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Les Affranchies

Quand la page se tourne

16 Septembre 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Quartier Libre

Quand la page se tourne

On n’est jamais mieux servi que par soi-même dit-on.
Mais pour le coup j’avais bel et bien besoin de ma barbière de quartier punk pour enclencher ma démarche plus ou moins pensée et réfléchie.
Alors je prends rendez-vous, mais je dois attendre une semaine et demie.
Normalement décidée à changer radicalement, je pense aux possibilités qui s’offrent à moi… mais tout aussi à reculer et ainsi m’y rendre pour ma coiffure habituelle.
Une semaine et demie de montagnes russes et de hauts le cœur.
Une semaine et demie où chacun des réveils se traduisent par ma difficulté à prendre une décision.
Mais ça y est, je suis sûre de mon choix.
Le Jour J dans toute sa splendeur.
Je quitte mon domicile les cheveux gras, avec une gueule de bois.
15 minutes pour m’y rendre et de plus en plus de pas qui me rapprochent de mon but, du salon.
15 minutes qui font considérablement monter la pression et aussi l’alcool de la veille qui n’a pas encore été totalement drainé par mon foie.
15 minutes pendant lesquelles je réalise que je n’avais pas ressenti une telle sensation depuis des mois.
Ce genre d’indescriptibles sensations dans les tripes, tout à fait personnelles.
15 minutes décisives en soi.



 

Quand la page se tourne

Et c’est quand j’arrive au salon et me confie à Régine, que les raisons pour lesquelles j’entreprends ce changement se font plus claires. En les expliquant à l’oral je me comprends déjà mieux ; alors que nous n’avions pas encore entamé la transformation.
Une transformation qui après coup, avait sans doute déjà commencé quand j’ai noté mon prénom dans le carnet de rendez-vous pour le vendredi 15 Septembre à 14 heures.
Peut-être même avant, sûrement avant encore.
Après 1 an sur Montpellier, j’ai compris des choses que je n’aurais sans doute pas comprises en restant dans ma ville natale ; dont pourtant j’apprécie les teintes et couleurs à chacun de mes brefs retours.
1 an dans une nouvelle ville et une personnalité qui a évoluée.
Mon statut tout autant… je suis une femme indépendante, à l’énergie débordante, à l’ambition montante. Pourtant le visage que j’aborde n’est plus le mien, il ne correspond plus à ce que je veux être et suis déjà.
Je lui dis que je veux m’asseoir sur le fauteuil, et m’en relever grandissante. Que cette nouvelle coupe soit une prolongation d’une personne changée et changeante.
Que je laisse dans ce salon les résidus d’une personnalité indécise et tremblante. 


 

Quand la page se tourne

A l’heure où j’écris nous sommes le lendemain. Les plus pragmatiques diront que j’aurais très bien pu écrire en rentrant chez moi, battre le fer tant qu’il était encore chaud. Mais j'étais assommée d’une terrible migraine tant la pression s’est manifestée à travers mon cerveau et est redescendue de manière brutale.
 
Mais je me souviens très bien des premières secondes où cette personne qui n’est plus désormais, a senti les premiers coups de ciseaux. Au revoir la routine, Régine commence la coupe comme elle ne l’avait jamais fait auparavant.
Les coups de ciseaux pleuvent, mes mèches sur le sol aussi.
Je sens mon pouls battre dans mes avant-bras, mes doigts.
Mon visage change de tonalité, les traits se dévoilent.
Mon regard change de formes, l’iris se dilate.
Je me lève du fauteuil, mes jambes toujours engourdies peine à me tenir debout.
Mais la personne qui se tient face à ce miroir, se comprend et s’accepte.
Ce miroir qui a toujours déformé mes attentions a été brisé et un nouveau s’est créé.
Pour ainsi et enfin laisser place à Maëva.  



 

Quand la page se tourne

J’embrasse Régine, puis offre mon profil à l’auteur de ce blog et sors du salon.
Je me retrouve hors de mon cocon.
Me disant que la vie est et restera un combat constant avec les autres, mais surtout et toujours avec soi-même.
Tu montes sur le ring, tu commences à donner des coups, les marques sur ton corps et dans ton cœur témoignent de ton mal, mais si tu le veux, tu peux finir par embrasser ton meilleur rival.
Toi.
Et ainsi se relever à deux du tapis.

Quand la page se tourne

Texte et Photos: Maëva Cristofoli

Son travail: Kriss Photography

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