Rainbow
Quoi de plus naturel, pour un logiciel de traitement de l'image, que d'utiliser pour sa publicité, une photo hautement retouchée. Normal!
Ce qui est plus notable, à mon goût, c'est que le modèle photographiée pour l'occasion soit ce superbe mannequin à la remarquable coupe de cheveux, nette et colorée. La couleur, c'est obligé. Question de marketing, vu que le produit sert à ça. Mais la coupe de cheveux, je voudrais considérer cela comme un progrès, une avancée dans l'image féminine que les médias produisent. Cela donne immanquablement une allure moderne, racée, une idée de progrès...
Bon, je suis pas là non plus pour faire l'inspecteur des travaux finis chez Adobe. C'est juste un constat et le plaisir d'afficher une belle photo pour démarrer la semaine en couleur...
Photo: Tolleson Design
Séquence découverte
A force de s'aimer avec les cheveux courts, souvent nait une addiction, une sorte d'envie irrépressible de tenter toujours de les couper un peu plus court. Il arrive même des périodes où l'on aimerait se lancer dans l'extrême, juste une fois, pour voir et confier à un vieux coiffeur de quartier le soin de tout tondre, à zéro.
Pour la plupart cela reste au stade du fantasme, du petit rêve secret, de l'amusement intime, mais d'autres ont plus d'audace et lorsque vient le moment propice, se lancent... Et il faut avouer que souvent l'expérience est assez excitante, d'autant qu'elle n'a pas de conséquences sauf celles de dévoiler quelques fois la vraie nature de celles et ceux qui nous entourent, ceux qui vous regardent de travers, ceux qui prennent des distances, ceux au contraire qui se rapprochent. Pouvoir lire dans les regards, la compassion, la haine, le dégoût, l'admiration, l'enthousiasme, l'envie... alors que vous êtes toujours la même, les autres vous voient différente jusque dans votre personnalité. Comme si vous n'étiez plus celle qu'ils ont connus avant... avant cette petite folie qui pendant quelques semaines vous permet de passer de l'autre côté du miroir.
Mais avant de découvrir le regards des autres, on se découvre soi même, dépourvue de tout artifice, nue et sans fard après un moment étrange où il a fallu surmonter sa peur, son trac, comme une mise en danger, sans risque, s'immiscer dans un cadre qui n'est pas le sien habituel, bousculer les conventions, s'échapper du stéréotype.
Et puis durant, s'abandonner aux mains expertes, fermer les yeux pour se concentrer ou pour avoir la surprise de se découvrir différente et pourtant soi même...
Une aventure intérieure, une découverte, de soi et des autres... Un petit rien qui n'a pas de prix.
Humeur nipponne
Je me demande bien pourquoi, tout à coup, j'ai ça en tête... non j'déconne!
J'ai lu récemment un article dont je livre ici la teneur in extenso:
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Et je me dis, en y réfléchissant un instant que dans l'esprit populaire et donc dans le mien, le Japon a toujours été un pays de raffinement et de sensualité, où sans jamais de vulgarité, les fantasmes et l'érotisme sont cultivés comme un art...
Bon, j'entend d'ici des féministes là au fond qui hurlent à s'en faire péter l'anévrisme, que j'aurais pu trouver autre chose que les geishas comme image de femmes libres et indépendantes. Mais je dis: " Hop là!" ne nous y trompons pas, comme nos courtisanes, j'imagine bien que ces femmes évoluant dans les milieux d'influences, derrière une "couverture" soumise et docile, sont des femmes sans qui rien en ce monde ne se ferait...
Pis de toute façon c'est pas le sujet... Je me découvre donc quelque chose de japonais en cette dilection pour la nuque des femmes et ça me va plutôt bien.
Belle et le clochard
Il n'y peut rien. Pourtant elle doit à peine avoir l'âge de son rejeton, mais quand il la voit ainsi, il est impressionné.
La toute première fois, il s'en rappelle, elle avait des cheveux longs et il avait mis longtemps avant d'apercevoir son visage, à travers les mèches qui dégoulinaient sous la pluie. Elle restait là, sous l'averse, sans parler et il ne savait pas si c'était le ciel ou des larmes qui coulaient sur ses joues. Ils ont partagé une cigarette et elle s'est laissé aller sur son épaule, à bout de forces. Dans ses sanglots elle lui racontait qu'elle n'avait plus personne, qu'elle allait se foutre en l'air... Il n'était pas très fort pour remonter le moral en chute libre, lui même parfois se demandait ce qu'il faisait encore là, pourtant il avait trouvé des mots. Surpris, il lui avait parlé d'un monde à découvrir, d'aventures à vivre, de combats à mener... et puis du soleil qui forcément revient quand la pluie a cessé.
Après la pluie, après la nuit, la belle est partie et le vieux l'a oublié.
Il ne l'a pas reconnue tout à l'heure. Les cheveux coupés très courts, la veste en cuir.... Ils ont partagé une cigarette. Elle n'avait rien oublié... Sur le banc, la nuit durant, ils ont parlé de la vie, de l'amour, de la mort... et puis de la vie. Elle lui semblait si forte, tellement plus forte que lui. Et sa résurrection lui faisait tant de bien...
Photo: Arnold Veber
Un brin de sagesse
Non je ne me trompe pas. Même si je devrais bien songer à un rendez vous chez l'ophtalmo, je ne confond rien et Sofia Coppola, si elle n'a sans doute jamais eu les cheveux plus courts que ce carré bon chic bon genre qu'on lui connait en ce moment, n'en est pas moins, pour moi, une Femme aux cheveux courts.
Je n'aurais sans doute pas parié là dessus il y a 23 ans en voyant la toute jeune Sofia, le cheveux lisse et long jusqu'aux reins se faire draguer par Andy Garcia dans Le Parrain III. Pourtant il y avait déjà un charisme tout particulier, une élégance naturelle qui donnait un charme étrange à cette jeune fille au nez un peu fort et aux dents larges.
C'est bien plus tard que je suis tombé sous ce charme là. Devant l'accueil unanime de la critique, la jeune femme avait abandonné la carrière d'actrice pour se lancer avec plus de bonheur dans la réalisation. Et je me suis laissé emporter...
Virgin Suicides, Lost in translation, Marie Antoinette, Somewhere...
Sofia, la plus parisienne des américaines que j'imagine aussi comme une mama italienne avec sa progéniture, mariée à un chanteur indie pop, égérie de mode mais avant tout femme indépendante dans ses choix et chef de bande de cinéma. Sûrement qu'elle n'a pas les cheveux plus courts à cause d'une oreille un peu en "vent arrière", mais qu'importe, tout est dans le caractère. Et cette belle femme, noble et altière me rappelle souvent quelqu'un, plus que par son seul prénom...
Et puis je la trouve tellement irrésistible lorsqu'elle se "déguise" en homme...
Pour personne
C'est comme dans la chanson du vieux Paul And in her eyes you see nothing, no sign of love behind the tears cried for no one...
Tu l'aimes, bien sûr tu l'aimes, mais elle n'appartient à personne, tu le savais, elle l'avait dit. Tu n'as pas le coeur assez solide. Maintenant elle s'en va et tu en crèves...
Un dernier matin, la dernière étreinte. Tes baisers ne changeront rien. Plongé dans son parfum, plongé dans sa chevelure, sa peau est plus douce que le cuir d'un chevreau. Tu voudrais la retenir, lui dire que tu ne peux pas vivre sans elle, que déjà elle te manque... Mais rien.
Tu la tiens dans tes bras, encore une fois, mais c'est pour dire adieu, pas de baiser, pas de caresse
Et dans ses yeux tu ne vois rien, aucun signe d'amour derrière les larmes qu'elle ne verse pour personne...
Photo: Alasdair McLellan
Le déclic
A toute chose il y a un début et pour démarrer il faut un démarreur. Oui je sais ça fait un peu parole biblique, quoi que... En tout cas cela semble péremptoire comme sentence, mais on a tous observé ce genre de chose. Parfois les événements se produisent en douceur, comme s'ils arrivaient naturellement, au bon moment et parfois il faut un déclencheur, une parole, une image, une personne ou une sollicitation particulière....
Combien de mannequins ont vu leur carrière démarrer le jour où elles ont coupé leurs cheveux, pour sortir du lot des modèles communs? Combien de personnes ont vu leur vie bouleversée lorsqu'elles ont abandonné leur tignasse chez le coiffeur?
Une façon de se jeter à l'eau, de sortir son atout, sans savoir vraiment s'il battra les cartes de l'adversaire et remportera la mise, mais en étant sur en tout cas de tenir les rênes de son propre jeu.
Avancer à visage découvert, au propre comme au figuré, se révéler, à soi et aux autres. Il en faut du courage, mine de rien...Et puis finalement on se dit qu'on aurait du le faire depuis longtemps, on se dit que les autres importent peu, on se dit qu'on est enfin soi même, tel qu'on a toujours voulu être.Parce que ce n'est pas qu'une question d'image bien sûr, c'est juste montrer à l'extérieur ce que l'on est en dedans.
Photo: Kirsty Hume
Où en sommes nous?
Ce n'est rien. Juste un peu de mélancolie, de celle qui vous prend doucement en écoutant Bowie...
Un instant on semble perdu, le regard vague, face à soi même. Bon sang, il n'y a pas de bilan à faire! La vie coule, c'est tout. Du bon et du mauvais, tu sais bien comment ça marche...
Et puis naturellement tu penses à elle. Tu es là, tu la vois et tu ne peux rien pour elle, enveloppée dans sa tristesse... La prendre dans tes bras pour la réchauffer, ébouriffer ses cheveux courts, goûter le fruit rouge de ses lèvres... Elle n'est pas là c'est la musique qui la ramène vers toi.
Allons, ce n'est rien... juste un peu de mélancolie.
Photo: Peter Lindbergh
Quartier Libre - Pauline
C'est sous la forme d'une petite nouvelle que Pauline exprime son ressenti et profite de ce Quartier Libre...
Toute petite, elle arborait une coupe au carré, avec une frange bien droite, qui laissait apparaître sa jolie nuque fine et son grand père, cet homme impressionnant qui était si avare de démonstrations affectives, se laissait aller quelques fois à déposer sur cette nuque une caresse pleine d'émotion.
Il était le seul à faire cela et elle était sans doute la seule à recevoir ce privilège de sa part. Malgré son jeune âge, elle en était bien consciente et c'était pour elle une grande fierté.
Il portait bien son nom dont l'étymologie signifiait "la force de l'ours". Il avait tout de l'ours en effet, de la carrure imposante aux mains solides, grommelant souvent de sa voix grave. Jusqu'à son goût pour la solitude, lorsqu'il se repliait dans son petit atelier...
Cet atelier était aussi sombre qu'une grotte, mais à chaque fois qu'elle y pénétrait, elle espérait toujours qu'il lui laisse découvrir les merveilles qui s'y trouvaient, tapies dans l'ombre, attendant paisiblement qu'il les saisisse et les bricole de ses grosses mains tannées, pour mettre à l'oeuvre son petit génie intérieur...
Elle était fascinée par son univers si étrange et elle avait le sentiment qu'elle seule pouvait voir à travers sa carapace, sans vraiment comprendre comment, ni pourquoi. Elle voyait aussi sa colère, sa tristesse et aussi ses peurs... La peur de mourir entre autres.
Alors elle a tout fait pour entretenir ce lien particulier, pour s'imprégner de ces petits morceaux de son être qu'elle aimait tant, comme pour se les approprier et ainsi le tenir vivant plus longtemps, peut être même pour toujours.
Le temps passa, la petite fille grandit et laissa pousser ses cheveux pour jouer à l'adolescente comme les autres. Elle qui était si fière de se sentir privilégiée étant petite, elle a voulu se fondre dans la masse pour être aimée de tous. Mais bien sûr, on ne peut pas être aimée de tous, surtout durant l'adolescence!
Puis arriva ce qui devait arriver, son grand père était vieux, fatigué et malade. Un matin il tenta de se mettre debout, comme pour faire face une dernière fois, faire rugir l'ours face aux vieux démons qui étaient venus le chercher et cet effort le terrassa. L'Ours était vaincu.
Elle n'avait jamais été à un enterrement, elle ne savait pas ce qui se passait dans ces moments là et simplement pas l'envie de le savoir. Mais cette fois, c'était différent. Il fallait qu'elle y aille, il fallait qu'elle rende grâce à ce privilège qu'il lui avait toujours offert. Alors sans se soucier de ce que pourrait penser sa famille, elle décida de "se faire belle" pour cette occasion, de se couper les cheveux, plus court qu'elle ne l'avait jamais fait, surtout au niveau de la nuque.
Et, dans la tristesse de l'assemblée, elle senti sur elle les regards. Elle se fichait bien de savoir si ces regards étaient positifs ou négatifs; ce qu'elle sentait, c'était à nouveau ce privilège de se sentir différente. Elle sentait à l'intérieur d'elle même ce sentiment de porter quelque chose d'unique, sans doute ce quelque chose qui touchait l'Ours en plein coeur.
Depuis, elle sent souvent dans sa nuque courte de femme, des sensations étranges et des regards fascinés. Alors elle imagine recevoir à nouveau, avec le vent, la caresse de l'Ours attendrit...
Juste un jour?
Il y aurait encore comme une gymnastique de l'esprit à pratiquer pour parvenir à voir le chemin parcouru. J'ai sans doute eu la chance de grandir préservé de ce monde qui tout naturellement considére que LA femme ne serait finalement qu'une sorte de sous espèce du genre humain. Ça paraît cruel à dire mais il y a 100 ans à peine, son statut était assez proche de celui d'un animal de compagnie... Pourtant aujourd'hui, si je sors cette phrase au Café Du Coin, je suis sûr que Jacky va s'exclamer en poussant du coude son pote de comptoir et en pouffant comme une otarie: " Ah c'était l'bon temps!" Il aura le sentiment de faire un bon mot, rien de grave, juste une plaisanterie. Oooooh ça va quoi, c'est pas méchant! Brave Jacky, incapable de méchanceté, c'est vrai. Juste capable d'être stupide. Une bêtise ordinaire...
Jacky aime les femmes, il respecte sa mère, la pauvre. Mais après quelques verres de trop au bistrot, si sa femme lui fait un reproche il ne manquera pas de lui filer une ou deux torgnoles histoire de replacer les choses dans le bon ordre. Et quand sa fille se montrera avec les cheveux courts il fera encore un bon mot, du genre : "Ben tu pars à l'Armée ou quoi?" Toujours blagueur Jacky. Puis quand il apprendra qu'elle aime une autre fille, il la chassera, à coup de pompes dans le train et qu'elle s'estime heureuse. Jacky aime les femmes, c'est vrai... et aussi Kiki, son épagneul breton.
Ah c'est sûr, il y en a eu du chemin parcouru... mais tellement encore à parcourir.
Photo: Michael Afonso