Alors un soir, elle l'a fait
31 Mai 2016 , Rédigé par jeaneg Publié dans #Tendresses
C'est comme une ritournelle, qu'on entend une fois et dont on ne parvient plus à se débarrasser. L'idée revient, par bribes, on la sifflote si on a oublié les paroles, mais elle est toujours là. Je le sais, parce qu'on me le dit souvent, un peu comme une légende qu'on raconte de loin en loin et que tout le monde finit par croire. Sauf que c'est bien réel...
Morgane est une jeune femme étonnante. Son petit gabarit et la finesse de ses traits pourraient inspirer une certaine fragilité. Pourtant il y a chez elle la force des "tough guys"et la détermination qu'ont les vraies femmes aux cheveux courts.
Depuis plusieurs mois l'idée faisait son chemin, m'a-t-elle confié, comme la ritournelle, obsédante parfois, attisée par l'image croisée de celles qui avaient osé, l'envie d'une découverte, partir à l'aventure de soi même, sortir un peu plus du cadre.
Tondre ses cheveux, cela a presque quelque chose de dur, même dans les mots. Cela sonne comme une sentence. Et le fait d'avoir les cheveux courts, depuis presque toujours, ne change rien à cela. Il faut tout effacer, couper à ras, sans plus aucune possibilité de donner un quelconque style à sa coiffure et se résoudre à la nudité originelle.
Ce dimanche soir, le moment est venu. Dans l'intimité d'un tête à tête avec Auriane, son âme soeur. Il y a de la peur et de l'excitation, un cocktail étrange et enivrant. Une dernière fois les mains passent dans les cheveux désormais trop longs. Il faut se nourrir, se gaver de sensations, cérébrales et tactiles. Ce n'est qu'au moment où la tondeuse se pose sur le front que les choses prennent toute leur dimension dramatique. Le rideau tombe, petit à petit le visage se dévoile grâce à ce front nu et le sabot de plastic ratisse le sommet du crâne, moissonnant de lourdes mèches et laissant derrière lui un chaume nouveau, sans aspérité, lisse et uniforme, soyeux et piquant, une sensation énorme, la caresse sur le cuir chevelu, presque accessible, que la tondeuse ne cesse de parcourir, d'avant en arrière et d'un côté à l'autre.
Les gestes sont délicats, presque sensuels, pour accompagner l'émotion de cette re-naissance. Une main posée sur la nuque, comme pour la soutenir, tandis que l'autre, consciencieusement pousse la tondeuse à travers ce qui semble à présent un pelage. La proximité des corps, la tiédeur de la peau... la poitrine de l'une, qui frôle la tête de l'autre. Tout se mêle.
C'était comme un saut dans le vide, dit-elle.
Puis la tondeuse s'éteint, les mains frottent le visage, les oreilles, le front, chassent les cheveux coupés... et finissent par caresser ce crâne tondu, merveilleusement excitant. Reste encore la peur de découvrir cette nouvelle image, même si déjà, à travers les yeux d'Auriane qui pétillent, elle se sent aimée, adorée. Il faut redescendre, comme après un shoot, laisser un peu de temps pour s'apprivoiser.
Et tant de fierté...
Photo: Auriane
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