L'humeur de Marie #2
11 Mars 2017 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Chronique de Marie
C'est une addiction. Comme une drogue qui permet de vous évader, comme l'alcool : ça ne résout pas les problèmes, mais le lait et l'eau non plus. Ce poids qui vous oppresse depuis des jours, et qui, là, tout de suite, disparaît comme il est arrivé. Cette sensation de délivrance.... La question n'est pas '' comment '', mais '' pourquoi ''. Pourquoi ce comportement répétitif mensuel ? D'où vient cette volonté , ce désir de recommencer ? C'est métaphorique. Comme s'enlever une épine du pied, en quelque sorte. La douleur est atténuée de manière considérable : imaginer vos problèmes incarnés à travers vos cheveux. Les couper fréquemment revient ainsi à diminuer vos incertitudes, vos contrariétés et autres tracas. C'est purement psychologique. Mais c'est une raison parmi d'autres. Les femmes aux cheveux courts, leur essence, ce qu'elles dégagent : il y a quelque chose d'assez indescriptible. Un genre de self-control qu'on leur envie, une allure. Un caractère affirmé, qui leur permet de s'assumer telles qu'elles sont. Alors, on franchit le cap. On va le faire. On va couper. On veut profiter de cette assurance, de cette carrure. Le rendez-vous est dans deux semaines. 14 jours. 336 heures. Plus de 20 000 minutes. C'est loin. C'est long. Mais ça vaut la peine d'attendre.
On rentre. On patiente. Un peu. La conversation s'engage sur des banalités. Les cours, le temps, l'actualité. Les cheveux prennent un bain, et se font délicatement masser. On enfile la blouse, ample, sombre et soyeuse. Le moment tant désiré arrive. Le siège pivote : on se retrouve face à la glace. Les longues mèches humides retombent sur le front. La tête haute, l'air fier prêt à subir l'assaut des instruments. Les ciseaux coupent pour raccourcir, mais pas trop. Gardons un mouvement, une légère longueur surplombant le front. Le cliquetis des lames s'estompe. Elles s'en vont reposer sur la table en silence. L'amas de cheveux au sol est dispersé d'un rapide coup de balai. Enfin. L'enclenchement du sabot. Le vrombissement de la tondeuse. Le mouvement vertical, du bas vers le haut, s'arrêtant au sommet du crâne, cette délicate caresse sur la peau. La voici presque nue. Un dégradé de couleur sombre, sophistiqué et esthétique. Puis plus rien. Seulement une sensation agréable, jouissive et épurée. On la savoure, fermant les yeux. Il faut la conserver précieusement, mémoriser chaque perception, chaque ressenti. Plaisir éphémère déjà envolé. On ressort, une nuque immaculée. L'air du soir effleurant le visage, jouant dans les mèches rebelles. C'est une délivrance. Un renouveau succinct, voué à s'atténuer rapidement. Ils repousseront. Les problèmes feront leur réapparition. Ils reviendront, et, fidèles à eux-mêmes, envahiront de nouveau cette tête, dispensant un sourire à la nuit.
Marie C.
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