arme, un instrument sans âme d'une valeur toute relative... J'étais le seul à connaître son coeur... Et je priais pour qu'à cette heure il batte encore.

 

 

 

Photo: Courtney McCullough

 

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