Beaux quartiers
Cette fille des beaux quartiers... bon sang, il ne parvenait plus à se l'ôter de l'esprit. Comme si tout l'obsèdait, son allure, ses vêtements, sa classe naturelle, son maquillage... Tout, vraiment tout transpirait le luxe et l'aisance. Et son parfum...
En fait non... C'est sa coupe de cheveux qui l'étonnait le plus. Il avait tellement l'habitude de voir les femmes de ce genre avec des coiffures sophistiquées, les cheveux longs, gonflés, arrangés... elle non. Son cou était long et les cheveux presque tondus... Rien de masculin pourtant, au contraire. C'était comme une exacerbation de sa féminité. Encore plus femme que toutes celles qu'il pouvait croiser place de la Muette, toute celles qui avaient besoin d'artifices pour paraître.
Elle avait ensoleillé sa nuit et pas à cause de ses vêtements chics ou de ses lèvres Chanel. Il rêvait de son sourire de nacre, de sa peau sans défaut, de cette mèche qu'elle glissait doucement sur son front... et cette allure si fière, si naturelle. Sans aucun doute tout devait lui aller, jean et limousine ou tailleur et cabriolet.
Pourtant il restait fasciné par ses cheveux courts parce que cela semblait être la seule vraie part de sa personnalité, la seule image vraie d'elle même et il trouvait tellement d'audace à cette nuque rasée qui la faisait émerger de cette jungle des beaux quartiers, la rendant accessible et humaine. Vraie.
Photo: Publicité Païa
Tête de loup
Avant l'été, Laora ne manquait jamais, chaque semaine ou presque, d'officier elle même ou de demander le soutien de Frida pour tondre ses cheveux. Opération qui à mon goût manquait cruellement de sophistication, puisque consistant à passer et repasser sans plus de méthode l'appareil muni d'un sabot de plastic sur le cuir chevelu qui du coup l'était beaucoup moins. L'effet était radical, la brune lombarde arborant un pelage lustré et soyeux parfaitement égal en tout points, aussi précisément que le green du golf de St Nom-la-Bretèche.
J'adorais la sensation procurée par le touché sur la matière ainsi taillée, et je n'étais pas le seul...
Mais c'est au début de l'été que l'italienne s'est mise en tête de laisser pousser ses cheveux afin de pouvoir changer de coiffure. Si bien que du jour au lendemain plus de tonte hebdomadaire et le poil court s'est mis en jachère.
Je ne suis pas devin, mais là j'avais tout de même prévenu et ne manquais jamais une occasion de le faire, même très courts les cheveux doivent être taillés à différentes longueur selon la zone qu'ils occupent sur notre tête. Ainsi, la nuque et le tour d'oreille méritent une attention particulière et doivent être, même si on est pas expert en la matière, tondus plus court que ne le sont les cheveux du haut du crâne.... Comme aucune de mes deux égéries ne tenait jamais compte de mes prescriptions, ce qui devait se produire arriva. Au bout de quelques semaines Laora la belle toscane avait une tête de loup.
Laora "- Ma che cosa é la tétédélou? Il faut bien qué les chéveux ils poussent no?
Moi - Oui bien sûr chevreau mais tu ne peux pas les laisser pousser comme ça sans rien faire sinon tu vas bientôt ressembler à cet ustensile de ménage, comme une brosse en boule, qui sert à enlever les toiles d'araignées au plafond...
Laora - Euuurk! Et commé jé fais?
Moi - Eh bien c'est simple, malgré ton désir de laisser pousser tes cheveux, tu dois tout de même les faire couper au moins sur la nuque et le tour des oreilles... Et si vous m'aviez écoutées Frida et toi, en changeant simplement la taille du sabot de plastic pour tondre l'arrière et les côtés, et bien tu n'en serais pas là...
Laora - Ma jé sais... Tou as toujours raison il mio cuore.
Moi - ... et tu n'aurais pas cette tête hirsute.
Laora - Jé sais jé sais jé sais... Tou viens avé moi chez le coiffeur?
Photo: Pascal Pierrou
Chassez le naturel....
La photo du jour que m'a dégoté "Little Maud", la reporter officielle du blog, amène plusieurs commentaires. Les plus "branché(e)s auront reconnus sans trop de difficultés miss Ruby Rose, bien connue dans son Australie natale et un peu partout à travers le monde comme modèle, présentatrice télé, VJ sur MTV et DJ un peu partout. Joliment et abondamment tatouées, difficile de rester indifférent quand on la croise, de près ou de loin. Les plus fans l'on toujours connue avec les cheveux courts, même très courts, blonds ou bruns jusqu'à ces derniers temps où elle avait entrepris de laisser pousser ses cheveux, sans doute un virus chez les DJ féminins ( cf DJ Nastia )...
Si bien qu'au bout de quelques temps cela pouvait donner ça:
Bel effort, j'en conviens, pour un résultat que quelques retouches photos nous montrent séduisant. Mais, mais mais...
Difficile, pour ne pas dire insurmontable, quand on a - presque - toujours eu les cheveux très courts, de se mettre dans la peau d'un autre personnage. Ruby Rose l'avoue elle même, elle est "revenue" à sa vraie nature. Et les fans s'en réjouissent.
L'autre point remarquable c'est le style de cette nouvelle coupe. Je suis pas très au fait des tendances habituellement, mais là il se trouve que j'ai lu récemment un article qui attirait l'attention et donc la mienne aussi, sur ce style si particulier. En fait dès 2011 Alex Williams du New York Times y consacrait un article alors que cela n'était qu'une tendance masculine. On peut dire ce qu'on veut, cela ne date pas d'hier, la preuve c'est que rapidement les clients se sont mis à appeler cette coupe "Hitler Youth" ce qui pourrait apparaitre comme pas très politiquement correct.
Or en y regardant bien il y a bien d'autres personnages qu'Hitler pour caractériser cette coupe. Dans les années 30, tous les hommes, ou presque, étaient coiffés comme ça. Qu'importe! L'affaire prend une autre tournure lorsque les filles se mettent aussi à la coupe "Hitler". La première Miley Cyrus... Et aujourd'hui Ruby Rose
Bon j'avoue. Un nom pareil c'est pas terrible pour une coupe de cheveux pourtant particulièrement stylée
Photo: Ruby Rose ( il y a quelques heures... )
Guerrière
Les âmes de guerrier ne sont pas toutes enfouies dans des corps de maoris grands et puissants... Elle est mince et pourrait sembler fragile mais il ne faut pas se fier à cela, ni à sa réserve naturelle. Car à l'intérieur il y a des braises qui rougeoient et comme pour exorciser sa timidité, son corps à l'encre de Chine parle de ses combats.
Elle est guerrière, défend ses valeurs et ses convictions. Sincère, entière, authentique sans concession.
Tout le paradoxe est là. Elle se dit timide et introvertie mais s'affiche en pleine lumière sans jamais ménager un paravent. Ses tatouages intriguent et sa tête nue attire tous les regards. Elle fait front, ne se cache pas...
Le portrait parle comme une toile de Messine où l'on ne voit d'elle que ce visage altier et j'imagine hors du cadre une longue pelisse de fourrure et à ses pieds quelques molosses habitués à chasser les loups ou à déchiqueter les archers ennemis, une armure, une épée... un étendard.
Ses cheveux sont tondus, c'est récent et pourtant on imagine qu'elle a toujours été ainsi tellement cette image souligne sa personnalité. Femme authentique, fière d'être elle même, sans supercherie... Ce portrait me fascine, comme celui d'une héroïne sans âge....
Photo: Marie Ange Clemenceau
Sexy fringues
N'importe qui autour de moi pourrait donner un avis en voyant une jolie femme simplement vêtue d'un jean d'homme que le monde de la mode a élégamment baptisé "boyfriend jean" lorsqu'il est porté par une femme, d'une chemise de coton blanc à la coupe masculine, d'un ceinturon large en cuir et certainement une paire de boots aux pieds. Pour achever le tableau, la jeune femme en question aurait les cheveux courts, pas forcément très courts, mais assez pour laisser son cou nu sous le col de la chemise. Et ces avis, j'en suis sûr seraient en majorité d'accord pour dire que ce n'est pas féminin du tout, que ce n'est pas attractif, sexy, engageant, séduisant, aguichant. Les plus tendres pourraient trouver ça mignon, touchant, garçon manqué, adolescent, les plus cons pourraient dire que c'est moche, masculin, lesbien...
Enfin je crois que nous serions peu finalement à voir dans ce personnage l'essence d'une féminité quasi parfaite.
Tout ça pourquoi, je vous le demande? Eh bien je vais vous le dire...
Parce que n'importe qui autour de moi ne voit cette personne qu'à travers le prisme de la sexualité. Le rapport est toujours à la chair, la convoitise et à l'appropriation.
Parce que l'ange manque d'attributs qui font bander on finit par le considérer comme le parfait contraire d'un objet de désir.
Alors pensez donc! Moi avec ma bouille enfarinée, qui viendrait dire tout ce que je sais dire lorsque je vois une femme qui par soucis d'authenticité ne cherche pas à séduire mais juste être elle même et qui le faisant me séduit... Autant vous dire que je serai assez loin de la portée intellectuelle d'un Ribery ou d'un Benzema. Et ce que la foule ne comprend pas la rend bête, voir méchante. Je pourrais bien finir à poil couvert de plumes et de goudron à la sortie du stade. Oui enfin bon, j'exagère...
Mais peut être qu'après tout moi aussi cette vision si particulière me rend complice du regard de désir des autres? Peut être qu'au lieu d'être excité par des formes généreuses, des vêtement sexy et une cascade de cheveux tirbouchonnant dans le dos, je le suis par cette façon de ne pas considérer le genre d'un habit, d'assumer ces hanches de garçon et cette poitrine si discrète, de préférer les cheveux courts qui dévoilent et mettent en valeur... Bon sang, je ne serais donc pas meilleur que les autres...
"Shit!"
Photo: Winona Rider - 1989
Extrême style
Il y a bien un avis que je partage, c'est que tout le monde ne peut pas se permettre d'adopter la boule à zéro au quotidien. Je sais c'est injuste, mais c'est comme ça, la vie est injuste, tout le monde n'est pas Sinead O'Connor ou Eve Salvail. Il n'empêche que cela reste une expérience hautement enrichissante. Mais souvent on y renonce après quelques mois.
Pourtant, certaines parviennent à en faire leur style, remplaçant définitivement lisseur, sèche-cheveux et rendez vous chez le coiffeur par une tondeuse électrique de qualité. Pas facile à assumer vous allez dire? Eh bien là encore tout est question de caractère. C'est le cas de Marta Purriños.
Marta est blogueuse et sur toutes ses pages elle expose fièrement ses cheveux tondus, ce qui, il faut bien l'avouer, n'est pas courant dans les blogs de mode.
Espagnole de Ténériffe, très brune, les cheveux épais et très frisés, elle résout la question coiffure un jour chez elle avec une tondeuse. Coup de folie? Coup de maître! Fashionnista reconnue, elle impose sa marque et son style et Dieu sait que dans ce monde là c'est important.
Et puis je trouve ça tellement audacieux...
Photo: Marta Hernàndez
Priez pour moi
Pauvre pêcheur soumis à la tentation, comment pourrais-je sans aucune prière pour mon salut échapper à la damnation? Comment diable résister à la douceur, la tiédeur et l'harmonie d'un corps féminin, comment tenir tête aux courbes, pleines et déliées, aux reflets de clarté sur l'épiderme soyeux...?
J'aime la longueur de ce cou ou l'envie appelle une caresse qui toucherait chaque vertèbre, une à une, avant d'atteindre la lisière de cette chevelure moissonnée, le satin au pourtour de l'oreille exposée comme une miniature d'ivoire et glisserait sur la joue au duvet d'abricot...
Il faudrait dix et cent prières pour sauver mon âme quand sous mon regard elle secoue cette mèche auburn qui balaie son visage, quand de ses doigts habiles elle ébouriffe ses cheveux courts qui, dociles, retrouvent leur nature et coulent comme un tissu d'Orient...
Priez pour moi, oui, si vous le voulez, mais pour que jamais je ne résiste à ce plaisir, que toujours j'ai ce désir et que chaque fois naisse dans mon coeur une émotion plus grande à la vue de sa si jolie nuque...
Photo: Ruslan Krut
Qu'importe
Je suis dur
Je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place ou la foudre a frappé trop souvent
Un coeur ou chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement
"Tard dans la vie" - Pierre Reverdy
Photo: Robin Wright
Quartier Libre: Alexane
J'explique
Il y a bien des choses qui demeurent mystérieuses à l'esprit de mes contemporains. A commencer par la quasi fascination que peut exercer sur moi une femme aux cheveux courts. Déjà à ce niveau là et sans entrer dans les détails, leur compréhension atteint ses limites, puisque pour eux, hommes et femmes confondus, une femme ne peut être attractive qu'à la seule condition d'avoir une chevelure longue et luxuriante.
Alors bon, je pourrais bien m'éviter quelques tourments et me contenter d'ignorer les ignorants, mais voilà j'ai parfois une âme de missionnaire et selon mon humeur il m'arrive de jouer les Pères Blancs auprès de la population indigène.
Bien sûr il faut transcender l'image physique pour atteindre le caractère, mais je crains toujours de mettre mon auditoire en perdition si je commence ainsi. Alors je parle, en désespoir de cause, de l'aspect, de la texture, de la sensualité, de l'ambiguité et du mystère que révèlent souvent les chevelures taillées, parfois très courts. Je visualise ces toisons aux reflets blonds ou bruns qui prennent l'apparence d'un pelage animal, qui appellent la caresse comme une fourrure de chat. J'explique ce plaisir tactile à laisser divaguer sa main et bouleverser la coiffure en tous sens avec la certitude d'être toujours aussi bien coiffé. La délicate sensation éprouvée en glissant le bout des doigts sur sa nuque fraîche et presque tondue à la rencontre de ces picotements excitants.
Mais là il faut que je me retienne parce que déjà les regards se tordent et je perçois le doute dans l'esprit de mes interlocuteurs qui leur fait voir en moi une personne un peu dérangée.
Alors je tente d'échapper à la camisole en parlant du caractère, de l'âme, de la force qu'ont ces femmes aux cheveux courts, de la puissance qu'il faut pour atteindre cet état idéal d'authenticité, cette volonté d'être elles mêmes, contre tout préjugés et autres balivernes reçues qui voudraient qu'une femme ne soit vraiment femme qu' à la presque ultime condition d'être un objet de désir universel.
Enfin, comme je sais la cause perdue de toute manière, j'achève mon prêche par cette terrible sentance, expliquant que seuls les esprits éveillés, possédant la plus large vision, sont capables d'admirer en elles leur alter ego.
Modèle: Clare Shaw