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Les Affranchies

Bons baisers de Pékin

24 Juin 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Over the World

Bons baisers de Pékin

Elle me l'avait promis... Elle l'a fait!

Adeline est en Chine pour un séjour universitaire, une occasion pour nous raconter l'aventure d'une femme aux cheveux courts confrontée au besoin d'une coupe de cheveux en territoire "semi" inconnu...

" J’étais bel et bien partie avec en tête de me faire une bonne freshcut en arrivant à Pékin vu l’état de ma coiffure, et ça n’a été que certitude en arrivant, lorsque j’ai subi de plein fouet les 36°, ressentis 45° étant donné l’intensité de la pollution dans ce pays (je comparerais même ça à passer ta vie sous un pot d’échappement d’un bon vieux tracteur qui roule à plein régime).

Au détour d’une galerie marchande lors de notre arrivée avec mes compagnons de route, j’aperçois un salon de coiffure composé uniquement de coiffeurs masculins, dont un, avec une sacrée bowlcut couleur lilas! Je me suis dit, c’est ici que je veux tenter ma chance.

Bons baisers de Pékin

Le surlendemain, je prends mon courage par la main (ainsi que mes collègues qui n’ont quant à eux qu’une envie, celle de bien se marrer face à une possible coupe ratée) et je me lance.

Cela va sans dire que trois courtes années à étudier le mandarin (putonghua pour les intimes) n’ont pas mené à grand chose si ce n’est quelques expressions universitaires désuètes, alors pour demander un bon fade sur les tempes, ça m’a demandé de la patience (surtout de la part du coiffeur.)

Je débarque au salon et me lance. Le challenge aurait été trop facile si l’un de ces charmants jeunes hommes savait parler anglais. Le premier fou rire commence, mais cette adorable patience typique des chinois nous fait parvenir à nous comprendre non sans mal.

C’est là que mon potentiel coiffeur me demande une photo de ce que je veux. Comment trouver une photo, nous français qui ne jurons que par Instagram, Google images et tout le toutim, lorsque la sévère censure bloque toute tentative d’accéder à un possible univers américain, je tente de lui expliquer que je n’ai rien, alors qu’il me regarde l’air interloqué face à un drôle d’énergumène européen, anneau au septum qui gesticule dans tous les sens des gestes de coupe coupe sur les tempes et la nuque.

Je trouve enfin une vieille photo de moi dans mon téléphone, qu’il regarde un quart de seconde, pour me répondre « Hao ba! » et m’entraine vers le bac pour me laver les cheveux. Je me décompose, peu sereine, et mes amis s’esclaffent devant la scène.

Bien installée, un joli écran laissant tourner en boucle des publicités farfelues collé à mon miroir, une dame avec une charmante permanente sur la tête qui me regarde avec curiosité, la tondeuse qui parle lorsque le coiffeur la démarre, k-pop a fond dans les enceintes, tout y est: je suis à Pékin, et je suis en train de faire une grosse bourde, sans doute.

Sans doute pas.

Bons baisers de PékinBons baisers de Pékin

Je me confonds en excuses quand à mon niveau pitoyable en chinois (je croyais que mes bonnes notes et mon travail assidu auraient fait le contraire mais aucunement) lorsque l’adorable monsieur tente la discussion tout en me rasant de près les tempes. C’est cordial, précis, efficace, sans anicroche.

C’est détendue que je découvre enfin ma coiffure: je n’aurais pas pu espérer mieux. Vu la difficulté à se faire comprendre, il a fait du bon travail. Le tout pour 68 yuan, ce qui fait 10 euros, de quoi donner le sourire!

Ce que j’ai grandement apprécié dans un pays que le monde voit comme dictatorial et strict, notamment envers les femmes c’est qu’il n’y a eu à aucun moment une once de jugement. J’ai demandé une certaine coupe, et ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas l’avoir, ou qu’il faut forcément la féminiser, comme j’ai pu le vivre parfois en France. J’ai souvent vu des femmes aux coupes courtes, bien plus que dans notre pays. Bien qu’il ne faut pas se leurrer, l’originalité reste tout de même largement synonyme de marginalité dans cet Empire du Milieu. Toutefois, je me sens à l’aise dans cette foule grouillante mais placide. Il nous arrive de façon récurrente de nous faire dévisager dans la rue, nous petits européens aux maintes couleurs de cheveux et de peaux, discutant fort et le regard émerveillé sur leur quotidien, mais rarement l’agressivité se lit sur leur visage. Je ne l’ai encore jamais vue, d’ailleurs. C’est rafraîchissant, et plaisant.

Voilà, je te fais plein de bisous! A très vite!"

Bons baisers de Pékin

Photos: Manon L.

Reportage: Adeline B.

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